Gyo, tome 2

Suite et fin de ce "cycle de la puanteur" signé Junji Ito. Un second tome bien mieux que le précédent qui laisse cette fois-ci de côté la poiscaille centipède pour mieux torturer l'être humain en lui faisant subir le même sort. Cette pauvre Kaori devient le projet sinistre d'une mutation humaine délirante imaginée par l'oncle de Tadashi. le corps en décomposition, boursoufflée par le gaz toxique, recouverte de pustules ensanglantées, la belle demoiselle a légèrement perdu de son charme depuis le premier tome. Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas un corps putréfié qui va empêcher son amoureux de braver ce Japon post-apocalyptique afin de tout tenter pour la sauver. Je ne sais pas si c'est censé me rassurer mais j'ai la nette impression d'être toujours sur la même longueur d'onde que l'auteur face à l'horreur. Ces gros plans s'attardant sur la chair décomposée, ces corps humains réduits à l'état de vulgaires rôtis, ces détails sadiques qui s'ajoutent au dégout, ces dialogues redondant à propos de la puanteur... c'est affreux à dire mais j'aurais imaginé les choses sous le même angle. Junji Ito ose tout, il ne connait pas de limite à sa créativité, je crois que c'est pour cette raison que je l'affectionne autant.

Ce manga bien dessiné est assez osé, l'aventure se complique et vire au cauchemar, à l'horreur avec des points assez bizarres tels l'apparition d'un cirque et de créatures dignes de l'enfer. L'oeuvre pourrait s'inspirer de toiles de Bosch et de Chtulhu, elle se lit bien car on se demande comment cela va se terminer.