«
Lui », c'est un jeune homme qui, après avoir commis une fusillade et purgé sa peine dans un centre jeunesse, entouré d'autres délinquants, est remis en liberté. Ce troisième tome de la série, après «
Eux » et «
Nous », relate ce qui se passe après.
Que ce grand adolescent ait commis l'irréparable, l'impardonnable, ce n'est plus important. Encore moins quand on sait que ce ne fut qu'une réaction désespérée après des années et des années de harcèlement, d'intimidation et de mauvais traitements. Qu'il ait purgé sa peine, qu'il soit considéré comme guéri, n'est pas plus important.
«
Lui », c'est un jeune homme qui qui cherche à oublier le passé, ou plutôt à essayer de mener une vie normale, effacée. Tout a changé. Même son ancien ami, Zachary, n'est plus le même : il abandonne l'école et part en voyage en Asie avec sa petite amie. Il fuit ? L'abandonne ?
Autour de «
Lui » gravitent toute une galerie de personnages autres. D'abord, ses parents, distants et émotifs à la fois, qui ne savent comment gérer la situation. Ensuite, la communauté, effrayée, prise de panique, qui croit difficilement que le garçon n'est plus un danger pour la société. Enfin et surtout, les victimes du drame et les témoins. Toutes ces personnes qui ont souffert et qui continuent à souffrir.
Le roman raconte les réactions de chacun, comment ils gèrent la remise en liberté de «
Lui ». Malik, Geneviève, Sophie, Gabriel, etc. J'ai trouvé difficile de tous les suivre. La narration passe de l'un à l'autre, sans avertissement, dans de courts chapitres qui ne sont pas identifiés. C'est parfois ardu de découvrir qui ils mettent de l'avant, d'en comprendre l'enjeu.
Dans un camp, il y a les anciens oppresseurs. Ont-ils peur que l'adolescent se venge ? Ou plutôt qu'il dévoile (enfin !) les raisons l'ayant poussé à commettre son geste, la persécution qu'ils
lui ont fait subir ? Doivent-ils s'excuser ? Ou encore voudront-ils se venger à leur tour, continuant ainsi le cercle de violence ?
Il y a aussi les victimes involontaires, les témoins qui ont assisté à la fusillade et qui en ont été traumatisés. Aucun point de vue n'a été épargné.
L'auteur
Patrick Isabelle a réussi à me surprendre. Tout au long de ma lecture de «
Lui », j'étais tellement pris par la narration, les événements, les histoires personnelles, que rendu à quelques pages de la fin, je n'avais aucune idée de la manière dont allait se terminer le roman. La finale, tout de même ouverte, je ne l'ai jamais vue venir. Elle m'a frappé comme très peu l'ont fait.