Montange (dans les Ardennes belges). 2005.
Il y a Liesbeth et Julien. Elle, d'origine flamande, fait la plonge dans un restaurant. Lui est conducteur de bus. Ils ont eu une fille, Annelise. Morte. Morte alors qu'elle était une petite enfant. Il y a un fils aussi qui est à l'Ecole royale militaire.
Il y a Walter, bûcheron, et sa femme, Julie. Julie la jalouse. Julie la soupçonneuse. Walter qui aime draguer. Leur fille Laura qui est passée de l'autre côté de la frontière à Mézière, pour fuir l'atmosphère de Montange et... Et Dieu sait quoi…
Et puis, il y a madame Maca l'épouse d'un ancien gendarme qu'elle a placé en maison de repos pour avoir la paix (apparemment, lui aussi cela lui convenait bien mieux que de vivre à la maison avec son pitbull d'épouse acariâtre). Madame Germaine Maca, agressive, mauvaise langue toujours prête à déverser sa bile. Madame Maca qui n'oublie pas que son neveu adoré, Kévin, est mort dans un « accident »… Un « accident » causé par cette trainée de Laura, la fille de Walter et de Julie.
Et surtout, il y a
Marie-Louise, infirmière, divorcée. Sa fille, Bénédicte, qui vit avec elle. Son ex-mari, Medhi Maziri, qui vit avec son fils, Ferdinand.
Dans ce petit village où tout le monde se connaît (ou croit se connaître), Bénédicte disparaît le jeudi 17 mars 2005 alors qu'elle était censée se rendre à l'école. Bénédicte est une superbe adolescente, discrète, peut-être même secrète. On ne lui connaît pas d'amis. Elle disparaît laissant sa mère et son père fous d'inquiétude.
Va-t-elle revenir ? Va-t-on la retrouver ? A-t-elle été enlevée ? Par qui ? Pourquoi ? Est-elle seulement encore en vie ?
Critique :
Armel Job nous plonge dans la vie d'une petite communauté ardennaise (imaginaire, je pense, car à ma connaissance, il n'y a pas de village du nom de Montange). Cette disparition inquiétante rouvre de vieilles blessures. L'auteur nous plonge dans la tête des différents protagonistes pour nous dévoiler jusqu'à leurs pensées les plus intimes, leurs rancoeurs, mais aussi leurs douleurs. Il nous égare quant aux personnes à suspecter et au sort de Bénédicte. Il nous glisse dans les pensées les plus intimes de tous ces individus qui, suite à ce drame, vont souvent révéler les côtés les plus sordides de leurs personnalités. Evidemment, tous ces personnages ont en tête l'affaire Marc Dutroux, affaire bien réelle qui va encore pendant des décennies traumatiser les Belges. Marc Dutroux qui a enlevé des filles et est responsable de la mort de plusieurs d'entre elles. La disparition de Bénédicte fait évidemment resurgir cette peur au sein de cette petite communauté rurale (comme elle l'aurait fait ailleurs en ville).
Suspense et psychologie sont savamment dosés par un
Armel Job qui connaît bien l'âme humaine. Jusqu'au bout, le lecteur s'inquiète pour Bénédicte. Où est-elle passée ? Est-elle seulement encore en vie ? On plaindra certains personnages et on aura envie d'en baffer d'autres…