Citations sur Les formes multiples de l'expérience religieuse. Essai .. (67)
Nous nous demanderons si à chaque type de caractère, ayant ses tendances et ses besoins particuliers, ne doit pas correspondre un type spécial de religion.
Le prix que nous attachons aux choses, le sens que nous leur attribuons, nous le tirons de nous-mêmes ; et c’est ce qui pour chacun de nous fait la valeur du monde.
Il y a des âmes qui ne sont heureuses que dans une atmosphère de calme ; d’autres ont besoin de sentir leur volonté fortement tendue pour se trouver à l’aise. Pour ces dernières, le bonheur doit être acheté par des sacrifices et des renoncements, sans quoi il n’a plus de prix. Quand de pareilles âmes deviennent religieuses, elles ont une tendance à tourner leur effort contre leur moi naturel. Leur ascétisme en est la conséquence directe.
On peut appeler divin ce qui est premier dans l’ordre de l’être et de la puissance ; quelque chose qui enveloppe et déborde tout le reste, sans que l’on y puisse échapper ; ce qui est le plus compréhensif et le plus profondément vrai ; la religion d’un homme se confondrait alors avec son attitude à l’égard de ce qu’il considère comme la vérité première.
Mais quand les autres à leur tour viennent critiquer notre enthousiasme, ne voulant y voir que l’expression de nos dispositions organiques, nous sommes froissés, blessés, car nous savons que nos états de conscience possèdent par eux-mêmes une valeur, comme révélation de la réalité ; et nous voudrions faire taire tout ce matérialisme médical.
Comme l’instinct de l’homme le pousse vers ce qui lui est facile et agréable, toute inclination à rechercher ce qui est ardu et pénible lui apparaît comme anormale. Néanmoins un effort modéré est naturel à l’homme : ce n’est que sous ses formes extrêmes que la recherche de l’effort et de la douleur est paradoxale.
La philosophie hégélienne, qui exerce, encore aujourd’hui, une si profonde influence sur bien des penseurs anglo-saxons, s’appuie sur deux principes pour effectuer cette transformation : le premier est que l’ancienne logique de l’identité ne fait que disséquer des cadavres ; l’esprit ne peut embrasser la plénitude de la vie qu’en se rendant compte que toute thèse enveloppe son antithèse. Le second principe est celui-ci : être conscient d’une négation, c’est déjà l’avoir dépassée. Poser une question, exprimer une difficulté, c’est presque en avoir trouvé la solution. Le fini bien compris, c’est déjà l’infini en puissance.
Quand l’âme, après une lutte intérieure où dominait le sentiment de sa faiblesse et de son malheur, trouve le bonheur et l’harmonie dans l’intuition des réalités religieuses, nous appelons ce passage, lent ou rapide, une conversion. Cette définition n’implique pas, mais n’exclut pas non plus l’intervention directe d’une puissance divine dans la régénération morale que nous saisissons sur le fait.
En cultivant le sens permanent de notre rapport avec la puissance qui créa les choses, nous devenons plus aptes à leur réception. La face externe de la nature n’a pas besoin de changer, les significations changent. C’était la mort, et voilà que cela redevient la vie. C’est la différence qui existe à regarder quelqu’un avec détachement ou avec les yeux de l’amour… Quand nous voyons toute chose en Dieu et que nous rapportons tout à lui, nous lisons dans les choses vulgaires des significations supérieures.
Je ne puis m’empêcher de louer le Seigneur. En marchant dans la rue, je lève un pied, il semble qu’il dise : « Gloire à Dieu ! » je lève l’autre pied, il semble dire : « Amen » ; et cela continue ainsi pendant tout le temps que je marche.