En voilà un tome qu'il est pas mal du tout. Et cela tient avant tout selon moi dans la qualité des personnages, le maître Inquisiteur et son elfe, ainsi que leur relation. Tout d'abord Zakariel n'est pas celui qu'on pourrait attendre, puisqu'il ne fait plus parti de l'ordre et qu'il ne souhaite plus y revenir. Mais il a un sacré caractère. Il est impétueux, rentre dedans, il a un sens de la justice bien à lui, et pour lui l'ordre est là pour punir. Il rend la justice à sa façon, plus souvent au fil de l'épée que face à un tribunal, et il ne s'émeut d'aucun regret sur le sujet. Et lorsqu'on découvre son passé, on ne peut que comprendre cette manière de penser et d'agir, et qui rend le saint bonhomme digne d'intérêt. Mais on devine dans le fond qu'il est habité par un profond sens de la justice et qu'il place la loi au plus haut point. C'est juste sa façon de la faire respecter qui lui fait défaut, et qui lui a valu des déboires avec le juge Adraël. Des déboires et des désaccords, il en a également avec Alwënn, son elfe, qui paraît être aussi attachée que lui à la justice mais dont les moyens sont radicalement opposés. Il n'est pas rare de la voir désapprouver les choix et les actes ( souvent irréfléchis ou sous le coup de l'émotion) du Maître Zakariel. Pourtant elle continue à le suivre et accepte même d'aller à sa rencontre pour lui faire accepter une mission confiée par le juge Adraël. On sent là dessous autre chose qu'une simple question de fidélité ou de franche camaraderie, et derrière cette apparent relation conflictuelle se cache évidemment autre chose, mais ce n'est pas franchement dit et c'est tant mieux, car c'est dans cette incertitude que réside l'intérêt de leur relation et le secret de leur intimité.
Zakariel accepte donc de partir à la recherche de la réincarnation de la fille du juge et là encore, un autre point m'a particulièrement interpellé. le Maître et la fille sont liés par l'instinct bestial qui les caractérise, le premier par rapport à son pouvoir, la seconde par sa nature. Et c'est là tout a fait intéressant, et logique, que de lier les deux personnages par cet aspect animal qui leur permettra de se reconnaître, de s'accepter et de se respecter. On découvrira tout au long du récit que ce point commun aura un impact essentiel pour la résolution de cette histoire.
L'histoire, justement se lit à plusieurs niveaux. Déjà je regrette que le méchant de cet acte 11 soit si peu utilisé, il n'est présent que pour donner un peu de fil à retordre à Zakariel, et même s'il lui mène la vie dure ( ses quelques interventions sont relativement cool, et on sent là le potentiel d'un tel personnage), on sent qu'il n'est que la faire valoir dans ce récit, qui est quelque part une sorte de récit initiatique. En effet, par son caractère imprévisible, farouche et pratiquement asocial, on devine qu'il est resté cet enfant apeuré, sauvage qu'Adraël a trouvé dans les bois, errant et livré à lui même. Cette histoire est celle d'un enfant qui réussira à vaincre ses peurs infantiles pour devenir un homme, celle d'un enfant qui réussira à les affronter plutôt que de fuir et se cacher comme il l'a fait par le passé, celle d'un enfant qui acceptera de porter ses responsabilités ( celle de retrouver une enfant, elle même livrée à elle même, ne sachant trop ce qu'elle est, coupée définitivement de sa famille). Sans doute même peut on ajouter que c'est l'histoire d'un jeune homme qui devient enfin un véritable maître Inquisiteur, à l'image de ses pouvoirs qui ne cessent de croître.
On retrouve, et ce n'est pas étonnant, le thème de la famille, cher à Nicolas Jarry, ( un père, Adraël, demande à son fils adoptif, Zakariel, de retrouver sa fille, Akia).
Pour terminer, la scène finale en dira long sur l'évolution personnelle du Maître et conclura en beauté cette histoire... et de manière cohérente. On n'en attendait pas moins, on l'espérait et même si ça sentait le convenu d'avance, une autre conclusion eût été déplacée ou mal venue.
Un dernier mot quant aux graphismes de Popescu que je trouve très réussis, son sens du détail donnant vie et personnalité aux personnages. les visages sont particulièrement bien réussis, notamment celui d'Alwënn, ainsi que celui du chef Khan et de ses guerriers, dont les traits illustrent parfaitement leur appartenance ethnique. Popescu, un nom qui gagne à être connu, malgré quelques planches ratées.
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Les rêves sont-ils prémonitoires ? En ce qui me concerne, je ne sais pas, mais pour le juge Adrael, oui, ils le sont ! Dans son rêve, il a vu la réincarnation de sa fille et il charge Alwënn, l'elfe de Zakariel de récupérer son ancien Maître et de se lancer sur les traces de cette petite fille, qui vit bien loin de chez eux.
Zakariel est un Inquisiteur marquant. C'est un défroqué. Il a la rage aux tripes, de la colère en lui, de l'animalité, même, et sa définition de la Justice n'est pas la même que celle des autres. Lui, il expédie les coupables ad patres, et on n'en parle plus. Là où Alwënn veut à tout prix respecter le code à la lettre. Entre eux deux, ça va clasher.
La relation entre lui et son elfe est assez houleuse, le maître ne respectant aucune règles, se foutant pas mal de ce que penseront les autres. Il doit retrouver la trace de la gamine et cela va se révéler plus ardu que prévu, tout le monde étant à ses trousses.
J'aime lorsque l'on nous met en face d'un mage qui n'est pas conformiste, qui est hargneux, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui se contrefout des règles imposées par l'ordre. Non pas gratuitement, il a ses raisons, elles viennent de son enfance et de la froideur de celui qui l'a élevé, le juge Adrael.
Dans leur traque, les scénaristes vont ajouter des esclavagistes, un mage noir, des complots pour devenir calife à la place du calife et des animaux. le pouvoir de Zakariel est de commander aux animaux. Nous sommes dans un univers de fantasy, médiéval, là où les forêts sont denses et les animaux nombreux sur les terres.
Encore un très bon album, avec un scénario aux petits oignons et des personnages attachants. Autant l'elfe éprise des règlements que Zakariel épris de violence et de justice expéditive. Chacun devra mettre de l'eau dans son vin et on a une belle évolution des personnages.
Les dessins sont excellents, comme toujours dans cette série (jusqu'à présent).
Rien à redire, si ce n'est qu'il entre, lui aussi, dans mes préférés.
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Le juge Adrael a perçu l'arrivée de la réincarnation de sa fille, l'impératrice Assynia. Pour la retrouver il dépêche son meilleur pisteur parmi les maitres inquisiteurs : Zakariel. Manque de chance ce dernier se terre dans la forêt depuis 10 ans en pleine révolte avec les lois de l'ordre.
J'ai bien aimé ce tome où la psychologie du maitre inquisiteur est le principal moteur de l'histoire. La confrontation de son histoire personnelle, de son vécu torturé, de sa vision de la justice avec celle plus posée de son elfe était quelque chose d'intéressant.
Evidemment Zakariel fini par accepter la mission mais il n'est pas seul sur le coup puisque le camp adverse aimerait aussi s'emparer de la force magique contenue dans la petite fille.
Je ne suis pas très fan des réincarnations, avec des personnages qui se reconnaissent à travers leurs différentes formes tout ça tout en étant pareil ils sont différents... Bref ça ne me botte pas plus que ça. A voir ce que les auteurs vont faire de la petite Akia, réincarnation de la terrible Assynia.
Niveau dessin c'est pas mal, on reste bien sur dans la même lignée fixée par la série.
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Encore un très bon album du deuxième cycle de la série "Les Maîtres Inquisiteurs".
Assinya, feue l'impératrice traîtresse, fille du haut-juge Adrael, s'est réincarnée dans une petite fille, membre d'un des nombreux petits clans Mokhans du lointain Nappan. La mission du duo maître inquisiteur-elfe est donc de ramener la fillette à Ares auprès de l'Ordre. le hic c'est que le fameux duo n'est composé que de l'elfe Alwënn ; l'inquisiteur Zakariel, considéré comme le fils adoptif du haut-juge, s'est retiré en ermite depuis un demi-siècle dans une forêt impénétrable du Petit Gottland, où il a pu améliorer son pouvoir : le commandement des animaux.
L'album bénéficie grandement de la psychologie poussée du personnage de Zakariel. Hanté par son enfance, il n'est pas un maître inquisiteur comme les autres. Rempli du sentiment de vengeance, comme Obeyron du premier tome, il n'a pas peur d'employer la force et son pouvoir pour sa pomme. Pour eux, l'Ordre a un rôle de justice mais doit également punir et la peine de mort doit s'appliquer aussitôt et si possible douloureusement. Malgré tout, il va accepter sa mission et elle ne sera pas de tout repos...
Les magnifiques dessins de Popescu sont au diapason du scénario imaginé par Jarry. Sa vision des orcs est notamment très différente de celles généralement proposées en fantasy.
Comme les tomes 9, 10 et 11 de ce deuxième cycle sont d'un haut niveau, je suppose que le dernier ne va pas déroger à la règle.
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Quelque que peu convenu, cet onzième opus reste tout de même de bonne facture, cependant, il ne permettra pas d’effacer le sentiment que la série ronronne.
Lire la critique sur le site : BDGest
- Leurs âmes sont remises entre les mains du grand tout... Ainsi elle pourront renaître en paix.
- Pourquoi voudraient-elles revenir ici ? Le néant est préférable.
- Si tu le penses vraiment, alors pourquoi continuer à vivre, Zakariel ?
- Même si nous avons une conscience, nous n'en sommes pas moins des animaux avec un puissant instinct de survie. Mais survivre, ce n'est pas vivre.
- Je commence à comprendre qu'Adrael a fait ce qu'il a pu avec moi...
- Comme tous les parents du monde.
- Le monde des hommes est cruel, Alwënn... Bien plus que celui des bêtes...
- Pourtant, il reste quelques âmes pures...
- Alwënn : Ton pouvoir ne semble plus avoir de limites.
- Zakariel : Il en a pourtant... J'ai eu dans l'idée de me lancer dans l'apiculture et j'ai tenté de me connecter à l'esprit d'un essaim d'abeilles.
- Alwënn : Et alors ?
- Zakariel : Quand j'ai recouvré la raison sept jours plus tard, j'étais à poil en train de butiner dans un champ de pâquerettes. Depuis, je laisse les insectes tranquilles.
Terres d'Ogon 4 Guerres d'Arran 2