AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782203095281
163 pages
Casterman (03/02/2016)
3.86/5   25 notes
Résumé :
La collection Sociorama signe la rencontre entre bande-dessinée et sociologie. D'un côté, des sociologues amateurs de BD qui ont créé l'association Socio en cases ; de l'autre, des auteurs de BD curieux de sociologie. Ensemble, ils ont initié une démarche originale : ni adaptation littérale, ni illustration anecdotique, mais des fictions ancrées dans les réalités du terrain. Toute ressemblance n'est pas pure coïncidence... Que se passe-t-il derrière les palissades d... >Voir plus
Que lire après Chantier interdit au publicVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à cette excellente collection Sociorama qui « signe la rencontre entre bande dessinée et sociologie », je poursuis ma découverte de milieux professionnels que je connais peu. Après les actrices pornos et les caissières, place aux ouvriers du bâtiment - ceux du BTP, pas ceux qui bossent chez un patron artisan.

Le sociologue Nicolas Jounin a mené l'enquête de l'intérieur, en se faisant embaucher comme manoeuvre et ferrailleur sur différents chantiers. Comme le montre très bien Pascal Manoukian dans son roman 'Les échoués', le milieu obéit à une organisation bien huilée, formidable selon la logique du profit, révoltante d'un point de vue social et humain.
Une organisation en castes, selon la couleur de peau, avec à la base, les sans-papiers, les intérimaires. Le Noir est manoeuvre, le Blanc est 'aux commandes', ou au pire, ouvrier qualifié. Entre les deux, le Maghrébin est ferrailleur. Le Portugais est assez haut dans cette hiérarchie - ancienneté sur le territoire français ? ou origine plus 'européenne/blanche de souche', comme dirait l'autre ?
Dans cette logique, plus on est haut placé, moins on bosse en altitude, où les risques d'accident du travail sont plus importants (cf. 'Les échoués', où cela est très explicite). On ne s'étonnera pas que les ouvriers appellent tous les Black 'boubou', puisque le système est conçu autour de la discrimination et de l'interchangeabilité de ceux qui ont les tâches les plus ingrates, les plus pénibles.
Mais que fait l'Inspection du Travail ? Elle vient, avec les moyens du bord - faibles. En général à l'improviste, c'est la règle, mais une taupe peut avoir annoncé le contrôle pour avoir moins de paperasseries à faire après... Alerte sur le chantier quand les IT débarquent ! On met des casques dont on n'avait jamais vu la couleur, on planque des gens, on installe des fausses barrières de sécurité qui ne protègent rien...

Encore un très bon ouvrage de la collection Sociorama, aussi instructif que révoltant sur notre merveilleux monde occidental où il vaut mieux être blanc, en CDI, dans un bureau que noir/étranger, sans-papiers, exposé aux intempéries.
France, terre d'accueil !?

Je poursuis avec 'La Banlieue du 20h', où l'on suit « un jeune journaliste [qui] fait ses débuts au service des faits divers du journal télévisé. » Ça promet !
Commenter  J’apprécie          320
Une BD sur le BTP, ça vous fait envie ? Non ? Vous avez raison, y'a rien à voir derrière les palissades métalliques qui camouflent les nombreux chantiers qui fleurissent dans toutes les villes de France qui construisent d'imposants édifices à but social ou pas. Ou plutôt, il s'y passe tellement de choses, que parfois il vaudrait mieux ne pas savoir. Sauf, que certains sont allés y mettre le bout de leur nez, à l'instar du sociologue Nicolas Jounin, qui s'est fait embaucher sur des chantiers comme manoeuvre puis comme ferrailleur ( ceux qui fabriquent ces grilles métalliques qui consolident les piliers ou les murs une fois le béton coulé). de son étude très précise sur cet univers, il en a tiré un livre paru en 2009 que Claire Braud a adapté façon BD en le scénarisant de façon plus empathique puisqu'il nous permet de suivre Hassan et Sekou ( en fait Soleymane), esclaves d'un nouveau genre dans la France d'aujourd'hui.
Si l'actualité nous parle beaucoup en ce moment de ces travailleurs venus de l'Est, exploités eux aussi par le BTP, mais dans le domaine de la finition ( plomberie, peinture, électricité, ...), elle s'intéresse nettement moins de ceux qui s'occupent du gros oeuvre. Et là, croyez-moi, la lecture de "Chantier interdit au public" vous fera entrer de plain-pied dans une réalité encore plus sordide qu'on pouvait l'imaginer. Des agences d'intérim, aux allures fringantes mais aux techniques d'embauches servant à accompagner un système pas loin d'être mafieux, aux entreprises de BTP, qui de sous-traitant en sous traitant, estiment avoir les mains plus blanches que blanches, le parcours de nos deux héros va ressembler à celui d'un serf construisant une cathédrale au Moyen-Age. Rien n'a réellement bougé depuis cette époque, que ce soit les cadences infernales voulues par les commanditaires, les règles de sécurité ( nombreuses sur le papier ) totalement absentes dans la réalité et les salaires indécents et aléatoires jetés comme une aumône à une main d'oeuvre étrangère et sans-papier ! Et comme l'humain aime la domination, ces forçats du boulot créent, sous l'oeil complice de leurs patrons, à l'intérieur même de leur catégorie inférieure, un autre système de castes qui ajoute en pénibilité, en misère.
Ce roman petit format, malgré un dessin que, perso, je trouve un peu fragile, ne laisse absolument pas indifférent et joue parfaitement son rôle d'observateur concerné sur notre terrible monde.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          30
Je découvre sociorama avec ce livre. Cette bande dessinée, en noir et blanc, petit format, m'a beaucoup plu, par ses trouvailles et son traitement humoristique, mais surtout par son aspect documentaire sur les conditions des ouvriers du BTP.
Je n'ai pas appris grand chose, mais je me suis rendue compte, ce qui est nécessaire. Et ce, d'autant plus que je prépare le concours d'inspection du travail (que l'on voit un peu dans la bande dessinée).

Dans la BD, la sécurité n'existe qu'en théorie, le racisme est présent (dans l'agence d'intérim montrée, on embauche ou non une personne selon sa "race") et c'est sans compter le travail illégal. La hiérarchie entre salariés non intérimaires et intérimaires est forte, et elle s'accompagne d'une division du travail "ethnique". On voit un peu le médecin du travail, qui, s'il déclare "apte sous réserve" le salarié intérimaire, sait qu'il le condamne au chômage, ainsi que le chef de chantier qui se décrit comme un "meneur d'hommes". On y voit un accident du travail, et on est sans nouvelle de la personne emmenée aux urgences, ce qui ajoute à l'aspect inhumain.



Sur la forme, c'est bien fait, le jeu de mot cadence-décadence, l'ouvrier représenté en âne, le chef de chantier dessiné en éléphant...
Comme je le dirai pudiquement à mon oral blanc, "il y a décalage entre le fait et le droit". C'est le moins qu'on puisse dire !
Commenter  J’apprécie          10
J'aurais aimé que cette bd m'apporte quelque chose de plus que je ne savais pas. Je pensais que le regard du sociologue apporterait un regard plus critique, plus noir que ce je pouvais en savoir en tant qu'une personne landa. Déjà, j'ai été déçue par le contenu même si l'histoire est bien structurée et cohérente. Puis, j'ai vraiment eu en horreur le dessin. le fait que tout soit en noir et blanc ne me dérange absolument pas mais ce monde graphique qui me rappelle de bien nombreux comics m'a perturbé. C'est un style qui est entre le croquis vite fait et l'imperfection volontaire. Bref, je n'aime pas du tout et cela a peut être contribué au fait que j'ai très moyennement apprécié.

Alors je tiens à souligner qu'il y a quand même des qualités comme la vraisemblance des personnages, la dureté du travail, la précarité de l'emploi, la présence d'un racisme de base très présent très mal accepté, l'impunité des grands patrons... La question que l'on peut se poser c'est, est-ce que l'état français veut vraiment changer ce système? On parle toujours de ces gens qui travaillent au noir. Mais pourquoi ne parle t'on pas des gens qui les embauchent et qui profitent du système?

En tout cas, je ne vais pas poursuivre tout de suite ma découverte de la collection. Je vais continuer à choisir mes bd selon leur graphique et selon les conseils que l'on me donne. Si le sujet vous intéresse vraiment, je vous invite à tourner les pages, sinon passez votre chemin.
Commenter  J’apprécie          10
Peut-être que j'aurai plus apprécié cet ouvrage si il y avait marqué en gros "ceci est l'expérience d'une seule personne et ne représente en rien le secteur du BTP"
La lecture commence sur une caricature d'agence d'intérim, qu'il est difficile de ne pas imaginer sortir tout droit de l'imagination de l'auteur. Vous avez déjà vu des gens faire la queue devant une agence d'intérim ? Moi jamais, ni en vivant en banlieue parisienne, ni dans des "quartiers" de Lyon et de Lille.
Et si vous avez déjà fait de l'intérim (mais évidemment cette bd s'adresse surtout à des gens qui n'en ont pas eu besoin et veulent une conscience de classe à peu de frais), vous savez comme ces agences galèrent à trouver qui que ce soit.
Et quand vous les plantez pas au 1er boulot, ils sont tellement contents qu'ils vous en trouvent toutes les semaines.
Que ce soit mal payés ou dans de mauvaises conditions, c'est pas faux, mais on est tous traités également dans l'absence de fourniture de chaussures de sécurité.
La Bd se passant à Paris, vous êtes priés de croire que ca se passe pareillement dans toute la France, aucune nuance ne sera proposée.
Mais la nuance, c'est pas dans les dialogues qu'on les trouvera non plus. Parce que d'aller dénoncer un racisme systémique d'un secteur en écrivant des dialogues si plats pour les personnes racisées, c'est un comble.
Dommage, l'idée était intéressante.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
BDGest
01 mars 2016
Assez grinçant l’humour, fatalement, mais le message passe d’autant mieux qu’il est ainsi incarné, humanisé par les personnages pittoresques traversant le récit.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- LES GARS !! L'Inspection du Travail va DÉBARQUER !! FAUT TOUT M'SÉCURISER ! ALLEZ ! DÉPÊCHEZ ! METTEZ DES GARDE-CORPS PARTOUT ! SÉCURISEZ LES ÉCHELLES ET LES BANCHES ! METTEZ DES HARNAIS !
[précipitation générale]
- HOLA ! T'APPUIE PAS LÀ-DESSUS ! C'EST PAS SOLIDE !
- Bah quoi ? C'est pas un garde-corps de sécurité ?
- C'est un « trompe-inspecteur » ! C'est des garde-corps qu'on met juste pour les inspecteurs, pour « faire » sécurisé... Mais en vérité, c'est pas solide. Nous on le sait et on fait attention, on sait où faut marcher.
[...]
- S'il y a des inspecteurs qui passent, ils [les chefs] donnent tout ce qu'il faut. Les lunettes, le masque... Mais les autres jours, on n'a rien ! On a seulement la brouette et la pelle ! C'est tout !
(p. 100 à 104)
Commenter  J’apprécie          202
- Il vient faire du ferraillage, donc emmène-le à Amadeo.
- Hé ! Comment il sait que je fais du ferraillage ?! C'est écrit dans l'journal ou quoi ?
- Hiiii ! Non ! C'est que t'es un Arabe.
- Eh bé ? J'vois pas l'rapport.
- Les types avec des pinces, les 'ferrailleurs' quoi, c'est souvent des Arabes.
- Ah ouais ?
- Ouais. Et les Noirs font quasiment toujours manoeuvres.
- Ah bon.
- Oui, c'est un genre de caste, comme en Inde ! Mais version BTP ! Les chefs, c'est souvent des Portugais, et les Français, s'ils sont pas tout en haut aux commandes, le plus bas qu'ils font c'est 'ouvrier qualifié'. Un Français ou un Portugais 'manoeuvre', ça existe pas.
[...]
- 'Manoeuvre', c'est le plus BAS que tu puisses faire. Tout le monde a le droit de te donner des ordres. T'es payé une misère. Ça te flingue le corps par tous les bouts... et personne ne veut que tu évolues. Si tu es manoeuvre, tu restes manoeuvre. L'Intérim, les chefs, tout ça, ils veulent que tu restes où tu es.
(p. 36-37 et 39-40)
Commenter  J’apprécie          80
[un chef d'entreprise BTP]
L'intérim met déjà les gars dans des conditions fragiles. N'étant déjà pas souvent LEGAUX sur le sol français, ils n'ont aucun droit à revendiquer. L'INTERIM cultive cette fragilité. Si mon chef de chantier les fait flipper encore plus, on les assoit, et on en fait ce qu'on veut. Plus ils ont peur, plus ils travaillent VITE, et moi je peux tenir des délais plus courts. Ce qui est le seul critère valable pour les grandes entreprises.
(p. 80)
Commenter  J’apprécie          180
- Entre nous, Amadeo... Nos bâtiments sont construits dans une telle hâte et une telle précipitation, que je me réveille tous les matins en me demandant comment ça se fait qu'il n'y ait pas plus de bâtiments qui se cassent la gueule en France.
(p. 156)
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Nicolas Jounin (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Jounin
« La poste dit qu'il faut 3,33 centiminutes pour remettre une lettre dans une boîte aux lettres »
de Jour de fête de Jacques Tati à Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, le métier de facteur est peut-être celui qui véhicule le plus d'idées reçues. Et pourtant, la réalité est loin, très loin des clichés de l'imagerie populaire. Pour raconter de l'intérieur le travail des 70 000 facteurs (qui ne sont plus embauchés comme fonctionnaires depuis 2002), le sociologue Nicolas Jounin s'est fait recruter en CDD pendant cinq semaines dans un centre postal.
Voir l'émission intégrale : https://www.mediapart.fr/journal/france/120221/qu-est-ce-qui-fait-courir-les-facteurs#at_medium=custom7&at_campaign=1050
Abonnez-vous à Mediapart : https://www.mediapart.fr/abonnement#at_medium=custom7&at_campaign=1050 Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart
+ Lire la suite
autres livres classés : bâtimentVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (70) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5230 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}