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J'ai appris l'existence de la "Famille" par un fait divers paru dans la presse quotidienne de mon département. En 2020, deux ex-membres d'une branche dissidente de cette communauté religieuse secrète parisienne, basée quant à elle à Malrevers, petite bourgade de Haute-Loire, portaient plainte pour actes de torture et barbarie contre le responsable local. Je remercie donc Babelio et les Éditions Robert Laffont qui par l'intermédiaire de la dernière opération Masse Critique, ont permis de satisfaire mon envie d'en savoir un peu plus, en m'envoyant ce titre que j'avais sélectionné.

Nicolas Jacquard est journaliste au Parisien. C'est un mail envoyé par un ancien membre de la "Famille", qui, fin 2019, a attiré son attention. Ce dernier voulait mettre à jour cette communauté très fermée et méconnue de tous où vivaient encore ses enfants. Nicolas Jacquard a donc patiemment mené l'enquête sur cette "Famille" forte de 3000 membres qui vit dans l'est de Paris. La genèse de leurs croyances dérivées du jansénisme remonte au XVIIIe siècle. Rejetant christianisme et protestantisme, la communauté s'est refermée sur elle-même sous l'égide de nouveaux prophètes annonciateurs de l'Apocalypse et a érigé ses propres textes sacrés baptisés "l'Oeuvre", textes comportant également toutes les règles de bonne conduite à tenir. On n'entre pas dans la "Famille", on y naît, on s'y marie et on y meurt. On en sort très rarement et très difficilement. Seuls, huit patronymes y sont recensés actuellement, on s'unit donc entre cousins, ce qui entraîne de nombreux problèmes de consanguinité. le recours à la contraception est interdit, les fratries sont donc importantes. En contrepartie, une grande solidarité règne entre les membres. Dans tous les domaines de la vie, chacun sait qu'il sera soutenu en cas de difficultés. La branche dissidente basée à Malrevers avait pour coutume de soustraire, à leur naissance, les enfants à leurs parents afin de les élever ensemble à la nursery. Elle n'hésitait pas à employer la manière forte en matière d'éducation, d'où les plaintes déposées par les ex-membres.

L'enquête menée par Nicolas Jacquemard est très complète et demeure tout simplement édifiante. Elle n'est pas faite uniquement à décharge car l'auteur essaie de rester objectif en écoutant la parole des membres actuels comme celle de ceux qui en sont partis. Par contre, j'en déplore la complexité de lecture, l'essentiel étant noyé dans une multitude de détails et un amoncellement de témoignages où le lecteur s'égare dans les diverses filiations. L'histoire des origines de cette communauté en est tout aussi compliquée. Je regrette le manque de fluidité dans l'écriture qui a saboté ma motivation du départ. le texte aurait gagné à être allégé car il y a beaucoup de redites. J'ai eu du mal à arriver au bout de cette lecture à laquelle j'accorde un 10/20. Les podcasts "Code Source" du journal " le Parisien" où Nicolas Jacquard résume très bien ses recherches sont un excellent complément à l'essai, tout en étant à mes yeux beaucoup plus abordable.
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Deuxième étude de cette organisation après"la famille, itinéraire d'un secret" de Suzanne Privat, que j'ai chroniqué. Il existe aussi un roman de François Lorris que je n'ai pas lu.
Sur le fond, on rappelle que la F est une organisation regroupant environ trois mille personnes, étroitement apparentées, pratiquant une endogamie stricte et pratiquant un culte chrétien mal défini, localisées principalement dans l'est parisien.
Dans le livre de Jaccard, le phénomène fait l'objet d'une étude plus approfondie, qui modifie le jugement qu'on peut porter sur lui.
L'auteur étudie en profondeur l'histoire de la F qui remonte aux Jansénistes en passant par les convulsionaires de St Médard. Outre le courant principal parisien, il existe une autre souche qui s'est plus ou moins fondue avec la première, mais avec des divergences doctrinales. L'auteur a également pu accéder à une partie des Livres Sacrés de la Famille, en fait un magma assez confus, d'obédience millénariste et fondé sur l'attente d'un messie ou prophète, le Nouvel Élie dont la venue precederait l'apocalypse. D'ailleurs ce prophète était né dans la Famille au dix neuvième siècle, mais devenu majeur il se maria en dehors de la secte et démissionna de ses fonctions de messie pour reprendre le commerce florissant de son beau-père. Depuis ils attendent. J'ai parlé de secte. le livre de Privat poussait cependant à exclure cette qualification. Mais le livre de Jaccard conduit à réviser son opinion. Si les membres restent en effet libres de quitter la Famille, il est très difficile de rompre définitivement si l'on veut conserver des rapports avec ses proches qui y sont restés. Ils font l'objet de diverses pressions et reviennent souvent dans la secte. Si la Famille procure à ses membres une solidarité chaleureuse, elle les enferme aussi dans un carcan informel mais rigide. Ainsi ils sont pratiquement contraints de se marier très jeunes et d'avoir de nombreux enfants (la contraception est inconnue). Les fratries de dix enfants sont courantes et les conditions de vie sont spartiates, les appartements ayant rarement plus de trois pièces.
Encore est- ce la Famille "canal historique". Il existe en effet et a existé des déviances qui ont pris un caractère sectaire plus classique : installation de communautés à la campagne, avec gourou, exploitation financière et parfois sexuelle des adeptes, quasi-enfermements des disciples, séparation des parents et des enfants, etc
Ces ouvrages, particulièrement celui de Jaccard, révèlent au grand public un phénomène qui avait réussi à rester pratiquement inaperçu pendant plus de deux siècles.
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J'ai lu le livre de Nicolas Jacquard après celui de Suzanne Privat. Ce dernier avait un point de vue personnel et émotionnel dont Nicolas Jacquard s'est départi pour mener une véritable enquête. J'ai beaucoup apprécié la relation du jansénisme qu'il y a faite et les dérives de Bonjour. Il démonte ici la façon dont un mouvement religieux se crée et se transforme, quand bien même le prophète annoncé (Elie Bonjour) tourne le dos à ses fidèles. Il évoque aussi Napoléon, Fouché et Victor Hugo qui ont confronté ou évoqué ces ancêtres de la foi Familiale. En bon journaliste il donne la parole aux exclus et et aux membres pratiquants pour mieux comprendre ce phénomène: une communauté fermée dont les membres peuvent souffrir et qui est un terrain propice aux dérives sectaires.
Passionnant.
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J'avais vu passer ce livre alors que j'étais en pleine lecture de l'essai «le nouveau péril sectaire». J'étais donc très intéressée par le sujet. La chance m'a été donnée de pouvoir le lire grâce à l'opération Masse critique de Babelio et la générosité des Editions Robert Laffont que je remercie chaleureusement.

C'est à la suite de la réception du mail d'un ex-membre De La Famille que Nicolas Jacquard, journaliste, décide de se pencher sur cette étonnante communauté. Pendant deux ans, il va mener une enquête approfondie retranscrite dans cet ouvrage. Ce mail se résume à quelques mots:» Bonjour, mes enfants vivent dans une secte. Il faut m'aider. Rappelez-moi».

Nous voilà donc plongés au sein De La Famille et de ses origines. Comment définir la Famille? On pourrait dire qu'il s'agit d'une communauté très fermée voire sectaire, endogame, comptant 3000 membres et pratiquant une religion mal définie, inspirée de plusieurs courants. La majorité d'entre eux, vit dans l'Est parisien et plus particulièrement dans le XIème arrondissement.
Tout d'abord, ce qui marque, c'est que cette famille, malgré ses 3000 membres, ne compte qu'un nombre très limité de patronymes. En effet, dans La Famille, on pratique une endogamie stricte et la consanguinité est de mise. Tout le monde se ressemble et les problèmes de santé y sont importants. de plus, la contraception n'étant pas vue d'un bon oeil et la sexualité y étant ramenée à sa fonction reproductrice, on y fait beaucoup d'enfants. Les enfants peuvent être élevés par leur famille ou par une partie du groupe, parfois même, cela se fait en dépit du libre choix des parents. Il y a aussi une véritable omerta sur certains sujets comme les viols incestueux, le violence physique mais surtout psychologique que dénoncent les anciens membres.
L'auteur nous montre aussi les côtés «positifs» De La Famille. En effet, la solidarité acquiert toutes ses lettres de noblesse. du moins, si l'on reste bien dans les rangs. Ceux qui osent se rebeller ou même simplement s'interroger, à l'inverse, subissent la stigmatisation si ce n'est le harcèlement.
Tous ceux qui naissent au sein de la famille sont, dès leur plus jeune âge, élevés dans les préceptes de l'Oeuvre, cet ensemble hétéroclite de textes parfois inspirés de divers courants religieux tels que le jansénisme et surtout, la branche des Convulsionnaires de Saint-Médard. Dans chaque foyer De La Famille, les enfants recopient certains des textes dès lors qu'ils sont en âge de le faire. Il y a aussi les messes à domicile. L'endoctrinement n'est jamais loin. L'histoire de la Famille est contée sans cesse. Certains érudits conservent les textes fondateurs et connaissent les figures tutélaires qui parsèment l'Histoire de cette communauté. On y retrouve pêle-mêle des membres fondateurs, des religieux et religieuses, des «messies», prophètes, sous prophètes, etc. Ici, il n'y a pas un gourou mais plutôt quelques membres charismatiques qui, au cours de l'histoire, de 1600 environ à nos jours, ont donné telle ou telle orientation à cette étrange groupe.
A première vue, la Famille ne ressemble pas au secte telle que l'on pourrait s'y attendre mais à bien y regarder, il est tout à fait légitime de se demander si l'on n'est pas face à ce type d'organisation qui use volontiers de l'endoctrinement, la dissuasion, la diversion. Les membres interrogés se défendent d'appartenir à un mouvement sectaire. Eux parlent plutôt d'ancrage patrimonial. Ceux qui en sont sortis ont un discours différent.
En résumé, le travail de Nicolas Jacquard est fourni, minutieux, d'autant que l'histoire est parfois complexe, souvent cachée. La lecture de ces pages est édifiante. Si vous ne redoutez pas de plonger dans les méandres de l'Histoire, si vous acceptez de vous laisser embarquer dans la mémoire de ces figures parfois sombres qui ont façonné La Famille, alors foncez! Ce livre est pour vous. Quant à moi, j'ai découvert cette Famille dont je ne connaissais rien. J'ai surtout découvert certaines communautés intégristes issues du Jansénisme et dont les pratiques étonnantes m'ont laissée perplexe. J'ai apprécié que l'auteur aborde son enquête avec une grande ouverture d'esprit et que le point de vue de certains membres actuels soient entendus au même titre que celui des ex- membres qui se sont exprimés.
Bref, si le sujet des mouvements sectaires, des communautés secrètes vous intéressent, vous ne serez certainement pas déçus par la lecture de cet ouvrage passionnant.
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Une enquête ambitieuse sur la communauté De La Famille, plus dense et plus aboutie que ce que j'ai pu lire jusque là sur cette communauté. Pour la comprendre, cela passe par une plongée dans l'histoire du Jansénisme, et celle des gourous fondateurs De La Famille à la fin du XIXème siècle, sur fond de cérémonies ésotériques et sado-masochistes. On parcourt avec elle les 200 années suivantes, et l'on comprend comment elle a pu survivre aux aléas de l'histoire. La partie contemporaine est aussi passionnante. Les Inspirés donnent la parole aux membres actuels De La Famille, comme à plusieurs de ses dissidents qui l'ont quitté, le tout écrit comme un (bon) roman. Je recommande.
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Enquête passionnante au coeur De La Famille, un groupe religieux méconnu vivant principalement à Paris intra muros, “Les Inspirés” ont le mérite de non seulement retracer l'histoire de ces familles , mais aussi de donner la parole à des “dissidents” qui nous racontent ce qu'ils ont vécu de l'intérieur. Un récit captivant !
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Un livre fascinant sur cette Famille dont les médias ont déjà beaucoup parler, mais qui nous permet cette fois de plonger dans les racines de cette communauté. Les Inspirés en explorent toutes les ramifications, De La Famille contemporaine en passant par les heures sombres de sa naissance, mélange de Jansénisme et d'un sectarisme complètement déjanté à l'époque révolutionnaire. La découverte de la dissidence De La Famille, à travers un hallucinant projet de kibboutz dans le Sud-Est et l'installation d'une communauté en Haute-Loire, a aussi été un choc. L'enquête est passionnante et bien écrite. On sent que l'auteur a voulu prétendre à une forme d'exhaustivité sur le sujet. Je serais curieuse de savoir comment la Famille a vécu ces révélations, et comment elle parvient quelques années après à maintenir son unité.
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J'ai découvert l'existence De La Famille grâce à l'opération Masse critique de Babelio et aux éditions Robert Laffont et tout particulièrement grâce à Nicolas Jacquard, journaliste au Parisien, qui a mené une enquête approfondie et intéressante révélant au grand jour cette communauté.

Suite à la réception d'un e-mail d'un ancien membre, le journaliste va tenter de percer les mystères, les origines et les déviances de cette communauté. Il va réussir à obtenir les témoignages de membres actifs et d'anciens membres.

La Famille est une communauté religieuse issue du jansénisme convulsionnaire. Ses membres, originaires de 8 familles, pensent que la fin du monde est proche et qu'ils seront les seuls sauvés. Cette communauté a sa doctrine, ses traditions, son langage, ses règles strictes, ses préceptes tirés de textes inspirés de plusieurs courants religieux… Elle est tres fermée, endogame, et regroupe tout de même entre 3000 et 4000 membres habitants dans l'est parisien. La contraception et les divorces sont interdits.
On ne peut pas intégrer la Famille. On y naît et on y meurt. On s'y marie entre cousins. Il est très compliqué de la quitter. D'autant plus que les membres interrogés révèlent tous une solidarité incroyable au sein de la communauté.

L'enquête du journaliste est complète mais elle est parfois trop fournie en détails. Il est difficile de suivre et d'assimiler l'ensemble des informations décrites surtout lorsqu'il relate son contexte et son histoire. Un peu plus de simplicité et de fluidité auraient rendu la lecture plus digeste et lisible.
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