L'auteur,
Gérard Janus, est né en 1964, à Bettwiller, en Alsace Bossue. Il est pasteur, marié et père de trois grands enfants lorsqu'il entame ses recherches qui lui donne envie d'écrire ce récit. le décès de sa mère, la vente de la maison familiale l'obligent à vider les affaires de ses parents et à trouver des documents, concernant son grand-père paternel, dont il ne connaissait pas l'existence. Que s'est-il passé en 1945 ? Pourquoi son grand-père a-t-il connu quelques mois d'internement au camp de Schirmeck-la-Broque ainsi que l'épuration ?
C'est en fouillant dans la Petite Histoire qu'il découvre la Grande Histoire : celle de l'église protestante alsacienne et de sa prise de position par rapport à l'occupant allemand et au régime nazi.
Il découvre la circulaire du 14 septembre 1940, rédigée par Carl Maurer, alors Président de l'Église protestante en Alsace, et envoyée à tous les pasteurs alsaciens. Cette circulaire "met en évidence que l'Église luthérienne d'Alsace était une Église allemande" .... Elle invitait "les pasteurs à ne pas rester à l'écart d'un grand mouvement qui parcourait la société avec l'arrivée du nouveau régime" et affirmait "la compatibilité de la foi évangélique-luthérienne avec les principes du national-socialisme".
L'auteur entame donc un travail de recherche sur le devoir de mémoire et aboutit au résultat suivant : tous les pasteurs alsaciens n'ont pas adhéré aux préceptes de la circulaire. Nombreux ont resisté à l'occupant. Mais peu de traces écrites sont arrivées jusqu'à nous. Pour quelle raison ? Car pour ne pas faire remonter à la surface le mauvais, il vaut mieux enterrer le meilleur !
Quant au grand père de l'auteur, que peut-on réellement lui reprocher ? D'avoir pris sa carte du parti local à une époque où, sans cette carte, les ouvriers n'obtenaient pas d'outils agricoles pour travailler ? Il était né allemand, parlait allemand. du jour au lendemain, on lui demande d'être français puis à nouveau allemand. Qu'aurions nous fait à sa place et à celle de milliers de "malgré nous" enrôlés de force dans l'armée allemande ? Posons nous la question.
Ce récit très bien documenté nous fait réfléchir à ce devoir de mémoire et ne craint pas de dévoiler des faits qui peuvent choquer, bousculer. C'est un véritable acte de courage.