Ivan Jablonka n'a pas connu ses grands-parents morts à Auschwitz.
Matès et Idesa sont nés en Pologne dans un schtel.
Ils s'opposent tres jeunes, dans les années 20 30, au gouvernement polonais, au nom d'une internationale communiste qui les relie à L'URSS.
Prison, manque de liberté, non respect des droits de l'homme teinté d'antisémitisme , ils quittent leur pays pour la patrie des droits de l'homme. Qui ne les accueille pas les bras ouverts tandis que les lois se durcissent à l'encontre des juifs qui fuient l'est de l'Europe, a fortiori quand ils sont susceptibles de troubler l'ordre public avec des idées gauchistes. Puis vient la guerre....
Dans une enquête minutieuse, il cherche leurs traces dans l'histoire pour relier son histoire personnelle et la grande histoire comme une enquête policière et comme une enquête historique. le couple ne laisse quasiment pas de traces, si ce n'est deux jeunes enfants. L'auteur doit retrouver des oncles et tantes ayant choisi l'Argentine comme refuge, croiser archives de police qui montrent leur activisme politique dans la clandestinité car ils n'auront jamais vraiment de papiers en règle, archives militaires car Matès s'engage dans la légion et combat les allemands pendant quelques semaines, archives de Drancy. Et puis il y a tous ces témoignages édités de gens qui auraient pu les côtoyer, des travailleurs à façon du 11e arrondissement aux sonderkommandos, tout ceux qui auraient pu être eux et ont laissé des traces. Ce travail de fourmi est parfois difficile à suivre, laisse la place aux possibles et les explore tous. C'est en historien (il enseigne à Paris 8) que Jablonka fait revivre ses grands-parents et accomplit là un véritable travail de mémoire, les inscrit à la fois dans la mémoire collective et dans celle du lecteur, maintenant dépositaire de la vie de ce couple qui n'atteint pas son 30e printemps.