Au fond les couples meurent de silence. L'usure du temps n'est qu'un alibi.
Sa vie sentimentale se résuma vite aux émois que lui procuraient les romans d'amour du XIXe siècle qu'elle se mit à consommer avec ardeur, comme dans les premiers temps de son adolescence. Cette multitude de passions contrariées, de bourgeoises languissantes et d'amants aux transports incontrôlés suffisait amplement à son cœur fatigué.
Il n'y a pas d'autre mort que l'absence d'amour.
René Barjavel
Rétif à tout comportement grégaire, il était de ces irréguliers qui se méfient des idées de tout le monde, celles qui constituent le prêt-à-porter de la pensée.
Les instants qui précèdent la mort de certains êtres sont parfois magiques. Les pièces majeures du puzzle d'une vie viennent mystérieusement s'agencer, comme pour terminer le jeu.
Quinze ans après le carillon nuptial, ils n'avaient guère changé. Camille alliait toujours la beauté du diable à une sensualité frémissante, et le Zèbre n'était pas menacé d'embonpoint ; mais force lui était de constater qu'ils s'ensablaient dans une torpeur matrimoniale voisine du sommeil. Le sacrement leur avait servi d'oreiller.
Tout autour de la petite coupole qui coiffait l'atelier, Gaspard avait installé des rayonnages de bibliothèque qui ne contenaient que des biographies. On y trouvait pêle-mêle, des vies de Talleyrand, Léonard de Vinci, Napoléon, Picasso, Stendhal, Bismarck, Roosevelt, Goethe, Hemingway, et de toutes sortes de gens qui avaient su vivre à voix haute, au lieu de murmurer leur existence. Leur véritable point commun aux yeux du Zèbre n'était pas leur renommée mais leur effort abouti pour se libérer de la médiocrité du quotidien. Dieu qu'il les enviait !
Rétif à tout comportement grégaire, il était de ces irréguliers qui se méfient des idées de tout le monde, celles qui constituent le prêt-à-porter de la pensée.
A vrai dire, Camille n’était pas fâchée que l’Inconnu ne fût pas son mari. Elle pourrait ainsi continuer à se griser de rêveries sentimentales, sinon grivoises.
Impossible n'est pas françcais, surtout en amour !