Michelle, atteinte d'un cancer en phase terminale, voulait qu'Alban sache que sa vie durant, elle n'avait jamais aimé que lui.
Virginie, qui a accompagné ses derniers jours, rapporte le souvenir de cette histoire à Alban.
Le passé lui revient, bouleversant sa vie actuelle.
Dans ce roman, Virginie et Alban nous expliquent leurs comportements et pourtant nous ne cessons de nous interroger sur les zones qu'ils laissent dans l'ombre.
Alban est ainsi empêtré dans l'histoire de sa jeunesse avec les errements d'un homme ordinaire.
Le livre a une tonalité belge, outre les produits locaux consommés (les bières Tripleboeuf et Lupulus, le corned-beef Target, les pistolets au jambon, la bouteille de Spa, les pralines Galler, les cigarettes Belga) et les mots et expressions particulières (j'aurais pu avaler mon couteau et ma fourchette en même temps que le menu de Lydie, une siroperie, une jatte de café, attendre une miette, tu le savais, capon !, faire une niche, un chien dans une boucherie, en être bleue, je me suis étrillé jusqu'au sang, le haut bout de la table, avoir la tête chaude, j'ai cassé le morceau…), il se dégage de cet écrit une langueur et une atmosphère particulière.
En matière de belgitude, mes références littéraires sont limitées et je ne peux que penser à
Simenon pour son atmosphère, ses héros attachants d'humanité et ses descriptions d'états plutôt que d'actions.
L'auteur ne tire pas l'élastique du suspens, il nous en affranchit même et pourtant il distille des rebondissements qui rythment son récit.
Le quotidien de chacun s'affole à cause des mensonges aiguisés par les enjeux affectifs.
Si les dialogues sont savoureux, ce sont aussi les non-dits et les mensonges qui “font des noeuds aux cheveux” des personnages et délitent leurs situations.
Dans ce roman sentimental, les manques affectifs d'
un père à soi nous entraînent dans une histoire prenante et crédible.