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3,82

sur 65 notes
Comme une blague, Marlon James s'était amusé à présenter son roman comme un « Games of thrones africain », surpris ensuite de voir son expression reprise par les journalistes. Oui, Léopard noir, loup rouge s'inscrit bien dans le genre fantasy, oui il y a bien en arrière-plan des querelles dynastiques entre prétendants au royaume, mais la comparaison s'arrête vraiment là. Ce premier tome d'une trilogie annoncée ( Black star ) est l'oeuvre d'un lecteur vorace qui a digéré tant son Tolkien que les contes folkloriques africains et les légendes de ce continent, mais aussi celle d'un brillant inventeur qui ne contente pas de recycler mais forge un récit détonnant aussi singulier que puissamment dopé à l'adrénaline et la testostérone.

On ne vas se mentir, j'ai mis à peu près deux cents pages avant d'arriver à saisir le fil du récit raconté à la première personne par Pisteur, mercenaire doté d'un odorat phénoménal qui lui permet de retrouver à des kilomètres à la ronde la trace d'une personne. Lorsqu'on fait sa connaissance, il est soumis à la question par un Inquisiteur qui veut lui arracher des confessions sur une précédente mission. Nous sommes dans une Afrique antique et païenne, pré-islamique, pré-colonisation. La complexité de la trame narrative est vertigineuse ; sans compromis, elle évite toute propulsion facile, gorgée de milles digressions, de milles contes secondaires initiées par l'arrivée d'un des très nombreux personnages rencontrés par Pisteur, sans aucune délimitation discernable par rapport à l'intrigue principale. J'ai mis longtemps à l'identifier, et pourtant c'est la boussole de fer au centre des six cents pages : la quête d'un mystérieux enfant disparu depuis des années, Pisteur et d'autres mercenaires ayant été payé par un esclavagiste pour le retrouver, ce ne sont pas les seuls …

Tour de force, cette épopée fantasy picaresque compose un univers cohérent, à la fois totalement imaginaire et pourtant réaliste, des cités ( incroyable Dolingo ) et des royaumes dans lesquelles évoluent des protagonistes en perpétuel déplacement. Pour retrouver l'enfant, Pisteur est entouré d'une bande hétéroclite de super héros dotés de pouvoirs : Sogolon la sorcière de la Lune, Léopard un métamorphe mi léopard mi humain ( personnage le plus « sexy » et le plus drôle de la bande ), Sadogo le géant ou encore une Bunshi une déesse de la rivière. Autour d'eux cela grouille de créatures toutes plus dangereuses les unes que les autres : Ipundulu, l'oiseau-foudre, une créature vampirique ; les frères cannibales Asanbosam et Sasanbonsam, un mangeur de chair humaine et un suceur de sang ; les Omoluzu qui apparaissent sur les plafond attirés par le sang de ceux qu'ils vont pourchasser sans fin pour les dévorer ; ou encore les Savants blancs, effrayants nécromanciens.

Evidemment, avec de telles rencontres, le danger est permanent, l'ultra violence éclate dans chaque page, cruelle, gore, horrifique, confinant dans de nombreuses scènes de viols, tortures, combats. La sexualité est également omniprésente dans ce monde de passions et d'appétits bestiaux : il y a beaucoup d'orifices, de fluides corporels et d'organes génitaux en érection. Cependant, même si on sent une certaine jubilation de l'auteur à décrire les scènes les plus brutales, la violence n'est jamais totalement gratuite car chaque acte violent à des conséquences qui propulse l'intrigue, résonnant en de longs échos.

Dans ce chaos infernal, les plus effrayants ne sont pas les monstres qui assument, eux, leur agressivité sanguinaire, et avancent, eux à visage découvert. Ce sont les personnages humains qui portent tous des masques, cherchant à dissimuler leurs intentions, à tromper, tricher, corrompre, trahir dans un récurrent jeu de rideaux. En fait, derrière la violence dantesque, la fantasy épée et sorcellerie bien brutale, la grivoiserie rabelaisienne de certaines situations, ce roman kaléidoscopique est une oeuvre queer explorant la nature changeante de l'identité. Presque tous les personnages, à commencer par Pisteur, ont une sexualité fluide ou ouvertement homosexuelle, à l'image de la cérémonie initiatique ku qu'il raconte : les êtres humains naissant avec deux identités, male et femelle, il convient de trancher pour devenir homme ou femme, ce qui n'empêche l'individu de se questionner sur la part occultée qui subsiste en lui et peut ressortir à tout moment. « Nique les dieux » scande en permanence Pisteur pour rappeler son affranchissement à tout déterminisme, divin ou pas.

Bref, tout est surprenant dans ce livre-monde qui rebat les cartes du genre fantasy avec force et brio. Pour ma part, je suis encore en mode digestion de ces plus de 600 pages folles, encore grisée par cette expérience littéraire hors-norme qui demande un engagement ferme du lecteur, aussi bien exténuée par la densité des excès formels et romanesques de l'oeuvre que revigorée par son électrisante énergie.
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Foisonnant, sensoriel, sensuel, horrifique, poétique, magique, envoutant, protéiforme, kaléidoscopique…tant d'adjectifs me viennent immédiatement à l'esprit pour qualifier ce livre que j'ai tour à tour détesté et adoré…Dans tous les cas hors norme, ce livre de Marlon James, auteur jamaïcain connu pour son roman "Brève histoire de sept meurtres" qui a remporté le Man Booker Prize en 2015.
Des semaines de lecture à petites doses pour le déguster comme il se doit, me demandant par moment ce que je faisais là, m'extasiant à d'autres moments, écoeurée parfois tant par les images, très dures, que par les odeurs, très fortes, souvent éblouie par la beauté des paysages et la philosophie universelle qui émerge de cette histoire…

En fait ce livre m'a fait l'effet d'une immersion brutale et sans crier gare dans la brousse africaine. Une chaleur humide m'a immédiatement fait transpirer tout au long de cette errance jusqu'à l'hébétude, voire le malaise. Des fleurs blanches s'ouvraient à mon arrivée, et se fermaient aussitôt que je me penchais pour mieux les observer, tentant de déchiffrer leur message, tout étant tellement ésotérique dans ce voyage, rien ne se livrant facilement, envoutée néanmoins par leur fort parfum musqué. Certaines lianes pendaient, d'autres remontaient s'enrouler dans les arbres, d'autres encore m'effleuraient pour mieux m'attirer dans leurs entrelacs desquels j'avais du mal à m'extirper. Il faisait sombre, les feuilles cachant la plus grande partie du ciel. Des sons se répercutaient et surtout des odeurs, mille odeurs inconnues et exotiques, m'assaillaient de toute part. J'ai croisé des mingis, ces enfants différents, déformés, albinos ou sans peau, présages de malheur, menacés de massacre pour en revendre les différents membres ; j'ai vu des êtres terrifiants et sanguinaires, les Omoluzu, qui apparaissent au plafond pour mieux se jeter sur leur victimes, assistant ainsi à des spectacles d'une cruauté innommable. J'ai été témoin de la transformation d'un homme en animal et vice versa, l'ami du héros étant un métamorphe, personnage aussi viril que drôle, j'ai fait la connaissance d'une fille fumée, d'une déesse de la rivière, d'une femme-foudre mise en cage, d'un géant (un Ogo), de la Sorcière de la Lune vieille de plus de trois cent ans.…tout s'emmêle dans ma tête quant aux étapes du voyage, quant aux richesses rencontrées, c'est confus et foisonnant, ça pétille de vie et de mort, mais j'ai su dès le départ qu'elle était clairement la ligne directrice de cette épopée : la recherche d'un enfant.

« J'ai porté le tissu à mon nez – une année de soleil, de nuit, de tonnerre et de pluie, des centaines de journées de marche, des douzaines de collines, de vallées, de sables, de mers, de maisons, de villes, de plaines. Une odeur si forte qu'elle est devenue un soupir, un son, une caresse. Je pouvais avancer la main et toucher le garçon, le saisir par l'esprit et vaciller sous le coup de sa distance, tant il était loin. Trop loin, et ma tête se hâtait, sautait et coulait sous la mer puis volait de plus en plus haut, plus haut, et sentait un air sans fumée. Une odeur qui me poussait, me tirait, me traînait au travers de jungles et de tunnels, me faisait dépasser des oiseaux, de la chair déchirée, des insectes mangeurs d'hommes, de la merde, de la pisse et du sang. le sang a afflué en moi. Tant de sang que mes yeux sont devenus rouges, puis noirs ».

« Léopard noir, loup rouge » est un roman de fantasy historique et de réalisme magique qui se déroule dans un univers imaginaire inspiré de l'Afrique précoloniale et préislamique, une Afrique païenne. Il suit les aventures de Pisteur, un chasseur engagé pour retrouver un enfant disparu dans une contrée peuplée de créatures surnaturelles et de magie. En effet Pisteur est doté d'un odorat d'une puissance inégalée lui permettant de retrouver à des kilomètres à la ronde la trace d'une personne. Vous l'aurez compris, le roman est rempli de références à la mythologie, à la culture, aux rites et à l'histoire de l'Afrique, mais il est également un roman d'aventure et de quête personnelle pour le personnage principal. Et cerise sur le gâteau, le livre ne manque pas d'humour. Il est narré par Pisteur lui-même qui raconte alors qu'il est fait prisonnier, soumis à la question par un grand inquisiteur.

Bi oju ri enu a pamo : « L'enfant est mort. C'est tout ce qu'il reste à savoir »
Voilà ses premiers mots.

Tous ces ingrédients sont terriblement attirants, certes, mais que ce livre est complexe dans sa flamboyance ! j'avais le tournis au milieu de toutes ces digressions, toutes ces histoires racontées parallèlement à l'histoire centrale à laquelle je m'accrochais comme je pouvais, celle de la recherche d'un mystérieux enfant par plusieurs personnes dont Pisteur, toutes ces personnes ayant été payées par un esclavagiste pour le retrouver…Comme si au milieu de la brousse dans laquelle j'errais, cette recherche de l'enfant était le chemin à suivre et que très souvent je me perdais sur des pistes secondaires, rendant le récit éminemment épique et picaresque, c'est vrai, mais confus aussi. Sans savoir parfois si vraiment le chemin de l'enfant était le chemin à suivre, ne sachant plus ce que je cherchais, tournant sur moi-même, pour retrouver enfin la piste, plus large, de celle menant à l'enfant.

Étonnée, parfois dérangée, aussi par la permanence de la sexualité, notamment de l'homosexualité, soulignée sans cesse, tout au long de ces presque 700 pages. Beaucoup de sexes, de sexes en érection, de fluides, de sueur, de sperme, de sang, d'instincts primaires, de bestialité. Mais en même temps une sexualité libre, ouverte, où les genres se mélangent et se confondent, Pisteur étant à la fois homme et femme n'ayant pas pu participer à la cérémonie ku de la virilité. Ceci étant,la sexualité pose toujours question, les êtres humains s'étant fait retirer leur part féminine (circoncision) ou masculine (excision) ne cessent ensuite d'être hantée par leur part coupée, perdue…Enfin, j'ai eu parfois l'impression d'un énorme chaudron dans lequel Marlon James avait pris un malin plaisir de déverser tout ce qu'il pouvait dedans, toutes les mythologies, tous les rites, toutes les bêtes imaginaires, donnant un brouet certes délicieux à petites doses, quelque peu indigeste dès qu'on le déguste plus longtemps. Impossible pour moi de lire plus de 30/40 pages d'affilé.

Si je suis contente d'avoir découvert ce livre de réalisme magique africain, ce premier tome de la Dark Star Trilogy sera pour moi la seule expérience tant j'ai peiné à lire ce livre en entier alors que j'aurais tant aimé être davantage emportée. Un amour-haine que j'ai du mal sans doute à expliquer, une note de 2,5 qui ne veut pas dire grand-chose mais qui traduit sans doute cette ambivalence…il faut sans conteste se faire sa propre expérience pour savoir ce qu'il en sera pour vous, la rencontre est dans tous les cas, avec un tel livre, unique et singulière. J'en suis certaine, jamais vous n'avez lu un tel livre. Je remercie chaleureusement Marie-Laure (@Kirzy) pour cette lecture, si je suis moins enthousiaste qu'elle (je vous invite à découvrir sa somptueuse critique), je suis consciente d'avoir découvert un livre qui fera parler de lui, c'est certain ! Des personnes ici, comme Just a Word, parlent même d'une saga monumentale et unique d'une fantasy qui fera date. Un livre à expérimenter !
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Comment révolutionner la fantasy ?
Peut-on désormais faire autre chose que du Game of Thrones-like après le succès monumentale de la saga de George R.R. Martin ?
Genre balisé où les plus gros succès ne sont souvent que des décalques des schémas habituels, la fantasy semble sur le déclin depuis quelques années.
C'est dans ce contexte qu'un auteur jamaïquain ambitieux décide d'écrire un Games of Thrones africain… une plaisanterie qui va pourtant l'amener à écrire une trilogie fantasy dont le premier volume, Black Leopard, Red Wolf, subjugue la critique américaine.

Marlon James : écrivain et griot des temps passés
Cet écrivain, c'est Marlon James, auteur de trois autres romans jusque là dont le très remarqué Brève histoire de sept meurtres, un pavé de 856 pages articulé autour de la tentative d'assassinat de Bob Marley et ses conséquences. Récompensé par le Man Booker Prize en 2015 et listé par le Time comme l'une des 100 personnes les plus influentes de l'année en 2019, Marlon James décide d'écrire une trilogie de fantasy qu'il décrit d'abord en plaisantant comme un « Games of Thrones africain » (chose qui sera souvent prise au premier degré par les critiques et journalistes par la suite) avant de le présenter comme un projet à la Tolkien, créant un monde imaginaire entier mais à partir du continent africain cette fois et, plus spécifiquement, de l'Afrique sub-saharienne. Mixant des influences venues d'Afrique de L'Ouest (Mali, Ghana…) et d'Afrique Centrale, Marlon James brasse mythes et légendes pour raconter une histoire protéiforme et brutale dans laquelle les hommes vivent et meurent pour l'honneur et les traditions.
Ainsi né Black Leopard, Red Wolf, premier volume de la Dark Star Trilogy, première pierre d'une saga monumentale et unique d'une fantasy qui fera date.

Bi oju ri enu a pamo*
« L'enfant est mort. C'est tout ce qu'il reste à savoir »
Voilà les premiers mots prononcés par Traqueur, narrateur de ce Black Leopard, Red Wolf et prisonnier soumis à la question par un grand inquisiteur. Captif, l'homme rechigne d'abord à livrer son histoire et préfère nous en livrer trois autres à la place : l'une dans laquelle il traque une femme qui a fuit son mari violent pour la rapporter vivante audit mari non sans lui donner les armes pour se défendre, une autre où il raconte son face-à-face avec son père qu'il laisse pour mort ou à peine vivant avant d'abandonner sa mère pour partir à la recherche du village de ses ancêtres, et une dernière où il s'aventure dans l'autre monde pour mettre la main sur un Roi réclamé par sa Reine éplorée et pour laquelle Traqueur va affronter les « Roof walkers » , les terribles Omoluzu. Trois histoires, trois fables orales transmises à l'écrit par Traqueur et retranscrites par la plume virtuose de Marlon James.
Un seul chapitre et toute l'essence du roman capturé d'un seul trait.
Un roman violent, brutal, impitoyable, tissé de récits oraux et de fables, hanté par les monstres d'un Afrique ancienne et fascinante, porté par la voix d'un personnage unique, splendide et charismatique en diable.
Car Traqueur n'est pas un homme comme les autres et chaque personne qui croise sa route lui en fera la remarque : Traqueur a du nez. Et quel nez !
Grâce à lui, il peut sentir l'odeur d'une personne ou d'une bête et la trouver à des kilomètres de distance, peu importe le nombre de jours qu'il faut. Traqueur a du nez…mais aussi une bouche ! Élevé par un père violent qu'il rejette brutalement, Traqueur est un gamin trahi, blessé et en quête d'une figure paternelle qu'il croit d'abord trouver dans son village natale en pays Ku, au bord de la rivière. Là-bas, il vit un temps avec son oncle avant de rencontrer le plus étrange des hommes, et pour cause, puisqu'il n'en est pas un lui-même.
Léopard entre dans la vie de Traqueur et le marque immédiatement au fer rouge. Ce change-forme capable de se transformer en léopard lorsqu'il le souhaite, va l'attirer dans une mission de la première importance : sauver des enfants mingis et les mettre à l'abri auprès d'une Sangoma, une anti-sorcière.
Car l'Afrique dans laquelle vit Traqueur n'est pas une Afrique agréable et facile mais un territoire barbare où la superstition et les traditions ont le cuir épais.

La malédiction de l'existence
Dans Black Leopard, Red Wolf, pas une trace de peau blanche ou presque. Ceux qui ont la peau blanche, les enfants albinos, les mingis, sont impitoyablement recherchés. Les plus chanceux seront tués ou abandonnés dans la savane, les autres finiront entre les mains des terribles sorcières qui les dépèceront pour en faire des talismans et des poudres magiques.
L'Afrique de Marlon James ne ressemble en rien aux continents imaginaires de notre fantasy européenne habituelle. le lecteur attentif devinera les indices du monde réel caché de-ci de-là, avec des hommes au Nord qui mangent leur Dieu, une grande inondation qui a lavé le monde de ses péchés, un prophète à l'Est et ses suivants qui vénèrent un seul Dieu et craignent un seul Diable. Cette Afrique vit avant l'Islam et la Chrétienté, bat au rythme des dieux païens et des croyances ancestrales, dirigée par des rois et des reines tous plus fous les uns que les autres. Fous de gloire ou d'honneur, assoiffés de conquêtes ou de vengeances.
Ainsi, voici Traqueur et Léopard qui sauvent des mingis, des enfants maudits, certains déformés, d'autres à la peau sans couleur et d'autres encore sans peau du tout. Est maudit celui dont les dents du hauts percent avant celle du bas comme celui dont les jambes trop longues le font ressembler à une Girafe. Mais est-ce de l'un de ces enfants que Traqueur nous parle dans ses premiers mots ?
Non.
Traqueur affrontera ses premiers démons aux côtés de Léopard dont il tombe éperdument amoureux, prenant acte de son homosexualité et des risques que celle-ci lui font courir dans certains royaumes où l'on coupe le sexe de l'homme qui aime l'homme. Des années plus tard, Léopard reviendra pour lui proposer une nouvelle aventure dans le bush : trouver un enfant pour le compte d'un marchand d'esclaves.
Car cette Afrique est celle, aussi, de l'esclavage et du servage, de l'homme utilisé par l'homme et de la cruauté de la naissance. Même si l'on échappe à la malédiction mingi, on peut encore finir enchaîné dans la caravane d'un riche esclavagiste qui n'hésitera pas à nous castrer si bon lui semble.
Mais ceci, encore, est une autre histoire car celle qui nous intéresse, c'est celle de l'enfant. Et cet enfant cache bien des secrets.

De l'histoire orale au parchemin brûlé
Recruté par l'esclavagiste, Traqueur devient membre d'une Communauté pour mettre la main sur l'enfant. Mais de ce clin d'oeil à Tolkien, Marlon James en fait une compétition acharnée. Les « alliés » de Traqueur sont aussi sûrement des traîtres et des individus qui cachent mille cachotteries et cadavres. Traqueur part avec Léopard et Bunshi, un esprit de la rivière trompeur et rusé, mais aussi avec Sogolon, la sorcière de la Lune vieille de plus de trois cent ans, sans parler de Sadogo, un Ogo, c'est-à-dire un gigantesque guerrier qu'on pourrait facilement confondre avec un géant (mais ne l'appelez jamais ainsi en sa présence). Chacun recèle des secrets et des histoires pleines de morts et de tristesse, de victoires et de rêves de revanches. Très rapidement, la communauté se scinde et chacun cherche le garçon à sa façon. Pour le reste, nous n'en diront pas plus car Traqueur a beaucoup, beaucoup de choses à vous dire.
Black Leopard, Red Wolf est la prodigieuse mise à l'écrit d'un tissage ahurissant de densité de légendes orales, perpétuant et ressuscitant la manière de transmettre l'histoire en Afrique. Marlon James nous offrent des histoires, celle de Traqueur, de Sogolon, de Mossi, de Léopard…et de tant d'autres. Des histoires comme des perles sur un collier, des histoires dont on doute souvent et qui font de Traqueur un narrateur non fiable, car soumis à la question d'un Inquisiteur qui a, lui-même, entendu d'autres versions.
Avec un incroyable sens de l'enchevêtrement, Marlon James imbrique les histoires les unes dans les autres, transformant sa plume en quelque chose d'insaisissable, comme une forme de parole au coin du feu où le chasseur vous raconte les monstres qu'il a croisé dans l'obscurité et la forêt.
Et des monstres, Black Leopard, Red Wolf en regorge.

Vampires et oiseau-tonnerre
Si le roman de Marlon James épate son lecteur, c'est par son background fantasy unique et absolument fabuleux. Dans ce premier volume, vous croiserez les Omoluzu, les « Roof Walkers » qui apparaissent au plafond par la magie du sang et qui traquent sans relâche leurs victimes…pour leur échapper, dormez à la belle étoile !
Mais on croise aussi un mangeur de chair et son frère suceur de sang, un scientifique devenu une monstrueuse araignée, des sorcières des marais et des bultungins (ou hyènes change-formes), un boucher des Dieux capable de contrôler les masses par la pensée ou d'ouvrir la terre sous vos pieds, un impundulu qui boit le sang de ses victimes et les zombifient en le remplaçant par des éclairs, un singe fou et un buffle intelligent, des trolls des marais et un être fait d'insectes et de vers.
On croise tout cela et bien davantage dans Black Leopard, Red Wolf et chaque page, chaque chapitre réserve son lot de choses extraordinaires tirées des rêves et cauchemars d'une Afrique trop longtemps ignorée.
Marlon James n'oublie pourtant jamais le monstre suprême, la bête qui effraie toutes les autres bêtes : l'homme. Car son roman n'est pas fait pour les tendres ou les lecteurs fragiles, il est fait pour ceux qui sont prêts à affronter le réel en face, armé de courage et de beaucoup de ténacité. L'homme est un monstre mais lui seul peut cacher sa figure de monstre derrière un masque de chair en apparence humain. le roman figure une épopée barbare, au sens le plus strict du terme, dans une époque où la loi du plus fort prévaut, à la force de la hache et de l'épée. L'histoire nous emmène dans des lieux extraordinaires comme la cité des tunnels Malangika, ou la cité d'arbres, Dolingo où l'on croit d'abord apercevoir la reine Galadriel avant de découvrir l'horreur derrière la magnificence. Marlon James n'hésite jamais à montrer la brutalité et l'indicible. Meurtre, viol, torture et autres mutilations sont de la partie. Car le monde est une chose dure et l'aventure de Traqueur l'est encore davantage.

Pour trouver qui je suis
Pourtant, au milieu de la barbarie et de la violence des hommes, Marlon James repêche une lueur d'espoir avec ce qui unit bientôt Traqueur et Mossi, un amour qui pourrait être rédempteur, la possibilité d'un homme de devenir un père quand lui-même n'a jamais pu connaître et venger le sien.
Tout du long, Black Leopard, Red Wolf s'interroge sur l'identité, le pouvoir et la tradition. Tout du long, Marlon James façonne un narrateur qui devient émouvant dans les fêlures qu'il refuse de montrer, sous la rage ou sous la peine. Derrière le Traqueur, derrière le combattant et le chasseur, se cache un individu plein de larmes et de remords, qui refuse de faire face à lui-même et tente la rédemption sans même en avoir conscience.
La beauté cruelle de l'entreprise permet de voir en cet homme faillible un être humain à la hauteur du réel. Un homme trahi par ceux qui l'aiment et qui hait parfois les mauvaises personnes. Un homme qui déteste les femmes et qui a peur d'elles dès qu'elles ont du pouvoir. Un homme avec d'immenses défauts dans sa cuirasse et pourtant l'infime espoir nourri d'un baobab et d'enfants qui ne sont pas les siens. La beauté fulgurante de la prose de Marlon James fait le reste, s'interrogeant sur l'identité faite en nuances de gris et non de noir et de blanc, de coupables et de victimes. Black Leopard, Red Wolf n'est pas qu'une aventure fantasy originale et aux mille monstres exotiques, c'est aussi une histoire poignante et émouvante, celle d'un homme forgé par la cruauté alors qu'il ne cherchait qu'à savoir qui il est.

Black Leopard, Red Wolf révolutionne la fantasy.
Livre de tous les superlatifs, sublime résurrection de la mythologie africaine qui pense l'humain et le monstre dans un même élan fait de fables et de chants, le roman de Marlon James est un chef d'oeuvre total, un miracle d'intelligence et de violence dont on ressort abasourdi et haletant. Une merveille qui fera date.

NB :
Le roman sera publié en Octobre 2022 en France dans la collection Terres d'Amérique chez Albin Michel et traduit par Héloïse Esquié… coïncidant ainsi avec la venue en France de Marlon James lui-même !
Lien : https://justaword.fr/black-l..
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J'ai mis une semaine pour le lire tellement qu'il est unique en son genre. Je ne peux pas dire que j'ai adoré, ni que j'ai détesté. C'est incontestablement une oeuvre grandiose, mais où il faut lire petit à petit et être très concentré pour être happé.

Pourquoi cela ? Parce que l'auteur a construit son récit d'une façon particulière. Nous avons une histoire directive où s'insèrent des multitudes d'histoires pouvant nous perdre si on ne suit plus assez le texte. le rythme est assez rapide et on trouve pas mal de descriptions.

L'immersion est directe et brutale dans cette Afrique mystérieuse et sans chichis. C'est crû, c'est violent, c'est triste, c'est joyeux, c'est traditionnel, c'est philosophique, c'est onirique... C'est tellement de choses &#xNaN

On y parle d'excision, de circoncision, de violence, de viol, de massacre, d'homosexualité, d'enfants mingis (enfants différents : maladies, albinos, déformations..), d'esclaves, et tant d'autres choses !

Le tout est raconté en parlant de sorcières, de fille fumée, de métamorphose... Et d'un pisteur capable de retrouver des gens grâce à son nez ! Ce dernier raconte son histoire à des inquisiteurs, c'est donc un récit oral que nous découvrons ici.

Il y a des scènes pouvant heurter les âmes les plus sensibles et les plus jeunes. Ce n'est pas un roman à mettre entre toutes les mains.

Quant au fait de lire la suite, je ne sais pas... Je verrais, peut-être un jour ! Mais ce n'est pas au goût du jour.
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Extrait de ma chronique :

"A travers ce fil imaginaire que je viens d'évoquer se transmet une vibration, bien réelle elle : tel que je viens de le décrire, le projet de Marlon James pourrait paraître cérébral, mais il parvient, au contraire, à nous faire ressentir avec intensité l'humanité de Pisteur, même si l'on ne partage ni sa couleur de peau, ni son orientation sexuelle, ni son sens (bien caché, mais réel) de la famille.


Cela tient, sans doute, à la "grande gueule" du personnage (page 195 ou 335, voir aussi pages 188, 316 ou 549), à sa truculence (le juron "nique les dieux"), son autodérision (à l'insulte "va te faire enculer mille fois" de la page 606, il répond "ça fait largement plus de mille fois que je me fais enculer") et surtout sa morale de voyou au grand coeur (pour ne pas dire de picaro mettant le doigt là où ça fait mal), qui place au-dessus de tout le respect des enfants, y compris "disgraciés" (page 538).


C'est présent dès le premier chapitre (comme le remarque fort justement Nicolas Winter, "un seul chapitre, et toute l'essence du roman capturé d'un seul trait") : Pisteur y décrit l'Inquisiteur comme "un homme possédant deux cent vaches, qui se repaît d'un carré de peau de garçonnet et de la cramouille d'une fillette qui ne devrait pas être la femme d'un homme".


Comme Tiger d'Eric Richer ou Dragon de Thomas Day, voire Monstrueuse féerie de Laurent Pépin, Léopard noir, loup rouge est donc aussi un roman sur l'enfance meurtrie (d'où l'importance accordée à celle de Pisteur dans la première partie), dans laquelle absolument tous les méchants de l'histoire, d'Adze à Sasabonsam, s'en prendront un jour ou l'autre à un gosse."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Une frustration à la hauteur de mon enthousiasme...

Voilà un livre encensé par la critique américaine ET française. On parle de "nouveau Tolkien", de chef d'oeuvre absolu, d'un mélange de Gabriel Garcia Marquez, de Jérôme Bosch et de... comics Marvel ! On évoque un renouvellement total de l'heroic fantasy. Je n'invente rien, je l'ai lu.
Tout pour me plaire, sincèrement. Je n'ai peur ni des pavés ni des livres fleuves. J'ai dévoré les 2400 pages d'À la recherche du temps perdu,  j'ai lu et relu TOUT Tolkien depuis le Silmarillion jusqu'au Seigneur des anneaux et autres contes, j'ai lu assez de SF et de fantasy pour remplir une bibliothèque... et pourtant...

Passé le premier choc, enthousiasmant, des premières pages où le style flamboyant de Marlon James m'a explosé au visage.. et où je me suis dit : Wouah, c'est pas banal, c'est dingue...j'adore ! Mais... mais j'ai très vite été perdu par l'auteur. La flamboyance, l'exubérance, c'est bien mais sans interruption de page en page, c'est épuisant. J'ai "choppé" les références culturelles mais l'emploi répété de l'implicite (genre tout le monde sait de quoi je parle donc je passe outre), c'est au bout d'un moment horripilant. 

Les contes dans le conte,  je connais et ça peut enrichir le texte, mais là ça rompt la cohérence. L'art du conte africain (l'auteur est Jamaïcain), ça n'est pas ma tasse de thé mais ça dépayse. Alors j'en ai lu, histoire de compléter ce que je connaissais. Dans cet immense conte où le héros Pisteur  (c'est son nom ) raconte sa vie à un Inquisiteur, où se mêlent grivoiserie  (euphémisme pour FB) et fantastique,  gay et sorcières,  monstres et faune de la jungle, on est toujours entre rêve et réalité,  fantasme et mensonge assumé. Épuisant.  Je ne suis pas arrivé à entrer dans ce texte,  à m'y fondre comme d'habitude. Les phrases à rallonge (et pourtant j'ai fréquenté la prose de Proust) relues 3 fois bien que poétiques et qui me laissent perplexe... je n'ai pas pu.

Ce livre trouvera sûrement des amateurs, d'ailleurs je vais le passer à un fan de ce genre littéraire. Il y aura sûrement des lecteurs qui crieront au génie ou à l'oeuvre inclassable. Mais je n'en suis pas. J'ai abandonné à la fin de la première partie. Si je vous ai intrigué et donné l'envie de me contredire, c'est formidable.  Vous allez pouvoir m'expliquer pourquoi je me trompe, ce que j'ai raté. Ça m'intéresse vraiment. Je suis incapable de dire si c'est génial ou insupportable. Ce que je sais, c'est que ça n'est pas pour moi. J'ai fait un rejet, une allergie, malgré plusieurs essais sur plusieurs jours. Dommage....
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Si vous aimez le dépaysement , ce livre est pour vous , en effet :les auteurs jamaïcains ne courent pas les librairies. L'Afrique ancienne (fantasmée) comme cadre ce n'est pas banal . Mythologies et folklores africains sont largement sous estimés sauf chez les ethnologues . Un mélange de merveilleux, d'aventure , d'horreur « gore » pimenté d'humour noir (sans jeu de mots) et rabelaisien n'est pas commun. Donc embarquez-vous dans la quête menée par le héros Pisteur (pour son flair) ou Oeil-de-Loup, et ses compagnons : un homme léopard , une sorcière, une nymphe des rivières . Vous les verrez parcourir jungle, savane et désert , franchir des portes magiques, visiter des cités improbables . Ils affronteront des monstres effroyables , des sorciers maléfiques , des environnements hostiles, la trahison et la duplicité .Ils connaîtront les passions : amour , désir d'enfant , amitié , haine , folie du pouvoir. Et derrière l'aventure se dessineront des thèmes plus profonds : la guerre des sexes , l'exclusion des êtres différents, l'esclavage ,les mutilations, l'existence des dieux . Un livre-monde plein de rires , de sang , de sexe et de fureur jouant sur tous les registres . Sacrée aventure !
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Si la première scène risque d'en rebuter plus d'un, il serait dommage de s'arrêter là tant le résultat final est sans aucun doute ce qui s'est écrit de plus puissant en fantasy depuis des années, et de loin. Si je n'ai pas trouvé que l'auteur révolutionnait quoi que ce soit en revanche, la richesse de sa langue, la puissance des thèmes et la profondeur de son intrigue renversent toutes les attentes. du moins, les miennes.
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30 décembre 2022

Ayant reçu ce livre dans le cadre d'une Masse Critique, j'étais très impatient de m'engager dans la lecture de ce roman de fantasy d'inspiration africaine pour lequel les éloges ne tarissent pas...Et là, grosse claque : je me perds totalement durant les premières pages, et je n'arrive pas à coller à la narration de Pisteur.

C'est riche, baroque, ça foisonne de partout, on est chahuté, on a dû mal à imprimer ce qu'il se passe, s'en est trop : j'abandonne.J'ai laissé le livre de côté quelques semaines, je pense qu'il faut être dans de bonnes conditions pour s'y attaquer (ce n'était pas le cas pour moi).

Ce n'est pas juste une lecture pour se divertir, ça demande un sacré effort de concentration.J'ai repris la lecture à zéro il y a quelques jours seulement (pour honorer la Masse Critique quand même !), profitant de mes vacances, du repos, pour m'y atteler à nouveau. Et ça va déjà mieux ! Accrochez-vous pendant les 100 premières pages et vous sentirez que les choses commencent à se mettre en place doucement...

Vous l'aurez compris, il est encore trop tôt pour moi de donner un avis détaillé sur ce livre. Mais promis juré dès qu'il est fini, je viens vous raconter mon ressenti, si je ne me suis pas perdu sur les traces du Pisteur (ce serait une belle ironie...)

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28 janvier 2023

Un mois après mes premières impressions sur Léopard noir, loup rouge, je reviens comme promis terminer ma critique de ce roman vertigineux !Oui, ça vaut le coup de s'accrocher pendant les 200 premières pages. le récit se décante petit à petit et on comprend mieux l'intrigue, les relations entre les différents personnages, le monde dans lequel ils évoluent.Pour la faire simple, Léopard Noir, loup rouge, c'est Tolkien et G.R.R Martin qui rencontrent Quentin Tarantino (pour l'hémoglobine) Jean Genet (pour l'érotisme homosexuel) et Toni Morrisson (pour le réalisme magique et l'horreur).
C'est hyper violent parfois, avec des scènes d'horreur que vous n'êtes pas prêts d'oublier...

Personnellement, je trouve ça fabuleux qu'on ait une fantasy d'inspiration africaine, sans aucun personnage blanc, et avec un héros noir et homosexuel. Cela aurait-il été possible il y a 20 ou 30 ans ? D'ailleurs, je me demande s'il n'y aurait pas un peu de Marlon James dans Pisteur : dans une interview au Gardian, l'auteur explique que plus jeune en Jamaïque, alors qu'il découvre son homosexualité, il a été contraint de suivre des thérapies de conversion dans des églises Pentecôtistes pour "soigner" sa déviance. L'homosexualité décomplexée de Pisteur, et sa tendance à vouloir "niquer les dieux" à tout va n'est-elle pas une revanche de l'auteur pour clamer haut et fort son identité sexuelle et son rejet de la religion ?

En tout cas, cet univers inspiré des traditions et récits africains est tout bonnement spectaculaire. Parfois, j'ai dû relire une fois ou deux certaines descriptions de personnages, démons rencontrés, villes traversées (Dolingo !!), car mon imagination n'arrivait pas à imprimer.

En parlant des personnages, je trouve qu'il y a là aussi une grande réussite : certes nous suivons les péripéties de Pisteur, mais il y a de la place pour des personnages secondaires qui ne vous laisseront pas insensibles, comme le Léopard, Sogolon, ou l'Aesi. Et c'est pas anodin, car dans le tome deux de cette trilogie dénommée Dark Star, nous aurons la version de l'histoire depuis le point de vue de Sogolon, et nous en apprendrons plus sur l'Aesi. le tome 3 se terminera avec le point de vue de l'enfant...

De quoi vous donner l'envie de poursuivre la découverte de cet univers totalement déjanté et magnifique, même si la lecture n'est pas toujours aisée et que les lecteur·trices sont parfois malmené·es par la trame narrative et bien secoué·es par des scènes violentes.
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Marre de la fantasy d'inspiration médiévale européenne ? Ce livre pourrait grandement vous plaire !

C'est foisonnant, brutal, ébouriffant.
Rien qu'à la lecture de la liste des personnages en début de volume, on est projeté dans ce monde incroyablement excitant bâti par Marlon James.

Merci à Albin Michel et à Babelio pour ce livre reçu via une Masse critique.
Je dois envoyer la critique pour des raisons de timing, mais il faut que je laisse décanter cette lecture massive ! Je reviendrai sur cette critique plus tard.
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