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sur 696 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Gaëlle Josse est une auteure avec qui je me promène depuis son premier roman Les heures silencieuses, son écriture avait enthousiasmé ma lecture, j'ai poursuis mon chemin avec d'autres livres comme Nos vie désaccordées, Noces blanches, le dernier gardien d'Ellis Island, L'ombre des nuits et ce dernier opus Une femme en contre-jour. J'ai eu des coups coeurs comme des déceptions, des émotions diverses, Gaëlle Josse a su batailler mon coeur et mes émotions pour que je puisse continuer à dévorer ses romans. Il y a dans ses livres une forme de vérité puisée au grès de ses lectures, d'un tableau, d'un fait historique, d'un personnage et s'enroule alors la chanson de ces mots dans des phrases courtes, incisives, riches, explosives, métaphorique et riche d'aphorisme.
Une femme en contre-jour est une sorte de biographie romancée, me remémorant Elsa mon amour de Simonetta Greggio, d'un style similaire, Stefan Zweig de Dominique Bona, retraçant les derniers de jours de cet auteur Autrichien, mais aussi celles de Stefan Zweig, nombreuses, amoureux de ces personnes qu'il fait revire dans ces multiples biographies comme son ami, Émile Verhaeren, Romain Rolland et des personnages célèbres le touchant, comme, Marie-Antoinette, Érasme.
Qui est cette femme en contre-jour, Vivian Maier ? Gaëlle Josse s'interroge énormément sur le portrait de cette femme, cette photographe amateur devenant par le concours improbable, une icône nouvelle de la photographie. Cette quête presque impossible de découvrir l'insondable, de s'affranchir de l'incivilité de cette femme au passé trouble et sinueux. Pour parfaire le tableau, cette photographie, figeant l'instantanée de la vie de cette gouvernante au double visage selon les témoignages contradictoires, à le couleur de vie d'un contre-jour que le titre du roman résume parfaitement. Ce titre au double sens, celui de l'art de la photographie faisant renaitre cette femme de l'ombre à la vie des noirs et blancs de ces clichés, toujours une dualité habitant le coeur de cette femme étrange dans l'inexorabilité familiale d'un songe lointain, une respiration sourde la séparant de ces liens sanguins d'une mère aux noms multiples, cherchant à fuir sa famille, son père meurtri par ses démons, et d'un frère ainé broyé par cette famille sans amour, sans tendresse, juste de la haine et de la violence utérine et sociétale.
Ce roman est une construction d'une vie sans romance, sans artifice, juste une recherche de vérité plus ou moins impossible, Vivian Maier est comme un fantôme, un spectre de vie anonyme, elle a cette intemporalité d'être une femme transparente à la société, même si Gaëlle Josse essaie de tracer un arbre généalogique, de sa grand-mère française, immigrée aux états unis à ses parents dévoreurs d'espoir, poursuivant l'âme de cette gouvernante devenu post-mortel, une photographe reconnu, pour comprendre, le génie habitant l'esprit de Vivian Maier. Ce cycle de vie difficile à mettre en prose tant les zones obscures sont nombreuses, Gaëlle Josse sonde au plus proche de son coeur la vie atypique de cette dame au physique androgyne, à la noirceur impalpable d'un passé secret, peur des hommes, s'enfermant d'un verrou, pour se protéger d'un mal mystérieux, gardant tout dans des cartons, s'isolant dans les dédales de ses souvenirs bien à elles, construisant son habitat intérieur, telle une poche utérine comme le ressent Gaëlle Josse, Vivian Maier interroge notre auteur, creusant la source d'une photo aperçut, puis d'une autre et comme le tableau d'Emanuel de Witte inspirant le roman Heures silencieuses, la rivière de la création inonde l'esprit de Gaëlle Josse pour donner naissance à Une femme en contre-jour.
Gaëlle Josse ajoute à son roman, un aparté personnel, un postscriptum sur les émotions intimes que lui a données cette photographe. Gaëlle Josse se livre, ce miroir qu'est Vivian Maier avec le portrait de ces visages anonymes et celui des mots posés dans ses romans pour donner vie à ces êtres, une lumière d'une renaissance. Nous pénétrons un instant bref et rare chez un auteur, sa source, le sésame de l'écriture.
« Écrire, c'est se rêver Shéhérazade. Sait-on à quelle source la conteuse de légende venait puiser, chaque nuit, une nouvelle histoire ? »
Cette dernière parenthèse du roman pénètre plus l'intimité de notre auteure, vecteur inconsciente de Vivian Maier, catalysant la genèse de l'écriture au fil des mots glanés, comme ses clichés cachés dans des cartons, ces pellicules dans l'ombre de l'oubli, de ce regard emprisonnant l'anonyme vers une destinée de reconnaissance artistique, une profondeur d'âme interpelle, déstabilise le public face à ses portraits, comme Gaëlle Josse, le fût, le sera, l'est pour continuer d'écrire et de percer des vies futures comme l'histoire de son roman Noces de neige.
Il y a dans la vie de Vivian Maier des va et vient de vie, l'écho de la France, l'identité de son noms, les secrets de famille, la photo et ce côté sombre de son âme, témoignent des anciens enfants gardés, la décrivant comme une femme persécutrice, horrible, perverse au contraire d'autres, la voyant comme un rayon de soleil, irradiant leurs vies d'enfants, comme les trois frères lui rendant hommage et l'accompagnant un peu vers fin de sa vie. J'aime le clin d'oeil de Gaëlle Josse, avec cette figure de style, l'épanadiplose, Vivian Maier sur un banc au début du roman et la fin celle-ci sur le même banc, cliché d'un amateur, l'immortalisant comme elle le fit avec tous ses quidams figés dans ses photos.
Gaëlle Josse surprend toujours par son écriture, toujours nerveuse, concentrée, aphoristique et entrainante. Une femme en contre-jour est comme le titre, à contre-jour, une partie plutôt ennuyeuse celle de la famille de Vivian Maier, cette blessure ouverte que notre auteure devait coucher sur papier, tentant de percer le secret de cette femme lunaire. Et l'autre plutôt courte et surtout plus profonde sur Vivian Maier et en sublimant celle de Gaëlle Josse.
Gaëlle Josse ouvre un interstice à la fin de son chapitre Délitement et vertige de la chute, sur une plaie ouverte des malades mentaux, avec cet adage monstrueux « extermination douce » et cette réflexion lucide sur notre société terrifiée par ses fous. Cette fissure pourrait être un roman futur pour notre auteure, une aventure de mots qu'elle affectionne avec la magie de la recherche et des vies secondaires.
Ce livre est divers, dans mon émotion de lecture, comme en contre-jour, je glisse souvent vers des humeurs contradictoires, mais ce qui fait le charme d'une lecture, une femme en contre-jour est une oeuvre qui fera polémique dans ses critiques, c'est la valse d'un bon roman, la division des sentiments.
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Il y a 4 ans, au hasard d'une promenade à Saint-Germain avec mon mari, nous hésitions sur ce que nous allions aller voir au cinéma. "Regarde ça, ça a l'air intéressant. -Ah oui, pourquoi pas ?" Et sur ce pourquoi pas, nous entrions dans la salle pour voir "A la recherche de Vivian Maier".
J'en ressortais quelques 2 heures plus tard complètement chamboulée par l'histoire de Vivian Maier, que tout le monde connait maintenant, par ces cartons de négatifs, de planches-contacts, photos, achetés aux enchères par un agent immobilier qui sut deviner le talent contenu dans ces images, surtout par ces photos en noir et blanc qui me parlent, accrochent mon regard.
Ce livre de Gaëlle Josse a donc forcément attiré mon attention dès l'annonce de sa parution.
Et si je n'ai pas appris énormément sur la vie de Vivian Maier (il faut dire qu'à la suite du documentaire, je m'étais beaucoup renseignée et que c'est une photographe dont les travaux me restent toujours en tête), j'ai aimé la façon dont elle prend vie sous la plume de Gaëlle Josse.
L'émotion affleure à chaque ligne, Gaëlle Josse se reconnait dans l'artiste qu'a été Vivian Maier. Après nous avoir narré avec beaucoup de tendresse et de poésie la vie de cette photographe de talent, elle revient sur le lien entre elles, sur la quête de sa propre identité qu'elle décèle chez Vivian Maier.
Merci infiniment à Notabilia et NetGalley.
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Chaque nouveau roman de Gaëlle Josse est toujours un grand moment, sous sa plume , les gens les plus ordinaires connaissent leur moment de gloire pour notre plus grand plaisir.
L'écriture est magnifique, chaque mot à sa place, pas de fioritures ni d'envolées lyriques, elle plante le décor et nous propose le quotidien simple d'une gouvernante.
Il y a les fictions qui nous font rêver et celles qui parlent de notre réalité, de notre monde, Gaëlle Josse s'inscrit dans la seconde catégorie et son pouvoir réside dans sa façon de magnifier les gens, les invisibles.
Une femme en contre-jour nous livre la vie d'une artiste qui est totalement passée inaperçue de son vivant, une femme à la vie chaotique passant de maison en maison pour garder des enfants.
Mais il y a une chose que l'on ne peut enlever à cette femme c'est son don pour la photographie et la très grande collection qu'elle a laissée derrière elle.
C'est d'ailleurs cette dernière qui a révéler un talent inconnue et permis de mettre toute la lumière sur une grande dame!
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Un très bel hommage. L'histoire d'une femme qui atteint le haut du podium seulement deux ans après son décès. L'enquête mené pour retracer son existence est captivante. L'autrice nous plonge dans une Amérique pauvre, sur la toile de la grande dépression, la misère des petites classes, la saleté des quartiers pauvres, et cette femme. Qui déambule entre la France et l'Amérique témoignant de son époque durant toute sa vie, sans rechercher la moindre reconnaissance. L'autrice a fait un travail formidable. le seul bémol reste que cette jolie histoire se tient sur une centaine de pages seulement. le rythme du récit est si rapide que l'on a l'impression d'être en avance rapide, avec des ellipses de dizaines d'années, ce qui créer un sentiment de frustration. Mais G.Josse nous témoigne à la fin de son livre, de son travail titanesque de récréer la vie d'une parfaite inconnue au milieu de la foule, ce qui tend finalement à nous réconforter.
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Quelles belles découvertes !...

Découverte de Gaëlle Josse, dont c'est ma troisième lecture d'affilé, après "Une longue impatience" et "L'ombre de nos nuits". Et même si le style descriptif de ce récit biographique est moins émouvant que celui de ses romans, l'écriture reste magnifique.

Découverte de Vivian Maïer, dont je n'avais jamais entendu parler. Ce personnage hors du commun attire l'intérêt et la sympathie. Son parcours de femme, et à cette époque, de la naissance à la mort, est totalement atypique.

Quelques redondances sont toutefois à déplorer, ainsi que quelques lourdeurs dans la construction du récit.
Et une envie folle de voir les photos, ainsi que le reportage consacré à Vivian Maïer.
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Qui était donc Vivian Maier ? D'où venait-elle ? Que pensait-elle ?
Cette femme photographe est un mystère pour beaucoup. Des cartons et des cartons de ses photos ont été retrouvés après sa mort, et son génie reconnu, mais a-t-elle vraiment été heureuse de son vivant ?
Gaëlle Josse brosse joliement le portrait de cette artiste méconnue, et donne envie de se plonger dans l'oeuvre photographique de Vivian Maier.
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Sorte de biographie de Vivian Maier, la « nounou photographe » des années 50, dont l'oeuvre a été soudain révélée alors qu'elle même décédait dans l'anonymat et le dénuement. Une femme étrange, ambivalente, au parcours singulier. Intéressant, mais le livre ne m'a pas emportée comme les autres romans de Gaëlle Josse. Après avoir vu l'exposition au musée du Luxembourg, j'ai eu envie de relire ce livre auquel je n'avais pas vraiment accroché lors de ma première lecture. Est-ce que parce que je l'avais déjà lu ? Est-ce parce que j'ai beaucoup apprécié l'exposition ? Ou mes attentes étaient-elles tout simplement différentes ? Cette relecture m'a cette fois intéressée et je l'ai lu très vite, sans pour autant estimer que c'était le meilleur roman de cette autrice.
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Le destin d'une artiste dont l'oeuvre a vu le jour après sa mort, dont le parcours est merveilleusement bien restitué par Gaëlle JOSSE.
Je ne connaissais rien de Vivian Maier et j'ai découvert le destin de cette femme invisible, solitaire, à l'enfance bousculée, un pied en France, un pied à New York puis Chicago, nurse au service des enfants des familles aisées.
J'ai été très sensible à ce parcours de femme qui s'en sort toujours (ou presque), curieuse, l'oeil toujours en alerte, inséparable de son appareil photo, fixant des portraits au fil de ses déambulations, des paysages, accumulant dans ses cartons (ses seuls trésors et biens) des pellicules, photos, cartes postales.
Pourtant, et malgré sa bienveillance et son empathie, Gaëlle JOSSE n'occulte rien de cette personnalité complexe, que certains n'ont jamais oubliée, dont d'autres conservent un souvenir mitigé ; une femme rattrapée par la folie familiale sur la fin de sa vie.
Si je retiens une phrase clé qui résume ce destin, c'est « l'histoire d'un bouleversant effacement devant l'oeuvre, la beauté du geste, la perfection du geste, rien d'autre. Les yeux prêts pour la photo suivante ».
Une mention spéciale à la couverture qui dévoile un peu de ce que fût cette extraordinaire photographe et donne une idée de son travail d'artiste.
Tout naturellement j'ai cherché sur le net à en savoir d'avantage et j'ai découvert des photographies émouvantes, belles et dépouillées qui témoignent d'un grand talent.
J'ai vraiment été sous le charme du texte de Gaëlle JOSSE, dont l'écriture me comble toujours, sensible et précise, elle réhabilite celle qui fût si peu durant sa vie et qui, ironie du destin, laisse une oeuvre inoubliable.
Merci à #netgalleyfrance# et aux #EditionsNoirsurblanc# pour cette jolie découverte


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CAPTIVANT ET PASSIONNANT !

Ce sont les deux mots qui me viennent en pensant à ce livre.

En apprenant que l'auteure allait venir dans ma ville et présenter son nouveau roman, je me suis empressée de le lire. Ce fut donc un grand plaisir de l'écouter lors de cette rencontre.

J'avais déjà lu plusieurs romans de Gaëlle Josse et à chaque fois, ses romans sont réussis et touchants. C'est avec joie, que j'ai découvert Une femme en contre-jour.

Gaëlle Josse nous raconte cette fois-ci, le portrait d'une femme mystérieuse et talentueuse. Vivian Maier, photographe de génie, au destin hors norme et tragique.

Je ne connaissais pas du tout cette femme, ni son histoire.

Dès ma lecture terminée, je me suis empressée de regarder sur internet les photos qui ont fait sa renommée.

Et quel talent ! Les photographies sont juste incroyables ! Comment ne pas être admirative devant tant de beautés. Elles sont belles, intenses et traduisent tout le talent de cette femme pour cet art.

Cette histoire m'a passionnée du début jusqu'à la fin. Son destin est étonnant et spectaculaire. Je vous invite vraiment à découvrir Vivian Maier, à la destinée inimaginable et passionnante.

Une photographe prodigieuse !

J'ai vraiment aimé découvrir sa vie et son parcours si atypique, grâce à l'écriture de Gaëlle Josse qui a su transporter le lecteur dans cette histoire intrigante et riche de rebondissements.

C'est aussi tout le talent de l'auteure, d'avoir réussi à retranscrire avec brillance et finesse l'histoire de cette femme fascinante avant-gardiste.

Une belle lecture.

Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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Ayant beaucoup apprécié les précédents textes de Gaelle Josse, je me suis plongé dans cette biographie qui m'intéressait à un autre titre. J'ai vu il y a quelques mois déjà une exposition à Grenoble consacrée à Vivian Maier, expo dont elle était l'une des composantes. Elle fit quelques allers-retours entre les USA et les Alpes d'où était originaire sa famille maternelle. L'étonnant destin de cette femme ne peut laisser indifférent. Je fais moi-même de la photo en amateur et je ne peux qu'être admiratif devant la permanence de la démarche, une nécessité vitale d'immortaliser ses contemporains, certains de ceux-ci, déshérités de toutes sortes. La prise de vue compulsive a occulté le résultat, que l'on découvre aujourd'hui, plus de dix ans après son décès. Pas le temps, pas l'argent pour effectuer les tirages, c'est suffisamment rare pour être souligné, obsédés que peuvent être les photographes du résultat de leur travail.
L'aspect sociologique de ces travaux est évident mais était-il conscient au moment de la prise de vue ? Il semblerait que l'image de l'être humain était fortement dégradée dans l'esprit de V.Maier, trimballée par une mère immature et un père irresponsable, sauvée des eaux par une grand'mère prévoyante et quelques rencontres heureuses. Une solitude réelle se dégage de cette vie, la photographie est un art de solitaire, éminemment personnel, le regard n'appartient qu'à soi, permettant de cristalliser sa propre perception de la réalité. Celle-ci n'existe pas, elle n'est qu'un fragment de vie, dont la photographie se saisit, l'immobilisant pour l'éternité.
Nul doute que le dépouillement et les tirages de ces milliers de clichés nous apporteront des informations précieuses sur une personne hors-normes ayant fait de son appareil-photo un outil au service d'une quête personnelle.
Gaëlle Josse nous emporte dans les bagages de cette voyageuse, anonyme témoin de son temps.
Merci à elle.
Expo actuellement à la Galerie Les Douches, Paris 10 ème jusqu'au 30 Mars 2019, dépêchez-vous.
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