Suite à un mouvement de terrain, le lac de Kleifarvatn a vu le niveau de ses eaux baisser, certaines zones s'asséchant. C'est ainsi qu'une hydrologue découvre un jour, dans un endroit asséché du lac, un squelette qui présente un trou à la tête et qui a été lesté d'un appareil d'écoute russe. le commissaire Erlendur Sveinsson va enquêter à la recherche de l'identité de ce mystérieux homme du lac. Cela l'emmène vers une époque, celle de la guerre froide, vers un lieu : l'Allemagne de l'est, et vers une sombre histoire, celle de l'espionnage.
Ayant été véritablement conquise par «
La femme en vert » du même auteur, j'ai décidé de poursuivre mes lectures en sa compagnie une nouvelle fois. Et je n'ai pas été déçue, même si j'ajouterais un petit bémol.
J'ai retrouvé avec satisfaction l'équipe d'enquêteurs : le commissaire Erlendur, tout d'abord, dont l'histoire familiale est toujours aussi complexe, entre une fille droguée et paumée, et un fils, jusqu'alors inexistant, et qui réapparaît soudainement dans sa vie, lui demandant des comptes. Ses collègues sont Elinborg, une passionnée de cuisine qui publie avec satisfaction son premier livre de recettes, et Sigurdur Oli, qui ne manque pas, à l'occasion, de laisser transparaître sa couleur politique.
D'ailleurs, il est beaucoup question de politique dans ce livre, à travers le militantisme socialiste d'étudiants islandais qui vont étudier à Leipzig, en Allemagne de l'est, à l'époque de la guerre froide. Mon bémol se situe précisément là, dans le thème choisi par l'auteur pour servir de cadre à l'intrigue : il s'agit d'une histoire d'espionnage, sur fond politique, et cela m'a un peu déplu, de par l'aspect complexe qui en ressort. Je n'ai pas saisi toutes les subtilités de l'intrigue, même si j'ai tout de même compris la trame globale. L'arrière-fond politique est difficile à saisir quand on ne possède pas toutes les clés de compréhension, tout le background politico-historique. J'avais préféré l'intrigue plus psychologique, mais aussi plus éprouvante de «
La femme en vert ».
Ce polar recèle beaucoup de points communs avec cet autre roman : ainsi, le point de départ des deux romans réside en la découverte d'un squelette, ce qui aiguille les enquêteurs vers une époque reculée (ici les années 60-70) et qui les invite à faire des recherches autour de disparitions. Tout comme dans «
La femme en vert », une histoire parallèle est progressivement racontée, une histoire qui se déroule au passé, à l'époque du meurtre et un peu avant. le lecteur découvre progressivement la vérité, à la fois à travers le récit du narrateur en provenance du passé, mais aussi à travers l'enquête d'Erlendur et de ses collègues. Comme dans «
La femme en vert », l'auteur nous fait douter de l'identité de
l'homme du lac, nous aiguillant sur des fausses pistes. Mais l'auteur nous mène un peu moins en bateau, c'est d'ailleurs un peu dommage, que dans cet autre roman.
J'ai un peu moins été tenue en haleine que dans «
La femme en vert ». Mais j'ai aimé ce roman pour son atmosphère, son rythme très lent, ses nombreuses digressions et histoires parallèles. A l'occasion de certaines notes de bas de page, j'ai mieux découvert l'Islande, avec sa luminosité interminable l'été et ses nuits à n'en plus finir l'hiver. Je compare volontiers
Indridason au suédois Mankell, de par le rythme lent que ces deux auteurs imposent à l'intrigue. J'apprécie chez Mankell les nombreuses indications météorologiques que je ne retrouve pas chez
Indridason, malheureusement.
Un polar qui m'a séduite pour son atmosphère, mais dont je regrette un peu le thème, même s'il permet de découvrir une époque et d'en apprendre beaucoup.