AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,42

sur 52 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Procès de Deborah, mère trentenaire de trois jeunes enfants, épouse d'un soldat combattant en Afghanistan.
Qu'a-t-elle fait pour en arriver là ? Elle a eu quatre amants en même temps.
Oui et alors ? ils étaient majeurs, consentants et plus car affinités, et elle n'était guère plus âgée qu'eux. Oui mais : elle était leur prof de lycée à l'époque des faits, et au Texas ce genre de relations est puni par la loi depuis 2003. En plus cette cochonne s'exhibait sur FB, dans des postures coquines. Une enseignante est censée avoir plus de réserve, et au moins ne pas « ouvrir son cercle » à ses élèves.

On peut être surpris et gêné par la profusion de détails sexuels dans les premiers chapitres, s'interroger sur les intentions de l'auteur, avoir envie d'abandonner cet ouvrage à première vue purement racoleur. Cet aspect s'estompe au profit de flashbacks sur l'accusée, sur la façon dont elle a vécu ces événements, sur son passé et ses blessures. On découvre alors une femme touchante, immature, assurément en souffrance, dont la nymphomanie est un symptôme, pour qui le sexe est plaisir et fuite : « Y a d'autres choses que le plaisir, dans le sexe (…) L'absence. (…) D'un peu tout. Des gens, de leurs questions, des journées qu'ils t'imposent. » Son portrait se précise, elle n'est pas une salope manipulatrice qui abuserait de son pouvoir de prof, pas une prédatrice comme on aime à la présenter. « Prédatrice ? Plutôt dévoratrice d'elle-même ». On alterne entre sympathie, pitié, dégoût et incompréhension à son égard.

L'auteur plonge son lecteur dans l'atmosphère du tribunal, oppressante, étouffante. Il fait chaud dans la salle d'audience, la climatisation est en panne. Moiteur, sueur et odeurs corporelles, impudiques et gênantes, se mêlant aux scènes de sexe décrites en détail au cours du procès, les rendant encore plus explicites.

Récit très fort, révoltant et émouvant : on s'indigne du puritanisme et de la démagogie de certaines lois, du fonctionnement de la justice aux USA, de ces juristes dont les perspectives de carrière priment sur l'intérêt des accusés, de l'indécence des procureurs, de la presse et des journalistes en mal de gloire, de la foule avide de sensationnalisme, du danger des réseaux sociaux où l'intime dévoilé - volontairement ou à son insu - est vite relayé, moqué, utilisé comme arme. On s'indigne de voir l'accusée exhibée, piétinée, présentée comme une chienne. On s'agace de son manque de jugeote et de son inertie lors du procès, tout en admirant la dignité de son mutisme.

Un roman qui m'a longtemps rebutée parce que je jugeais sa crudité gratuite, hors de propos, racoleuse. J'ai failli en abandonner plusieurs fois la lecture. Je l'ai finalement apprivoisé, très lentement, son intensité m'est apparue progressivement et elle continue à se révéler une fois l'ouvrage terminé.
Une lecture marquante, je n'abandonne pas Deborah après avoir refermé le livre, je cherche encore à comprendre cette femme inaccessible et paradoxale, à la fois gourmande et glacée, tellement ouverte au plaisir et à ce point emmurée dans ses souffrances.
Commenter  J’apprécie          260
Ce roman est construit autour d'une audience du Tribunal criminel de K., petite ville texane, consacrée au jugement d'une jeune professeure de math, Deborah Aunus.
Elle est accusée d'avoir eu des relations sexuelles avec 4 de ses élèves de Terminale. Certes ils sont majeurs, mais l'Etat du Texas punit les enseignants qui ont eu des relations avec leurs élèves, même si ces derniers sont majeurs.
Dans l'ambiance surchauffée de ce tribunal « Tea Party », avec un juge et une procureure démagogues et connivents, un avocat médiocre et uniquement préoccupé de sa propre réputation, une presse opportuniste, des « victimes » et témoins aussi lâches que peuvent l'être des garçons mal élevés, Debbie est condamnée d'avance.
Dans cette ambiance , même les soutiens naturels de l'accusée la laissent tomber.
Son choix d'invoquer le 5ème amendement à la Constitution, qui permet de ne pas témoigner contre soi-même, la réduit au silence, ce qui n'est pas sans rappeler l'Etranger d'Albert Camus, lui aussi condamné d'avance parce qu'il ne sait pas expliquer ce qu'il ressent.
Ces personnages et leurs décors sont campés de façon sèche et précise, dans un déroulement tragique impressionnant ; l'auteure manie les mots, ou les crée, comme le font les poètes. Un excellent livre, qui en appelle d'autres.
Commenter  J’apprécie          60

Un petit tour aux Etats Unis ça vous direz ? Et si on allait au Texas ? L'un des états les plus conservateurs, où le protestantisme évangélique veille sur la moralité de ses ouailles comme un taliban sur la virginité de sa fille. Un état qui a des velléités pour abolir le droit à l'avortement mais qui, tradition de cow boy oblige, adore l'auto défense en engrangeant un arsenal dans chaque maison. La promenade dans cet état au passé flamboyant ( meurtre de Kennedy à Dallas, un massacre à l'université d'Austin, ....) ne sera pas pourtant des plus bucolique. On vous enfermera dans un tribunal, genre hangar en tôle chauffé à blanc par un soleil d'été particulièrement ardent, et ce durant les trois jours d'un procès. Toutes les télévisions du coin sont là pour assister à ce qui pourrait être le crime de l'année. Crime, c'est vite dit, il n'y a pas de victimes. Deborah Aunus, petite trentaine est professeur de mathématiques dans le lycée d'une petite ville coincée entre deux bretelles d'autoroute, loin de tout, près de rien. Elle est jugée pour avoir eu des rapports sexuels avec des jeunes hommes de 19 ans, majeurs donc et consentants. le hic, c'est qu'ils sont ses élèves !
"L'audience", roman basé sur une histoire vraie, est une infernale descente aux enfers, de ceux qui existent dans ce pays pourtant hautement civilisé en apparence. Cette femme verra sa vie, ses désirs, sa sexualité, déballés sans l'ombre d'une pudeur qui pourtant semble être le minimum demandé aux habitants de cet état. Au nom d'une moralité pudibonde, empreinte de religiosité dégoulinante, le procès se révélera quasi inique. Dans un pays où l'industrie porno est florissante ( mais l'argent est roi et permet ainsi d'acquérir l'absolution), on se permet de juger l'intimité d'une femme et sa liberté sexuelle qui en fait ne dérange personne. Parce que sous couvert du procès d'une professeure, de sa supposée immoralité, c'est toute une société corrompue de partout, en proie à des tourments intérieurs de toutes natures qui se sert d'elle pour camoufler toutes les vilaines choses inavouables que pourtant elle génère.
Oriane Jeancourt Galignani dresse un portrait sans concession d'une Amérique qui ne fait plus du tout rêver.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          31
Oriane Jeancourt Galignani choisit de traiter d'un sujet réel dont les lecteurs francophones ne se souviennent pas forcément. Et comme pour mieux nous impliquer dans l'histoire et rendre notre lecture addictive, l'auteure use d'une méthode très efficace. En effet, le récit se déroule sur les quatre jours d'audience, le dernier étant le verdict, une fois que les jurés ont voté à l'unanimité sur le sort de l'accusée.
Nous oscillons alors entre le déroulement d'un procès haletant et des flash-back torrides qui permettent d'illustrer ce qui est raconté. Au cours du procès, le lecteur est immergé avec un réalisme poignant. Il suivra toutes les questions posées aux "victimes", à savoir les quatre jeunes hommes ayant eu des rapports sexuels consentants avec leur professeur de mathématiques, Deborah Aunus ; une belle blonde aux formes généreuses qui leur envoie des SMS torrides et instaure un jeu dangereux dont elle finira par payer le prix... Mais aussi la piètre défense de son avocat, les expressions de visage des jurés, les témoignages de l'entourage et les pièges tendus par la procureuse pour incriminer l'accusée. Une tension incroyable s'empare du lecteur et ce suspens haletant, digne d'un roman policier, offrira de belles émotions. Riche en documentation et preuves de l'implication de l'auteure dans cette affaire - à l'instar d'une enquêtrice - , le résultat est largement au rendez-vous !
Afin de compléter les faits racontés lors du procès, le lecteur aura le plaisir de basculer en arrière pour assister à la scène en question. Bien entendu, il n'échappera pas à des scènes torrides entre la professeur et ses élèves, très attendus ! Ces flash-back nous permettent de mieux saisir la personnalité de la jeune femme, son entourage, l'espionnage de sa mère, les problèmes de santé de ses enfants, l'absence de son mari en Afghanistan, son passé et ses appétits sexuels. Entretenir des relations secrètes avec ses élèves majeurs ne s'est donc pas fait du jour au lendemain, mais est le résultat d'un long processus psychologique qui tient en haleine le lecteur.

Qui sommes-nous pour juger une femme sur ses activités sexuelles ? Si les élèves étaient majeurs, cela fait d'eux des êtres conscients de leurs actes et non des victimes ? La sexualité de Deborah Aunus est-elle débridée ? Les enseignants abusent-ils de leur pouvoir sur leurs élèves ? Cette femme est-elle dangereuse pour la communauté ? Les lois doivent-elles changer ou justement, faut-il interdire ce genre de pratiques ? Autant de questions qui taraudent le lecteur, mais qui peuvent trouver un éclaircissement dans le plaidoyer et le réquisitoire à la fin du procès ; tous deux remarquables et émouvants. Après, libre à chacun de choisir son camp...
Commenter  J’apprécie          20
dans une petite ville du Texas, une enseignante est jugée pour avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs élèves de son lycée. Ces élèves étaient majeurs mais une loi texane prévoit la prison pour tout prof couchant avec un élève quel que soit son âge. Ce livre décrit donc le procès de cette femme, par ailleurs mère de trois enfants et mariés avec un militaire qui est régulièrement en mission en Afghanistan et se montre assez compréhensif face aux exploits sexuels de sa femme. On a aussi les points de vue de la procureure, du juge, de l'avocat et également des élèves qui ont témoigné, ainsi que des flashbacks sur la vie de cette prof. Plus surprenant encore : le silence obstiné de l'accusée qui désarme jusqu'à son avocat. Devant un jury composé de Texans profonds puritains à souhait, ça ne va pas pardonner.
J'ai été assez passionné par cette histoire, basée sur des faits réels.
Le livre décrit bien les faits de manière neutre, sans porter de jugement de valeur ni sur le comportement de la prof, ni sur celui des élèves ou de la société américaine.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (126) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3676 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}