« Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente » (
Apollinaire).
*
Gaëlle Josse déroule dans ce court roman l'attente d'une mère dans l'absence de son fils.
Un portrait de femme défini aux allures de tragédie.
Un roman pétri de pudeur, de sensibilité, de souffrance, de solitude, autour de l'amour maternel.
Depuis la lande où courent genêts et bruyère, du bord de la falaise surplombant la mer, elle l'attend…longuement, et espère, toujours, inlassablement.
« L'incertitude comme seul point fixe ».
Une mère attend que son fils revienne par-delà les océans, une mère qui tremble, qui ne sait plus…
L'histoire se déroule dans un petit village de Bretagne – avril 1950 – ce soir-là, « Louis n'est pas rentré ».
Anne, veuve du père de Louis, remariée avec Etienne avec lequel elle a eu Gabriel et Jeanne, égrène un quotidien dans une atmosphère de marées, vents et tempêtes, et des digues prêtes à lâcher…tout au fond de son être.
Dans une ambiance d'après-guerre aux tons sépia – teintes du temps - le chagrin intense plonge une mère dans un gouffre de désespoir, où elle est son propre ennemi, en lutte pour rester du côté des vivants.
« Je vis avec une absence enfouie en moi, une absence qui me vide et me remplit à la fois ».
Soumission, douleur et folie se côtoient.
Violence et colère, dans un silence assourdissant d'absence et de projection, de conjectures en souvenirs.
Amour maternel, amour conjugal.
Beaucoup de tristesse, d'abnégation, et une espérance chagrine, comme la plainte lancinante et douloureuse d'une sirène de bateau depuis l'horizon lointain…
*
Dès les premières pages, j'étais révoltée par la situation que je lisais et agacée par les choix du personnage de la mère, cherchant à comprendre comment en être arrivée là.
Je me suis sentie déprimée par tant de misère et de désespoir déployés.
A la fois,
il y a beaucoup de beauté tragique et d'émotion dans l'histoire racontée, et j'ai apprécié le style d'écriture.
*
« Ma maison à moi c'est l'attente. C'est l'océan et le bateau de Louis. Quelque part sur une mer du monde. L'incertitude comme seul point fixe. Sous mes gestes de chaque jour, il n'y a que du vide. de la place pour les songes apportés par le vent, pour les mots racontés par les flots ».