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sur 1251 notes
La reine Marguerite et son médecin le disent sans détour : le roi se meurt. Mais le roi refuse d'admettre sa fin proche soutenu par la reine Marie qui l'assure du contraire. Pourtant petit à petit le roi doit se résoudre, il n'arrive plus à se lever, même donner des ordres lui devient impossible, c'est la fin, il va mourir.
Considérée comme emblématique du théâtre de l'absurde — dans le refus du réalisme, en l'absence d'histoire, en rupture du théâtre classique et en réaction à la Seconde Guerre mondiale — cette pièce d'Eugène Ionesco, dans ce qu'elle montre le refus de la mort met en avant l'absurdité de celle-ci pour l'homme qui n'aspire naturellement qu'à vivre. Une oeuvre, où pointe une angoisse métaphysique universelle, non sans humour et avec une bonne dose d'ironie, à coup sûr... immortelle.
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Cette pièce m'a fait comprendre concrètement le processus de l' acceptation de la mort, comme je suis soignante je suis confrontée à la fin de vie des patients et cette pièce m'a permis de mieux intégré ce processus. Je vois des personnes en colère d'autre plus sereine face à la mort. Ionesco décrit admirablement ce processus qui se compose de 7 étapes qui sont : le choc, le déni, la colère, la tristesse, le marchandage, l' acceptation, la décontraction. le fait que le personnage principal soit un roi n'est à mon sens pas anodin puisqu'il accentue le désarroi de ce dernier face à la mort, il perd tout contrôle sur tout et son royaume se délite.
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Théâtre de l'absurde cher à Eugène Ionesco, mais cependant pièce bien plus classique et moins loufoque que peuvent l'être "Rhinocéros" ou "La cantatrice chauve". "Le roi se meurt" comme le titre l'indique c'est l'aboutissement logique d'une vie que le héros Bérenger n'a pas vu passer. C'est aussi la fin d'un monde, le palais tombe en ruine, le royaume est en piteux état, la population est réduite à une peau de chagrin... Bérenger quant à lui se retrouve confronté, bien que monarque, et comme tout un chacun, à la mort. Lui qui avait le pouvoir sur tout ne peut pas y échapper et comme son plus humble sujet est obligé d'accepter ce qui lui semble inacceptable. La mort est là pour lui, comme pour tous, aboutissement de toute vie!
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Etant donné que je vais prochainement aller voir la représentation de cette pièce avec, entre autre, Michel Bouquet (pour ne citer que lui) à la citadelle de Sisteron, j'avais tout de même envie de découvrir le texte avant et, pourquoi pas, de me "réconcilier" avec Eugène Ionesco. Pari réussi. Autant j'avoue avoir été déçu par la pièce "Rhinocéros", autant là, j'avoue avoir été bluffée par "Le Roi se meurt"...

Certes, l'on sait d'avance qu'en lisant de tels ouvrages, il faut se faire à l'idée que l'on ne va pas lire du théâtre classique (comme je l'aime) mais du théâtre de l'absurde mais même avec cette idée en tête, j'avais eu du mal avec ma première rencontre avec l'auteur. Ici, il en est tout à fait autrement. Pourquoi ? Je n'en sais rien...Peut-être est-ce tout simplement dû au fait que l'auteur traite ici d'une question existentielle qui nous préoccupe toute notre vie : celle de la Mort.
Ayant longtemps été hantée par cette dernière enfant (je le suis encore mais moins...d'ailleurs, qui ne l'est pas), cette pièce m'a fait beaucoup de bien...

Le Roi Bérenger Ier n'a, quant à lui, jamais songé qu'il allait, comme tout être humain (roi ou pas) mourir un jour. Ici, ses deux épouses, Marguerite et Marie, accompagnés du médecin, de Juliette (la domestique) et du garde tentent de le préparer et de lui faire entendre raison. Tandis que Marguerite, la première épouse du roi se montre assez franche et cruelle par moments, Marie, elle, bien qu'étant sa deuxième épouse mais préférée du roi, se montre pleine d'espoir.
Entre espoir et résignation, il y a peut-être un juste milieu même si l'inévitable doit arriver et arrivera !

Une pièce qui se lit en un rien de temps, que j'ai trouvé remplie de philosophie, très bien écrite et extrêmement drôle. J'ai hâte de la voir jouée sur scène !
A lire sans plus attendre (c'est un conseil pour ceux qui ne l'auraient pas déjà lue !).
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Guère convaincu(e) par la métaphysique d'Eugène Ionesco, j'ai néanmoins été rattrapé(e) par mes vieux démons de la littérature comparée. Aussi je ne peux m'empêcher de vous proposer ce rapprochement entre deux auteurs. C'est en lisant Portrait de l'écrivain dans le siècle Eugène Ionesco : 1909-1994 de Marie-France Ionesco que j'ai appris que Ionesco était ami avec Anton Holban, auteur de le Collectionneur de sons, classé avec ceux qui sont morts jeunes. Et soudain son influence dans la fin de la pièce m'a paru évidente, en particulier celle de la nouvelle « Grand-mère se prépare à mourir », que l'on trouve dans le recueil susmentionné. Les deux textes racontent pour moi la même histoire sous des formes très différentes, presque un hommage, probablement inconscient, à son ami défunt.
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Quand l'absurdité de la mort renvoie à l'absurdité de la vie.

On reconnaît bien la façon unique d'Eugène Ionesco dans cette pièce à la fois comique, grinçante et si juste. Au delà du burlesque et de l'absurde, l'auteur se pose en observateur rigoureux du comportement de l'homme et le met en scène face à sa propre mort.

Le roi Bérenger 1er est informé que sa fin est proche. Malgré de nombreux signes (qu'il a préféré ignorer), il ne s'est pas préparé à cette mort, qui s'est peu à peu rapprochée de lui au fil du temps.

Autour du roi, figure centrale, l'auteur place cinq autres personnages, presque tous allégoriques :
- Marguerite, reine et première épouse, représente la raison, le réalisme et l'avenir (qui pour tout être vivant est la mort). Elle est forte, inflexible et prépare le roi à mourir.
- Marie, reine et seconde épouse, représente le coeur et les sens, les plaisirs de la vie, l'insouciance, l'illusion et le passé. Elle soutient le roi dans son fantasme d'immortalité mais n'oppose à Marguerite que des arguments dérisoires et fragiles.
- le médecin, représente le savoir et la science.
- Juliette, la femme de ménage, représente le peuple, le commun des mortels.
- le garde.

Pris au dépourvu par l'annonce de sa mort donc, le roi est envahi par différents sentiments : l'incrédulité, le refus, l'indignation, la révolte, l'impuissance, la peur, l'accablement, la résignation...
Il voit s'écrouler tout son univers, morceau par morceau (au sens propre) en même temps qu'il perd la maîtrise de sa vie. Son pouvoir, son autorité et sa volonté de vivre, comme ses biens terrestres, se désagrègent en même temps que lui.
Tout est donc vain !

Et c'est seul et nu que mourra cet homme, car même le roi ne peut échapper à sa condition humaine.

Avec cet humour noir et lucide qu'on lui connaît, Ionesco a écrit là une comédie vivante (le comble, non?), dont les répliques sont souvent très drôles. Le personnage du roi est parfois ridicule, la plupart du temps pitoyable, mais son désespoir et son angoisse devant la décrépitude et la mort émeuvent, car c'est vers la même inéluctable issue que débouche toute vie.
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Je regrette de ne pas avoir encore vu la pièce, car la lire a été un grand plaisir. La rupture avec les conventions du théâtre classique, le retour à un forme de burlesque remontant à l'antiquité et l'invention d'un théâtre de l'absurde faisant d'autant mieux ressentir l'absurdité de la vie dans une ambiance tragi comique me semblent bien en phase avec les questionnements du monde moderne.
Le thème du Roi se Meurt est aisé à résumer, une fois que l'on a dit que tout est dans ce titre, et que le Roi c'est nous, corps, esprit, conscience, confronté à l'inéluctable.
La réduction des personnages à des pantins ballottés par le sort, la structure décousue de la pièce et des dialogues, tout concourt à faire de cette pièce un tableau symbolique et efficace de l'absurde. Pour autant, on trouve aussi chez Ionesco un questionnement, un humour et une intelligence qui interpellent le lecteur avec lucidité, mais aussi une complicité bienveillante évitant de sombrer dans un nihilisme, que n'est pas l'absurde.
Une pièce remarquable donc, qui se lit d'un trait.
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Une pièce symbolique, absurde, complexe, où un roi métaphorique meurt, et avec lui, son univers. Beaucoup aimé le principe, qu'apprécieront tous les amateurs de méta-théâtre. Cette pièce de Ionesco explore plusieurs thèmes : Vanité du pouvoir, de l'existence, saveur de la vie, horreur du deuil avec les étapes de son acceptation... Pour autant, le Roi se meurt reste drôle de bout en bout, grâce à la démesure totale du monde crée par Ionesco, sans le moindre réalisme spatio-temporel. Ainsi, le Roi Bérenger est davantage une sorte de Dieu, au royaume et au règne qui défient toutes les frontières (les chiffres et données totalement excessifs font leur effet) et qui fait à la fois figure de vieux roi médiéval et de dirigeant contemporain. Le gag récurrent des annonces du Garde ne manque pas de faire rire, bien que la pièce puisse légèrement s'étirer en longueur.

Les personnages qui satellitent autour de lui sont très réussis et relèvent tout autant de l'allégorie. Il est entouré par deux épouses, Marguerite et Marie. La première incarne tout du long la fatalité, la Mort elle-même, voire le metteur en scène lors du dénouement. Dans une obsession post-célinienne, pour elle, la vie n'est rien d'autre qu'une antichambre de la mort, et il s'avère déraisonnable de se détourner de cette optique. Marie est son opposé total, à la manière d'une jeune maîtresse faisant revivre un homme marié sur le retour. La mort et la vie, l'ombre et la lumière, la fatalité et l'espoir s'affrontent ainsi, autant sur scène que dans l'esprit du Roi, et le titre donne bien un indice sur l'issue. le Médecin, quant à lui, est totalement ridiculisé par Ionesco, qui l'affuble également des fonctions de bourreau et d'astrologue! Ses répliques totalement à la ramasse sont en adéquation avec sa représentation de charlatan tout juste bon à panser les plaies avant l'inévitable, plus psychopathe que guérisseur.

L'écriture convoque un registre cosmique et lyrique fort appréciable, à des années-lumière du minimalisme beckettien, nécessaire pour se figurer l'étendue infinie du territoire et de la temporalité du roi. Je commence à entrevoir le style particulier de Ionesco par rapport à Beckett, plus bavard, avec même des commentaires personnels dans ses didascalies...

On pourra trouver que la pièce est un peu longue et qu'elle n'est au final qu'un simple prétexte, un exercice de style sur le thème de la fin d'un monde, mais elle n'en demeure pas moins riche en pistes réflexives. J'ai instantanément pensé à la mettre en relation avec Fin de partie, de Beckett, ou avec La Tempête de Shakespeare, avec cette fois un anti-Prospéro. Ce serait sympa que l'agrégation de Lettres ou un cours de littérature comparée propose ça...
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J'ai découvert ce véritable chef d'oeuvre en tout premier lieu sur les planches de théâtre, à travers l'interprétation de Michel Bouquet, qui incarne avec prodige le le roi Bérenger Ier.

J'ai depuis mon adolescence affectionné au plus haut point l'écriture d'Eugène Ionesco, mais je dois avoué que "Le Roi se meurt" représente pour moi, l'un de ses plus beaux chef d'oeuvre.

Sans dévoiler l'intrigue, je dois avouer qu'il m'a fallut un certain temps pour comprendre le texte dans ma tendre adolescence, mais que l'avancée en âge, la relecture à l'âge d'adulte et la découverte de cette somptueuse pièce, m'ont permis de découvrir avec émotion et magnificence, ce roman qui parle d'un sujet pouvant être considéré comme tabou, avec toute la poésie que cela peut représenter.

A recommander vivement pour adolescent et adulte.
Immence Chef d'Oeuvre
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Voir Michel Bouquet interpréter le Roi se meurt, aux côtés de sa femme, Juliette Carré, jouant Marguerite, m'a rendu cette pièce testamentaire encore plus chère et parlante, qu'après sa lecture..

Sorte de Roi Lear au royaume de l'absurde, Bérenger, le héros récurrent des pièces d'Ionesco jette ici ses derniers feux: il sait qu'il va mourir, il a peur de mourir, il ne veut pas mourir... Bérenger 1er, c'est vous, c'est moi, c'est nous,...

Entre ses deux épouses, la vieille et la jeune, la rude et la douce, la réaliste et la rêveuse, il balance: qui croire? Son royaume lui aussi se délite...

Curieusement, sur un tel sujet, on rit, on éclate de rire même: le recul ironique nous donne la force d'accepter la mort, celle de Bérenger...et la nôtre.

Curieuse expérience paradoxale et philosophique: rien ici n'est réaliste et tout est vrai, rien n'est sérieux mais tout est grave, rien n'est triste mais tout est tragique, rien ne nous arrive et pourtant nous en sortons tout changés...

Aristote s'il avait pu revenir au théâtre Hébertot voir jouer Michel Bouquet, aurait vu dans ce spectacle un nouvel exemple de la catharsis tragique ...
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