Procès de Deborah, mère trentenaire de trois jeunes enfants, épouse d'un soldat combattant en Afghanistan.
Qu'a-t-elle fait pour en arriver là ? Elle a eu quatre amants en même temps.
Oui et alors ? ils étaient majeurs, consentants et plus car affinités, et elle n'était guère plus âgée qu'eux. Oui mais : elle était leur prof de lycée à l'époque des faits, et au Texas ce genre de relations est puni par la loi depuis 2003. En plus cette cochonne s'exhibait sur FB, dans des postures coquines. Une enseignante est censée avoir plus de réserve, et au moins ne pas « ouvrir son cercle » à ses élèves.
On peut être surpris et gêné par la profusion de détails sexuels dans les premiers chapitres, s'interroger sur les intentions de l'auteur, avoir envie d'abandonner cet ouvrage à première vue purement racoleur. Cet aspect s'estompe au profit de flashbacks sur l'accusée, sur la façon dont elle a vécu ces événements, sur son passé et ses blessures. On découvre alors une femme touchante, immature, assurément en souffrance, dont la nymphomanie est un symptôme, pour qui le sexe est plaisir et fuite : « Y a d'autres choses que le plaisir, dans le sexe (…) L'absence. (…) D'un peu tout. Des gens, de leurs questions, des journées qu'ils t'imposent. » Son portrait se précise, elle n'est pas une salope manipulatrice qui abuserait de son pouvoir de prof, pas une prédatrice comme on aime à la présenter. « Prédatrice ? Plutôt dévoratrice d'elle-même ». On alterne entre sympathie, pitié, dégoût et incompréhension à son égard.
L'auteur plonge son lecteur dans l'atmosphère du tribunal, oppressante, étouffante. Il fait chaud dans la salle d'audience, la climatisation est en panne. Moiteur, sueur et odeurs corporelles, impudiques et gênantes, se mêlant aux scènes de sexe décrites en détail au cours du procès, les rendant encore plus explicites.
Récit très fort, révoltant et émouvant : on s'indigne du puritanisme et de la démagogie de certaines lois, du fonctionnement de la justice aux USA, de ces juristes dont les perspectives de carrière priment sur l'intérêt des accusés, de l'indécence des procureurs, de la presse et des journalistes en mal de gloire, de la foule avide de sensationnalisme, du danger des réseaux sociaux où l'intime dévoilé - volontairement ou à son insu - est vite relayé, moqué, utilisé comme arme. On s'indigne de voir l'accusée exhibée, piétinée, présentée comme une chienne. On s'agace de son manque de jugeote et de son inertie lors du procès, tout en admirant la dignité de son mutisme.
Un roman qui m'a longtemps rebutée parce que je jugeais sa crudité gratuite, hors de propos, racoleuse. J'ai failli en abandonner plusieurs fois la lecture. Je l'ai finalement apprivoisé, très lentement, son intensité m'est apparue progressivement et elle continue à se révéler une fois l'ouvrage terminé.
Une lecture marquante, je n'abandonne pas Deborah après avoir refermé le livre, je cherche encore à comprendre cette femme inaccessible et paradoxale, à la fois gourmande et glacée, tellement ouverte au plaisir et à ce point emmurée dans ses souffrances.
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dans une petite ville du Texas, une enseignante est jugée pour avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs élèves de son lycée. Ces élèves étaient majeurs mais une loi texane prévoit la prison pour tout prof couchant avec un élève quel que soit son âge. Ce livre décrit donc le procès de cette femme, par ailleurs mère de trois enfants et mariés avec un militaire qui est régulièrement en mission en Afghanistan et se montre assez compréhensif face aux exploits sexuels de sa femme. On a aussi les points de vue de la procureure, du juge, de l'avocat et également des élèves qui ont témoigné, ainsi que des flashbacks sur la vie de cette prof. Plus surprenant encore : le silence obstiné de l'accusée qui désarme jusqu'à son avocat. Devant un jury composé de Texans profonds puritains à souhait, ça ne va pas pardonner.
J'ai été assez passionné par cette histoire, basée sur des faits réels.
Le livre décrit bien les faits de manière neutre, sans porter de jugement de valeur ni sur le comportement de la prof, ni sur celui des élèves ou de la société américaine.
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