Ce classique de la littérature anglo-saxonne me laisse une impression mitigée.
L'histoire est celle d'Isabelle Archer, jeune américaine peu fortunée mais en quête de liberté dans une société qui cadenasse les parcours féminins. Plus largement, nous parcourons sur ces 600 pages les relations entre 5 hommes et 5 femmes dont les histoires s'entrecroisent sur plusieurs années avec comme toile de fond principale le potentiel mariage de Mme Archer.
Isabelle, jeune adulte orpheline, quitte les Etats-Unis pour découvrir l'Angleterre et certains membres de sa famille éloignée. Elle y rencontre son cousin Ralph, homme malin, intriguant mais fortement malade. Ensuite, un voisin très riche, Lord Warburton, qui joue quelque peu avec elle dans un premier temps avant de s'en amouracher. Enfin, un troisième courtisan apparaît dans la personne de Caspar Goodwood, américain enrichi par les usines de son père, qui la poursuit depuis les Etats-Unis pour lui demander sa main.
Face à ces trois partis, les espoirs de liberté d'Isabelle semblent illusoires et son destin serait finalement celui d'une épouse dont la seule liberté aura été de choisir le meilleur parti.
Son cousin suggère alors à son père de léguer la moitié de sa fortune à sa mort à Isabelle pour lui octroyer cette totale liberté et la possibilité de ne pas choisir d'époux ou de le choisir sans la pression sociale de devoir choisir en fonction de critères économiques ou de classes sociales. Mais par cette action, Ralph ne la lie-t-il pas à lui?
La deuxième partie du roman quitte l'Angleterre pour rejoindre l'Italie. Il y aurait beaucoup à écrire sur ces voyages, sur l'aristocratie anglaise et la bourgeoisie industrielle anglo-saxone, sur les comtés britanniques, les usines bostoniennes, les musées florentins et les vestiges de la Roma antique. nombreuses paraboles possibles.
Cette partie du roman en Italie est celle où Isabelle rencontre son mari Gilbert Osmond, un homme qui semble bien éloigné de ce à quoi elle pourrait prétendre. Mais choisir cet homme contre toute attente ne serait-il pas une expression de sa liberté.
Parmi les personnages féminins, sa tante et mère de Ralph parcourt le récit comme un fantôme, voyageant d'Italie aux USA en passant par l'Angleterre et ne se souciant guère des problèmes de santé de son mari ou de son fils. Henriette, femme de lettre américaine et journaliste, amie d'Isabelle et autre symbole d'une quête d'émancipation féminine. Enfin Mme Merle, une véritable intrigante et dont le véritable masque ne sera dévoilé qu'à la fin du roman. Enfin deux autres personnages: Pansy, fille de Gilbert Osmond d'une autre liaison, et Amy Gemini, soeur de Gilbert Osmond qui dévoilera le cliffhanger final.
Sur les points positifs du roman, je soulignerais une écriture parfaite, quelle maîtrise, que de phrases non ampoulées et aériennes, de dialogues piquants malgré les convenances de cette haute société. Autre point fort, la profondeur psychologique des personnages esquissée bien trop rapidement dans cette critique ainsi que l'évolution des personnages et de leurs relations entre eux.
Néanmoins, j'ai trouvé la lecture fastidieuse par moment et j'ai eu bien de la peine à partager de l'empathie pour les atermoiements d'une classe sociale si fortunée lors d'une des périodes les plus dures de l'histoire entre industrialisation et colonisation. peut-être est-ce une des critiques implicites que nous adresse
Henry James? J'ai conscience que ce
portrait de femme est aussi l'occasion de faire le portrait de cette société anglo-saxonne. Toujours est-il que les sempiternels états d'âme d'une élite enrichie et/ou aristocratique m'ont par moment exaspéré. Au final, je les détestais tous et toutes et tenir les 600 pages relevaient d'un véritable challenge.
Que de non-dits, que de postures,... quelle société hors-sol pour utiliser une expression si présente de nos jours. Néanmoins, je ne regrette pas de l'avoir lu mais si on devait me demander dans l'avenir comment qualifier ce roman en un mot (ce qui est stupide en un sens), je dirais: Fastidieux.