... ce qui importe au plus haut point, c'est ce que nous sommes, et la manière dont nous nous conduisons avec autrui.
Si on sait s'y prendre, on peut être heureux même en enfer.
... un homme qui est aimé, cet amour devrait le protéger, le soustraire à la souffrance et au malheur, écarter de lui les laideurs et brutalités de l'existence.
Un constat qui m'a amené à découvrir que l'homme possède des ressources de courage, de ténacité, d'énergie absolument insoupçonnables. Aux prises avec les pires circonstances, prisonnier des situations les plus désespérées, il trouve en lui les moyens de se rendre quasiment invincible, de déjouer ce qui est conçu pour l'avilir et l'éliminer. S'il veut, il peut surmonter souffrance et désespoir. S'il veut, il peut même vaincre sa peur de la mort. Et lorsqu'il est affranchi de cette peur, il possède une force et une liberté qui lui permettent de tout défier, tout affronter.
Alors, une fois adultes, que ferez-vous ? Serez-vous de ceux qui cèdent à leurs mauvais penchants, ceux qui ajoutent à la souffrance et au malheur d'autrui? Ou bien serez-vous de ceux qui luttent pour faire régresser l'ignorance, la bêtise et le mal, ceux qui ont le désir de construire un homme dont nous n'aurions plus rien à craindre, un homme qui ne serait plus capable de commettre les atrocités que notre tragique époque vient de connaître ?
Quand je songe à celui que j'ai été, à cette naïveté et cette puérilité qui ont si longtemps été miennes, quand certains faits me reviennent en mémoire, ma stupidité m'apparaît, et je suis submergé par la honte.
Si ce n'est pas moi qui choisis, décide, par quoi mes pas sont-ils dirigés ? Et où vont-ils me mener? Si je suis poussé sur un chemin de perdition qui n'entraînera pour moi qu'échec, difficultés, malheur, comment vais-je le supporter?
Une paix monte en moi,
des choses vitales me sont confusément dévoilées,
et je comprends que je commence à quitter mon enfance
p 61
Les feuillets que je tiens enfouis dans ma poche,
je les porte à ma bouche.
Me mets à les mâcher et les avaler.
Pour n'avoir pas à me séparer de ce qui m'est venu d'elle.
Pour la sentir vivre en moi..
Pour faire passer ses mots dans mon sang.
P 61.
je tiens à deux mains la précieuse boite enveloppée de sa chaussette . depuis plus d'un mois , c'est le premier bon moment qu'il m'est donné de vivre . Assis à coté du légionnaire , détendu , veillant à ne pas me couper sur le bord déchiqueté de la boite , je déguste à petites gorgées ce café au gout incomparable , et la joie que je ressens , je voudrais la partager avec eux .