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sur 52 notes
Cinq hommes, sept femmes, assis côte à côte dans ce tribunal de K., au Texas. Ils sont tous là dans le même but: juger Debbie Aunus, jeune professeure de mathématiques mariée à un militaire souvent parti en mission, et maman de 3 enfants, mise sur le banc des accusés. Son crime: avoir entretenu des rapports sexuels avec 4 de ses élèves. Pourtant majeurs et consentants, la loi ne fait pas dans la démesure dans cet état, elle s'est rendue coupable de faits réprimés par la loi. Attirée par un de ses élèves, ce qui fut d'abord une relation platonique devient très vite un jeu sexuel auquel d'autres élèves participeront. C'était sans compter sur le scandale qui allait en découler...

Se basant sur l'affaire Brittni Colleps, affaire scandaleuse qui a secoué l'Amérique puritaine en 2012, Oriane Jeancourt Galignani pose les faits mais ne juge pas. L'on suit, impassible, ces quatre jours d'audience et l'on écoute les témoins défiler, les uns après les autres. Les quatre élèves, bien sûr, qui ne nieront nullement les faits établis et encore moins leur consentement. Ce qui fut un jeu entre Debbie et eux ne semble pas amuser la société dans laquelle un professeur peut aller en prison s'il entretient des relations sexuelles avec son élève. Invoquant le 5ième amendement, Debbie restera muette tout le long du procès. Femme froide, manipulatrice, prédatrice aux yeux des jurés, son silence renforcera l'image qu'ils auront d'elle. L'auteur décrit non seulement cette femme mais aussi ce qui l'entoure: la relation entre le juge et la procureure, les jurés que Debbie a immanquablement croisés au coin de la rue ou encore le tapage médiatique en la personne de cette ex-Miss météo. Ce roman dépeint les faits sans porter de jugement, l'écriture sèche et directe accentuant d'autant plus cette distance que l'auteur met entre elle et Debbie. A nous de nous poser les bonnes questions: y a-t-il eu vraiment crime? Sommes-nous en droit de juger une relation consentante entre deux adultes, aussi choquante soit-elle? Que fait-on de la liberté sexuelle?
Un roman efficace, d'aucuns jugeront dérangeant...

L'audience... à vous de juger...
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Nous sommes dans une petite ville du Texas, où va commencer à se dérouler le procès de Deborah AUNUS, jeune enseignante, mise en accusation pour avoir eu des relations sexuelles avec quatre des ses élèves, majeurs au moment des faits.
Le jury vient d'être constitué et les faits exposés par le juge. Nous allons donc assister au déroulement du procès.
Déborah est une enseignante qui vit normalement, dans un établissement sans problème particulier, des relations avec les collègues dans la norme. Elle est mariée à un GI et mère de trois enfants. Ils vivent tout à fait normalement dans leur maison comme n'importe quel Américain moyen.
Mais, comment le scandale a-t-il pu arrier ? Déborah est tombée sous le charme d'un de ses élèves, et peu à peu, leur relation a dérivé vers une liaison sexuelle, qui est une révélation pour Déborah car elle goûte à des jeux interdits, plus ou moins malsains auxquels elle prend de plaisir tout comme son jeune partenaire qu'elle ne viole pas puisqu'il est entièrement consentant.
Peu à peu, la relation évolue et Déborah va se livrer à des jeux sexuels avec un ami de son jeune amant, puis un autre et c'est l'entrée en scène de quatrième élève qui va déclencher le scandale.




Ce que j'en pense :

Nous sommes dans une histoire sexuelle qui n'aurait jamais dû dériver car elle se déroule entre individus majeurs, et par conséquent, Déborah ne transgresse véritablement aucune loi, mais nous sommes dans un état puritain, hypocrite et le procureur veut se faire un nom en légiférant et en rendant un verdict exemplaire.
Cette jeune femme se retrouve dans une situation où elle risque cinq ans de prison, car elle a contrevenu aux lois de l'état.
Le procès s'étend sur quatre jours (un chapitre par journée d'audience où on assiste aux témoignages, aux débats, aux caméras de télévision qui fourrent leur nez partout pour salir, et en même temps chaque soir Déborah rentre chez elle s'occuper des courses, des repas de la vie de sa famille.
Ce qui est très perturbant dans le livre, c'est le comportement de Deborah : elle choisit de rien dire, elle écoute parler les autres protagonistes mais se comporte comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Ce que tout le monde va prendre pour de la fierté mal, placée, de l'arrogance. On a du mal à la trouver sympathique. On essaie d'avoir de l'empathie pour elle, mais ce n'est pas facile.
Les points faibles, et oui il y en a : tout d'abord on peut se demander comment une enseignante a pu se laisser aller à un tel comportement : il y a eu une transgression, elle peut avoir des relations sexuelles avec des élèves adultes mais de là à se laisser filmer et à dégénérer en partouze, accepter ses élèves en amis sur Facebook, (où elle avait déposé des photos d'elle, nue, pour faire plaisir à son mari certes mais visibles par tout le monde)
On se retrouve dans l'exhibitionnisme, il y a des limites qui ont été franchies par une personne censée être respectée et respectable pour ses élèves. Comment a-t-elle fait pour se laisser entraîner ainsi ? On la trouve de plus en plus attachante car fragile mais aussi de plus en plus inconsciente des conséquences de ses actes. Personne ne lui fera de cadeaux en évoquant une addiction sexuelle, ou une nymphomanie à mots couverts bien-sûr
Que dire aussi de ces élèves, qui se partagent le corps d'une femme comme un objet, comme si c'était normal, parce qu'entre amis on partage tout. Comment ne pas être choqué par le fait que le quatrième larron filme la scène uniquement pour la publier, lui n'est pas là pour passer un bon moment, ce qu'il veut c'est faire du mal et être celui par lequel le scandale arrive car on va parler de lui.
Autre point faible : l'attitude du mari qui est pratiquement un héros de guerre sur le papier mais qui est extrêmement pâlichon comme personnage. Il a combattu en Afghanistan et bizarrement il se tait. Son syndrome de stress post traumatique n'est pas assez expliqué, on n'y croit pas vraiment. Et on se dit que Deborah est mariée avec un homme qui n'est pas très adulte ou qui souffre beaucoup mais s'enferme dans un mutisme dangereux.
Un bon livre, car l'auteure a bien analysé, autopsié même, tant la société texane que les comportements humains. Elle ne nous fait grâce d'aucun détail, tel un juge, sans montrer son ressenti. Elle reste à distance comme Debbie son héroïne reste muette, assistant à son lynchage. C'est l'histoire en elle-même qui l'intéresse comme une journaliste. C'est ce qui manque au récit: fouiller davantage la personnalité de chacun.

Note : 7,5/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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C'est un livre passionnant inspiré d'un cas réel, celui de Christine Brittini Colleps, affaire judicaire de 2012, qui a été jugée au Texas pour avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs de ses élèves majeurs au moment des faits.
Dans le livre l'héroïne est Deborah Aunus, âgée d'une trentaine d'années.
Elle vit seule avec ses trois enfants et est revenue dans la ville de son enfance pour soutenir sa mère. Son mari est militaire et est en mission en Afghanistan.
L'action du livre se déroule sur toute la durée de l'audience.
Les étudiants sont interrogés un par un et ne semblent avoir aucun regret ni aucun ressentiment vis à vis de ce qui s'est passé;
Certes le comportement très "libre" de l'héroïne, qui ne fait pas de barrage entre sa vie professionnelle et sa vie privée, qui publie des photos osées sur facebook et qui dialogue avec certains de ses étudiants très librement, va lui attirer des reproches, et au-delà, les foudres du juge et de la procureure, qui ne sont pas vraiment "tout blancs" puisqu'on apprend au fil du récit, qu'il y a eu une liaison adultère entre eux.
C'est donc en fait le procès d'une certaine Amérique conservatrice qui est fait ici, même si ces tenants de l'ordre moral semblent inébranlables dans leurs convictions et leur position de force.
Quatre journées d'audience, quatre parties dans le livre.
Au travers des témoignages des "victimes" c'est l'Amérique profonde qui apparaît: un des lycéens est fils de commerçant, un autre habite les beaux quartiers, un autre est latino..
C'est un monde très replié sur lui-même, qui fait penser à la bourgeoisie qui apparaît dans les films de Chabrol.
L'avocat qui invoque ses origines juives hongroises va s'attirer la méfiance du public, la journaliste veut faire un coup et insiste sur le côté sordide de l'affaire.
Tout le monde joue son rôle, qui n'est pas forcément glorieux.
Tout le côté puritain de cette société texane hyper conservatrice est passé au scalpel.
C'est du beau travail et le livre se lit d'une traite.
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Procès de Deborah, mère trentenaire de trois jeunes enfants, épouse d'un soldat combattant en Afghanistan.
Qu'a-t-elle fait pour en arriver là ? Elle a eu quatre amants en même temps.
Oui et alors ? ils étaient majeurs, consentants et plus car affinités, et elle n'était guère plus âgée qu'eux. Oui mais : elle était leur prof de lycée à l'époque des faits, et au Texas ce genre de relations est puni par la loi depuis 2003. En plus cette cochonne s'exhibait sur FB, dans des postures coquines. Une enseignante est censée avoir plus de réserve, et au moins ne pas « ouvrir son cercle » à ses élèves.

On peut être surpris et gêné par la profusion de détails sexuels dans les premiers chapitres, s'interroger sur les intentions de l'auteur, avoir envie d'abandonner cet ouvrage à première vue purement racoleur. Cet aspect s'estompe au profit de flashbacks sur l'accusée, sur la façon dont elle a vécu ces événements, sur son passé et ses blessures. On découvre alors une femme touchante, immature, assurément en souffrance, dont la nymphomanie est un symptôme, pour qui le sexe est plaisir et fuite : « Y a d'autres choses que le plaisir, dans le sexe (…) L'absence. (…) D'un peu tout. Des gens, de leurs questions, des journées qu'ils t'imposent. » Son portrait se précise, elle n'est pas une salope manipulatrice qui abuserait de son pouvoir de prof, pas une prédatrice comme on aime à la présenter. « Prédatrice ? Plutôt dévoratrice d'elle-même ». On alterne entre sympathie, pitié, dégoût et incompréhension à son égard.

L'auteur plonge son lecteur dans l'atmosphère du tribunal, oppressante, étouffante. Il fait chaud dans la salle d'audience, la climatisation est en panne. Moiteur, sueur et odeurs corporelles, impudiques et gênantes, se mêlant aux scènes de sexe décrites en détail au cours du procès, les rendant encore plus explicites.

Récit très fort, révoltant et émouvant : on s'indigne du puritanisme et de la démagogie de certaines lois, du fonctionnement de la justice aux USA, de ces juristes dont les perspectives de carrière priment sur l'intérêt des accusés, de l'indécence des procureurs, de la presse et des journalistes en mal de gloire, de la foule avide de sensationnalisme, du danger des réseaux sociaux où l'intime dévoilé - volontairement ou à son insu - est vite relayé, moqué, utilisé comme arme. On s'indigne de voir l'accusée exhibée, piétinée, présentée comme une chienne. On s'agace de son manque de jugeote et de son inertie lors du procès, tout en admirant la dignité de son mutisme.

Un roman qui m'a longtemps rebutée parce que je jugeais sa crudité gratuite, hors de propos, racoleuse. J'ai failli en abandonner plusieurs fois la lecture. Je l'ai finalement apprivoisé, très lentement, son intensité m'est apparue progressivement et elle continue à se révéler une fois l'ouvrage terminé.
Une lecture marquante, je n'abandonne pas Deborah après avoir refermé le livre, je cherche encore à comprendre cette femme inaccessible et paradoxale, à la fois gourmande et glacée, tellement ouverte au plaisir et à ce point emmurée dans ses souffrances.
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Au début j'ai douté : soit je boudais comme un sale gamin qui n'a pas eu le jouet souhaité, soit je me contentais de ce qu'on me donnait.
Je m'explique : ce style lapidaire, hachuré, très scénaristique – donc très visuel – me rebutait ; technique éculée d'écriture devenue presque une norme obligatoire pour avoir un style.
Puis, le contexte aidant, j'ai rapidement compris qu'il ne pouvait ici-même en être autrement : comment retranscrire en effet la pesanteur suffocante de cette ville texane de K. – lettre kafkaïenne par excellence, identifiant un homme perdu dans l'absurdité d'un autre Procès ! –, théâtre d'une « débauche » sexuelle inédite, spectaculaire, exhibitionniste, orchestrée par une enseignante de mathématiques avec quelques-uns de ses élèves ? Ce que la loi de l'état prohibe.
Comment écrire, sinon en un spasme, l'exultation du corps de cette femme qui veut se soulager de l'étouffante atmosphère d'un Texas puritain, à la lisière de l'intégrisme ; et raconter le châtiment qui lui succédera, dans une salle de tribunal où tout suinte, depuis les murs jusqu'aux hommes ?
Habilement, Oriane Jeancourt Galignani oscille entre le présent – une audience – et le passé – la quête du plaisir de Deborah Aunus avec de jeunes éphèbes, pendant que, « horreur ! », son militaire de mari se bat pour la patrie reconnaissante en Afghanistan.
Deborah, sous le poids de son crime – son péché mortel ?! –, devient la paria de la communauté en même temps que la bête de foire : enfin il se passe quelque chose à K. ! Face à elle, une horde moraliste, et non-moins voyeuriste, la condamne d'emblée, tout en s'excitant à écouter le récit de ses frasques sexuelles, et peut-être les vivre par procuration, qui sait ?
La voici donc cette Amérique « vertueuse », capable de s'émouvoir des « déviances » charnelles d'une adulte, mais incapable de mettre un terme aux tueries chaque année répétées sur son sol « grâce » à la vente libre d'armes. Obsession du sexe jusqu'à la nausée, tels ces inquisiteurs qui voyaient souvent le Malin entre les cuisses des femmes.
Car, au-delà des condamnations hypocrites de la paisible ville de K., c'est une société dans son ensemble qui est autopsiée. Deborah Aunus risque la prison pour avoir couché avec des élèves pourtant majeurs, ce qui, sans être inspiré par le bon sens, ne relève pas d'un crime.
Le récit montre, avec une ironie amère, l'absurdité de ce puritanisme outrancier : on apprend, par exemple, qu'une journaliste couvrant le procès a beaucoup « donné de sa personne » pour gravir les échelons, ou, mieux, que le juge marié succombe aux charmes de la procureure qui veut la tête de Deborah. Devant cette tartufferie – ce spectacle qui abreuve les foules avides, via les caméras –, on ne peut que songer aux vers de Molière :
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets, les âmes sont blessées
Et cela fait venir de coupables pensées. »
Dit autrement : fautons en cachette et tout ira bien ! Hélas, Deborah ne s'est pas protégée derrière le vernis dissimulateur des apparences.
Pourquoi cette fuite en avant, cette imprudence ? Parce que L'audience incarne l'affirmation baudelairienne que le plus terrible des vices est bien ce « monstre délicat » qu'on appelle l'ennui. C'est l'ennui, selon moi, qui a précipité Deborah dans cette recherche instinctive du plaisir, comme rempart à la flétrissure du temps qui passe sans surprise.
Mais ce sont là des états d'âme, et les états d'âme n'ont pas leur place à Pleasantville où tout doit être aussi lisse qu'un emballage d'aspirateur…

(PS : Je tiens à remercier Babelio, via Masse critique, ainsi qu'Albin-Michel, pour m'avoir gracieusement offert ce livre)
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Comme le titre l'indique, ce livre d'Oriane Jeancourt Galignani, journaliste de Transfuge, également (jolie et talentueuse) chroniqueuse littéraire à l'émission le Cercle (lorsque celle ci parlait encore de bouquins), nous relate le compte rendu d'un procès,celui d'une jeune femme qui a commis l'incroyable crime de coucher avec quatre de ses élèves majeurs, un fait divers qui a fait, en 2011, grand bruit dans toute l'Amérique. L'audience est le récit du procès, avec quelques retours sur le passé pour comprendre ce que les jurés ne peuvent percevoir.

L'auteur dissèque ce procès de façon froide presque clinique, et parvient à se focaliser sur les intérêts respectifs des différents acteurs peuvent en tirer aux dépens d'une pauvre femme qui se laisse dévorer par tous les ogres du prétoire, des médias et de la foule des curieux

Par un style (un peu trop?) sec et précis, l'auteur ne nous cache rien du puritanisme américain, du fonctionnement de la justice avec des hommes de loi dont les perspectives de carrière semblent primer sur l'intérêt des accusés.

On est certes un peu déçu que le personnage central de Deborah trop passif, trop mutique (son inertie lors du procès la rend assez opaque), échappe du coup un peu au lecteur, mais on ne peut que s'incliner devant le talent d' Oriane Jeancourt Galignani à nous plonger dans un univers dans lequel tout semble écrit à l'avance, tant les gens qui y habitent semblent contraints de respecter une norme sociale élaborée à l'avance par les WASP.

Un roman un peu froid mais intelligent et qui pousse à la réflexion, donc à lire sans hésiter.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est l'audience de Debbie Aunus, jeune américaine professeure de mathématiques, mariée à un soldat en Afghanistan, mère de trois enfants. Nymphomane, accusée d'avoir couché avec plusieurs de ses élèves pourtant majeurs, elle est aujourd'hui sur le banc des accusés car une loi récente du Texas punit d'emprisonnement ce comportement. Pour son avocat, cette loi n'a pas lieu d'être puisque l'Etat reconnaît par ailleurs que ces mêmes élèves sont majeurs et vaccinés : Il s'agit d'une justice de moeurs qu'il s'engage à combattre.
« L'avocat ne s'intéressait pas à ce qu'elle avait commis, mais « à cette vieille passion du châtiment incrustée dans cet Etat depuis les puritains ».
C'est sans compter sur la Procureure avide de succès médiatique se posant en défenderesse des bonnes moeurs et valeurs puritaines de l'Amérique, qui veut faire de ce cas un exemple.


L'audience commence par le témoignage à charge des prétendues victimes, mais celles-ci ressemblent à tout sauf à des victimes.
« Steeve, avez-vous consenti à ce rapport sexuel du 27 avril et à ceux qui ont suivi ?
- J'ai une tête à me faire violer par une fille qui fait la moitié de mon poids ? ».
Et s'il n'y a pas de victimes, que cherche à protéger la société par ces lois et jugements ? Les valeurs puritaines de la société s'opposent dans ce procès à la liberté sexuelle et à la vie privée. Les principaux griefs de ce procès sont donc d'avoir délaissé sa famille en trompant son mari, puis d'abuser de son autorité en mettant en danger la santé de ces jeunes (en ayant eu des relations non protégées).


Douze jurés ont la vie de cette femme entre leurs mains, des pères et des mères de familles qui souhaitent exprimer leur désapprobation morale face au comportement de cette professeure et épouse.
Sauront-ils s'ériger, comme le leur demande l'avocat de la défense, contre un législateur de la morale trop présent ? Ou bien la crainte et l'antipathie vont-elles l'emporter contre cette prévenue qui ne consent pas à dire un seul mot pour sa défense, et n'accorde même pas un regard à ceux qui la défendent à la barre ? Seule la lecture de cette audience vous le dira !


*****

D'un style enlevé et bien rythmé, l'auteur alterne d'une part le récit de l'audience avec ses témoignages (où l'accusée demeure silencieuse car elle ne peut justifier ce que la société ne veut entendre), et d'autre part ses souvenirs à elle (tus à l'audience mais dévoilés aux lecteurs seuls), expliquant ce qui a pu pousser une enseignante qui semblait stable ou aurait dû l'être, à commettre des erreurs répétées.
Grâce à ce procédé nous apparaît clairement la distorsion inéluctable entre ce qui est présenté à l'audience, où seuls certains faits sont mis en lumière, et la vérité complexe qui régit les actions humaines. Son avocat parviendra-t-il à amoindrir cet écart afin d'amener les jurés à la clémence ?


Ce roman démontre toute l'importance, pour l'issue du procès, de la manière dont les jurés perçoivent l'accusée. Ici le masque de Debbie la fait paraître hostile et coupable aux yeux des jurés, alors qu'au fil de ses souvenirs aidés par un narrateur omniscient, le vernis se craquelle pour le lecteur : On se rend compte qu'elle ne cherche pas à abuser de son autorité envers ses élèves, qu'elle fait attention à eux, cherche seulement à s'apaiser dans une sphère qui demeure strictement privée... Et au demeurant, c'est elle qui finira par être abusée.


« L'Audience » dénonce donc également le danger de la trop grande intrusion de la loi et de la justice dans la vie privée et la morale d'une société.
Pour autant la réflexion suggérée par ce roman est plus subtile que manichéenne car ni la prétendue coupable ni les prétendues victimes ne sont toutes blanches ou toutes noires : La prévenue a couché avec des élèves sous son autorité sans protection, mais ce sont ces mêmes élèves, majeurs, consentants et expérimentés, qui à force de se refiler la prof comme un objet vont finalement concourir à sa perte.
C'est tout le paradoxe du système que devront trancher les jurés « en leur âme et conscience ».


Le comportement de la prévenue mérite-t-il d'encourir réellement une peine de prison punissant des actes fautifs et dangereux ? Ou bien une interdiction d'exercer qui l'éloignerait des élèves ou encore une sanction disciplinaire pour atteinte à la morale au vu de son autorité et de l'image de l'établissement, seraient-elles plus appropriées…?
L'alternance des chapitres permet de voir comment on interpréterait l'audience si on devait juger, puis ensuite de se rendre compte de la façon dont les faits peuvent être diversement interprétés… Si tout semble fait pour faire éclater la vérité, le prétoire ne serait-il qu'un leurre ? Existe-t-il une seule vérité ? Il semble qu'il y ait toujours la vérité que l'on croit appréhender et une autre, plus profonde, intime, qui justifie l'intervention des avocats de la défense.


En ce sens, je parlerai bientôt de deux de mes lectures de Robert Badinter L'Exécution » et « L'Abolition »).
En attendant sur la question de la distorsion entre faits réels et interprétation judiciaire vous pouvez découvrir « Persécution » de Alexandro Piperno.
Et si vous souhaitez pénétrer au coeur de la pression qui pèse sur un jury américain durant un procès médiatique, je vous conseille « le maître du jeu » de John Grisham.


Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Parce qu'elle a eu des rapports sexuels avec quatre de ses élèves, une jeune professeure, Déborah Aunus se retrouve sur le banc des accusés, face à un jury chargé de juger ses actes. Mais quels actes ? Les étudiants étaient tous majeurs et consentants. Mais voilà, nous sommes au Texas, seul état où ce type de comportement est passible d'emprisonnement.

A partir de ce fait divers qui s'est réellement déroulé aux Etats Unis en 2003, Oriane Jeancourt Galignani bâtit un roman âpre et cru qui n'épargne pas la société ultra puritaine de ces petites villes de l'Amérique profonde. Jusqu'à ce jour, Déborah est plutôt respectée en tant que mère de trois enfants, mariée à un soldat qui combat en Afghanistan, professeur de mathématiques. Déborah est une jeune femme qui cache des fêlures remontant à l'enfance et des désirs de fuite jamais totalement assouvis. Est-ce une raison pour voir son intimité étalée sur la place publique et faire l'ouverture des journaux télévisés ? Quoi qu'il en soit, lorsque la rumeur enfle, alimentée par la mise en ligne d'une vidéo sur les réseaux sociaux, c'est la curée.
Le roman est construit autour des quatre jours du procès de Déborah et s'attache à faire le point sur les sentiments et les motivations qui agitent les différents protagonistes. Procureure en quête de médiatisation, juge faible et aveuglé par ses sentiments, mari qui se réfugie dans la dévotion et dont on ne sait s'il se sent plus coupable que honteux, jurés désireux de garantir les bonnes moeurs de la société. Seule Déborah ne dit pas un mot, étonnée d'être là, spectatrice de son propre procès, même si son silence est perçu comme une preuve d'arrogance. L'auteur la peint en femme libre avant tout. Une femme qui aime le sexe et s'y réfugie, s'offrant ainsi des moments de total oubli. Lorsqu'elle était adolescente, c'était les mathématiques qui lui offraient l'évasion dont elle avait besoin. Que s'est-il passé pour qu'elle ait soudain besoin d'autres hommes que son mari et qu'elle se tourne vers ses élèves ? Sûrement faut il chercher les réponses dans les manques affectifs et les espoirs déçus... La figure du frère, envolé un beau matin... Mais la romancière ne fait que suggérer et laisse à chacun la possibilité de ressentir les choses à sa manière. Avec néanmoins un traitement assez croustillant du personnage de la mère de Déborah... Une mère que l'on ne souhaite vraiment à personne.

En livrant ce roman, c'est un peu comme si l'auteur avait voulu rendre justice à Déborah en réparant les effets de ce qu'elle perçoit comme une terrible injustice, ce déballage incroyable auquel elle a été forcée. Sous sa plume, les charges qui pèsent sur les spectateurs, les jurés, la procureure, le juge et même la famille de Déborah sont bien plus accablantes que celles auxquelles la jeune femme a dû répondre. A commencer par cette femme sénateur à l'origine de la loi qui définit comme un crime tout rapport sexuel entre un élève et son professeur, persuadée que jamais cette loi ne sera suivie à la lettre et qu'elle n'enverra jamais personne en prison...

Je me suis laissé captiver par cette plongée dans l'Amérique profonde, prise par l'écriture sèche de l'auteur qui semble restituer les pensées les plus sombres tapies dans les crânes de l'entourage de Déborah. Récit implacable, traitement sobre et juste. Voilà qui est fait avec beaucoup de talent.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un bon roman inspiré d'un fait divers qui tient le lecteur en haleine tout au long de ses 297 pages.

L'histoire se déroule au Texas, dans une petite ville en 2003. Une jeune femme, trentenaire, mère de famille, professeur de mathématiques, épouse d'un soldat parti en Irak est accusée d'avoir eu des relations sexuelles avec quatre de ses élèves. Précision qui a son importance : les élèves en question avaient 18 et 19 ans et ils étaient tout à fait consentants. le Texas, arriéré en matière de moeurs, est le seul état d'Amérique à condamner par de la prison ferme les relations entre professeur et élèves, même majeurs. le lecteur assiste donc au procès de cette femme, condamnée par tous ou presque y compris sa propre mère. On se croirait parfois au Moyen Age quand on dissèque la vie privée de cette femme et qu'on la condamne pour sa liberté sexuelle qui serait un outrage à la société.

Le fait divers est intéressant, le récit est bien mené, l'écriture agréable, toutefois je me suis prise à rêver au grand livre qu'un très grand écrivain comme Joyce Carol Oates ou Laura Kasischke aurait pu faire à partir de cela...
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Ce livre m'est tombé des mains au bout de 112 pages, rien aucune émotion ni attachement aux personnages, factuell axé sur la relation sexuelle entre les deux personnages. Style journalistique. J'ai eu l'impression de perdre mon temps !
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