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Il y a, dans la littérature contemporaine - et tout particulièrement en France -, pléthore d'autobiographies à peine romancées, dites “auto-fictions”, où s'étalent à la vue de tous en flaques visqueuses et bien souvent nauséabondes les états d'âmes victimaires et les épreuves de la vie - parfois insignifiantes - élevées avec autant d'outrance que d'impudeur au noble rang de “traumatismes”. Leurs auteurs sont souvent très médiatisés, ils ont leur heure de gloire et leurs lecteurs : tant mieux pour eux. Font-ils pour autant oeuvre de littérature ? Rien n'est moins sûr…

Avec Charles Juliet, dont je découvre pour ma part l'oeuvre de fiction avec "L'année de l'éveil", nous sommes dans un tout autre registre. Au travers de son histoire personnelle, de son chagrin silencieux et secret d'enfant abandonné éperdument en quête d'un repère maternel et d'un père de substitution, de ses tourments d'adolescent fragile, solitaire et trop sensible confronté à la froide rigueur d'une discipline et d'un environnement militaires, de sa rencontre bouleversante et douloureuse avec un premier amour à tous égards et a priori impossible, il construit un récit tout en retenue et en pudeur qui transcende son cas particulier pour atteindre à l'exemplarité.

L'histoire est prenante, l'écriture - très simple - est efficace et belle, et ce sont précisément les larmes que l'auteur ne verse pas sur lui-même qui m'ont serré le coeur. Roman d'apprentissage - de la vie et surtout de l'amour -, "L'année de l'éveil", année initiatique qui lui ouvrira les portes de l'écriture, est pour moi une belle rencontre, un beau livre et, pour le coup, réellement de la littérature.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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J'aime Charles Juliet.

Je connaissais et admirais les portraits remarquables qu'il a faits de Bram van Velde, de Giacometti, de Beckett.

 Trois artistes dévorés par leur art. Trois "chercheurs"  épris d'absolu. Trois frères du même "ordre" quasi monastique, fait de dépouillement,  d'interrogation et d'exigence, voués à des "saints"  différents:  Bram entré en peinture, Samuel en littérature et   Alberto en sculpture,  comme on entre en religion.

J'aime Charles Juliet pour son empathie avec les sauvages, avec les muets, avec les hantés.

J'aime la façon respectueuse et tendre dont il sait les approcher, leur parler, les comprendre, les traduire sans jamais les trahir.

Mais je ne savais rien de lui. Une année d'éveil qui relate ses annees d'adolescence comme enfant de troupe à l'école d'Aix -en-Provence, a été une découverte, une surprise, et surtout  une raison de plus de l'aimer.

 Charles est un "petit paysan", un petit vacher timide, amoureux de sa campagne et  de ses bêtes, qui , tout bébé, a  été placé en famille d'accueil après l'internement de sa mère et adopté avec amour par une  famille  de paysans pauvres , et, singulièrement, par une mère de secours à qui il voue un amour inconditionnel. Mais il garde de son abandon prématuré une angoisse panique qui le fragilise.

 L'école des enfants de troupe est la seule chance , pour cet enfant pauvre mais doué , de poursuivre des études. La vie de caserne avec ses règlements absurdes, ses brimades, ses bizutages violents est une école bien dure pour cet enfant tendre, renfermé. Souvent la seule réponse aux coups reste de les rendre, ce qui n'est pas sans risque: cachot, surcroît de vexations, renvoi...Seules oasis dans cette prison : les cours où le jeune garçon découvre la connaissance, et surtout l'art difficile des mots, ...et les week- ends où son chef, qui l'a pris en affection, l'emmène partager sa vie de famille. Mais ce chef a une femme, mal mariée, malheureuse qui jette son dévolu sur ce tout jeune adolescent qui n'a pas quatorze ans..

La passion et l'orage des sens entre alors en lutte , chez lui, avec un fort sentiment de trahison et de culpabilité à l'égard de ce chef qui lui a tendu la main. Mais le désir est une loi impérieuse. ..

Racontée au présent,  avec une simplicité qui a la force de l'évidence, cette chronique d'une adolescence où l'enfant blessé et fragile découvre l'amour et l'écriture, sans encore les  comprendre ni les  maîtriser ni l'un ni l'autre, serre  le coeur.

Aucune afféterie romanesque, aucun arrangement scénaristique, rien que du brut de décoffrage.

Une écriture limpide et puissante.

Comme un cri d'enfant effrayé dans la nuit qui s'étonne soudain  d'être pris pour un homme.
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"Une paix monte en moi,
des choses vitales me sont confusément dévoilées,
et je comprends que je commence à quitter mon enfance." P 61 .

L'année de l'éveil est tout entier contenu dans cette phrase, des choses vitales me sont dévoilées, par cette fulgurance, Charles Juliet nous conduit vers ce qui est l'essentiel, la concrétisation palpable d'un élan amoureux.

L'année de l'éveil est bien un roman d'amour, le roman d'un premier amour, avec l'émerveillement qui embrase le jeune homme, la découverte de l'émoi amoureux. Ce qu'il nous fait partager est bien plus qu'un regard, qu'une projection d'un désir, bien plus qu'une quête d'un plaisir, fut-il le plus le plus édifiant des plaisirs, le plus humain le plus charnel.


Tout au long du livre, Charles Juliet, retrace le trouble que suscite en lui ce sentiment nouveau, dont il ne sait pas si il est réel, imaginé, car il ne sait pas encore analyser ses tourments.

Il est sans doute rare d'aller aussi loin dans l'expression des fièvres de l'amour, Roland Barthes a décrit les tourments de l'amant, a-t-il été aussi loin, pour rendre compte de ce dévoilement des choses vitales, un dévoilement mené pas à pas, comme un effeuillage interminable, presque douloureux.


La beauté du texte est aussi liée à sa simplicité, quoi de plus vivant et en même temps de plus émouvant que de partager l'amour au point de mâcher les mots écrits par l'amante ;
"je les porte à ma bouche.
Me mets à les mâcher et les avaler.
Pour la sentir vivre en moi..
Pour faire passer ses mots dans mon sang."
P 61.



Il y a aussi dans cette phrase, "une paix monte en moi ", le résumé de la deuxième partie du livre. le "je comprends" nuancé, par je commence à comprendre ce qui m'arrive, qui n'est plus du domaine de l'enfance qui n'est plus du champ des disciplines de son collège, qui n'est plus dans la sphère de l'apprentissage du métier de soldat.


Quitter son enfance, Charles le fait progressivement, en découvrant le manque, l'absence, le doute, en apprenant que le monde dans lequel il rentre n'est plus celui de l'insouciance.

À l'extrémité du livre c'est un adulte qui se détache, prêt à affronter la vie, à choisir sa voie ; page 249 "il écrit je sais par où il me faut passer et comment je dois m'y prendre", il assume ses gestes. Il s'affirme page 286, "maintenant à ma grande surprise je n'ai plus peur de la serrer dans mes bras".

Un merveilleux premier amour, le total opposé du Grand Maulnes.

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Charles Juliet fait partie des poètes dont j'ai au moins un recueil dans ma bibliothèque et dont je connais par coeur quelques-uns de ses textes.
J'aime, à titre d'exemple, ce poème tiré de son ouvrage - Pour plus de lumière -

"Combien désiré combien doux
ce murmure trop ténu
auquel je donne voix
en me creusant
dans mon silence

puis lourds
encore aveugles
encore mêlés
à tout cet humus
où ils prenaient vie
les mots qui montent affluent
s'inscrivent sur la page

ces mots que j'enfante
et qui me donnent le jour"

Ce qui caractérise Juliet, c'est l'extrême simplicité de ses mots, et presque paradoxalement leur grande force et leur remarquable expressivité.

En cherchant à faire connaissance avec le romancier, je voulais non pas me détacher du poète mais voir s'il s'inscrivait dans la grande tradition des grands auteurs de notre littérature qui savaient aussi bien manier l'intrigue que la rime... George Sand, Maupassant, Hugo, Musset, Nerval, Cocteau, Aragon ou Houellebecq ( j'aime beaucoup la poésie de cet iconoclaste anarchiste de droite méga dépressif ) et ajoutons-y Bataille dont la poésie de "haine" à l'égard de la poésie traditionnelle est le chemin qui permet d'accéder "à la véritable poésie"... Je vous recommande - L'Archangélique et autres poèmes -... ça mérite une lecture...donc, Charles Juliet appartenait-il à cette tradition ? Telle était ma démarche.
J'ai donc choisi un roman autobiographique dans lequel le poète, non, le romancier... évoque sa deuxième année à l'école des enfants de troupe d'Aix-en-Provence.
Enfant privé de parents, placé dans des familles de substitution, le petit Charles grandit à la campagne où il est un enfant paysan, plus familier des animaux et de la nature que du monde des hommes.
L'École militaire est une opportunité qui se présente à lui comme offre d'éducation et comme on dirait aujourd'hui... comme ascenseur social.
Il arrive à Aix accompagné d'une valise en bois, cadeau d'un camarade menuisier de son village.
Seul !
Les autres gamins ont des parents, des vêtements et des bagages décents.
Ils ont même pour dormir le soir ce qu'ils appellent un "pyjama"... vêtement dont le petit Charles n'avait jamais entendu parler avant de se coucher dans ce dortoir.
Nous sommes entre l'après-guerre et le début de la guerre d'Indochine (1946-1954).
Charles Juliet étant né en 1934, son roman évoquant sa deuxième année d'enfant de troupe, on peut en déduire que le roman se situe en 1947 et que le jeune sergent a entre 12 et 13 ans... car l'auteur ne consent à aucune précision temporelle : années, âges nous sont refusés et renvoyés à nos déductions...
Juliet nous fait entrer dans l'univers d'une École militaire où tous les coups, toutes les humiliations ( bizutages, sévices, ce qu'on appellerait aujourd'hui harcèlement, brimades, fayotage, omerta...), tous les abus de pouvoir, toutes les injustices, toutes les privations, toute une excessive discipline, sont permis.
Dans cette jungle où le plus fort ( gradés ou aînés ) a le dernier mot, il va vivre une année de caserne initiatique.
Un chef de section s'est pris d'affection pour lui ( substitut paternel ).
Ce sergent a été champion de France militaire de boxe dans la catégorie des poids moyens.
Il va lui ouvrir les portes de sa maison tous les dimanches et l'initier à la boxe.
Sa femme Léna, malheureuse avec cet homme jaloux qui la séquestre et la bat, va initier l'enfant à l'amour (substitut maternel)
Enfin, ses professeurs vont l'initier à un monde qui, jusque-là, se limitait à l'église, aux prières et à ses vaches.
Il va apprendre l'existence des camps de concentration et de la Shoah.
Il va découvrir l'existence du Mal et d'un Dieu indifférent à la souffrance des victimes et à l'impunité des bourreaux.
Il va, dans son corps qui mue et dans son cerveau qui s'ouvre, se révolter contre ces bouleversements que connaît toute chrysalide se rapprochant du papillon qu'elle va devenir.
Rébellion contre l'autorité, pulsions de mort... les affres de ce début d'adolescence vont l'initier à la plus cruelle des privations ; quinze jours de cachot vont lui permettre de poser un regard neuf sur lui et sur le monde.
Découverte et initiation à la camaraderie et à l'amitié viendront conclure cette année d'éveil.
Au final, que dire de ce énième livre sur les convulsions adolescentes d'un gamin confronté à un milieu clos, qui a ses propres règles et où l'homme est un loup pour l'homme ?
Que je ne me suis pas ennuyé... bien que connaissant tous les ingrédients de la recette... dont j'ai parlé plus avant.
Que ça ne vaut pas par exemple - Les désarrois de l'élève Törless - de Robert Musil, mais que ça se laisse lire.
Un bémol, cette relation amoureuse pédophile avec une femme battue que le bouquin interrompt l'été et les vacances venus, mais dont Juliet annonce joyeux qu'elle pourra reprendre à la rentrée.
J'ai trouvé cette approche et cette conclusion désinvoltes, légères, peu responsables.
Un roman autobiographique qui ne manque pas d'intérêt, d'un point de vue narratif et stylistique, mais qui m'a semblé inégal et manquant d'une certaine forme de lucidité dans la hiérarchie des thèmes évoqués... la bouffe faite essentiellement de fayots, de purée et de charançons, prenant le pas sur une relation amoureuse enfant-adulte, dont l'adulte, femme battue, méritait un autre traitement (aucun jeu de mots) que celui que l'auteur lui concède.
Sur ce livre, ma préférence si elle est acquise au poète, hésite à accorder la même au romancier.
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L'année de ses douze ans, Charles Juliet s'éveille à la vie en société dans un collège militaire en Provence, après avoir gardé des vaches à la campagne. Il y découvre la discipline implacable, le travail scolaire assidu, les brimades et les maltraitances des aînés et des gradés, mais aussi l'amitié et la solidarité entre pairs. Au même âge, il connaît l'amour physique et passionnel avec l'épouse de son supérieur hiérarchique direct - homme qu'il vénère pourtant.

Juliet retrace le portrait de l'adolescent qu'il fut dans les années d'après-guerre : hyper-sensible, parfois suicidaire, doutant de sa foi en Dieu, en mal d'affection et de référents adultes. D'abord discipliné et perfectionniste, il devient révolté, rebelle en mûrissant... Il évoque également ici sa nostalgie de la campagne (ses vaches et sa chienne), sa passion pour la boxe, pour l'écriture et les échanges épistolaires.

La liaison de ce tout jeune homme (12 ans) avec cette femme de dix ans son aînée - voire plus ? - peut choquer, a fortiori les mères d'ados, mais s'explique finalement par la soif de tendresse et d'amour (maternel, probablement, et physique, naturellement) de ce garçon qui en a été dépourvu jusqu'alors.

Un livre émouvant, intéressant, mais je lui ai de loin préféré 'Lambeaux', plus poignant, un bel hommage à ses deux mères, et moins centré sur cette période militaire de sa vie - thème qui me barbe au-delà de 100 pages.
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« Trop de questions me taraudent. Des questions concernant le sens de la vie, ma destinée, mes études, l'amour qu'elle me porte, ce qu'elle et moi deviendrons, mon chef, la boxe, mon enfance, ma mort peut-être proche, les camps de concentration, la cruauté dont l'homme est capable, l'immensité de cet univers qui n'est qu'énigme et où je me sens seul. »
Charles Juliet est derrière ce narrateur, adolescent admis dans une école militaire à titre d'enfant de troupe, qui déroule son année scolaire sous nos yeux, sans fausse pudeur, dévoilant ses détresses du moment et ses peurs de l'avenir. Une camaraderie inattendue avec son chef de section autour des rudiments de la boxe lui apporte un regain d'espoir. Invité dans sa maison les dimanches de permission, il rencontre la femme du chef qui l'initie à la sexualité. Cette histoire secrète le jette alors dans d'affreux tourments de culpabilité et de trahison.
L'auteur, comme dans son journal dont j'avais préalablement lu le premier tome, ose tout dire, confiant sur le papier ses plus profondes pensées, telles qu'elles se présentent à son esprit troublé. La promiscuité dans les chambrées, le chahut des garçons, l'intimidation au réfectoire, le tout combiné à la discipline militaire en vigueur à la fin des années 1940 dans ce type d'établissement, n'incitent pas à calmer les indécisions d'un adolescent sans famille.
Un roman d'apprentissage au propos sombre que j'ai lu avec intérêt, sachant que cet enfant blessé s'est sauvé en quelque sorte par l'écriture et est devenu un écrivain respecté.
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Des souvenirs, des coups au visage ou sous la ceinture et quelques grosses larmes, très chaudes, et une narration à la première personne, un temps présent qui s'étire, pèse, creuse, secoue, et par moments s'attendrit et caresse, en attendant que l'orage passe.
Charles Juliet, orphelin, est enfant de troupe à l'âge où l'adolescence pointe à peine son nez, et découvre les choses de la vie avec un sens nouveau, celui qui l'emmène là où les questions se font nombreuses et indiscrètes frisant le danger d'une compréhension nouvelle, celle du passage si fragile vers l'homme adulte.
La vie à la caserne est loin d'être facile, les épreuves arrivent sans prendre rendez-vous, et l'injustice apporte la peine et les larmes mais nourrit aussi, aident à donner des coups en retour, ceux qui soulagent.
Des questions sans réponse l'assaillent et le tourmentent, les sentiments s'embrouillent entre la reconnaissance pour l'amitié dont son chef de section lui fait preuve et les remords dans son amour coupable pour sa femme, le corps s'éveille, le doute et la peur se font tenaces, les moments de silence deviennent lourds, l'enfermement en soi est pesant.
Il y a aussi ce prof d'instruction civique, ancien résistant, qui lui parle d'homme à homme, lui donne de précieux conseils pour vivre avec soi-même et avec les autres, car survivre dans la vie n'est pas chose facile. Et le chaos s'installe. Comment trouver l'ordre quand est si fort le besoin d'un réconfort, d'un soutien, d'un tuteur ? Comment trouver le ciment pour soutenir ses jambes vacillantes, et la tendresse pour son coeur vaillant autant qu'hésitant ? Avec la fureur de vivre.
Les phrases sont courtes, les questions brutes et nombreuses en attente de réponses qui tardent à venir. L'enfant galopant vers l'adolescence se trouve à bout de souffle sans possibilité de s'arrêter, pas de répit, pas de trêve, la pâte se pétrit en marche, et si ça fait mal, tant pis.
L'apprentissage est dur, à la mesure de la fragilité de l'enfant et de son obstination à tenir et à poursuivre la route. Déchiré pour mieux se recoller, dire adieu à l'enfance et devenir un homme.
L'écriture de Charles Juliet est un éveil à la vie de chaque instant, une ouverture à soi-même et au monde, une "aventure intérieure" qui l'accompagne sur le chemin de sa vie.
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Orphelin dès ses premières années, le jeune Charles est un être encore sensible et fragile lorsqu'il entre au collège militaire d'Aix-en-Provence où ses parents adoptifs l'ont placé. Il n'est pas fait pour cette vie. En 1948, elle n'a rien d'une sinécure.
Il n'est pourtant pas non plus enclin aux lamentations. Il n'y a pas été habitué, on pourrait presque dire autorisé. Il découvre toutefois assez vite en la personne de son chef de section les attentions qui lui ont fait défaut jusqu'alors, celles d'un père. Avec une curiosité instinctive il trouve avec lui l'opportunité de combler un manque fondamental. Cela n'a rien n'à voir avec de l'affection. Ce n'est pas le genre de la maison. C'est de l'intérêt. C'est déjà beaucoup mieux que l'indifférence.
Il décide de s'initier à la Boxe avec lui. Il n'en a ni le tempérament ni la carrure, mais il veut susciter son admiration. Il veut aussi prouver aux autres et à lui-même que le temps est venu pour lui de sortir de l'enfance.
Pris de bienveillance pour ce jeune garçon dont il perçoit la solitude, son chef de section le prend sous son aile et l'invite chez lui en fin de semaine. Une autre découverte attend alors le jeune garçon en la personne de l'épouse de cet homme qu'il admire. Elle sera la mère qu'il n'a pas eue, ou trop peu. Mais bien au-delà, elle l'initiera aussi à de nouvelles passions qu'il sent germer en lui inconsciemment. Il s'en culpabilisera. N'y voit-il pas la trahison de son mentor ? Il s'en glorifiera. N'a-t-elle pas fait de lui un homme ?
Ce roman autobiographique est conduit avec tempérance. J'y ai retrouvé la douceur du parler de Charles Juliet que j'avais découverte lors d'une de ses interviews. C'est le texte de la timidité. C'est le texte de l'initiation, à la fois douce et brutale. C'est le texte des premiers dilemmes. Quand le feu de la passion ne rechigne pas à tout compromettre pour faire jaillir la vie. C'est l'année de l'éveil.
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Je n'ai pas été captivée par ce récit, et pourtant j'ai trouvé émouvante la candeur de ce jeune adolescent en proie aux adultes cruels et pervers,dans un contexte absolument inhumain. Cette description de l'école des enfants de troupe montre combien on peut devenir bête et méchant dès lors qu'on a le pouvoir, ou la force physique de faire mal aux plus faibles ou aux plus petits. La personnalité du "chef" et celle plus trouble de son épouse me laissent perplexe...
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A travers L'année de l'éveil, le romancier nous fait découvrir la vie d'un jeune berger orphelin, engagé dans l'École militaire d'Aix-en-Provence, soucieux de se soustraire à un avenir misérable.
Si la rigueur est le maitre mot de ses supérieurs, ces derniers n'hésitent pas à user de leurs pouvoirs en exercant toutes sortes de brimades et violences physiques à l'encontre des jeunes recrues dont Charles, au tempérement introverti.
Aussi, lorsque son chef de section animé par la même passion que lui pour la boxe lui montre un certain intérêt, l'invitant à passer les dimanches en compagnie de sa femme et de leur petite fille, le jeune homme timide va s'épanouir en découvrant l'amour dans les bras de la femme de son supérieur.

Une fois commencé, difficile de lâcher ce court récit de Charles Juliet. Écrit avec une grande maitrise, Il m'a tenue en haleine du début à la fin. L'histoire ne comporte aucun chapitre ce qui convient parfaitement à ce style de lecture dans lequel l'auteur nous plonge dans un univers glauque où tout n'est que cruauté, coups bas et jalousie que suscite Charles, pour avoir obtenu les faveurs de son chef. Si la vie dans la caserne recèle de violence, on se demande si la passion des deux amants ne risque pas, par manque de précautions, de basculer dans la tragédie.

L'année de l'éveil de Charles Juliet ne paie pas de mine au premier abord, mais gagne pourtant à être lu...
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