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J'ai tout de suite aimé le point de départ du roman : cette photographie qui prend vie, cette jeune femme et cet officier qui se rejoignent où l'image ne les montre plus. Nous sommes en Slovénie, à Maribor – renommée Marburg an der Drau – en 1944. La jeune femme s'appelle Sonja et l'officier Ludwig. C'est d'ailleurs lui qu'on découvre en premier, c'est lui que l'on suit jusque dans son bureau d'Obersturmbannführer. Comme Sonja et Ludwig se sont connus des années plus tôt – ce dernier s'appelait alors Ludek –, la jeune femme joue cartes sur table et lui demande de venir en aide à son ami Valentin, emprisonné.
Mais aussitôt libéré des mains nazies, Valentin quitte Sonja pour retourner sur les sentiers du maquis. Sauf qu'il est difficile de convaincre les partisans qu'on est de leur côté lorsqu'on a réussi à s'échapper d'un endroit duquel personne ne réchappe. Il devra prouver qu'il n'est pas un espion de la Gestapo tandis que Sonja, de son côté, sera déportée à Ravensbrück.
On suit ces trois personnages jusqu'à la fin de la guerre et j'ai aimé que les rapports de force s'inversent, que les puissants soient subitement traqués et que les fragiles deviennent forts. J'ai aimé ces combats personnels menés avec détermination, ces blessures vécues dans la honte ou la peur permanente.
J'ai autant haï Ludwig, cet homme immoral qui profite des plus désarmés, que j'ai aimé Valentin et Sonja. Sonja, vraiment, m'a bouleversée. Cette jeune femme assez forte pour mettre de côté sa dignité le temps de faire libérer son compagnon encellulé dans les prisons de la Gestapo. Cette jeune femme autour de laquelle Ludwig resserre sa haine arbitraire et pointue simplement parce qu'il en a le pouvoir. Cette jeune femme qu'il finit par détruire d'un mouvement vague de la main. J'ai pensé à Sophie dans le fabuleux roman de William Styron. Cette partie du livre a vraiment été terrible à lire.
Alors oui j'ai parfois trouvé ce roman insupportable tant on se sent proche des personnages et des affronts qu'on leur fait subir. Quelquefois même j'ai été horrifiée, sans mots devant ces abréviations notées sur les dossiers des prisonniers lorsque le SS hésite entre Buchenwald et Dachau. Drago Jančar a cette capacité à décrire des images fortes qui impactent. Quelle obscénité que ces deux officiers SS dégustant un plat de rognons et discutant de la difficulté qu'ils auraient à tuer des poissons ou à regarder abattre des animaux.
Et puis à côté de cette indécence, quelle tendresse que ces poèmes qui embaument les lettres de Valentin et Sonja, alors jeunes amoureux. L'auteur dépeint l'âme humaine avec une incroyable acuité, se glissant tour à tour sous la chair d'un homme torturé, dans le cerveau cruel d'un bourreau ou le corps d'une jeune femme offensée.
Au niveau de la forme, c'est un roman très rigoureux, écrit d'une plume très précise, très fine et soignée. Drago Jančar écrit des moments de vie dans ses plus infimes détails ; ses phrases coulent, limpides, généreuses. J'ai trouvé à cette écriture une poésie à la Virginia Woolf : ces longues phrases étirées dans lesquelles la pensée divague, emprunte quelques détours pour ensuite revenir à son sujet initial. Je ne suis pas particulièrement adepte des phrases qui s'éternisent mais celles-ci sont si délicates qu'elles en deviennent légères.
Je ne connaissais pas cet auteur et je vais continuer à le suivre parce que j'aime ce lyrisme avec lequel il raconte une histoire, j'aime la justesse avec laquelle il nous dépeint ses personnages et j'aime la grâce avec laquelle il joue avec les mots. Les pages qui nous racontent l'histoire d'amour de Valentin et Sonja avant que la guerre n'abîme tout sont magiques, gracieuses et exaltées. Régulièrement, en tournant les pages du roman, je me disais : bon sang, qu'est-ce que c'est beau…
Ce qui fait pour moi le charme de ce livre, c'est cette longue tristesse qui enveloppe l'histoire, une tristesse qui ne s'absente jamais totalement, même dans les moments de répit. Ce livre ressemble un peu à un tableau de Hopper : une mélancolie vaporeuse qui embrume les visages, un sentiment de vide immense, d'inutilité et de manque que rien n'arrive à soulager. Quelque chose de désespéré qui suinte, un besoin de croire encore qui ne trouve pas de prise tangible à laquelle s'agripper et cette obsession toujours : survivre à n'importe quel prix et dans n'importe quel état.
C'est un roman sur la haine et le ressentiment, sur cette bestialité avec laquelle la guerre désunit et brise les gens, sur ce qu'il y a de plus noir et de plus répugnant en l'être humain. Mais c'est aussi un roman sur ce qu'il y a de plus grand et de plus noble en soi, sur l'amour, cet amour si pur dont subsistent les plus belles images lorsqu'il s'évapore doucement. C'est un roman sur le regret et l'impossible retour à la vie d'avant.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus pour cette magnifique découverte.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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La Feuille Volante n° 1235
Et l'amour aussi a besoin de repos – Drago Jančar – Phébus.
Traduit du slovène par Andrée Lück-Gaye.

Tout commence par une carte postale de Maribor, une ville de Slovénie, pendant la Deuxième Guerre mondiale et la rencontre d'une jeune fille Sonja et Ludwig qu'elle a connu quelques années auparavant et qui est devenu officier SS. Elle compte sur lui pour faire libérer Valentin, son petit ami, qui a été arrêté en état d'ivresse par les Allemands à la suite d'une maladresse. Cette ville, près de la frontière autrichienne compte beaucoup pour l'occupant et Ludwig fait libérer Valentin qu'il espère ainsi utiliser pour infiltrer les réseaux de résistance. Malheureusement pour lui Valentin lui échappe et va rejoindre les partisans qui le connaissent et Sonja sera déportée à Ravensbrück. C'est donc l'histoire de trois jeunes gens que la guerre réunit et sépare. La mort rôde partout mais pourtant chacun d'eux survivra à cette guerre mais pas exactement de la manière qu'il imaginait. le hasard se joue de leur vie qui n'est pas grand chose en ces temps troublés comme c'est le cas pour chacun d'entre nous. La chance en servira certains et en oubliera d'autres mais ils survivront aux hostilités et aux règlements de compte de l'épuration. C'est aussi un rapport de forces entre eux. Valentin a été arrêté par la Gestapo, mais est libéré par Ludwig qui souhaite grâce à lui infiltrer les réseaux de résistants qu'il rejoint cependant. Chez les partisans, on le soupçonne d'être un infiltré parce qu'on ne sort jamais vivant des prisons de la Gestapo, mais il devra imposé sa bonne foi et pour cela changer sa perception du monde. A cette occasion il ira à la rencontre de l'incompréhension, de l'absurde qui tuent aussi sûrement que l'ennemi en temps de guerre. Dans cet univers hostile ou la mort lui fait peur, la sienne probable et celle qu'il donne sur ordre ou pour continuer à vivre, lui est obligé d'obéir aveuglément, lui qui n'a pas été préparé à se battre. Il apprend à résister à la fois aux tortures des nazis et à la crainte d'être tué par les partisans qui doutent de lui. de son côté Ludwig, solitaire mais puissant, peut disposer de la mort et de la vie des gens, tant que le succès des armes est de son coté. Il cherche à séduire Sonja en contrepartie de cette libération mais la jeune fille est partagée entre sa volonté de sauver son ami et celle de ne pas le trahir. Après son arrestation, les camps brisent sa vie définitivement. Puis la victoire change de camp et Ludwig devient un fuyard traqué.
L'accent est mis sur la trahison qui est caractérise bien souvent l'espèce humaine à laquelle nous appartenons tous, trahisons pour survivre, par peur, pour obtenir des prébendes, des avantages, de l'argent, pour se donner de l'importance ou pour le plaisir de porter préjudice et ce genre d'époque les favorise. Dans cette aventure Valentin n'a pour boussole que le souvenir de Sonja dont il ne sait plus ce qu'elle est devenue. L'unique photo où ils sont représentés ensemble, celle « d'un couple heureux » comme leur a dit le photographe de rue qui l'a prise, la photo d'une histoire d'amour, a été perdue par Valentin et petit à petit Sonja devient pour lui cette amie irréelle à qui il a jadis écrit des poèmes et qu'il recherche à travers d'autres femmes. Il l'oubliera comme il oubliera ses serments d'amour pour le jeune fille parce sa vie l'aura entraîné ailleurs et que les choses sont ainsi. L'amour qui existait entre eux n'aura plus sa place dans aucune de leur vie et le temps passera pour chacun, avec les regrets et la mélancolie, puis l'oubli effacera tout. Comme à la suite de chaque guerre, la violence fait suite à la violence et la vengeance et la haine inspirent les hommes qui donnent ainsi libre court à leurs instincts destructeurs qui caractérisent bien souvent la condition humaine.
Ce roman douloureux a un goût de gâchis, comme bien souvent dans nos vies et ce malgré des moments de poésie.
Je ne connaissais pas cet auteur et je remercie Babelio et les éditions Phébus de m'avoir permis de le découvrir.

© Hervé GAUTIER – Avril 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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L'action de ce roman se passe essentiellement à Maribor et dans le Pohorje, le massif boisé qui borde la ville vers le Sud. Nous sommes donc en Slovénie dans les deux dernières années de la seconde guerre mondiale, alors que le pays est occupé par l'armée allemande et que Maribor, du fait de sa proximité géographique avec l'Autriche et de sa population majoritairement germanophone, a été annexée par le IIIème Reich. Cette annexion est présentée par l'auteur comme très bien acceptée par la population, du moins au début. Car, comme dans tous les pays occupés, l'oppression se fera de plus en plus lourde et le destin des uns et des autres se séparera. C'est le cas de celui des trois héros du roman: le jeune Ludek, alias Ludwig, officier SS de nationalité slovène, qui va connaître les turbulences de ce mauvais choix; la jeune Sonja que la politique n'intéresse pas, mais qui va pourtant, par amour et malgré elle, être emportée dans le tourbillon macabre de l'Histoire; son ami Valentin, passé un peu par hasard dans les rangs des partisans et qui va bientôt en voir les failles et les limites.
L'année 1944 fut très dure. 1945 le fut encore davantage, car c'est l'heure des comptes à régler, des revanches et des dénonciations.
Drago Jancar écrit ici un roman très dur, mais très beau aussi. D'une écriture poétique, il dit la nostalgie, la mélancolie, la beauté de la nature et des saisons. D'une écriture âpre et émouvante, il évoque une jeunesse broyée par les vicissitudes de la guerre.
Un livre d'une très belle humanité.
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Ecrire un billet n'aura jamais été aussi laborieux. Habituellement, les mots me viennent à l'esprit et je vous fait part de mon ressenti à la lecture d'un livre. Mais là, je suis confrontée à la "page blanche".
Depuis le début de la lecture de ce roman, je suis très déconcertée, entre l'envie de cesser et de continuer.

Pourquoi arrêter ? En raison d'une sensation de déjà lu : un lien entre 3 protagonistes pendant la seconde guerre mondiale.
Pourquoi poursuivre ? Afin de connaître le destin de chacun des 3 personnages.

Très contradictoire, me direz-vous. Finalement, j'ai terminé ce roman mais je pense être passée à côté de quelque chose.
Drago Jancar est un auteur que je découvre totalement, sa plume m'était inconnue. Il a pourtant construit un roman dense et puissant, les paroles choisies sont pleines de poésie. La structure façon pêle-mêle est originale et me plaît habituellement. Mais là, elle m'a déroutée.

En résumé, les parcours de Sonja, Valentin et Ludwig/Ludek m'ont parfois passionnée, mais ils m'ont aussi ennuyée (sensation de déjà lu). Je ne suis pas parvenue à m'attacher à l'un d'eux, comme je le fais souvent en lisant.
Sonja s'est sacrifiée pour sauver celui dont elle est éprise, Valentin. Ce dernier a été fait prisonnier suite à un état d'ivresse. Pour l'épargner, Sonja s'est rapprochée de Ludwig, une connaissance d'autrefois, devenu officier SS. Elle fonde tous ses espoirs en lui afin de libérer Valentin.
Elle obtiendra gain de cause mais Ludwig attend une contrepartie de chacun d'eux : Valentin pourrait lui communiquer des informations précieuses sur le réseau des résistants mais il s'est enfui une fois libéré et a rejoint le maquis. Quant à Sonja, il a tenté en vain de la séduire mais elle est bien trop fidèle à Valentin et refusera ses avances.
Cette dernière a été arrêtée et se retrouve déportée. Si elle survit à l'horreur des camps, elle en reviendra bouleversée et totalement changée.
Valentin sera marqué par la désillusion du réseau qu'il a rejoint tant il est truffé de comportements absurdes et atroces jusqu'à mettre en danger la vie des autres.
Quant à Ludwig, comme tous les nazis, il fanfaronne et se montre tout puissant pendant la gloire du régime mais quant tout bascule, il devient un fuyard.

En conclusion, amour et trahison sont au coeur de ce roman, peut être un peu trop cliché à mon goût et c'est sûrement ce qui m'a déplu.

Je remercie les éditions Phébus et l'opération Masse critique spéciale pour m'avoir fait découvrir cet auteur et un roman mêlant amour et trahison pendant la 2nde guerre mondiale en Slovénie.
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Une fois de plus , l'écrivain slovène Drago Jancar choisit la période de la seconde guerre mondiale comme cadre d'un roman et plonge le lecteur dans le creuset culturel de l'Europe centrale frémissant sous la botte nazie.
A Maribor, ville de Basse Styrie annexée par Hitler en 1941, les germanophones sympathisants du nouveau régime, n'ont de cesse de lutter contre les slaves et slovènes dans un combat fratricide porteur de toutes les atrocités.
Le récit s'articule autour de trois personnages et à travers le destin tragique de chacun d'eux, c'est l'horreur de la guerre au quotidien qui se déploie, poussant les hommes dans leurs retranchements, laissant émerger leur part d'ombre, les confrontant à des choix crucifiants.
Valentin, le jeune enseignant devenu résistant, ne doit son salut qu'au sacrifice de son amie Sonja prête à pactiser avec l'ennemi pour qu'il ait la vie sauve. Quand il rejoint le maquis c'est pour constater amèrement que l'exacerbation des haines conduit les partisans aux pires atrocités, que la suspicion pervertit tous les rapports humains, que l'horreur devient d'autant plus insupportable qu'elle émane du camp que l'on a choisi de défendre...Bien sûr l'amour des deux jeunes gens nourri de romantisme et de poésie ne pourra survivre au conflit...
Pas plus que ne pourra survivre celui qui est le trait d'union entre les deux destins brisés, Ludwig le slovène qui a choisi l'Allemagne et connaîtra lui aussi un destin tragique .
Drago Jancar excelle à illustrer dans une langue toujours aussi lyrique les ambiguités que chaque être humain porte en soi, il refuse l'idéalisation d'une réalité plurielle et livre une vision profondément pessimiste de la nature humaine. Bien que ce roman soit dur et que les scènes de violence soient décrites avec une précision que l'on pourrait qualifier de morbide, l'auteur conserve une place pour le rêve et la poésie dont il nous livre de magnifiques extraits; il donne aussi une place à la solidarité et rend un hommage appuyé au pays qu'il aime tendrement.
Un roman qui se lit d'une traite tant l'intrigue est soutenue et les personnages complexes et émouvants.Partir d'une photographie d'époque qui s'anime sous les yeux du lecteur, c'est le plonger d'emblée dans un récit dont il sera le spectateur passionné .
Merveilleuse initiative des Editions Phébus qui ont fait connaitre Drago Jancar à travers son splendide roman "cette nuit, je l 'ai vue" en 2014 et qui poursuivent leur parcours en continuant à diffuser cet auteur remarquable dont le talent ne faiblit pas.
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Je remercie Babelio et Les éditions Phébus, qui, dans le cadre de l'opération Masse Critique, m'ont offert le plaisir sans mélange de cette lecture.

Drago Jancar raconte Maribor , Slovénie, en 1944; la guerre se termine, exacerbant les passions jusqu'à la folie. Ce n'est pas une histoire de combats et de front, mais celle d'une ville en ruine, exsangue, une ville occupée où la l'insouciance n'est plus. Finies les promenades dans le parc, finis l'amour et la poésie. Ludwig est revenu après sa formation en Allemagne, il est membre de la Gestapo, passionnément dévoué au culte nazi, "d'une discipline complète, inconditionnelle". Sonja, qui l'a connu alors qu'il n'était que Ludek, le supplie de libérer son amoureux Valentin, partisan torturé dans ses geôles. Les loyautés sont flétries par la guerre, elles inscrivent le trio des personnages dans une spirale maléfique où trahison et fidélité s'en chevêtrent : Sonja salie par son contact avec l'occupant, Valentin par sa libération suspecte. Les vies sont broyées, les destins sont saccagés; la paix n'apportera aucun apaisement, les alliances ont seulement changé, la haine est différente, l'humiliation ne laisse aucun répit, le retour est impossible.

C'est un magnifique roman, passionné et douloureux , qui vit l'intime de ces êtres ballottés, déchirés, alors qu'à la vie ils ne demandaient que la légèreté du souffle du vent sur leurs visages. Une implacable leçon d'histoire se révèle à travers l'intimité des personnages, leurs pensées intérieures, leurs ressassements obsédants. leurs espoirs figés, les souvenirs qui émergent et prennent à la gorge. Seul le paysage , avec ses brumes cotonneuses, peut faire croire par instant qu'un répit est possible.

Drago Jancar écrit comme on frappe du tambour, dans un rythme oppressé, à la limite de l'obsessionnel. On est pris dans le ressac de cette vague qui va et revient, et emporte le lecteur sans répit, ni espoir de repos. Il martèle que la guerre est une prison cruelle, obstinée, dégradante et que nul n'y échappe.

Deuxiemeguerre, historique, jeunesse
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Comme dit Svetlana Aleksievitch, la guerre n'est pas une affaire de femme, l'est-elle d'hommes ? Dans ce récit, on voit des hommes confrontés à des événements qui les dépassent, d'autres qui s'engagent au nom d'idéologie, d'intérêt, de croyances, de rancoeur de l'Histoire… Tous finissent par être broyés, parfois après avoir broyé l'existence d'autres. Un roman de la douleur au monde.
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Grâce à Babelio et aux éditions Phébus, j'ai découvert Drago Jancar à travers ce livre. Malgré son prix du meilleur livre étranger en 2014 pour Cette nuit je l'ai vue, je n'avais en effet jamais entendu parler de lui.

Et l'amour aussi a besoin de repos a pour cadre Maribor, à l'époque en Yougoslavie, en Slovénie de nos jours, et se déroule durant la seconde guerre mondiale. Alors sous domination de l'Allemagne nazie, la résistance s'organise. Trois personnages sont au coeur de ce roman : « Valentin, le maquisard, Sonja, sa petite amie et le SS Ludwig, qu'on appelait naguère Ludek. » Pour faire libérer Valentin, arrêté par les Allemands, Sonja aura recours à l'aide de Ludwig. Et c'est au prix fort qu'elle y parviendra puisqu'elle sera envoyée dans un camp de concentration. Je n'en dévoile pas plus pour que celles et ceux d'entre vous qui ont envie de le lire, découvrent ce qu'il adviendra de chacun des trois personnages au rythme de sa lecture. le roman est découpé en quatre parties. Si les trois protagonistes sont présents dans la première partie, les trois autres s'attachent tour à tour à l'histoire de l'un des trois et parfois à l'évocation de leurs souvenirs d'un passé commun.

J'ai beaucoup appris sur la seconde guerre mondiale et j'ai apprécié cet éclairage d'un pays autre que la France, un pays où, bien que sous le joug nazi, certains membres de sa population résistaient. Les passages sur la brutalité nazie, les tortures dans les prisons et sur la résistance slovène donnent une idée très précise de la vie quotidienne de l'époque. Sur le sujet de la résistance allemande, cela m'a un peu fait penser à Seul dans Berlin de Hans Fallada que j'ai d'ailleurs préféré. En effet, j'ai parfois eu du mal à suivre et à fixer mon attention sur le déroulement des évènements. Je m'interroge. Est-ce dû au style ? A mon état d'esprit, préoccupé en ce moment ? Un roman plus léger m'aurait peut-être convenu davantage à cet instant.

Au final, cela me donne envie de mener des recherches sur internet pour en savoir plus sur cette période de l'histoire de la Slovénie. Et je suis bien consciente que sans ce livre de Drago Jancar, je n'y aurais même pas pensé. Je pense poursuivre mon chemin de lecture avec cet auteur afin de me forger une idée plus complète de son style et pour en apprendre encore plus sur la Slovénie. Alors j'ai à coeur d'honorer le travail des écrivains, des traducteurs, des éditeurs, des libraires, de préférence indépendants, de Babelio aussi, car c'est grâce à tous les maillons de la chaîne si je peux me cultiver en douceur, à mon rythme et avec plaisir.
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Le challenge Globe-Trotter des Lecteurs de Babelio m'aura permis de découvrir de nombreux auteurs.

Certains excellents comme Gioconda Belli, d'autres moins, et parfois, certains m'ont fait longuement peiner sur un roman qui n'était pourtant pas très long ! 

C'est dans cette dernière catégorie que je range 'Et l'amour aussi a besoin de repos de Drago Jancar', auteur slovène.

Ce roman met en scène trois personnages principaux : Sonja une jeune femme de Maribor, Valentin (dit Tine) son amoureux, et Ludek (Ludwig) dont les destins s'entrecroisent à l'aube de la seconde guerre mondiale.

Les garçons feront des choix différents, l'engagement dans les troupes allemandes pour l'un, la résistance slovène pour l'autre et la jeune femme en voulant en sauver l'un sera perdue par l'autre.

Un roman à la trame classique donc, mais traité de façon lente et parfois itérative par un narrateur qui décrit longuement les agissements des deux hommes - la difficile obtention de clous pour l'un, les pérégrinations hivernales dans les montagnes pour l'autre.

Bref, un roman lent, long, mais qui me permet de valider un nouveau pays :) 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Merci Babelio et aux éditions Phébus pour cette découverte d'un auteur inconnu pour moi.
En 1941 une petite ville slovène va se voir annexée par le troisième Reich,les habitants et voisins d'hier se déchirent,prennent parti,un mouvement de résistance voit le jour dans les montagnes.
Trois personnages principaux Sonja la petite amie du maquisard Valentin et Ludovig le SS que Sonja a connu à une autre époque et qui s'appelait Ludek.
Sonja ose demander de l'aide à Ludovig pour aider Valentin qu'elle sait en danger.....alors tout s'enchaîne.
La guerre de tout temps et en tout lieu bouleverse la vie et brise des destins
L'auteur arrive à nous faire partager le quotidien de ces jeunes gens,les sentiments sont bien décrits pour chacun d'eux et nous voici nous aussi embarqués dans cette grande aventure
Un beau roman historique et belle fresque romanesque.
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