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3,79

sur 1186 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce roman, l'auteur alterne deux histoires, une qui se déroule en 1914, la guerre vient de commencer, les hommes et le bétail sont réquisitionnés, les femmes doivent prendre en main les travaux fermiers dans ce village d'Orcières perdu, maudit car plus rien n'y pousse, on a brûlé les sols à force de traitements pour le Phylloxera.

Un jour arrive un oiseau de mauvais augure : un pèlerin et sa mule qui se dirigent vers Saint-Jacques et font halte chez le docteur Manouvrier et sa femme Joséphine…

« Après une nuit courte le marcheur et sa mule étaient repartis à l'aube, ne doutant pas de cheminer comme ça jusqu'à Saint-Jacques, alors qu'ils fonçaient droit vers un jour de guerre. » P 19

Un dompteur allemand, déserteur en quelque sorte car il veut que ses fauves échappent à la réquisition, va s'installer avec lions et tigres, sur les hauteurs d'Orcières, donnant lieu à toutes sortes de spéculations, il faut bien nourrir ces animaux, que l'on entend hurler dans la plaine. le récit en 1914 est centré sur Joséphine, la femme du médecin du village, qui sera une de première victime de la guerre et sur le dompteur.

En 2017, débarque dans cette même région, un couple, Lise, qui vient de réchapper d'un cancer et Franck : elle a trouvé une maison isolée dans les Causses loin de tout, pour se ressourcer, méditer, marcher communier avec la nature, elle en a assez de toutes ces pollutions : sonores, fumées des véhicules, ondes de toutes sortes, sans parler des phytosanitaires et des perturbateurs endocriniens et de l'incivilité actuelle.

Franck est très anxieux car pas de connexion Wi Fi alors que ses associés veulent le mettre sous la touche. Il est producteur de cinéma et fait face à deux jeunes loups, issus du milieu du jeu vidéo et qui ne cherchent qu'à récupérer son catalogue pour faire des affaires avec Netflix, l'avenir du cinéma selon eux.

J'ai adoré ce roman car Serge Joncour nous livre une très belle réflexion. Qu'y a-t-il de si différent entre la guerre de 14 qui a fait tant de morts et de violence, et le climat qui règne aujourd'hui ? On est toujours dans la violence, avec la guerre numérique qui a remplacé celle des chars, elle est plus subtile mais elle est là. La société actuelle n'est pas tendre, il y a de la violence, de la haine, de la jalousie.

Les prédateurs ont changé, avant c'était les souverains, « Ces filiations prodigieuses où le Kaiser était le neveu du roi d'Angleterre et le cousin du tsar, elles étaient sur le point d'exploser » qui voulaient agrandir leurs royaumes et envoyaient leur peuple au casse-pipe; maintenant les prédateurs ont pour nom Netflix, Amazon qui ont les dents aussi longues et veulent bouffer ceux qui n'ont pas les moyens de se défendre.

« L'image que Franck se faisait d'Amazon et Netflix, c'était celle de deux prédateurs mille fois plus gros que tout le monde, avec un appétit sans limite, deux super-prédateurs qui comme les loups régulent l'écosystème en éliminant d'abord les proies les plus faibles, les plus petites, les plus vulnérables, avant de s'imposer comme les maîtres absolus du jeu… » P 229

Serge Joncour évoque au passage le « conflit des générations » avec les jeunes loups, qui sont les associés aux dents longues de Franck, d'un égoïsme sans bornes, qui écrasent tout sur leur passage, pour encaisser le maximum d'argent et de notoriété, tellement imbus d'eux-mêmes qu'ils ne se remettent jamais en question : ils ont tous les droits ! en 1914, la solidarité était davantage présente, mais les gens du village se surveillaient, se jalousaient, la violence avait un exutoire au combat…

L 'homme est un loup pour l'homme. Dès que la société est en crise, elle a besoin d'un ennemi, une tête de turc, en 1914, un dompteur allemand, de nos jours un étranger que l'on stigmatise.

Au passage, j'ai adoré ce chien-loup, croisement d'un chien civilisé (!) et d'un sauvage, qui adopte Franck, lui révèle sa puissance potentielle, déclenchant une réaction vis-à-vis de ses associés.

La solitude peut être contrainte, le village s'est vidé de ses hommes, et leur absence résonne, ou elle peut être choisie, c'est le cas de Lise qui retrouve une sens à sa vie dans le contact avec la nature, la méditation, la vie saine. Qu'elle soit choisie ou pas, le silence est maître dans ce décor grandiose, un silence peut se révéler assourdissant.

Les chapitres se succèdent assez rapidement, alternant les deux périodes du récit, ce qui donne un rythme de plus en plus puissant, haletant.

La dépendance de certains personnages vis-à-vis de leur portable, du Wi-Fi, d'Internet est abordée de manière très drôle: circuler le bras tendu vers le ciel, à la recherche du réseau, en proie à la panique…

« Depuis des années, sans même qu'il s'en rende compte, aller sur Internet relevait du réflexe. Il en avait autant besoin que de café. »P 135

J'aime beaucoup Serge Joncour, car à chaque page on retrouve son amour de la Terre, de la Nature avec laquelle il communique, de son respect pour le monde rural qui ne l'empêche pas de se montrer parfois intransigeant et un peu caustique. On sent son écriture monter en puissance au fil des romans.

J'ai eu la chance de le rencontrer, lors d'une séance de dédicace à la bibliothèque et je suis restée sous le charme… Il en impose par la manière dont il parle de ses romans de la manière dont il écrit autant que par sa stature (il ne doit pas être loin des 1,90m).

Ce roman est un véritable coup de coeur, il me permet de terminer 2018 en beauté. Un des romans phare de cette rentrée littéraire, en ce qui me concerne.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Avec une certaine hâte, me levant dès potron minet, j'ai voulu finir ce magnifique livre ce matin.
Serge Joncour, c'est d'abord et surtout une écriture superbe, belle à en pleurer.
Cette écriture âpre, lumineuse, sauvage, parfois violente, je l'aime à chaque fois davantage.
Pour moi, il y a du Balzac et aussi un peu de Philippe Claudel dans cette écriture.
Oui, pour moi, à ce jour, c'est son meilleur livre.
Il nous prend par la main mine de rien et nous entraîne dans le royaume de la nature, des animaux sauvages, de l'amour, de la violence, du désir, désir qui n'a pas de secret pour lui tant il en parle si bien.
Roman sur deux époques, celle du début de la première guerre mondiale, et celle d'août 2017. Mêmes lieux, mêmes collines, même maison mais pas la même époque.
Il nous offre une bien belle histoire.
Ce roman ne plaira pas aux végétariens ou aux vegans, car il est beaucoup question de viande, de boucherie, de bêtes sauvages, de dévoration, de lions et de tigres, tous mêlés, cela donne l'idée d'un conte, mais sur deux époques de cent ans d'intervalle.
Avec beaucoup de finesse et de justesse, Joncour nous fait entrevoir la progression inéluctable de Franck accompagné de sa femme, Lise, lui qui ne voulait pas venir s'enterrer dans cette maison du Lot, cernée par les collines, loin de tout.
Et pourtant, la magie opérant, il sera, à la fin, dans son élément. Et il ne voudra plus partir.
Et puis n'oublions pas Alpha (petite précision, c'est le nom que l'on donne aux femelles ou aux mâles dominants dans une meute), ce superbe animal moitié chien moitié loup, qui est décrit merveilleusement, dont on ne sait d'où il vient, mais qui restera fidèle à Franck jusqu'au bout.
Forcément, vivant avec une meute de chiens, ce livre ne pouvait que me plaire !
C'est un livre magnifique que je vous conseille, deux histoires entremêlées, imbriquées, presque identiques.
Oui, décidemment, ce dernier Joncour est extraordinaire, cela ne m'étonnerait pas qu'il remporte un prix littéraire.
Ce livre est comme l'émerveillement d'un jour nouveau.
A lire, sans l'ombre d'une hésitation.

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C'est un immense roman que je referme.
Serge Joncour signe peut-être avec « Chien-Loup » son meilleur roman, le plus intense, le plus envoutant.
Si je dis « peut-être », c'est que j'ai pensé la même chose du précédent « Repose-toi sur moi » et que je dirai probablement encore la même chose du prochain.
Et oui, Monsieur Joncour, Je vous ai aimé, je vous aime et vous aimerai !

Bref, revenons à ce « Chien-Loup » qui nous plonge dans l'univers hostile de la campagne, au bout du bout du monde, au fin fond du Lot, une zone blanche, sans aucune connexion Internet, ce qui risque de rendre fou Franck producteur de cinéma qui a suivi son épouse Lise soucieuse de se ressourcer au calme, loin de tout.

En parallèle, on découvre le village pendant la Première Guerre Mondiale. Les hommes sont partis au front, les femmes sont restées seules avec les vieillards et les infirmes. Un jour arrive un allemand dompteur de lions, qui s'installe avec ses fauves sur les hauteurs du village.

Je n'ai pas envie d'en dire plus sur ces deux histoires, d'autres l'ont fait et très bien fait.

Serge Joncour est plus qu'un écrivain, c'est un conteur, un raconteur, un vrai, un talentueux. le lire, c'est accepter de vivre hors du temps pendant quelques heures, c'est s'imprégner d'une atmosphère étrange où le présent et le passé se télescopent, où les humains et les animaux se livrent à une sorte de jeu fascinant et dangereux.

La maîtrise de l'écriture de Serge Joncour me fascine à chaque fois, peu d'écrivains savent trouver des mots simples pour en faire des phrases et des histoires extraordinaires.

Bon, je vais m'arrêter là, car je pourrais écrire encore et encore sur l'écrivain de mon coeur.
Que voulez-vous ? Quand on aime…

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Nous voici en 1914.
Nous voilà en 2017.
D'un millénaire à l'autre, d'un chapitre à l'autre, Serge Joncour évoque deux époques en un même endroit : un gite hors du temps, isolé aux confins du Quercy. Bois et collines à perte de vue, zéro réseau, zéro voisin, zéro magasin. De quoi décompresser dans les grandes largeurs.

Précisément en quête de ressourcitude, un couple de citadins s'en va donc vivre, sans le savoir, sur les traces légendaires d'un mystérieux personnage, maître de ces lieux un siècle auparavant.

Je ne divulguerai rien des deux intrigues qui s'entrelacent ici, mais passais juste pour dire vite fait que j'ai dévoré ce livre dont j'ai aimé l'originalité, la construction, l'atmosphère et le ton. Aimé aussi la subtilité avec laquelle Joncour se joue tranquillement de nos peurs sans pour autant se vautrer dans l'abominable. Ses deux histoires en écho ressemblent finalement à cette nature ambiguë dont il a manifestement pris plaisir à dépeindre le paradoxe : sauvage, hostile, généreuse et apaisante.

Un formidable roman de déconfinement.

Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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Chien-Loup, comme son nom l'indique, est une histoire d'hommes, âpre et violente. Ah, me direz-vous, voilà une chronique qui commence dans l'ironie. Mais je suis très sincère en venant à peine de refermer les dernières pages de ce magnifique roman de Serge Joncour. Ici il est question d'animalité, de prédateurs et de proies. Les fauves ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
L'homme est un loup pour l'homme, écrivait le philosophe Thomas Hobbes. Et le chien, dit-on, est le meilleur ami de l'homme. Du chien, il n'y a pas loin de passer au loup, parfois la frontière est ténue. Voilà, côté ambiance...
Serge Joncour nous pose le décor de ce récit haletant au fin fond du Lot, dans les causses du Quercy, à un endroit où l'on ne peut capter le moindre réseau téléphonique sans fil. J'entends déjà certains me dire : Chic ! Et d'autres plutôt pousser des soupirs sarcastiques en fustigeant un tel lieu. C'est précisément la raison pour laquelle Lise, une femme en pleine reconstruction de sa vie personnelle, entraîne là-bas, dans la location de cette maison totalement isolée, dans ce lieu haut perché, son mari Franck, producteur de films, qui aborde une période compliquée de sa carrière professionnelle et dont le contexte le contraint à devoir se remettre en cause.
Dans ce métier cruel et impitoyable, Franck n'est rien d'autre qu'une proie facile, un grand mâle vieillissant, où le premier prédateur venu est prêt à lui sauter à la gorge. Peu à peu il prend la mesure de sa vulnérabilité.
C'est à cet endroit perdu, comme presque retiré du reste du monde, que Serge Joncour installe deux histoires qui vont faire écho l'une à l'autre, tout au long du récit ; l'une se déroule au commencement de la guerre 14-18 et l'autre en 2017. Ils ont un premier point commun, celui de se dérouler dans le même lieu. On verra, au fil des pages, que ce n'est pas le seul, mais chut...
Ainsi, d'un chapitre à l'autre, le lecteur va et vient entre ces deux récits, les mains parfois griffées par les ronces qui jalonnent le chemin de ces pages. le lieu devient un personnage à part entière et installe peu à peu une théâtralité où grandit l'angoisse. Si ce lieu est plein de quiétude le jour, il n'en est pas de même dès les prémices du soir : feulement de bêtes, froissement de buissons, bruit de cavalcades... Ici l'endroit devient sauvage à souhait, où le fantastique entre dans l'imaginaire des hôtes de ce lieu, comme une faille au-dessus du vide de la nuit. Car ce paysage sauvage a aussi la particularité de poser ses limites au bord du vide qu'invite une falaise vertigineuse, au détour de cette nature florissante.
Et puis il y a aussi ce molosse, mi-chien mi-loup, à la fois attachant et terrifiant...
Dès le début du roman, Lise est comme en apesanteur dans ce paysage, tandis que Franck y voit seulement un décor hostile. Ici nous sentons l'odeur de la terre quand celle-ci s'éveille.
C'est l'endroit où il s'est passé des choses autrefois. Peu à peu, ces choses vont se réveiller, se révéler...
Ici la flore est d'un exotisme dérangeant.
Les deux histoires se parlent au-dessus de ce vide abyssal. On entend au loin la voix des hommes absents comme un écho. On entend le bruit de la guerre et celui de la mort. On entend le silence d'un village autour de celles et ceux qui sont restés, qui ne prennent pas part à la guerre, du moins sur le front. Ce sont les femmes, les enfants, les vieux et ceux qui sont inaptes à faire la guerre.
C'est une guerre dont on ne sait dire, au début du récit, combien de temps elle durera encore, et si elle s'arrêta un jour.
Puis, entrent en scène un dompteur de lions et de tigres, allemand déserteur de surcroît, durant cette grande guerre qui déroule son cortège de barbarie, et une femme du village, une comme tant d'autres, qui attend le retour de son mari parti au front... Loin de la furie dévastatrice du monde, ils vont s'éprendre d'un désir fou, faire l'amour comme si la paix du monde et son rêve entraient dans leurs corps.
Ici nous voyons apparaître des animaux sauvages, des tigres et des lions surgis de l'envers des pages, entrés dans le rêve des enfants et la peur des adultes. Il y a un peu de fantastique, comme si l'imaginaire des enfants venaient aussi peupler ce livre. Et puis aussi un dompteur troublé par le désir d'une femme dont le parfum pourrait venir agacer les lions et son autorité sur eux.
Bientôt, nous sommes totalement griffés de part en part, nous avons du mal à reprendre notre souffle, nous découvrons une cage de cirque au fond d'une igue aux allures de jungle. Et alors, nous avons peur de ce qu'il peut advenir plus tard. Plus tard c'est comme un vertige...
Nous avons peur et cela est excitant. C'est un roman sensuel où l'odeur de la terre et des corps épris vient se mêler aux pages qui frémissent sous nos doigts émus.
J'ai aimé la métamorphose du personnage de Franck. C'est un magnifique personnage qui se transforme sous nos yeux. C'est beau. J'ai aimé ce roman prenant. Je me suis souvenu de mes pas sur le chemin de Compostelle qui traversait les causses du Quercy. C'est un endroit où l'on peut se perdre et aussi marcher toute une journée sans croiser la moindre âme qui vive. Peut-être étais-je tout près d'Orcières...
Le ciel se pose plus tard sur le paysage de ce hameau haut perché. Nos vies aussi ressemblent parfois à ce paysage ou plutôt à cette lumière du soir, entre chien et loup.
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J'avais besoin d'une petite pause dans mes lectures de rentrée, et j'ai trouvé ma lecture de rentrée idéale pour faire une pause pendant cette rentrée… Je ne sais pas si vous me suivez à ce stade. Ce qu'il faut comprendre est que Chien-loup de Serge Joncour m'a forcée à ralentir et m'a quelque peu hypnotisée, rien de moins que ça. Enfin, j'avais du temps à perdre. le temps, d'ailleurs, a suspendu son vol et j'ai mis plus de temps que d'ordinaire à lire un livre pourtant peu épais. Serge Joncour n'est pas un auteur que j'ai l'habitude de lire. J'avais lu il y a longtemps Carton, dont j'avais eu une lecture assez mitigée. L'histoire ? Franck et Lise ont loué pour l'été une maison perdue en haut d'une colline dans le Lot, une maison si perdue qu'elle est hors réseau et que le chemin pour y aller semble avoir été oublié par les hommes. Franck, producteur de films, est tout d'abord extrêmement agité par le fait d'être injoignable tandis que Lise se détend et profite de la vue pour commencer à peindre. Mais peu à peu, tout va se modifier. Un chien sauvage fait son apparition, qui va chercher la compagnie de Franck. Puis, Franck part à la découverte de son environnement et apprend l'histoire de cette maison et de cette région. En parallèle, le lecteur suit les événements qui ont secoué le village pendant la première guerre mondiale, et notamment l'installation d'un dresseur allemand, venu se réfugier là-haut avec ses fauves… Je vais avoir du mal à vous raconter comment ce livre nous enrobe et nous tient dans une nature pleine de force et de craintive sauvagerie. J'aimerais qu'il vous fascine tout autant qu'il m'a fascinée, d'une manière profonde et complètement inattendue. C'est un roman qui sait si bien parler de la force des femmes, de l'instinct, qu'il soit animal ou humain, et du besoin vital de se couper parfois du brouhaha du monde.

Lien : https://leslecturesdantigone..
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Fan de Joncour, je ne pouvais pas commencer cette rentrée littéraire par un autre auteur que lui ... et je n'ai pas été déçue.

Ce qui me touche le plus c'est de me retrouver à travers ses mots dans une région chère à mon coeur et là plus près des lieux que je connais n'aurait pas été possible. J'y ai retrouvé les ambiances, la chaleur, le calme, les gens, le dépaysement, l'isolement ...

Voici pour la parenthèse ! C'est 2 romans que nous offre Serge Joncour avec ces 2 histoires qui avancent presque en parallèle à un siècle d'intervalle.

L'annonce de la guerre, le départ des hommes, les femmes qui prennent tout en charge et cet allemand qui investit les lieux pour protéger ces fauves, des faits qui semblent imprégnés les lieux.

Ces lieux qui reprennent vie le temps de quelques semaines avec Franck et Lise. Ces lieux où la nature est reine vierge de tout réseau coupée du monde. Alors que Lise revit, Franck est en panique totale, peur d'être oublié, manipulé, peur des bruits, peur du silence, de son impuissance.

Et ce chien mi chien mi loup sans collier qui est là, lui montre le chemin, cherche un maitre ? on ne sait pas trop.

Isolés du monde, nous portons sur lui un autre regard comme si ce pas de recul nous ouvrait les yeux ou au contraire nous enfermer dans nos illusions. C'est un peu les 2 versions qui sont portées par Lise et Franck.

Même si c'est dur, la période sur la guerre est plus divertissante avec cette histoire de fauves. On sent toute la chaleur de la région qui s'abat sur les épaules des femmes qui gardent la vie à flot malgré des outils non adaptés à leur corps, les bêtes réquisitionnées et le manque de nourriture. On ressent le poids des illusions encore, les croyances qui ressortent et auxquelles on se raccroche.

Enfin un roman qui m'a encore une fois enthousiasmée, j'aime le style, les images, les émotions que Serge Joncour partage avec nous, ils font écho en moi !
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Perdu au sommet du Causse du Quercy dans le Lot , une maison de pierre situé au Mont d'Orcières a été à 100 ans d'écart un acteur principal de la vie des hommes et des animaux.
le Mont d'Orcières est un lieu perdu offrant à 360 degrés une vue allant du Lot au massif Central.
Pour atteindre ce lieu , une pente à forte déclivité vous attends avant d'atteindre les prés , les ronces, les broussailles , la forêt et toute la vie animale diurne et nocturne qui évolue dans ce paysage.
C'est dans ce contexte que Serge Joncour va nous raconter deux histoires construites autour de cette maison de pierre.

D'abord en 1914 , le tocsin a sonné , la guerre est déclarée. Tous les hommes valides ont rejoint le front , tout comme les animaux ( Vaches et chevaux) qui servent à acheminer hommes et matériel.
Reste au village au pied du Mont d'Orcières , les femmes , les enfants , quelques hommes , les moutons et les brebis.
Et voila que ce présente Wolgang , allemand , dompteur de profession.
Dompteur veut dire lions , tigres. Ils sont au nombre de Huit.
Wolgang ne veut pas de cette guerre. Il déserte et demande au maire du village de bien vouloir l'accepter sur les terres du village.
Le maire accepte et lui propose de s'installer au dessus du village au Mont d'Orcières dans cette maison pierre.

En 2017 , Franck et Lise sont un couple de parisien , la cinquantaine. Lise est comédienne avec de moins en moins de rôles . Franck un producteur de cinéma surbooké mais mise en difficulté avec la nouvelle génération et les nouveaux médias tel Netflix.
Lise souhaite coupée avec cette vie et propose à Franck de faire un break de 3 semaines loin de tout. Elle a déniché une location sur le plateau du Quercy , au Mont d'Orcières. Maison en pierre ,loin de tout. Pas de réseaux - Pas de Wifi. Etre seul au contact de la nature.
Lise va pouvoir méditer , faire de la peinture , se ressourcer.
A l'inverse Franck appréhende ces 3 semaines coupées de tous. Comment va t il pouvoir faire alors que son monde c'est la communication , les médias. Etre connecté coûte que coûte.

C'est le point de départ u roman de Serge Joncour Chien-Loup.
D'un chapitre à l'autre nous passerons de 1914 à 2017.
En parallèle deux histoires vont se construire et petit à petit des passerelles entre ces deux histoires vont apparaître.
En mettent en scène ces deux histoires , Serge Joncour nous éclaire sur un passé anéanti par la guerre et un présent aux prises avec la nature et la violence.
Et au coeur de tout cela le monde animal.
A ce titre la première page du livre est symptomatique. Tout commence par des hurlements , des aboiements , des culs de casseroles que l'on frappe, des cris.
"La nuit , les bois sont un royaume peuplé de cris et de chevauchées. dans l'ombre les animaux en profitent pour vivre à l'abri des hommes, de loin on les entend chasser ou s'accoupler, certains même se battre, chaque nuit la terre redevient le monde des bêtes sauvages, et ce soir-là elles l'étaient plus que jamais " (page 10)
Ce livre vous attrape et ne vous lâche plus. C'est physique , dés fois bestial .
C'est massif , c'est du corps à corps.
Et puis comme toujours avec Serge Joncour il y a la poésie , les bruits , les odeurs ,les parfums, la nature , les détails d'une vie humaine ou animale.
Il y a aussi avec délicatesse , avec pudeur , les amours de guerre , la découverte des corps.
A travers ces deux histoires qui paraissent très éloignées , Serge Joncour nous fait réfléchir sur la sauvagerie du monde et de la nature.
Sauvagerie d'une guerre mondiale qui laisse les femmes seules au prise avec les champs , les animaux.
Sauvagerie d'un village qui verrait bien Wolgang le dompteur comme un bouc émissaire.
Sauvagerie de prédateurs ( Lions et tigres) que leur atavisme poussent vers les brebis.
Il semble que cette sauvagerie est du siècle dernier !
Et pourtant en 2017 , Franck est confronté à la sauvagerie du monde de la communication , à la sauvagerie des réseaux sociaux et du tout connecté.
Il pense que la nature est sage et domptée. N'empêche qu'il retrouvera vite une nature sauvage dans ces peurs : bruits des animaux, la forêt la nuit.
Cette dualité entre nature sauvage ou apaisée , il la retrouvera, avec l'apparition du Chien-Loup et ce questionnement . Quelle part de l'homme dans l'animal et quelle part de l'animal dans l'homme?
Chien-Loup est l'un des grands romans de la rentrée littéraire.
Un petit séjour de quelques semaines sur le Mont d'Orcières nous désintoxiquerais de notre monde surbooké et nous rappellerais que l'homme vit au milieu de la nature et des animaux.

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un coup de coeur pour ce livre qui nous entraine dans deux époques, 2017 et 1914 avec un personnage central qui est la nature sauvage du Quercy. Magnifique écriture, pourtant sans fioriture mais puissante, odorante. Et puis en 2017 il y a Lise qui trouve sa place tout de suite dans cette maison loin de tout, il y a Franck le mari qui va peu à peu quitter son addiction à la connexion permanente à internet et devenir l'ami d'un chien loup. Chien qui va devenir une présence rassurante, mais mystérieuse aussi. Et puis il y a 1914, le départ des hommes valides, les bêtes réquisitionnées, la peur, le racisme, les bêtes cachées pour garder des provisions, et cet allemand que l'on accepte tout là haut avec ses 8 lions pour faire la nique à ceux qui ont volés les hommes. 2 périodes ou comment le passé va résonner dans le présent d'une façon tout à fait curieuse. Et puis Netflix, et puis la méditation et puis tant de choses. Lisez ce livre !
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Le chemin parcouru, accompagnée de Bambi ou Alpha, est un chemin de montagne à travers bois dans une région que je connais bien mais qui me reste cependant mystérieuse. Je suis un peu comme le personnage principal, j'ai du mal à couper avec la ville, intriguée par le poids du silence, notamment la nuit, mais curieuse de découvrir ce qui peut bien se cacher en moi et se révéler alors que je suis isolée dans une maison au bout du monde et de ma solitude.

Une fois de plus, j'ai fait confiance à Serge Joncour que je suis de roman en roman depuis des années et qui jamais ne m'a trahie. Une fois de plus, je quitte cette lecture l'âme un peu chavirée et le sentiment d'avoir partagé quelque chose de très fort avec un homme généreux, humain, fidèle à lui-même et si magistral dans la musique des mots.
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