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3,89

sur 375 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Piège Diabolique est clairement un épisode à part dans la série des Blake et Mortimer. Initialement paru dans le journal de Tintin, en 1960, il fera l'objet d'une publication en album en 1962, aux éditions du Lombard. Il a été interdit d'importation et de diffusion en France, par une décision de juin 1962, suite à un avis défavorable de la Commission de surveillance et de contrôle de la presse enfantine, en application de l'article 13 de la loi du 16 juillet 1949, « en raison des nombreuses violences qu'il comporte et de la hideur des images illustrant ce récit d'anticipation ». Evidemment ce jugement apparaît comme largement désuet aujourd'hui et n'a pas empêché cette histoire de s'imposer comme un grand cru de la série, adaptée en feuilleton radiophonique et, par la suite, en dessin animé et en jeux vidéo.

Le scénario met en avant le professeur Mortimer qui hérite d'une invention du redoutable Miloch, le chronoscaphe qui, comme son nom l'indique, est une machine à voyager dans le temps. Mut par sa curiosité de scientifique, notre héros ne voit pas le piège diabolique se refermer sur lui et se retrouve perdu dans les méandres du flux temporel. Comme indiqué ci-dessus cette aventure est originale à plus d'un titre. D'abord parce qu'il conviendrait mieux de la nommer une aventure de Mortimer, tant le capitaine Blake y apparaît peu (dans les deux premières et deux dernières pages). Ensuite il s'agit du seul album où Olrik, l'ennemi intime de nos deux héros, n'est pas présent, remplacé par Miloch, un savant maléfique, apparut dans l'épisode précédent, SOS Météores. Par ailleurs, ce récit peut être sans conteste classé dans le genre de la science-fiction, il n'est point question ici d'enquête policière (il est donc logique que Blake n'y soit que très peu présent). Enfin, pour la première fois dans l'oeuvre de Jacobs un rôle secondaire est tenu par une femme, en la personne de Demoiselle Agnès.

L'auteur trouve dans ce récit l'occasion de rendre un hommage appuyé à l'un de ses modèles, HG Wells, qui écrivit en son temps la Machine à Explorer le Temps. Mais on peut également y voir la volonté de Jacobs de s'inscrire dans la filiation des grands précurseurs de la science-fiction que furent Jules Vernes, Wells et Burroughs et des auteurs de "romans scientifiques" en général, qui furent légion lors de la première moitié du XX siècle. L'histoire lui permet également d'adresser une critique à la communauté scientifique, car c'est bien cette inclinaison à toucher les limites du compréhensible qui pousse Mortimer dans le piège diabolique. Pour autant c'est aussi son ingéniosité qui l'en fait sortir, Jacobs nous indiquant ainsi que, si la science n'est pas mauvaise en soi, ce n'est pas systématiquement le cas de l'usage que l'on en fait (Miloch étant l'incarnation du mauvais usage). le Piège Diabolique est donc un excellent récit de science-fiction, teinté d'une certaine réflexion et, personnellement, une de mes nombreuses madeleine de Proust.
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En règle générale, je n'ai jamais trouvé de mérite aux bandes dessinées qui, ainsi que Roland Barthes l'a bien mieux dit que je ne saurais le faire, équivalent à éradiquer la faculté de représentation, base même du fonctionnement intellectuel (ça, c'est Emmanuel Kant qui l'a mieux dit que moi).

Toutefois, je fais quelques exceptions. Il est impossible, par exemple, de réduire Jacobs aux catégories de la "bédé". J'en veux pour preuve, d'ailleurs, que ce n'est justement pas le lecteur type de "bédés" qui lit Jacobs. Et si j'ai toujours trouvé à la fois pédant et suspect le mot de "roman graphique", je dois avouer qu'en l'occurrence, ça convient assez bien. La dimension authentiquement littéraire est d'ailleurs difficilement discutable.

Il faut reconnaître à Jacobs que certains de ses Blake et Mortimer sont saisissants de prémonition, et qu'ils ne sont pas dénués d'une certaine profondeur philosophique. le Piège diabolique, par exemple... L'état du métro, le langage SMS, l'effarant hologramme de François Hollande, et cette page 38! Cette page TRENTE-HUIT! où Focas explique à Mortimer la dictature mondiale, "l'homme fonctionnel"... Mais comment, diable! - comment?? - cela peut-il encore circuler librement alors qu'il suffirait de 451 degrés Fahrenheit... L'hypothèse la plus probable, c'est que les censeurs ne peuvent pas se hisser au niveau de compréhension nécessaire pour y détecter quoi que ce soit. Ou bien ils se disent: gare à l'effet Streisand (ou Parmentier inversé)! Personne n'est capable de lire ça, et tout le monde s'en fout. Mais si on se met à l'interdire, ils vont tous se ruer dessus.

Une réflexion très intéressante de Blake, qui est témoin d'une conversation entre un conservateur et un progressiste: "Passé, avenir... Qui sait, gentlemen, si le "bon temps" dont vous parlez n'est pas justement le moment présent". Oui, il est probable que moi aussi, en septembre 1960, c'est ce que j'aurais pensé, pressentant qu'on était parvenu à un point délicat d'équilibre où tout allait plutôt pas mal. Car c'est une réflexion qui, chez Jacobs, va au-delà du banal "carpe diem". L'idéologie du progrès est tout aussi stupide que le passéisme pour le principe. Ce n'est pas l'avant ou l'après qui font que quelque chose est meilleur ou pire. Jacobs pressentait que la relative harmonie des Trente Glorieuses prendrait fin dans le chaos. Il ne manquait que des gilets jaunes à ses rebelles...
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« Au moment où va s'engager cette nouvelle histoire », on doit avoir bien en tête qu'Edgar P. Jacobs a autrefois illustré La Guerre des mondes, d'H.G. Wells. Il était donc naturel, voire inévitable, qu'il propose une interprétation – très libre – d'un des romans majeurs de l'écrivain britannique, à savoir La Machine à explorer le temps.
Tout se passe en France, précisément dans l'un des lieux les plus exceptionnels de la Région parisienne, La Roche-Guyon. Et, encore de nos jours, dans le château – où se déroule principalement l'intrigue – ayant notamment appartenu à la famille La Rochefoucauld, on peut constater qu'aucune « déflagration [n'a mis] en pièces le chronoscaphe », contrairement à ce que raconte Jacobs ! Les connaisseurs sauront de quoi je parle !
Ce chronoscaphe fera voir au professeur Mortimer – cette fois sans son acolyte, Francis Blake – des dinosaures turbulents, des Français « moyenâgeux » qui l'ont pris pour un espion anglais et un futur apocalyptique, sans doute l'épisode le plus sombre de l'album car d'un pessimisme évident sur l'avenir de l'humanité.
Toujours avec le souci du détail, Jacobs nous offre à la fois un dessin méticuleux et une aventure aussi mouvementée que passionnante où son héros opère un voyage temporel qui va de 150 millions d'années en arrière jusqu'à l'année 5060, avec un arrêt au XIVe siècle. Ce qui fait une sacrée route !
Cette aventure, en réalité une tentative de vengeance du professeur Miloch – un vieil ennemi – est donc une nouvelle démonstration du sens de la narration d'un des piliers de la bande dessinée.
Mais le Piège diabolique est aussi l'album le plus fataliste de Jacobs, même si Mortimer, dans son lit d'hôpital, conclut par un : « ami lecteur […] ne vous plaignez pas outre mesure de notre damnée époque car elle a de bons côtés ! » Au regard de l'avenir qu'il a nous a montré, on ne peut qu'être d'accord…
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Ce voyage de Mortimer à travers le temps grace à un piège diabolique du professeur Miloch nous fait partir 150 millions d'années dans le passé puis au XIVe siècle etc....A chaque fois le « Chronoscaphe », cette machine à voyager dans le temps, une machine détraquée par Miloch, emmène Mortimer dans des aventures dangereuses, même mortelles ! Il s'en sort de justesse à chaque fois...
De très très beaux dessins, et du texte !...
J'ai lu cette BD avec plaisir en m'arrêtant sur chaque image, sur chaque texte.
A lire et à relire.
C'était la première fois que je lisais cette 6ème aventure de Blake et Mortimer et je suis encore sous le charme !
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Ah ! une des rares anciennes BD françaises de science-fiction. le héros se promène dans le temps et affronte les dinosaures et les descendants d'une apocalypse survenue après notre époque.

Une des bandes dessinées de ma jeunesse, et qui traitait de science-fiction en plus, par le maître en la matière, Edgar P. Jacobs. Je me suis régalé. L'histoire est très bonne et le dessin est fabuleux.

J'adore !
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Un extraordinaire souvenir de lecture de ma jeunesse. Les planches de cet épisode restent marquées profondément dans ma mémoire et les rebondissements temporels étaient autant de trames aventureuses conjuguées en un seul volume. Un voyage dans des époques troublées pour le moins, mais n'est-ce pas une caractéristique de notre histoire ?
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Dans le Piège diabolique, Jacobs explore une thématique déjà très exploitée par les auteurs de science fiction : le voyage dans le temps. Il se place ainsi en héritier de H.G Wells dans le domaine de la bande dessinée.

Clairement, cet album dénote des précédentes aventures de nos deux comparses. D'abord, Francis Blake est quasiment absent de l'histoire, au point où "une aventure de Philip Mortimer" serait plus adapté en sous titre. de plus, Olrik disparaît complètement du paysage.
Pour autant, ce tome fait presque directement suite à SOS Météores, que je vous conseille de lire avant pour pleinement apprécier le Piège diabolique.

Ces dissemblances ne portent absolument pas préjudice à cet album, dont j'ai beaucoup apprécié la veine bien plus "pulp" que tout ce qu'Edgar E. Jacobs nous avait proposé jusqu'à présent. Son audace nous offre un album à la fois très différent et des plus réussis !
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