La publitude neutralise le mythe de la perfection
Grâce aux accomplissements de notre économie industrielle (efficiences de la production, la distribution, le marketing et les médias de masse), notre société moderne prête le flanc au mythe de la perfection.
Un produit "parfait" et universel, que l'on met longtemps à concevoir et à produire, est vendu à un marché étendu. (...)
Des actions de marketing de masse sont mises en place pour convaincre les consommateurs que le produit est idéal. Et donc, la perfection devient notre norme, ou, à tout le moins, notre présomption : notre mythe partagé.
Mais la perfection est au mieux une illusion, au pire un mensonge. On ne peut l'atteindre. La revendication de la perfection alimente les chapelles aux orthodoxies fermées qui définissent des normes pour tous en matière de mode, d'édition, d'éducation et de divertissement.
La perfection fait enfler les attentes et finit inéluctablement par décevoir (toute voiture finit par casser).
Elle décourage la prise de risque et l'innovation, l'ouverture et l'invention.
Elle coûte cher. Et la quête de la perfection ne mène à rien sinon à l'échec.
Après tout, rien ni personne n'est parfait.
Le problème pour eux tous est que l'ancienne architecture de leurs marchés a été rasée par l'Internet et la publitude qu'il exige.
Les médias étaient bâtis autour de marques. Pour obtenir du contenu, il fallait aller à la marque et acheter sa publication ou regarder son émission.
Dans un tel système, le propriétaire du média est au centre, c'est lui qui contrôle. Puis est venue la recherche (en ligne) qui a renversé la relation : désormais, au lieu de débuter avec la société de média, la transaction débute avec le lecteur, qui pose une question.
Si votre contenu est là, avec une réponse ouverte, accessible - le score d'un match ou les dernières nouvelles d'un désastre -, génial ; autrement, c'est comme si vous n'existiez pas. Puis est venue une autre force encore plus puissante : nous. Nos liens, via Twitter, Facebook, les blogs, les e-mails et les autres outils sociaux, défient désormais jusqu'au pouvoir de Google.
Le contenu n'est pas roi. La distribution n'est pas reine. Les relations le sont.
"La vie privée est une invention moderne, écrit Lawrence Friedman (...)
Les gens du Moyen Age n'avaient pas de concept de privacy.
Et ils n'avaient pas non plus de vie privée. Personne n'était jamais seul.
Les gens du commun n'avaient pas d'espace privé. Les maisons étaient minuscules et surpeuplées. Chacun était ancré dans une communauté en face à face. L'intimité, en tant qu'idée et en tant que réalité, est la création de la société bourgeoise moderne."
(...) Le mot "privé" n'est pas entré dans la langue allemande avant le milieu du 16e siècle.
(...) Au 19e siècle, écrit Richard Sennett, les Londoniens adhéraient à des clubs non pour fréquenter des gens, comme nous le faisons aujourd'hui, mais pour rester assis en silence, à l'écart de l'agitation de la ville.
Au même moment, fait remarquer Daniel Solove, le travail se déplaçait des fermes vers les usines et les bureaux, faisant enfin de la maison un refuge familial. L'Angleterre, dit Philippe Ariès, est ainsi devenue "le berceau de la privacy."
"J'appartiens à la première génération qui a réellement grandi avec Internet, m'a dit Mark Zuckerberg. J'étais au collège lorsque Google a fait son apparition. Puis il y a eu Amazon, Wikipédia, iTunes, Napster.
Chaque année, de nouveaux moyens d'accéder à l'information apparaissaient.
Aujourd'hui, on peut chercher ce qu'on veut. Accéder à de super-références.
Télécharger la chanson qu'on veut. Se renseigner sur tout.
Le monde n'a cessé de s'améliorer."
Evan Williams n'a pas tant créé des outils pour fabriquer du contenu que pour créer des conversations. Qui, à leur tour, créent des publics.
Lui et Twitter sont à la recherche de nouvelles façons d'aider les utilisateurs à trouver les bonnes personnes et à se rassembler autour d'une idée, une blague, un lieu, un événement. (...) Les usagers de Twitter eux-mêmes ont inventé de nouvelles manières de se rassembler autour de sujets et d'événements. Le "hashtag" (symbole # placé devant un mot) en est une. (...) Evan Williams déclare : "Le plus souvent,, les gens vont faire des choses positives et s'entraider." Il les y aide.