AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 49 notes
5
10 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
L'homme descend du singe lequel descend de l'arbre pour le regarder dans les yeux. Et il est avéré que les bonobos sont, génétiquement parlant, identiques a 98,7 % aux êtres humains. A quoi pensent donc ces primates si proches de nous ? La romancière Jeong You-jeong l'imagine dans Bonobo, un récit fantastique aux prémices alléchantes : et si, par accident, l'âme d'un humain venait à cohabiter avec celui d'un singe dans une tempête de crane vertigineuse ? le livre se balade entre plusieurs tonalités : comédie, drame, suspense, débouchant sur une réflexion non seulement sur l'animalité qui est en nous mais aussi sur la maltraitance des animaux ou même l'approche de la mort et le sens de la vie. Un roman ambitieux donc un peu contredit quand même par le style de l'auteure souvent familier, voire parfois proche du langage parlé. Si l'originalité du thème du livre n'est pas contestable, la romancière se perd parfois dans des descriptions fastidieuse et un brin confuses quand l'esprit du bonobo est habité par celui d'une humaine. A t-on déjà vu des singes bipolaires ou schizophrènes ? Sans doute, oui, mais Jeong You-jeong se heurte tout de même à quelques limites quand elle aborde les rivages du fantastique, aussi excitants que ceux de la planète des singes, mais qui butent sur une certaine rationalité, laquelle, il est vrai, est différente selon la culture et les croyances de chacun de nous autres, simples humains.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          190
L'expérience de la métempsycose est peu exploitée dans la littérature, alors qu'elle fut esquissée dans la littérature fantastique du 19eS avec Maupassant ou Nerval. le thème de la transmigration d'un esprit ( on parlait autrefois de l'âme), dans un autre corps, qu'il soit humain ou animal, est pourtant riche de possibilités.
Que ce soit par la réincarnation ou la conséquence d'un coup malicieux du destin, cette croyance se fonde sur la possibilité d'habiter un corps différent, soit après la mort, soit au cours d'une expérience de type chamanique ou autre caprice de l'imagination.

Yu-jeong Jeong imagine la transmutation entre une jeune soigneuse de chimpanzés et une jeune femelle bonobo suite à un grave accident de la route. Lee-Jin yi tenait Jin sur ses genoux lorsque l'accident s'est produit et alors qu'elles étaient toutes les deux projetées à travers le pare- brise, une étrange fusion s'est opérée. On imagine que consciemment ou non, la proximité physique, la proximité des prénoms, la proximité de genre ont permis à l' auteure d'envisager ce transfert.
On ignore à vrai dire s'il s'agit réellement d'un transfert puisque la jeune femme est dans un coma profond, entre la vie et la mort. Cela importe peu, puisque les expériences s'enchaînent dans le corps de la primate où cohabitent successivement les deux intelligences.
Mais Lee-Jin yi veut récupérer son corps, d'autant plus lorsqu'elle découvre que la fusion totale se précipite et qu'elle est condamnée à disparaître en tant qu'individu.

Au-delà du récit fantastique et de la légère touche philosophique, l'auteure propose aussi une réflexion sur les relations de l'homme et de l'animal avec la condamnation sans appel du traffic d'animaux. On apprend ainsi l'infâme pourcentage de perte admis sans état d'âme pour satisfaire la lubie d'un unique individu.
"Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d'une dizaine d'individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu'un seul parvienne à son acheteur."
La définition de la civilisation devient toute relative face aux comportements humains, d'autant plus que l'auteure a choisi le bonobo parce qu'il partage 99% du patrimoine génétique humain et que, malgré cette proximité, sa survie est menacée.
" Je me sens tellement misérable que je n'ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J'ai honte d'être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l'ont expédiée à l'autre bout de la planète et la brutalisent parce qu'elle n'arrive pas à bien les imiter."

Enfin, on ne peut ignorer la troisième voix du roman, celle de Minju qui incarne le raté de la société coréenne mais qui sera le seul à accompagner Lee-Jin. Dans une société ultracompetitive, il représente l'échec alors même qu'il a accompli le parcours normé en menant des études supérieures. Mais cette société méprise ceux qui sont en bas de l'échelle ou ne sont pas à la hauteur des ambitions de la famille. Ce trentenaire qui peine à trouver sa voie est régulièrement humilié par sa propre famille, responsable de sa clochardisation.
En portant un regard critique sur le fonctionnement de son pays, Yu-jeong Jeong s'intègre à cette génération qui commence à remettre en question des comportements très hiérarchisés.
Commenter  J’apprécie          126
Avec un sujet pareil, le roman aurait pu vite tomber dans la mièvrerie ou le grotesque. Que ceux et celles qui n'adhèrent pas au fantastique se rassurent, le seul élément un peu "magique" du roman est la cohabitation de "l'esprit" de l'héroïne avec celui de la jeune bonobo, qui sert de prétexte à une réflexion sur la vie, la mort et la solitude. Les héros sont attachants dans leurs failles et j'ai beaucoup aimé l'éclairage donné par l'autrice sur le commerce illégal d'animaux sauvages. On y apprend notamment qu'il faut capturer une dizaine de grands singes pour qu'au moins un d'entre eux arrive en vie dans le pays de l'acheteur. La fin du roman ne m'a pas déçue. Je pense que je vais essayer de dénicher les autres romans de cette autrice.
Commenter  J’apprécie          80
Livre magique, et qui pourtant fait réfléchir à notre temps présent. Écriture fluide. Livre savoureux et drôle. C'est l'histoire d'une vétérinaire qui « mute » dans la peau d'un singe…et encore, pas tout le temps; Elle va se lier d'amitiés avec un SDF, drôle et truculent. Une fable des temps modernes lu dans le cadre du Prix Fnac.
Commenter  J’apprécie          80
Ce livre a été présenté par les bibliothécaires de la médiathèque d'Orléans. Je ne connaissais pas cette auteure coréenne, mais j'ai tout de suite été intéressée par le sujet et attirée par l'image de couverture qui évoque la jungle tropicale.

Sur la 4e de couverture, on peut lire :
« Jin-yi consacre sa vie à l'étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d'une bonobo échappée d'une villa en flammes et, alors qu'elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d'étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s'opère : tandis que son corps est emmené à l'hôpital, entre la vie et la mort, l'esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.
La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l'univers et la sensibilité des bonobos.
Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu'avec nous-mêmes. »

L'auteure voulait écrire sur les derniers jours de la vie d'une femme. Alors qu'elle est dans le coma, où se trouve son âme ? Dans ce livre, elle avait envie de raconter le choix d'un être humain face à la mort et, en même temps, une aventure à la recherche du dernier espoir de la vie. Mais elle ne voulait pas que ce soit une histoire lourde et déprimante. Elle a imaginé qu'un être vivant qui ne soit pas humain, mais d'une espèce pas trop éloignée de l'espèce humaine, pourrait servir d'enveloppe physique à son héroïne. D'après le primatologue Franz de Waal, le bonobo est le plus proche de l'ancêtre commun aux chimpanzés, aux bonobos et aux humains. Aussi, elle a dû faire de nombreux déplacements, car le bonobo n'a jamais été introduit en Corée, et a obtenu l'aide de zoologues dont elle a appris le respect envers toute forme de vie.

Et ce livre est une réussite. Écrit au présent et à la première personne, il donne la parole à Kim Minju, un homme jeune qui vivait encore chez ses parents, sans travailler, sans but et que son père a chassé de la maison et à Jin-Yi, « la gentille soigneuse » au Centre d'étude des primates. Plus qu'une histoire fantastique, ce livre questionne sur l'humanité, le respect de la vie, la peur, la mort, la maltraitance. L'action se déroule dans la Corée contemporaine où les habitudes, les instances, l'organisation sociale sont bien décrites en fonction des besoins. D'ailleurs, l'atmosphère, l'attitude des protagonistes face aux aléas et à la mort sont typiques d'une philosophie orientale bien différente de nos approches occidentales plus terre-à-terre.

Que l'esprit de Lee Jin-yi et celui de Jin, la petite bonobo, cohabitent dans le cerveau de Jin ne gêne en rien : on ne cherche pas la vraisemblance. On est emporté par l'action et on ressent de l'empathie pour les personnages. À aucun moment je n'ai lâché ce livre, écrit avec finesse, respect et poésie. Régulièrement, on est amené à faire le point et repréciser des éléments qu'on aurait pu oublier. Car tout s'imbrique, chaque détail est important. Par ailleurs, dans ce livre j'ai appris beaucoup sur les bonobos et leur mode vie.

Vraiment une magnifique découverte.
Commenter  J’apprécie          60
Le livre évoque la rencontre entre deux âmes esseulées, figure classique du roman, mais ici renouvelée avec un élément inattendu : car l'un des personnages, une soigneuse et primatologue, est coincée dans le corps d'un bonobo. L'autre personnage, un jeune SDF qui traîne sa solitude en cherchant où mettre fin à ses jours, va devoir, malgré lui, aider cette femme-signe à retrouver son corps, fracassé dans un accident.

La dimension fantastique du livre s'arrête donc à la fusion entre l'esprit et le corps d'un humain et d'un animal : nous sommes dans une Corée contemporaine, bien documentée, tout à fait réaliste, qu'il s'agisse de dépeindre l'hôpital ou les moeurs familiales.

Et rapidement, on accepte cette incongruité pour se laisser prendre par ce roman à deux voix, intimiste, délicat, qui questionne sur l'humanité et l'animalité, la barbarie, la peur, la mort, l'altruisme.

Ni simple pamphlet sur l'exploitation animale, ni roman à suspense, ni récit de destins croisés, il est plutôt tout cela à la fois. Original et prenant.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai découvert ce livre dans le catalogue de ma bibliothèque virtuelle, et l'ai aussitôt emprunté… pour l'oublier à peu près aussi vite, si bien que, quand je l'ai enfin entamé, il ne restait que très peu de jours avant qu'il disparaisse de ma bibliothèque virtuelle. Je l'ai donc lu avec assiduité… et heureusement j'ai été directement embarquée par cette histoire soi-disant fantastique, mais surtout hors des sentiers battus, et en même temps pleine de poésie !
Pas de chance cependant : je ne l'ai quand même pas terminé à temps, ce livre, et dans l'intervalle il n'était plus disponible dans la catalogue virtuel de ma bibliothèque (j'ai vu aujourd'hui qu'il y est réapparu, mais n'est pas disponible avant le 5 novembre !). Or, je ne pouvais tout simplement pas m'arrêter là : j'ai donc décidé de l'acheter dans la foulée.

Gros dilemme : quel format choisir ? c'est que les deux formats existants à ce jour ont tous deux une couverture superbe, je trouve : le broché propose l'image d'une jungle impénétrable, on suppose celle où est née la jeune bonobo-vedette de l'histoire, dans ce lointain Congo où débute l'histoire ; tandis que la version électronique présente un très gros plan du visage de cette même jeune bonobo, avec toute cette expressivité qui la rend si proche de nous… J'ai finalement choisi l'ebook et sa disponibilité immédiate, mais je garde une petite nostalgie pour la couverture du format papier !

Mais entrons plutôt à l'intérieur du livre… Après un prologue profondément poignant, qui met en scène la jeune soigneuse Lee Jin-yi que nous retrouverons plus tard, nous entrons de plein pied dans la vie sans but d'un dénommé Kim Minju. Il est l'image de ces jeunes, apparemment présents en Corée comme chez nous, qui vivotent chez leurs parents jusqu'à leurs 30 ans et même un peu plus, sans avoir terminé d'études, sans emploi, sans but dans la vie, et même sans réelle envie de faire quoi que ce soit, si ce n'est la fête de temps en temps… Lorsque ses parents, excédés, le mettent à la porte (pour le coup la Corée est plus radicale que nos lois permettant des situations à la Tanguy !), il va de petit boulot en petit boulot, jusqu'à devenir SDF et de plus en plus désintéressé par la vie, tout simplement. Parce qu'un vieux sage lui a dit que, le jour où il se sentirait « au bout », il trouverait une solution en allant au Centre d'études des primates en haut d'une petite montagne, il se rend là-bas sans trop savoir quoi y faire, et rencontre brièvement notre jeune soigneuse… mais ne trouve aucune réponse, et s'apprête à aller terminer ses jours dans un vallon tout proche.
Mais voilà : de son côté, la jeune soigneuse, Lee Jin-yi, est appelée avec son responsable en urgence pour récupérer une jeune bonobo qui s'est réfugiée dans un arbre après l'incendie de la grange où elle vivait, afin de l'amener au Centre où elle serait soignée. Sur la route retour vers le Centre, alors qu'elle tient la jeune bonobo, qu'elle a prénommée Jin entre-temps, endormie dans ses bras, leur camionnette est victime d'un grave accident de la route.
Au cours de cette nuit terrible, striée d'éclairs d'un orage, l'esprit de Lee Jin-yi s'engouffre dans le corps de Jin, aux côtés de l'esprit de celle-ci, tandis que le corps de la jeune femme est transporté aux soins intensifs. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais c'est tout le contraire, car Kim Minju, installé pour la nuit non loin du lieu du drame, perd brutalement ses pensées suicidaires, tout à coup poussé par un besoin d'intervenir… et c'est ainsi que tout commence réellement.

Cette longue introduction-résumé à mon commentaire montre que, contrairement à ce que j'ai pu lire dans différentes présentations ici ou là, on a dans ce livre bien plus qu'une fable écolo-animalière. On a certes une histoire aux limites du fantastique, peut-être d'une certaine folie aussi, dans la dualité entre les esprits de Jin et de Lee Jin-yi qui, sans communiquer au sens où on l'entend, vont quand même « se rencontrer », d'une façon de plus en plus critique… tandis que Kim Minju, le grand oublié des synopsis, est un personnage secondaire indispensable, narrateur à la 1re personne du singulier en alternance avec la guérisseuse-bonobo, qui va permettre à toute l'histoire d'avancer concrètement, tandis que sa propre vie, sans devenir passionnante pour autant, prend peu à peu un sens inattendu. C'est paradoxalement cet être asocial, au ban de notre société (car dans ce livre, la société coréenne ressemble terriblement à la nôtre, à part quelques détails ici ou là), qui va être le plus « humain », le plus ouvert d'esprit face à l'incroyable qui arrive à Lee Jin-yi perdue dans le corps de Jin…

Oh, bien sûr, on a aussi toute la dénonciation du trafic d'êtres vivants (car, si notre jeune bonobo est bien la vedette, il est aussi question de quelques autres animaux, qui ne devraient jamais se trouver enfermés dans une grange chez un particulier !!) : la capture ahurissante et terriblement anxiogène dans son lieu de vie, cette nature sauvage ; les conditions épouvantable du voyage transcontinental et puis de détention, dans l'irrespect le plus total des besoins de ces animaux ! Et c'est particulièrement bouleversant par le fait qu'il s'agit d'une jeune bonobo, qui fait partie de cette famille des « grands singes », et la plus proche génétiquement de l'être humain ! À ce sujet d'ailleurs, le récit est extrêmement bien documenté. On apprend des tas de choses, qu'on a peut-être déjà pu voir dans l'un ou l'autre documentaire – la structure sociale d'une communauté de bonobos, la naissance d'un jeune au sein d'une famille… mais aussi toutes les émotions que peut ressentir l'un de ces hominidés, et c'est encore plus terrible quand on entre dans le corps de Jin avec Lee Jin-yi ! Je ne savais pas, par exemple, que les singes (en tout cas les chimpanzés et les bonobos) étaient capables de pleurer, de verser de vraies larmes…j'ai été soufflée, et j'en avais moi-même les larmes aux yeux !

Le tout est porté par une écriture poétique et visuelle : quand elle évoque la vie de Jin dans la jungle, on y est réellement avec elle… mais même dans les moments terribles, c'est une langue pleine de douceur – une douceur terrible, je n'aurais jamais pensé associer ces deux mots avant d'avoir lu ce livre ! – , une sensibilité vibrante qui sonne juste, c'est réellement un goût de beauté malgré les événements durs qu'elle décrit. Elle est aussi assez didactique, notamment dans tous ces passages qui expliquent la vie des grands singes… ou ceux qui récapitulent l'avancée de la situation de Lee Jin-yi ou de Kim Minju. Ce n'est jamais barbant, mais il y a régulièrement ce souci de redire en quelques mots où on en est dans l'histoire, au cas où le lecteur aurait oublié peut-être… ça m'a frappée car j'avais déjà eu ce même sentiment à la lecture d'un autre roman d'un auteur d'Extrême-Orient – même si ce dernier, un policier chinois, n'avait rien à voir avec cette fable contemporaine coréenne ! Cependant, on trouve en commun ce souci de « faire le point » pour le lecteur à quelques moments-clés, sur quelques événements qu'on avait pourtant bien suivis, mais ainsi aucun défaut de mémoire n'est possible et on continue tranquillement, avec tous les éléments bien clairs à l'esprit : c'est peut-être un chouïa trop, mais en tout cas c'est bien agréable !

C'est donc un très beau livre, à la couverture superbe quel que soit le format, qui raconte une histoire aux allures de fable pleine de sensibilité, tout à la fois réaliste et très bien documentée sur la vie des grands singes et des bonobos en particulier. Sa langue poétique, qui fait vibrer son souci pour ces êtres si proches de nous, en fait une magnifique histoire, à lire absolument pour le plaisir de la beauté.
Commenter  J’apprécie          40
Jeong Yu-jeong, déjà connue en France pour La nuit de sept ans et plus récemment Généalogie du mal revient ici avec un nouveau roman terriblement prenant pour notre plus grand plaisir !

Cette fois, nous accompagnons Jin-yi, une spécialiste des primates qui se retrouve en voiture avec une petite bonobo, appelé Jin, sur les genoux à la suite d'un sauvetage d'urgence, non loin de son lieu de travail. Au volant, son professeur. Ce dernier roulant à grande vitesse ne voit pas surgir devant lui des cerfs d'eau et l'accident arrive très vite, projetant Jin-yi et Jin à travers le pare-brise.

S'ensuit alors un curieux phénomène. L'esprit de Jin-yi se retrouve dans le corps de Jin. Comment cela est-ce possible ? et comment Jin-yi peut-elle espérer retrouver son corps… ?

C'est ainsi que débute cette étrange aventure. Car oui, je peux parler d'aventure. Qui placera Jin/Jin-yi sur le chemin de Minju, un homme jeté dehors par ses parents qui semblaient certains que son « statut de fils avait atteint la date de péremption ». Ce duo atypique se lancera à la recherche du corps de la jeune femme et tentera de comprendre comment a bien pu se déclencher cette union singulière. Les pages se sont rapidement enchainées, tout comme mon investissement auprès des personnages, qui s'est rapidement développé. Chacun cachant des blessures, ou un décalage avec ce que demande la société.

Sans oublier Jin, évidemment, cette petite Bonobo avec qui on parcourt quelques souvenirs parfois heureux, touchants mais aussi douloureux, qui nous rappellent les horreurs que l'espère humaine est capable d'infliger à d'autres espèces.

Derrière cette histoire entrainante se cache également une belle réflexion sur la vie et la mort, ou plutôt sur notre approche de la vie et de la mort. Nous nous entourons souvent d'un voile d'ignorance face à la mort, trop apeurés devant cette finalité à laquelle personne n'échappe. Ni nous-mêmes, ni nos proches. Jin-yi et Minju nous le rappellent mais « A quoi bon vivre, si c'est juste pour ne pas mourir. »
Commenter  J’apprécie          40
L'un de mes objectifs de cette année était de lire tous les livres de cette autrice, du moins ceux traduits en français et que dire si ce n'est qu'à chaque fois je ne sais pas à quoi m'attendre tant ses histoires sont toutes plus improbables les unes que les autres.

Le résumé du livre ne me tentait pas du tout : une jeune chercheuse Jin Yi consacre sa vie à l'étude des primates et plus particulièrement des Bonobos. À la suite d'un sauvetage d'une bonobo, elle est victime d'un terrible accident de la route et se retrouve transportée à l'hôpital. Entre la vie et la mort, son esprit se retrouve dans le corps de la bonobo. Ainsi, Jin Yi va voir le monde à travers les yeux de la petite bonobo et va débuter le début d'un récit bouleversant.

Je l'ai laissé traîner longtemps dans ma PAL, attendant le bon moment pour le lire. Étant habituée à des livres sombres, je craignais d'être déçue par le style de celui-là. C'est donc avec une légère appréhension que je me suis lancée dans cette épopée livresque et que dire si ce n'est que j'ai été subjuguée du début à la fin.

L'autrice arrive à nous tenir en haleine du début à la fin. Elle traite de sujets sensibles tels que la traite d'êtres vivants, les conditions de vie déplorable de ces animaux, les conditions de capture et de transport qui sont plus que bien décrites et nous découvrons avec effroi tout cet aspect-là qui m'était jusque-là inconnu.

La dualité entre l'esprit de Jin Yi et de la bonobo s'intensifie au fur et à mesure de la lecture et on se rend compte de l'issue finale. C'est la véritable force de ce roman. C'est que bien que le sujet ne soit pas « réel » ce mélange de fantastique et cette thématique de la traite des animaux rend la lecture hyper intéressante et constructive.

On apprécie cette petite bonobo qui se retrouve confronter à la bêtise humaine, on apprécie également Jin Yi qui tente le tout pour le tout pour se sauver, pour la cause des primates et c'est vraiment incroyable.

Tous les personnages sont bien construits, ont leur place dans l'histoire et c'est sans fioriture que nous apprenons à les connaître. Ce roman nous pousse également à réfléchir sur les relations humaines à l'égard des animaux. Nous rencontrons des personnages brisés, cassés par la vie, qui se retrouvent à la rue et qui grâce à une rencontre parviennent à remonter la pente et arrivent à guérir.

Ce livre nous ouvre les yeux sur les notions de vie et de mort, les relations importantes et parfois inattendues que nous créons avec d'autres personnes / être vivants. de plus, j'ai beaucoup appris sur les bonobos, primates qui nous ressemblent bien plus qu'il n'y paraît.

On voit bien que l'autrice a fait en amont un véritable travail de recherche, qu'elle s'est investie dans le sujet et fait de ce livre un véritable bijou.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Le jour où j'ai eu connaissance du résumé de ce roman, j'ai eu envie de le lire. Bien m'en a pris ! Entre communion avec les grands singes et fascination pour eux qui sont génétiquement à un poil de nous, tout était là pour me plaire dans cette histoire.
Et que dire de cette couverture magnifique et mystérieuse, comme une fenêtre ouverte sur une jungle pure et vierge de nos méfaits ? Hélas, nous avons mis nos sales pattes partout où c'est possible, il n'existe sur terre aucun sanctuaire inviolable.

Les chapitres alternent entre Jin-yi la soigneuse, et Minju le SDF.
Elle consacre sa vie à l'étude des primates et à la communication avec eux.
Lui est une espèce de boulet pour sa famille qui se demande ce qu'elle va bien pouvoir en faire. À trente ans il a multiplié les cursus universitaires, ne travaille pas et vit toujours chez ses parents qui en ont assez et le mettent dehors.

J'ai adoré ce roman pour un tas de raisons.
▪️Il y a un message écolo qui nous parle de notre responsabilité envers la faune, la honte que sont les trafics d'animaux sauvages enfermés dans des cages pour le plaisir de quelques abrutis.
▪️Les personnages sont extrêmement attachants et souvent très drôles.
▪️Le triangle totalement improbable qui se crée entre Jin-yi "la gentille soigneuse" dont l'esprit à intégré le corps d'une bonobo, Minju le nihiliste suicidaire et Jin la bonobo entrée illégalement en Corée, donne lieu à des moments complètement délirants mais aussi des réflexions profondes sur la vie, la mort, le libre arbitre.
▪️Les bribes de la vie de Jin, vu de l'intérieur par Jin-yi qui a accès à ses souvenirs, nous font découvrir la vie sociale des bonobos, leurs comportements, leurs sentiments, leurs tragédies. C'est très émouvant.

La rencontre entre Minju et Jin-yi en miss bonobo est totalement désopilante et m'a énormément amusée avec ma pensée cartoonesque. D'ailleurs, la cohabitation entre Jin-yi et Jin dans ce petit corps simiesque donne aussi lieu à des scènes assez amusantes et des retournements de situations inattendues et délirantes.

Alors que le fond de l'histoire est plutôt violent et sombre, trafics d'animaux sauvages, grave accident de la route, une femme entre la vie et la mort, un homme suicidaire, j'ai pourtant ressenti beaucoup de douceur dans ce récit. Tout est très visuel et je me suis sentie transportée là bas. J'y ai trouvé aussi une infinie poésie et beaucoup d'amour et d'humour. L'écriture est fluide et on se laisse emporter comme un bouchon sur l'eau.
Et finalement je me suis demandé qui étaient les bêtes : les bonobos ou nous les primates sans poils, faibles, gringalet, destructeurs et adeptes du conflit sous toutes ses formes.

Je suis tombée en amour pour les trois personnages de ce roman et c'est un énorme coup de coeur ! Il m'a fait passer par tout un tas d'émotions, de la colère à l'amusement en passant par l'attendrissement et le chagrin, en plus de l'intérêt de tout ce qu'on apprend sur nos cousins bonobos, car il est très bien documenté.
Une chose est sûre, il vient d'entrer dans ma liste des livres à offrir à ceux qu'on aime !
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (158) Voir plus



Quiz Voir plus

Sweet Sixteen

Comment s’appellent les deux personnages principaux?

Molly Costello et Sherwood Sanders
Grace Anderson et Molly Costello
Grace Anderson et Maxene Tate

15 questions
55 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}