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Yeong-hee Lim (Traducteur)Mathilde Colo (Traducteur)
EAN : 9782809716672
512 pages
Editions Philippe Picquier (01/03/2024)
4/5   49 notes
Résumé :
Jin-yi consacre sa vie à l’étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert ce livre dans le catalogue de ma bibliothèque virtuelle, et l'ai aussitôt emprunté… pour l'oublier à peu près aussi vite, si bien que, quand je l'ai enfin entamé, il ne restait que très peu de jours avant qu'il disparaisse de ma bibliothèque virtuelle. Je l'ai donc lu avec assiduité… et heureusement j'ai été directement embarquée par cette histoire soi-disant fantastique, mais surtout hors des sentiers battus, et en même temps pleine de poésie !
Pas de chance cependant : je ne l'ai quand même pas terminé à temps, ce livre, et dans l'intervalle il n'était plus disponible dans la catalogue virtuel de ma bibliothèque (j'ai vu aujourd'hui qu'il y est réapparu, mais n'est pas disponible avant le 5 novembre !). Or, je ne pouvais tout simplement pas m'arrêter là : j'ai donc décidé de l'acheter dans la foulée.

Gros dilemme : quel format choisir ? c'est que les deux formats existants à ce jour ont tous deux une couverture superbe, je trouve : le broché propose l'image d'une jungle impénétrable, on suppose celle où est née la jeune bonobo-vedette de l'histoire, dans ce lointain Congo où débute l'histoire ; tandis que la version électronique présente un très gros plan du visage de cette même jeune bonobo, avec toute cette expressivité qui la rend si proche de nous… J'ai finalement choisi l'ebook et sa disponibilité immédiate, mais je garde une petite nostalgie pour la couverture du format papier !

Mais entrons plutôt à l'intérieur du livre… Après un prologue profondément poignant, qui met en scène la jeune soigneuse Lee Jin-yi que nous retrouverons plus tard, nous entrons de plein pied dans la vie sans but d'un dénommé Kim Minju. Il est l'image de ces jeunes, apparemment présents en Corée comme chez nous, qui vivotent chez leurs parents jusqu'à leurs 30 ans et même un peu plus, sans avoir terminé d'études, sans emploi, sans but dans la vie, et même sans réelle envie de faire quoi que ce soit, si ce n'est la fête de temps en temps… Lorsque ses parents, excédés, le mettent à la porte (pour le coup la Corée est plus radicale que nos lois permettant des situations à la Tanguy !), il va de petit boulot en petit boulot, jusqu'à devenir SDF et de plus en plus désintéressé par la vie, tout simplement. Parce qu'un vieux sage lui a dit que, le jour où il se sentirait « au bout », il trouverait une solution en allant au Centre d'études des primates en haut d'une petite montagne, il se rend là-bas sans trop savoir quoi y faire, et rencontre brièvement notre jeune soigneuse… mais ne trouve aucune réponse, et s'apprête à aller terminer ses jours dans un vallon tout proche.
Mais voilà : de son côté, la jeune soigneuse, Lee Jin-yi, est appelée avec son responsable en urgence pour récupérer une jeune bonobo qui s'est réfugiée dans un arbre après l'incendie de la grange où elle vivait, afin de l'amener au Centre où elle serait soignée. Sur la route retour vers le Centre, alors qu'elle tient la jeune bonobo, qu'elle a prénommée Jin entre-temps, endormie dans ses bras, leur camionnette est victime d'un grave accident de la route.
Au cours de cette nuit terrible, striée d'éclairs d'un orage, l'esprit de Lee Jin-yi s'engouffre dans le corps de Jin, aux côtés de l'esprit de celle-ci, tandis que le corps de la jeune femme est transporté aux soins intensifs. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais c'est tout le contraire, car Kim Minju, installé pour la nuit non loin du lieu du drame, perd brutalement ses pensées suicidaires, tout à coup poussé par un besoin d'intervenir… et c'est ainsi que tout commence réellement.

Cette longue introduction-résumé à mon commentaire montre que, contrairement à ce que j'ai pu lire dans différentes présentations ici ou là, on a dans ce livre bien plus qu'une fable écolo-animalière. On a certes une histoire aux limites du fantastique, peut-être d'une certaine folie aussi, dans la dualité entre les esprits de Jin et de Lee Jin-yi qui, sans communiquer au sens où on l'entend, vont quand même « se rencontrer », d'une façon de plus en plus critique… tandis que Kim Minju, le grand oublié des synopsis, est un personnage secondaire indispensable, narrateur à la 1re personne du singulier en alternance avec la guérisseuse-bonobo, qui va permettre à toute l'histoire d'avancer concrètement, tandis que sa propre vie, sans devenir passionnante pour autant, prend peu à peu un sens inattendu. C'est paradoxalement cet être asocial, au ban de notre société (car dans ce livre, la société coréenne ressemble terriblement à la nôtre, à part quelques détails ici ou là), qui va être le plus « humain », le plus ouvert d'esprit face à l'incroyable qui arrive à Lee Jin-yi perdue dans le corps de Jin…

Oh, bien sûr, on a aussi toute la dénonciation du trafic d'êtres vivants (car, si notre jeune bonobo est bien la vedette, il est aussi question de quelques autres animaux, qui ne devraient jamais se trouver enfermés dans une grange chez un particulier !!) : la capture ahurissante et terriblement anxiogène dans son lieu de vie, cette nature sauvage ; les conditions épouvantable du voyage transcontinental et puis de détention, dans l'irrespect le plus total des besoins de ces animaux ! Et c'est particulièrement bouleversant par le fait qu'il s'agit d'une jeune bonobo, qui fait partie de cette famille des « grands singes », et la plus proche génétiquement de l'être humain ! À ce sujet d'ailleurs, le récit est extrêmement bien documenté. On apprend des tas de choses, qu'on a peut-être déjà pu voir dans l'un ou l'autre documentaire – la structure sociale d'une communauté de bonobos, la naissance d'un jeune au sein d'une famille… mais aussi toutes les émotions que peut ressentir l'un de ces hominidés, et c'est encore plus terrible quand on entre dans le corps de Jin avec Lee Jin-yi ! Je ne savais pas, par exemple, que les singes (en tout cas les chimpanzés et les bonobos) étaient capables de pleurer, de verser de vraies larmes…j'ai été soufflée, et j'en avais moi-même les larmes aux yeux !

Le tout est porté par une écriture poétique et visuelle : quand elle évoque la vie de Jin dans la jungle, on y est réellement avec elle… mais même dans les moments terribles, c'est une langue pleine de douceur – une douceur terrible, je n'aurais jamais pensé associer ces deux mots avant d'avoir lu ce livre ! – , une sensibilité vibrante qui sonne juste, c'est réellement un goût de beauté malgré les événements durs qu'elle décrit. Elle est aussi assez didactique, notamment dans tous ces passages qui expliquent la vie des grands singes… ou ceux qui récapitulent l'avancée de la situation de Lee Jin-yi ou de Kim Minju. Ce n'est jamais barbant, mais il y a régulièrement ce souci de redire en quelques mots où on en est dans l'histoire, au cas où le lecteur aurait oublié peut-être… ça m'a frappée car j'avais déjà eu ce même sentiment à la lecture d'un autre roman d'un auteur d'Extrême-Orient – même si ce dernier, un policier chinois, n'avait rien à voir avec cette fable contemporaine coréenne ! Cependant, on trouve en commun ce souci de « faire le point » pour le lecteur à quelques moments-clés, sur quelques événements qu'on avait pourtant bien suivis, mais ainsi aucun défaut de mémoire n'est possible et on continue tranquillement, avec tous les éléments bien clairs à l'esprit : c'est peut-être un chouïa trop, mais en tout cas c'est bien agréable !

C'est donc un très beau livre, à la couverture superbe quel que soit le format, qui raconte une histoire aux allures de fable pleine de sensibilité, tout à la fois réaliste et très bien documentée sur la vie des grands singes et des bonobos en particulier. Sa langue poétique, qui fait vibrer son souci pour ces êtres si proches de nous, en fait une magnifique histoire, à lire absolument pour le plaisir de la beauté.
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L'expérience de la métempsycose est peu exploitée dans la littérature, alors qu'elle fut esquissée dans la littérature fantastique du 19eS avec Maupassant ou Nerval. le thème de la transmigration d'un esprit ( on parlait autrefois de l'âme), dans un autre corps, qu'il soit humain ou animal, est pourtant riche de possibilités.
Que ce soit par la réincarnation ou la conséquence d'un coup malicieux du destin, cette croyance se fonde sur la possibilité d'habiter un corps différent, soit après la mort, soit au cours d'une expérience de type chamanique ou autre caprice de l'imagination.

Yu-jeong Jeong imagine la transmutation entre une jeune soigneuse de chimpanzés et une jeune femelle bonobo suite à un grave accident de la route. Lee-Jin yi tenait Jin sur ses genoux lorsque l'accident s'est produit et alors qu'elles étaient toutes les deux projetées à travers le pare- brise, une étrange fusion s'est opérée. On imagine que consciemment ou non, la proximité physique, la proximité des prénoms, la proximité de genre ont permis à l' auteure d'envisager ce transfert.
On ignore à vrai dire s'il s'agit réellement d'un transfert puisque la jeune femme est dans un coma profond, entre la vie et la mort. Cela importe peu, puisque les expériences s'enchaînent dans le corps de la primate où cohabitent successivement les deux intelligences.
Mais Lee-Jin yi veut récupérer son corps, d'autant plus lorsqu'elle découvre que la fusion totale se précipite et qu'elle est condamnée à disparaître en tant qu'individu.

Au-delà du récit fantastique et de la légère touche philosophique, l'auteure propose aussi une réflexion sur les relations de l'homme et de l'animal avec la condamnation sans appel du traffic d'animaux. On apprend ainsi l'infâme pourcentage de perte admis sans état d'âme pour satisfaire la lubie d'un unique individu.
"Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d'une dizaine d'individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu'un seul parvienne à son acheteur."
La définition de la civilisation devient toute relative face aux comportements humains, d'autant plus que l'auteure a choisi le bonobo parce qu'il partage 99% du patrimoine génétique humain et que, malgré cette proximité, sa survie est menacée.
" Je me sens tellement misérable que je n'ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J'ai honte d'être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l'ont expédiée à l'autre bout de la planète et la brutalisent parce qu'elle n'arrive pas à bien les imiter."

Enfin, on ne peut ignorer la troisième voix du roman, celle de Minju qui incarne le raté de la société coréenne mais qui sera le seul à accompagner Lee-Jin. Dans une société ultracompetitive, il représente l'échec alors même qu'il a accompli le parcours normé en menant des études supérieures. Mais cette société méprise ceux qui sont en bas de l'échelle ou ne sont pas à la hauteur des ambitions de la famille. Ce trentenaire qui peine à trouver sa voie est régulièrement humilié par sa propre famille, responsable de sa clochardisation.
En portant un regard critique sur le fonctionnement de son pays, Yu-jeong Jeong s'intègre à cette génération qui commence à remettre en question des comportements très hiérarchisés.
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L'homme descend du singe lequel descend de l'arbre pour le regarder dans les yeux. Et il est avéré que les bonobos sont, génétiquement parlant, identiques a 98,7 % aux êtres humains. A quoi pensent donc ces primates si proches de nous ? La romancière Jeong You-jeong l'imagine dans Bonobo, un récit fantastique aux prémices alléchantes : et si, par accident, l'âme d'un humain venait à cohabiter avec celui d'un singe dans une tempête de crane vertigineuse ? le livre se balade entre plusieurs tonalités : comédie, drame, suspense, débouchant sur une réflexion non seulement sur l'animalité qui est en nous mais aussi sur la maltraitance des animaux ou même l'approche de la mort et le sens de la vie. Un roman ambitieux donc un peu contredit quand même par le style de l'auteure souvent familier, voire parfois proche du langage parlé. Si l'originalité du thème du livre n'est pas contestable, la romancière se perd parfois dans des descriptions fastidieuse et un brin confuses quand l'esprit du bonobo est habité par celui d'une humaine. A t-on déjà vu des singes bipolaires ou schizophrènes ? Sans doute, oui, mais Jeong You-jeong se heurte tout de même à quelques limites quand elle aborde les rivages du fantastique, aussi excitants que ceux de la planète des singes, mais qui butent sur une certaine rationalité, laquelle, il est vrai, est différente selon la culture et les croyances de chacun de nous autres, simples humains.
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Ce livre a été présenté par les bibliothécaires de la médiathèque d'Orléans. Je ne connaissais pas cette auteure coréenne, mais j'ai tout de suite été intéressée par le sujet et attirée par l'image de couverture qui évoque la jungle tropicale.

Sur la 4e de couverture, on peut lire :
« Jin-yi consacre sa vie à l'étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d'une bonobo échappée d'une villa en flammes et, alors qu'elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d'étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s'opère : tandis que son corps est emmené à l'hôpital, entre la vie et la mort, l'esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.
La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l'univers et la sensibilité des bonobos.
Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu'avec nous-mêmes. »

L'auteure voulait écrire sur les derniers jours de la vie d'une femme. Alors qu'elle est dans le coma, où se trouve son âme ? Dans ce livre, elle avait envie de raconter le choix d'un être humain face à la mort et, en même temps, une aventure à la recherche du dernier espoir de la vie. Mais elle ne voulait pas que ce soit une histoire lourde et déprimante. Elle a imaginé qu'un être vivant qui ne soit pas humain, mais d'une espèce pas trop éloignée de l'espèce humaine, pourrait servir d'enveloppe physique à son héroïne. D'après le primatologue Franz de Waal, le bonobo est le plus proche de l'ancêtre commun aux chimpanzés, aux bonobos et aux humains. Aussi, elle a dû faire de nombreux déplacements, car le bonobo n'a jamais été introduit en Corée, et a obtenu l'aide de zoologues dont elle a appris le respect envers toute forme de vie.

Et ce livre est une réussite. Écrit au présent et à la première personne, il donne la parole à Kim Minju, un homme jeune qui vivait encore chez ses parents, sans travailler, sans but et que son père a chassé de la maison et à Jin-Yi, « la gentille soigneuse » au Centre d'étude des primates. Plus qu'une histoire fantastique, ce livre questionne sur l'humanité, le respect de la vie, la peur, la mort, la maltraitance. L'action se déroule dans la Corée contemporaine où les habitudes, les instances, l'organisation sociale sont bien décrites en fonction des besoins. D'ailleurs, l'atmosphère, l'attitude des protagonistes face aux aléas et à la mort sont typiques d'une philosophie orientale bien différente de nos approches occidentales plus terre-à-terre.

Que l'esprit de Lee Jin-yi et celui de Jin, la petite bonobo, cohabitent dans le cerveau de Jin ne gêne en rien : on ne cherche pas la vraisemblance. On est emporté par l'action et on ressent de l'empathie pour les personnages. À aucun moment je n'ai lâché ce livre, écrit avec finesse, respect et poésie. Régulièrement, on est amené à faire le point et repréciser des éléments qu'on aurait pu oublier. Car tout s'imbrique, chaque détail est important. Par ailleurs, dans ce livre j'ai appris beaucoup sur les bonobos et leur mode vie.

Vraiment une magnifique découverte.
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Jeong Yu-jeong, déjà connue en France pour La nuit de sept ans et plus récemment Généalogie du mal revient ici avec un nouveau roman terriblement prenant pour notre plus grand plaisir !

Cette fois, nous accompagnons Jin-yi, une spécialiste des primates qui se retrouve en voiture avec une petite bonobo, appelé Jin, sur les genoux à la suite d'un sauvetage d'urgence, non loin de son lieu de travail. Au volant, son professeur. Ce dernier roulant à grande vitesse ne voit pas surgir devant lui des cerfs d'eau et l'accident arrive très vite, projetant Jin-yi et Jin à travers le pare-brise.

S'ensuit alors un curieux phénomène. L'esprit de Jin-yi se retrouve dans le corps de Jin. Comment cela est-ce possible ? et comment Jin-yi peut-elle espérer retrouver son corps… ?

C'est ainsi que débute cette étrange aventure. Car oui, je peux parler d'aventure. Qui placera Jin/Jin-yi sur le chemin de Minju, un homme jeté dehors par ses parents qui semblaient certains que son « statut de fils avait atteint la date de péremption ». Ce duo atypique se lancera à la recherche du corps de la jeune femme et tentera de comprendre comment a bien pu se déclencher cette union singulière. Les pages se sont rapidement enchainées, tout comme mon investissement auprès des personnages, qui s'est rapidement développé. Chacun cachant des blessures, ou un décalage avec ce que demande la société.

Sans oublier Jin, évidemment, cette petite Bonobo avec qui on parcourt quelques souvenirs parfois heureux, touchants mais aussi douloureux, qui nous rappellent les horreurs que l'espère humaine est capable d'infliger à d'autres espèces.

Derrière cette histoire entrainante se cache également une belle réflexion sur la vie et la mort, ou plutôt sur notre approche de la vie et de la mort. Nous nous entourons souvent d'un voile d'ignorance face à la mort, trop apeurés devant cette finalité à laquelle personne n'échappe. Ni nous-mêmes, ni nos proches. Jin-yi et Minju nous le rappellent mais « A quoi bon vivre, si c'est juste pour ne pas mourir. »
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Comment n'ai-je pas deviné ? Lors du sauvetage au lac Indong, j'aurais dû me demander pourquoi Jin avait réagi ainsi en entendant mon nom, avait baissé si rapidement la garde et mangé mes tranches d'ananas sans méfiance. Pourquoi m'a-t-elle regardée avec tant de familiarité et pourquoi a-t-elle attrapé ma main alors que je tombais de l'arbre ?
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Prologue

(...) pour parler franchement, je suis littéralement tombée amoureuse des Bonobos.
Leur sensibilité aiguë, profonde, leur grande intelligence, leurs gestes pleins de vivacité, la richesse de leurs expressions faciales...Mais ce qui m'a le plus touchée, c'est qu'ils soient aussi timides et peureux. Ils me fixaient de très près comme s'ils voulaient me sonder, puis, à un moment donné, leurs yeux noirs qui semblaient s'insinuer d'un seul coup en moi me faisaient oublier que j'étais une humaine et me poussaient à me comporter en bonobo avec eux: s'observer mutuellement d'un air nonchalant, la gueule ouverte, ou quémander un contact physique en tendant les lèvres en bec de canard, ou encore rire tous ensemble à en perdre le souffle. (p. 6)
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D'après le spécialiste Ryu à Wamba, les bonobos sont les animaux les plus proches des humains sur le plan des sentiments, de la mémoire et de la capacité à tisser des liens amicaux; ils lisent les pensées des humains beaucoup mieux que les chimpanzés. Ils ne comprennent pas le langage humain mais captent les émotions contenues dans les phrases, y réagissent et s'en souviennent. Ils ont également la capacité de se rappeler un événement précis: qui ? quand ? où ? quoi ? comment ? pourquoi ? (p. 74)
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- Tu as un talent inné pour comprendre les émotions des animaux, tu dois bien le savoir, non ? a-t-il dit sur un ton indifférent, mais tout de même chargé d'une note de déception.
Et c'est tout, il n'a pas réagi davantage. En plus, le talent dont il avait parlé était aussi un défaut problématique, d'après lui: ma "tendance excessive à l'humanisation". (p. 86)
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Le lendemain matin, j'ai quitté la maison avant le retour de mon père. ma mère n'est pas sortie de sa chambre pour me dire au revoir. Elle signalait ainsi que mon statut de fils avait atteint la date de péremption. Manière de dire que selon elle, l'amour entre une mère et son fils n'était pas éternel.
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