"Le singe n'abandonne pas sa queue qu'il tient soit de son père, soit de sa mère." Proverbe Africain.
Un petit bonhomme jaune sur un vélo rouge, dans la forêt vierge, sur des pistes ocres, à la poursuite de singes, des bonobos.
C'est Kano au Zaïre, presque du "Tintin au Congo". Kano Takayeshi le japonais a une barbe noire comme celle du capitaine Haddock...
Les noirs sont interloqués, des femmes tchipent.
-On a vu des bonobos, mais pas ici, tu ne veux pas de viande de brousse?
"Kano contemple la voûte céleste qui s'étale à l'infini. Il est le vent qui fait onduler les herbes jaunes de la savane, il est le singe qui s'évanouit dans la brousse, il est le battement d'ailes d'un papillon..."
Deux femelles s'épouillent, on ne voit que ces monstrueuses protubérances rouge-rose qui les empêchent de s'asseoir... Une sexualité généreuse, abondante, pantagruélique. Une sexualité épanouie qui développe l'empathie, favorise l'égalité et calme les tensions...
On aimerait que les hommes soient à l'image des bonobos...
Guillaume Jan est sur les traces de Kano. Il croisera des moustiques, les bonobos et un pasteur blanc (un vieux macaque) qui l'accuse de croire que les hommes descendent des singes.
Son compagnon de route, Joël veut emporter un crocodile sur le porte bagage de la moto...
"Saga Africa, ambiance de la brousse. Saga Africa, attention les secousses..."
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Harold Coolidge, étudiant en zoologie comparée à l'université de Harvard, rentre d'une expédition scientifique au Congo belge, quand il découvre en septembre 1928 au Musée Royal de l'Afrique Centrale de Bruxelles des ossements d'un singe plus petit que le chimpanzé commun, passé alors inaperçu. En fait le jeune Américain vient de découvrir le bonobo.
« La découverte de cette nouvelle espèce de primates anthropoïdes est considérée comme un événement zoologique majeur du XXe siècle, une surprise de taille, un trouble des certitudes. Cela paraissait improbable ... de découvrir une nouvelle espèce de grand singe, un grand singe qui nous soit si proche de surcroît ... »
Des années après, en 1965 exactement, un scientifique japonais, Takayoshi Kano, avec deux camarades se lancent sur la piste des Bonobos en Tanzanie. En 1973, cette fois c'est seul sur une bicyclette que Kano s'enfonce dans la savane congolaise — ou plutôt zaïroise, Mobutu ayant rebaptisé le pays pendant son règne délétère — pour observer les bonobos. de fait, après de nombreux séjours en Afrique, Kano va devenir le spécialiste de ces primates.
Ce n'est pas sans humour avec un réalisme teinté d’indulgence (il s'est marié au Congo) que Guillaume Jan, parti sur la trace du primatologue, Takayoshi Kano, nous raconte un pays sauvage et magnifique, mais à l'abandon et semé de chausse-trappes, et l'aventure extraordinaire d'un Japonais passionné par les singes bonobos.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Paulsen pour ce voyage instructif et prenant.
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Merci Babelio et masse critique, ainsi que le éditions Paulsen pour ce cadeau, j'apprécie toujours les cadeaux. Revenons à nos samouraîs, j'ai appris par mal de choses "politiques", les rapports entre le Japon et le Congo, et la vie dans ce pays d'Afrique semé d'embûches, mais où règne l'entraide humaine,
par contre, je reste un peu sur ma faim quand à la vie de "ce samouraî" Kano.
j'ai quand même passé un bon moment à la recherche de ces bonobos.
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Guillaume Jan nous emmène sur les traces d'un grand primatologue japonais et à la recherche des bonobos ... Et bien j'ai trouvé cela très intéressant, bien écrit et bien référencé, sans verser dans le trop complexe. On en apprend beaucoup sur ces singes rares tout en s'imaginant aux côtés de ces scientifiques qui ont voué leur vie à leur observation et à leur protection. Une belle lecture qui permet de s'évader et d'apprendre.
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La Peugeot a ... tenu 2 000 kilomètres sur les pistes ondulantes de cette brousse incongrue. Mais la guimbarde avait mauvais caractère, tombait en panne, renâclait, n’était jamais fiable. Il devait s’arrêter pour la ménager, pour l’abreuver d’eau, d’huile ou d’essence : le Japonais en profitait pour demander aux villageois s’il leur arrivait d’entrevoir des bonobos dans les alentours, on lui répondait que non, qu’on ne savait pas, mais que si on en voyait on en mangerait volontiers.
Tentons de le suivre encore un peu dans son cheminement solitaire, dans sa longue route au cœur de l’océan de verdure. Il a 35 ans, il est né le 16 mars 1938 à Toyomaka près d’Osaka, au Japon, il s’appelle Takayoshi Kano et les jambes de son pantalon de flanelle sont crottées de boue rouge. Sa chemise ne vaut guère mieux, délavée par le soleil et les litres de sueur. Il pédale en danseuse pour affronter les côtes, s’essuie parfois le front avec une serviette, de couleur écrue, qu’il laisse pendre sur sa nuque. Il crapahute sur cette piste sinueuse alors que d’autres papillons l’accompagnent. Quand il pénètre dans un tunnel de verdure, il en savoure la fraîcheur. Le vent baigne ses cheveux noirs, il ne pense à rien, ou bien il se rappelle la carapace écaillée du pangolin qu’un enfant a voulu lui vendre ce matin, à bord du bac rouillé qui traversait la Tshuapa. Il se rappelle aussi les premiers bonobos croisés lors de ce séjour exploratoire, c’était loin en amont de la rivière, il y a quatre ou cinq semaines. Leurs dos musclés, leurs poils charbon, leurs bras longilignes, leurs longues mains, leurs longs pieds, leur bonne humeur ; et puis leur regard profond, empli de sagesse, d’empathie ou de curiosité, quand ils sont descendus de quelques branches pour mieux observer cet intrus à deux pattes qui n’osait pas bouger, qui jubilait à voix basse, qui tremblait d’exaltation. Dans les montées, il regrette son automobile, qui a rendu l’âme la semaine dernière – une 404 carmin, achetée deux mois plus tôt au bord du fleuve Zaïre, dans la ville de Mbandaka. Je vous la cède pour 1 000 zaïres, et c’est un prix d’ami, avait dit le margoulin : les freins ne fonctionnaient plus, le moteur s’est grippé. La Peugeot a tout de même tenu 2 000 kilomètres sur les pistes ondulantes de cette brousse incongrue. Mais la guimbarde avait mauvais caractère, tombait en panne, renâclait, n’était jamais fiable. Il devait s’arrêter pour la ménager, pour l’abreuver d’eau, d’huile ou d’essence : le Japonais en profitait pour demander aux villageois s’il leur arrivait d’entrevoir des bonobos dans les alentours, on lui répondait que non, qu’on ne savait pas, mais que si on en voyait on en mangerait volontiers. On lui proposait du macaque boucané à la place, des antilopes de brousse fraîchement chassées, il déclinait. Il ne venait pas se taper la cloche, il ne venait pas exterminer les animaux de la jungle : il voulait juste regarder ces grands singes dont on ignorait tout, il voulait les observer, connaître leurs habitudes, étudier leur organisation sociale et, peut-être, mieux comprendre les origines des comportements humains.
Rien qui m’appartienne
Sinon la paix du cœur
Et la fraîcheur de l’air.
Le papillon bat des ailes
Comme s’il désespérait
De ce monde.
Kobayashi Issa (1763-1828)
La bêtise n’est pas l’absence d’intelligence, elle est l’absence d’imagination.
(Karl Kraus)
... sous la foudre, on se sent vulnérable si on pense à la fragilité de notre existence.
Entretien avec l'écrivain Guillaume Jan.
Dans son nouveau roman, "Traîne Savane", Guillaume Jan tisse une histoire d'amour en pleine forêt congolaise et en profite pour reconstituer le parcours du célèbre docteur Livingstone. Son livre est sélectionné pour le prix Nicolas Bouvier qui sera remis lors du Festival Étonnants voyageurs en juin a Saint-Malo.