Bouleverse ce monde et tout se transforme en chaos, je suis un agent du chaos, juste une chose par rapport au chaos: c'est dangereux...
Vous tous, cette société, vous décrétez ce qui est bien ou mal de la même façon que vous décrétez ce qui est comique ou non,...
Le lac lui même avait voulu dévoiler ce crime.
La poussière est très importante dans une enquête, elle peut être révélatrice d'indices importants.
Sigurdur Oli expliqua à Erlendur qu'histoire de s'occuper, il était allé sur le Net se documenter sur les activités de la Stasi, la police politique est-allemande. Elle avait réussi à placer la quasi-totalité des citoyens du pays sous surveillance. Elle avait des quartiers généraux dans 41 immeubles, possédait 1 181 bâtiments destinés à ses recruteurs, 305 centres de vacances, 98 gymnases ou complexes sportifs, 18 000 appartements destinés à abriter des réunions avec ses informateurs. Elle employait un total de 97 000 personnes, 2 171 s'occupaient de la lecture du courrier, 1 486 plaçaient les téléphones sur écoute, 8 426 écoutaient les conversations téléphoniques et les émissions radio. La Stasi chapeautait 100 000 collaborateurs actifs, mais dans l'ombre. Un million de citoyens informaient la Stasi de façon occasionnelle, six millions de personnes étaient fichées. Un des services de la Stasi s'occupait en outre de la surveillance des autres membres de cette même police.
J'ai toujours eu l'impression que la version est-allemande du socialisme n'était qu'une prolongation du nazisme.
Il regardait Ilona et la voyait s'enflammer quand elle parlait d'une Hongrie libre. Elle dissertait sur une liberté qu'il avait toujours connue et dont il avait joui toute sa vie comme si cela avait été une sorte d'idéal, lointain et hors d'atteinte. Tout ce qu'Ilona et ses amis demandaient, c'était une chose qu'il avait lui-même toujours eue et qui lui semblait aller tellement de soi qu'il ne s'était jamais interrogé à ce sujet.
Le socialisme n'a rien à voir avec l'ignominie absolue qu'en ont fait Staline ou les infâmes dictatures qui s'étaient développées en Europe de l'Est.
Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru, murmura Erlendur, et ses mots s'envolèrent par-delà le lac, emportés par le vent du nord.
Il avait (...) pris conscience que la vérité n'était pas unique et équivoque.
Erlendur sentit l'alcool lui déchirer la gorge quand il avala la Chartreuse. Il remplit à nouveau les verres en pensant à son parfum, qu'il avait senti lorsqu'elle avait franchi la porte. C'était comme l'odeur d'un été depuis longtemps disparu. L'esprit d'Erlandur s'emplit d'un étrange regret dont les racines remontaient plus loin dans le temps qu'il ne l'imaginait.
- On était tellement surpris, continua-t-il, les yeux dans le vague. Tout ce système. On s'est familiarisés avec la dictature du Parti, avec la peur et l'oppression. Certains ont essayé d'en informer le Parti à leur retour en Islande mais sans effet. J'ai toujours eu l'impression que la version est-allemande du socialisme n'était qu'une prolongation du nazisme. Certes, les gens vivaient sous la botte soviétique mais j'ai eu très vite le sentiment que le socialisme de là-bas était juste une autre version du nazisme.
- On peut être bigame, en Islande, sans être inquieté ? Demanda Sigurdur Oli.
- Non, répondit Elinborg, catégorique. Nous ne sommes pas assez nombreux.