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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
" Il y a dans ce livre des passages qui rappellent irrésistiblement Chaplin. "

Merveille de cette citation, toujours vibrante et éclairante (figurant toujours en page IV de couverture de l'édition de poche "folio")... Elle nous vient de Max BROD – ami fidèle et exécuteur testamentaire de Franz KAFKA (1883-1924).

La première publication de cette oeuvre fut assurée dès 1927 (à titre posthume, seulement trois années après la disparition physique de son auteur) – en langue allemande mais sous son titre modifié d' "Amerika" – grâce à l'énergie et la foi inaltérable de Brod et par les soins de l'éditeur de
Franz Kafka, Kurt Wolff, d'abord a Munich en 1927 puis à Berlin en 1935 (Schocken Verlag) dans le cadre de la parution des "Oeuvres Complètes" ; enfin en 1946 toujours par "Schocken Books Inc.", New York City, U.S.A.

Sorte de "retour à l'envoyeur" – ou de clin d'oeil du Destin ?

Egalement inachevés, deux "romans" étaient précédemment parus à New York : "Der Prozeß " en 1925, "Das Schloß" en 1926.

Leur auteur ? Pour ses contemporains, un "fonctionnaire obscur" salarié de l' "Arbeiter-Unfall-Versicherungs-Anstalt für das Königreich Böhmen" de Prague, écrivain amateur à ses heures, qui disparut le 3 juin 1924 à Kierling, près de Vienne – à l'âge de 40 ans – des suites d'une laryngite tuberculeuse (et, comme on le sait, dans d'atroces souffrances : peu à peu aphone, l'on meurt lentement de faim et d'asphyxie).

Notons que toute son oeuvre de nouvelliste [pour "Betrachtung" (1912), "Das Urteil" (1913), "Der Heizer - Fragment" (1913), "Die Verwandlung" (1915), "In der Strafkolonie" (1919), "Ein Landarzt (1919)", "Hungerkünstler" (1922)] n'était alors connue que d'un public germanophone très restreint, se limitant à quelques lecteurs et amis, et bien sûr ses deux éditeurs successifs à Leipzig : Ernst ROWOHLT – pour le premier de ces recueils – puis Kurt WOLFF – pour les 6 suivants, dont le fragment "Der Heizer" [*], premier des chapitres de cette future "Amerika".

Comme le rappelle le signataire de l'article "Franz Kafka" sur Wikipedia, "C'est l'écrivain Alexandre VIALATTE qui révéla le génie de Kafka au public français. Après avoir découvert "Le Château" en 1925, il entreprend de traduire en français "Le Procès", "La Métamorphose" ainsi que les "Lettres à Milena" [...]"

Ce premier roman des "trois romans inachevés" de Franz Kafka fut donc traduit en français par Alexandre Vialatte, après les deux autres : sa première publication en langue française eût lieu – par les éditions Gallimard – en 1946.

Mais en voici le texte de présentation par l'éditeur français :

" Le héros, Karl Rossmann, est un jeune émigrant de seize ans que ses parents ont expédié en Amérique à la suite d'une mésaventure avec une bonne. le hasard lui permet de retrouver son oncle Jacob, sénateur à New York, homme d'affaires puissant et riche. Oncle Jacob l'adopte et entreprend de le préparer à devenir aussi un homme d'affaire. Mais Karl accepte étourdiment l'invitation d'un ami de son oncle et se soustrait ainsi sans motif valable à sa leçon d'anglais et à sa leçon d'équitation. Cela suffit pour que l'oncle Jacob le chasse à tout jamais. Voici Karl redevenu un pauvre émigrant sans appui encombré d'une malle et d'un parapluie.
Son personnage honnête et candide, épris de justice, connaît encore bien des déboires et des aventures tragiques. La méchanceté du sort le poursuit sous les traits de deux vauriens qui le volent, l'exploitent, le trahissent.
Il trouve enfin un engagement dans le grand théâtre d'Oklahoma "qui emploie tout le monde et met chacun à sa place".

L'arrivée initiale – entravée par la perte de la valise – à "L'île de la Statue"... et voilà que nous revoyons celle du couple Edna Purviance /Charlie Chaplin dans "The Immigrant", ce moyen métrage merveilleusement émouvant réalisé par Charlie CHAPLIN en 1917... ou – plus proche chronologiquement de nous – celle du couple Joaquin Phoenix/Marion Cotillard dans "The Immigrant", le long métrage nostalgique de James GRAY sorti en 2013...

Statue dont l'énigmatique "glaive" remplacera le flambeau... car, bien sûr, Franz K. a TOUT inventé, par la grâce de n'avoir jamais posé les pieds sur Ellis Island ou tout autre lieu "réel" de l'Amérique post-colombienne...

On se souviendra longtemps de ces terribles ("pittoresques" ?) ambiances d'arrières-cour des quartiers misérables... celles qui nous renvoient aux images terribles de "The Kid" de Charlie CHAPLIN [1921] – puis à celles de "Gangs of New York" de Martin SCORSESE [2002], représentant la même relégation sociale "de masse". Théâtre quotidien du désespoir pour ces milliers d' "emprisonnés à vie" dans les bas-fonds de N.Y.

Comme des lamentables et tragi-comiques mésaventures de "Robinson et Delamarche", ordinaires et extraordinaires figures de la (toute petite) pègre qui, de déboires en déboires (qu'ils font subir involontairement au naïf "jeunot" Karl Rossmann), nous font penser aux visages des personnages grimés au noir de bouchon, joués par les comparses et acteurs fidèles de la troupe de Charlie C. (Eric Campbell, en premier lieu)...

Et ces purs éblouissements visuels qui nous attendent encore dans le chapitre VIII : "LE THEATRE DE LA NATURE d'OKLAHOMA"... et son étrange – presque extatique – "logique du rêve"... et nous revoyons les labyrinthes du film "Sanatorium pod Klepsydra" de Wojciech Jerzy HAS [1973], d'après l'oeuvre magique de Bruno SCHULZ, "Le sanatorium sous la clepsydre" [1937].

Car tout est divinement bon et beau – humainement "cruel", lyrique et authentique – dans "Amerika"/ "Der Verschollene" (Le Disparu) de Franz KAFKA...

Gloire éternelle de Max Brod qui sauva pour toujours (en "trahissant" les suppliques testamentaires de son ami défunt) les pages qui suivirent "Le Soutier" [*] ...

Brod nous rendit ainsi PRESQUE complet "Der Verschollene"/"Amerika", peut-être le plus foncièrement "merveilleux" des trois romans (inachevés ou inachevables ?) du grand juriste-écrivain praguois.

[*] "Der Heizer - Fragment" (traduit en français par "Le chauffeur" ou "Le Soutier") fut courageusement publié par Kurt Wolff en 1913, seul et tout premier chapitre du futur roman "Amerika/Der Verschollene". La "Kurt Wolff Verlag" fut une maison d'édition active de 1913 à 1930 à Leipzig : on peut affirmer (sans risquer de trop se tromper) que Kurt Wolff fut - à six reprises - celui qui "fit naître à lui-même" l'écrivain Kafka...
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Le roman inachevé de Franz Kafka, publié à titre posthume, débute comme un simple voyage initiatique. Un jeune homme quitte l'Europe pour faire sa vie en Amérique (aux États-Unis). Mais rapidement, le récit s'apparente plutôt à un voyage en « absurdie ». L'écriture est un savant mélange entre le style littéraire du début du XXe siècle et une plume étonnamment moderne. L'humour est omniprésent, bien que j'aie eu du mal à supporter (une sorte d'énervement intérieur) certaines situations dans lesquelles est entrainé notre cher protagoniste. Notre cher Karl a en effet tendance à se laisser porter par les évènements.
Et lorsque notre jeune ami se trouve face à ses accusateurs, on pense forcément au Procès − que Kafka écrira plus tard.
Pour finir, j'ai beaucoup apprécié le dernier chapitre, « le théâtre de la nature d'Oklahoma (d'autres textes suivent mais n'ont été ajoutés qu'ultérieurement par l'éditeur).
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Coup de coeur !
J'ai retrouvé la saveur de l'histoire en Amérique du “Voyage au bout de la nuit”, à la sauce Kafkaïenne. Dans l'idée d'un personnage Chaplinien : sorte de marionnette désarticulée, prise au piège de l'industrie Américaine.

Il s'agit du premier roman de Kafka. Il jette les bases de son style et de ses thèmes de prédilection : l'anxiété, le déterminisme, la perte de contrôle… Et, à ma grande surprise : ce roman est digne de ses plus grands chefs d'oeuvre (le procès, le château…).

Débarqué à New-York : Karl, immigré Allemand, atterrit dans un environnement hostile et oppressant en tous points. Il est balancé de rencontres en rencontres, il subit les outrages les plus absurdes…

Je me suis délecté des monologues, et de cette narration si chère à Kafka : qui a le don de mettre son personnage dans le plus grand des embarras, à partir de rien.
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L'Amérique trouve selon moi, des points de similarités avec le Château et le Procès. Kafka traite de la solitude parmi les Hommes, de l'absence de liberté fortement liée à l'absence d'obligations ce qui est purement paradoxal. Cependant ce roman est plus sensible, je perçois une plus grande sensibilité de l'auteur face à aux injustices qui accablent Karl. Il est à noté que chaque personnage des romans que j'ai cité plus haut, ont un prénom qui commence par K, comme Kafka. Il est possible, d'y déceler une autobiographie, au moins spirituelle. Ce roman est pour moi le plus libre de tous, il est également moins oppressant que les deux autres mais tout aussi marquant. Je recommande pour les amateurs de Franz Kafka.
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