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sur 1256 notes
Nous retrouvons ici Bérenger (Tueur sans gage et Rhinocéros) ainsi que sa petite cours. Ses deux reines et son médecin le disent : le roi se meurt. Pièce absurde par excellence que je n'avais étudié qu'en extrait au lycée qui montre métaphysiquement la difficulté de l'acceptation de la mort par un roi décrépit qui n'a pas vu sa longue vie passer soulignant l'absurdité de la vie.
Ce n'est que la seconde pièce de Ionesco que je lis. Je me suis moins laissé porter que sur les Chaises, publiée dix ans plus tôt, qui évoquait déjà cette thématique de l'arrivée de la mort et de l'absurdité du langage ici aussi présent.
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Quelle magnifique allégorie de la vie intérieure de chaque être humain ! Dès la première (et seule) lecture de cette oeuvre, j'ai eu l'impression que chaque personnage correspondait à un sentiment hautement humain (l'Amour pour la maîtresse du roi, la Raison pour la reine, l'Ego pour le roi, la Conscience pour le médecin...), et cette personnification pertinente est restée incroyablement présente à mon esprit.

La caricature de ces traits humains est évidemment là, mais n'empêche, c'est très, très, intéressant d'un point de vue tant psychologique que philosophique. Une magnifique pièce sans âge à méditer
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La cantatrice chauve m'avait laissée perplexe, beaucoup trop absurde pour moi, mais cette pièce a été plus intéressante à lire. le saugrenu n'en est pas absent, mais c'est aussi une pièce qui parle de la mort et surtout de la peur de mourir. Cette mort qui remet tout le monde au même niveau, qui ramène un roi à sa seule condition de mortel. Cette mort qui suscite tour à tour le déni, l'indignation, la discussion pour tenter de gagner du temps, l'angoisse, la résignation ; cette mort qui est acceptée ou refusée par la personne concernée comme par ses proches qui raisonnent, désespèrent ou maudissent leur impuissance. Mais elle est inéluctable : « Tu vas mourir à la fin du spectacle. » prédit Marguerite.
L'occasion également de se pencher sur le temps qui passe, sur la trace infime que laisse un être sur le monde.

Évidemment, malgré son thème tragique, la pièce de Ionesco est avant tout comique. Comique de répétition, comique dû à l'opposition des caractères, aux signes décalés de l'effondrement de ce royaume, du déclin impossiblement rapide de Bérenger Ier.

Sans ressentir un enthousiasme délirant, j'ai apprécié cette pièce tragi-comique qui aborde le sujet de la mort de façon tout à fait unique et inédite !
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Le roi se meurt (1962) d'Eugène Ionesco est une pièce de théâtre qui retrace les dernières heures d'un souverain en présence d'une petite cour. Sa composition est beaucoup plus classique que les pièces d'après-guerre de l'auteur qui relèvent plus du théâtre de l'absurde.

Le royaume fictif qui donne le cadre à la pièce appartient cependant à un univers insolite et anachronique mais l'intrigue est claire depuis le début: nous suivons les derniers instants d'un roi. Après avoir été dans le déni, le roi Bérenger prend conscience avec difficulté qu'il va mourir. Progressivement sa santé et sa motricité décline, ses ordres ne sont plus accomplis et parallèlement à sa décrépitude son royaume et ses sujets périclitent.
Le roi adopte une position anti-christique : le sacrifice du Christ permet de sauver l'humanité entière et ce que veut Bérenger est que l'humanité entière soit sacrifiée pour sauver sa propre existence.

Par son refus de mourir, Bérenger représente la condition humaine dans son aspiration à vivre éternellement. Bérenger représente l'Homme contemporain qui ne croit plus ni en Dieu, ni en Jésus-Christ, ni à la promesse des évangiles de la vie éternelle. Pas une seule fois, le roi ne mentionne le nom de Jésus dans ses suppliques. le personnage symbolise l'Homme occidental déchristianisé. La vie n'a plus de sens. le phénomène de la mort est absurde et ne peut pas être accepté. Son angoisse peut donc être comprise d'un large public et était aussi partagée par Ionesco depuis son enfance comme il le raconte dans ses entretiens avec Claude Bonnefoy et dans Journal en miettes avec le récit de sa découverte de la finitude des choses.
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Le Roi se meurt mais ne veut pas l'admettre… jusqu'à ce que sa fin soit inéluctable.
Tantôt tragique, tantôt comique, cette pièce place l'homme face à sa mort. Poésie et absurde se côtoient pour traiter de ce sujet universel.

Avis :
La condition humaine dans toute sa splendeur ! On rit (jaune), on pleure (pas toujours de rire), on grince des dents. Un classique de l'absurde à redécouvrir.
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Le roi se meurt, tout le monde s'en rend compte, sauf lui-même et sa seconde épouse Marie, qui veut le (et se) convaincre que ses faiblesses sont passagères, qu'il retrouvera bientôt sa force et continuera à croquer la vie à pleines dents. Sa première épouse Marguerite et son médecin essaient eux de le convaincre et de le préparer au mieux, afin que sa mort soit réussie et digne, et ne fasse pas honte au royaume.

Pièce courte mais puissante, sur l'annonce que le grand voyage est imminent. Avec son lot de stupéfaction, d'indignation, de négociation, l'incrédulité du principal intéressé et de ses proches.

La pièce, telle que décrite dans le texte, a l'air riche en symboles, mais me paraît parfois compliquée à réaliser en pratique. le roi se meurt fait partie des rares textes où je ressens le besoin de vivre la pièce dans un théâtre pour en retirer toute sa sève.
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Classique du théâtre écrit par Ionesco en 1962, le roi se meurt est, comme beaucoup d'oeuvres classiques, la somme d'influences et de références extrêmement variées donnant lieu à une nouvelle oeuvre originale qui transcende ses inspirations.

Le thème de la pièce, évidemment, tourne autour de la mort : le roi Béranger est sur le point de mourir ! Et visiblement, il est le seul à l'ignorer.

Toute la pièce va alors nous entraîner, ainsi que le roi du titre, dans un abîme de désespoir et de questionnements sans fin qui mèneront, finalement, au dénouement ultime qu'on nous annonce dès le titre.

Pour autant, il est bien entendu que Béranger Ier n'est qu'un roi métaphorique, dont ni le nom, ni la situation géographique du royaume ne sont évoqués à quelque moment. Et pour cause : le personnage est avant tout une marionnette qu'utilise Ionesco pour parodier les tyrans de l'Histoire.

Lorsqu'on décrit par le menu tout ce que le roi a fait, ou pas, au cours de sa vie, on le découvre cruel, usant volontiers de la peine de mort, idiot, paresseux, amateur de bonne chaire, peu porté sur la lecture, autoritaire, ridicule au fond.

Bien sûr, il y a un peu du Ubu roi de Alfred Jarry dans le roi se meurt, et c'est comme si on assistait à la veillée funèbre du roi de tous les excès tout au long de la pièce. Mais, lorsque Ionesco décrit un monarque qui a traversé les millénaires, d'abord sur un cheval blanc, puis debout sur un tank, il apparaît que, comme souvent, ce sont les dictateurs autoritaires que tacle Ionesco.

C'est Napoléon, c'est Mussolini, Hitler, Staline qu'il critique lorsque le Garde récite au roi toutes les prouesses technologiques de l'humanité qu'il aurait soi-disant découvertes tout seul, sorte de tirade d'éloges à l'infini digne d'un régime soviétique où trop peu de flatterie pourrait vous envoyer au goulag, tandis que comme disait Beaumarchais, sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.

Il les critique encore par l'accès de mégalomanie dont Béranger fait preuve lorsque, se sachant mourant, le roi souhaite survivre dans les mémoires par tous les moyens : qu'on lui érige des statues, que son image soit dans toutes les maisons, qu'on brûle des cierges à son effigie... voire même, qu'on tue tout le monde, puisque nul ne devrait avoir le droit de vivre si lui trépasse. C'est une référence quasi-explicite au culte de la personnalité que de nombreux régimes fascistes du XXème siècle avaient mis en place avec succès, et que l'auteur parodie ouvertement.

Ionesco s'inscrit en faux de tout cela en représentant le royaume de Béranger comme un territoire abandonné, rongé par les ennemis de toute part, à la dérive et sombrant progressivement dans un trou dans le sol, vidé de la plupart de ses habitants et dont les quelques restants sont devenus débiles. Une vision purement apocalyptique qui laisse paraître l'idée que se fait l'auteur d'un pays qui serait laissé aux mains d'un tel chef d'État, lui qui a fui la Roumanie lorsque l'Allemagne, puis l'URSS y ont établi leurs idéologies pendant la guerre.

Et en même temps, le roi se meurt ne parle pas que de ça. La pièce parle d'un sujet cher à Ionesco qui l'aura préoccupé pendant la quasi-totalité de sa vie : comment faire la paix avec l'idée de la mort, à la fois en tant que concept de la fin de sa propre existence, mais aussi en tant que point fixe dans le temps, inéluctable, avec lequel on ne peut pas négocier.

Une inquiétude quasi-universelle qui résonnera forcément avec quiconque ayant eu à faire face soit à sa propre mort, soit à celle d'autrui, ce qui rend le personnage de Béranger au fond humain dans ses préoccupations, et facilement compréhensible dans sa réaction.

En fait, Ionesco nous montre un personnage aux prises avec les cinq étapes de son propre deuil, une liberté géniale qui nous est procurée par le théâtre, puisqu'en général, lorsqu'on meurt, nous n'avons pas le loisir de nous y attarder tant que ça.

Déni, choc, colère, marchandage et enfin, acceptation : le roi passe par chacune d'entre elles. le personnage de Béranger se débat notamment avec la maxime latine "Mors certa, hora incerta" qui nous dit que la mort est certaine, mais l'heure où elle arrivera, elle, est inconnue. Il hurle et tente de raisonner qui veut bien l'entendre que puisqu'il est le roi, il ne mourra pas avant de l'avoir décidé, abattu cependant par la fatalité que l'évènement commence à se produire contre son gré.

Comme si Ionesco lui répétait "Memento mori" tout du long : tu as beau être le roi, il n'y a rien, aucun pouvoir, qu'il soit politique ou technologique, qui ne te sauvera de la fin inévitable qui s'en vient. Ceci est peut-être également à mettre en parallèle avec les thérapies hormonales des années soixante qui prétendaient pouvoir repousser la mort au moyen de technologies alors "révolutionnaires", dont Ionesco so moquerait dans cette pièce.

Peut-être Ionesco a-t-il aussi lu Heidegger, dont la mort est une thématique importante. En effet, comme ce dernier considère la mort comme la fin de l'être-au-monde, elle représente un anéantissement de celui qui meurt. Autrement dit, comme l'auraient formulé les philosophes de l'Antiquité : tant que nous sommes vivants, la Mort n'est pas là, et à l'instant où la Mort arrive, nous ne serons plus. Alors, de notre propre point de vue, qu'est-ce que mourir sinon disparaître du monde ? On pourrait aussi poser la question dans l'autre sens : qu'est-ce que mourir, sinon voir le monde disparaître devant soi ?

Et c'est cette vision qu'Ionesco a décidé de porter sur scène, puisqu'au fur et à mesure que le Roi décline, les personnages partageant la scène avec lui disparaissent subitement, mais il l'aborde également d'un point de vue physique, le Roi chancelle et tombe à maintes reprises, ses cheveux blanchissent d'un coup, ses sens lui font défaut, il devient aveugle, même les concepts les plus simples lui sont étrangers.

C'est aussi imprégné des rituels décrits dans le Bardo Thödol, le livre des morts tibétains, et des coutumes roumaines ainsi que du christianisme qu'Ionesco écrit la transition du roi vers l'autre monde. En effet, Ionesco dépeint ici la vie comme un exil, et la mort comme un départ : après tout dans la mythologie chrétienne, la véritable patrie du croyant se situe dans l'Au-Delà, après la mort.

Or, un départ cela se prépare et c'est pourquoi dans cette pièce, Ionesco assigne à la reine Marguerite, en fin de pièce, le rôle de guide spirituel ("lama tibétain", "la Ma"rguerite ?) qui va guider le roi par sa voix dans ses derniers moments, et couper les attaches et les chaînes spirituelles (imaginaires) qui le relient encore au monde des vivants et l'empêchent de partir en toute sérénité. Peut-être faut-il ici voir une certaine nostalgie d'Ionesco pour la ritualisation du deuil, dans un XXème siècle où les religions sont globalement en recul, où les traditions se perdent peu à peu et où, la mort devient à la fois un sujet un peu tabou et une expérience de plus en plus solitaire, pour beaucoup de gens dans l'incapacité d'être accompagnés en fin de vie.

En résumé, car cette critique est déjà bien trop longue, une pièce assez courte en un unique acte d'une seule scène mais qui recèle bien des thématiques à découvrir !
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Ce livre est une pièce de théâtre de l'absurde. Je l'ai lu l'année dernière et mon avis est assez… complexe disons.
À ma première lecture, j'ai détesté. Je dormais devant à chaque fois et je n'arrivais pas à avancer. Je ne comprenais absolument rien. Alors le message qu'il transmettait, je suis totalement passé à côté.
Quelques semaines plus tard, nous l'avons étudié presque dans sa totalité. Et alors là, la pièce à pris une toute autre mesure. L'histoire du roi qui va mourir bientôt est devenue vraiment intéressante. L'absurde qui m'avait au premier abord énervé a prit tout son sens.
Puis on a vu deux captations. Et là, j'ai ris. La pièce devenait drôle. C'est comme si ce n'était plus le même texte.
Les personnages sont atypiques. Chacun a son caractère fort. Et ils restent en tête encore longtemps après la lecture.
Alors je ne sais pas vraiment mon avis devant ce livre. Je garde le goût amer de la première découverte mais avec tout de même l'intérêt qu'il a suscité.
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Ionesco est âgé d'une cinquantaine d'années quand il finalise le roi se meurt. Objectivement, c'est encore fort jeune, et pourtant cette pièce illustre de manière particulièrement bien observée les affres de la grande vieillesse et de la fin de vie.

Le déni, la révolte, etc., toutes les phases connues de l'attitude des hommes face à la mort sont passées en revue et à la moulinette du théâtre de l'absurde de l'auteur. Un orfèvre en la matière. le roi se meurt, et il est entouré de sa clique. L'ancienne reine personnifie une vision réaliste de la vieillesse. La jeune reine va, quant à elle, édulcorer l'état royal et se tourner vers un passé plutôt rose. le médecin, astronome, bourreau... aimerait se trouver ailleurs. Tout comme la bonne à tout faire (et qui ne fait plus grand chose). L'absurde se trouve dans les dialogues, dans les situations et dans le garde qui hurle le bulletin de santé royal à qui mieux-mieux.

Autour du roi, le château se délabre. le royaume se réduit comme une peau de chagrin. Les sujets sont aux abonnés absents.

Cette pièce a résonné en moi comme rarement. A titre personnel et sans faire pleurer dans les chaumières, voici un an, mon père décidait de se laisser mourir. Caprice de vieillard ayant survécu au Covid, ras-le-bol d'un nonagénaire qui n'en pouvait plus et pour qui chaque jour était pire que le précédent, résignation, détermination, lucidité, dépression... peu importe le motif. La pièce m'a, d'une certaine manière, réconcilié avec lui.

Par ailleurs, et même si les analyses de la pièce sont unanimes, je ne peux pas m'empêcher de penser que Ionesco à travers cette pièce vise également une dimension politique. La Roumanie de 1960 est à l'image du roi Berenger.
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Je ne connais pas Ionesco, je n'ai jamais lu ni vu de théâtre absurde et voici donc mes quelques impressions en tant que lecteur néophyte. Ionesco traite d'un sujet sensible avec un respect mêlé d'humour. Malgré ce mélange hétérogène, aucune explosion ne semble déborder du bécher. Les quelques tirades et autres dialogues burlesques étaient, pour la plupart, très brillant. Pour les autres, je suppose que le génie d'Ionesco m'échappe. Ce fut donc une lecture plus instructive qu'appréciable, ce qui lui vaut la prudente note de 3/5.
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