Islande de nos jours et Leipzig (RDA à l'époque), année 1955/56
J'ai l'impression qu'avec
Indridason c'est un coup je te vois, un coup je ne te vois pas.
Ici c'est plutôt je ne te vois pas.
Deux récits dans une même histoire, liés, bien sûr. D'un côté l'enquête sur le squelette et de l'autre la narration d'un amour fou à la fin tragique, comme tous les amours fous, les passions, il n'y a pas d'amour heureux, c'est bien connu.
Dans son enquête, Erlendur, toujours aussi pugnace et méticuleux, poussera sa recherche dans le temps jusqu'au bout, il remuera, se bornera, se trompera, reviendra, gênera, déboussolera, trouvera et sera dépassé par le dénouement. A côté de cela se trouve tout l'univers erlendurien avec ses passions, ses doutes, le deuil de son frère qu'il n'a pas fait et ne fera jamais tant qu'il n'aura pas retrouvé le corps, un peu comme cette femme de l'histoire qui attendait son amant qui n'est jamais venu, a disparu quarante ans plus tôt et qui, seule, attend son retour. Pour elle, par compassion Erlendur découvrira ce qu'elle devinait afin qu'elle puisse refermer sa propre parenthèse.
Dans les méandres du cerveau du commissaire se trouvent aussi ses enfants, deux, devenus adultes sans lui, sa fille, une junkie, qui s'accroche à lui en hurlant, viens me chercher, je sombre et le rembarre lorsqu'il vient comme ces désespérés dont le dernier coup de téléphone porte tout l'espoir du monde dans leur destination, soudain, de nouveau éclaircie, sous le masque de tous les jours. Son fils un oiseau migrateur, il passe, s'en va, revient, comme ça, comme une envie soudaine et puis, de la même façon disparait pour une durée seule connue de lui.
On croise les problèmes des uns, ceux des autres, un livre de cuisine, écrit par la fliquette, bien accueilli, une fécondation in-vitro qui ne réussit pas chez la femme du collègue, des faux-fuyants, des impasses et une enquête qui dure, qui dure, Arnaldur.
L'autre partie, confronte des idéologues islandais étudiants, partis se faire embobiner à l'université de Leipzig, à la réalité communiste de l'époque dans ce pays et à la liberté d'expression démocratique du leur. Tout est dit sur ce vaste sujet, tant politique que social, avec les jeux habituels : qui balance qui, dénonce-moi si tu peux, donne-moi ton nom je te dirai où tu habites, bref, su, connu, malhabile et inopiné dans ce genre de bouquin. La cerise c'est une belle histoire d'amour impossible entre un islandais communiste convaincu et une hongroise réaliste et combative pour la liberté de son pays. Manque de chance, dénoncée, elle disparaitra alors enceinte de Tomas, son compagnon islandais dont on subodore qu'il n'est pas pour rien dans la mort de l'homme trouvé dans le lac, sinon pourquoi ce long récit ?
Indridason, dont l'intrigue nous mène, tout droit vers une solution facile et évidente, nous la joue fine avec un dénouement différent, dévoilé à la toute fin du bouquin. C'est intelligemment fait et bien camouflé.
J'ai beaucoup bayé pendant cette lecture, j'avais peut-être sommeil après tout, cependant c'est lent, long, décousu, mélangé...L'écriture de
Indridason est sèche, abrupte comme un fjord nordique, directe, pesante et il eut été plus logique que certains passages aient été écrits d'une manière plus élégante et douce, enrouleuse et souple, romantique. Non tout sur le même moule. Dommage.
J'ai fait court, il y a vraiment bien des choses à dire sur ce livre et pour les gourmets, assurément à boire et à manger !
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