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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Toujours dans les Balkans j'entreprends un voyage avec Kapka Kassabova, aux frontières de son pays d'origine la Bulgarie, "Là où la Bulgarie, la Grèce et la Turquie convergent et divergent… ". Ces frontières, principales lignes de démarcation pour échapper au joug du communisme au temps de la Guerre Froide, devenues aujourd'hui les principaux lieux de passage des migrants vers l'Union européenne.

Elle débute son voyage en 1984, dans la Bulgarie communiste, qu'elle appelle "une prison en plein air", sur une plage à Strandja , une région frontalière avec la Turquie. En 1992 la famille immigre en Nouvelle Zélande suite à la chute du communisme, elle y retournera 30 ans plus tard en 2014 alors que l'ère post-communiste, coincée entre le désastre laissé par les communistes et le pillage présent des nouveaux capitalistes , des ex-communistes recyclés, n'arrive pas à trouver un nouveau souffle.

En choisissant de commencer son périple par cette chaîne de montagne frontalière,
"forêt ancestrale qui foisonne d'ombres et vit hors du temps ", Kapka part à la recherche de l'inconnu, dans ces régions particulières où la frontière est une zone chargée d'histoires et de mystère, vibrant d'une énergie à haute tension, d'histoires souvent criminelles, d'outre-tombe, et même surnaturelles . Son chemin va notamment croiser les croyances païennes qui y subsistent, dont les adorateurs du Feu qui marchent sur les braises ardentes durant les cérémonies, l'histoire de la voyante du coin dont s'enticha même les VIPs communistes de l'époque, les boules et disques de feu si commun dans la région que les gens les acceptent comme une loi de la nature.....Elle continue son voyage de l'autre côté de la frontière turco-bulgare à Edirne, en Turquie où elle va se retrouver dans un autre monde, pourtant pas si différent que celui du "komshu"( voisin en turc ).....

Divers rencontres extrêmement intéressantes, Grecs, Bulgares, Turcs, Pomaks, espions, contrebandiers, botanistes , gardes frontières à la retraite, réfugiés syriens et irakiens kurdes....illuminent ce voyage aux confins de l'Europe, "qui toujours échappent à la vue du grand public ", peuplés de personnes qui " ont peut-être quelque chose à nous apprendre sur les limbes ". Les limbes, un état de l'au-delà situé aux marges de l'enfer, auquel Kassabova se réfère à un moment donné de son voyage. Alors qu'elle va quitter Svilengrad, ville frontalière bulgare, du balcon de sa chambre la nuit humant l'odeur du lilas, pensant aux âmes brisées des camps de réfugiés présents et tout à côté les joueurs des casinos qui s'acharnent sur les machines à sous, se demande avec étonnement, "Comment en sommes nous arrivés là?".

Un livre extrêmement intéressant où L Histoire rencontre le Présent à travers mythes et légendes , souvenirs et quête intime. Une approche pour mieux appréhender notre Monde d'aujourd'hui vide de tout idéologie et de tout rêves d'un Monde meilleur. Pourtant son message de la fin est claire, impossible de renoncer à l'Espoir , vu qu'il faut continuer à vivre et réinventer nos vies à la lueur des nouvelles conditions de Guerres, de Pandémie, d'Immigration massive et de nouvelles identités. Écrit originalement en anglais d'une langue de toute beauté, non dénuée d'humour, et chargée d'émotions, que ce soit à travers les descriptions de paysages , la générosité d'un réfugié kurde, l'amour du rom musulman Tako pour un monastère qu'il garde et chérit gratuitement ou l'histoire de Selvet la gardienne de phare. Un livre fascinant qui fait réfléchir sur les nombreux préjugés établis sur les sujets qu'il aborde, que je vous invite à découvrir sans tarder.
Prix du Livre de voyage Nicolas Bouvier 2020, amplement mérité.

"La vraie vie des hommes et des femmes est celle qu'on ne voit pas ".
"Mes voyages nourrissent une géographie intime ; je veux raconter des lieux, mais avant tout des gens, et faire ressurgir une mémoire ".
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« C'est précisément quand vous avez perdu vos racines que le moindre endroit où vous allez prend un sens considérable ».

Kapka Kassabova a choisi un bel objet et un titre a priori simple pour son livre : Lisière. Il s'agit, dans son sens littéral, de chacune de deux bordures d'une pièce d'étoffe, tissées parfois dans une autre armure que l'étoffe elle-même, parfois à chaîne doublée. Un terme qui a été étendu pour donner le sens géographique de bordure d'un terrain, d'une région, d'une forêt. Bref un synonyme de frontière. Quoique. Sentez-vous combien le terme choisi de lisière est plus flou, plus mystérieux, plus poétique que le terme de frontière ? Davantage chargé en matières, en symboles, en histoires. Plus texturé, plus nuancé. Moins bureaucratique.

Aller à la lisière c'est également aller à la rencontre de ses propres contours, de ses propres fibres, de ses coutures et de ses racines. Kapka Kassabova est écossaise mais originaire de Bulgarie, de Sofia. Pour se comprendre, elle décide d'aller dans ce lieu emblématique. D'y aller et d'y rester un temps très long. Elle prend son temps pour écouter, errer, recueillir, sentir. Elle s'imprègne de multiples récits au sujet de la frontière, nous imprégnant à notre tour. Pas De souvenirs de sa propre enfance, pas d'intimité dévoilée, elle laisse parler les autres et les écoute pour mieux se comprendre et se retrouver. Pour recoudre des morceaux d'elle-même trop longtemps laissés de côté. Aller à la lisière, c'est sentir aussi qu'au-delà de du bord, il y a ce que nous redoutons tous, la mort. Et donc mieux apprécier la vie.

« Les personnes qui habitent à la lisière ont peut-être quelque chose à nous apprendre sur les limbes ».

L'image de la bordure du tissu me plait particulièrement. Toute bordure naturelle d'une région est, elle aussi, souvent composée d'éléments d'une autre armure que la terre elle-même : fleuves, montagnes qui délimitent. Qui font frontière. Sauf lorsque les hommes s'en mêlent. En l'occurrence ici ce n'est pas deux mais trois pièces de tissus qui tentent d'être délimitées et raccordées par cette bordure imprégnées d'un renfort de mythes, de légendes, d'histoires, de civilisations disparues, de montagnes, de forêts denses: Kapka Kassabova nous amène en effet au croisement de la Bulgarie, le pays de son enfance, de la Grèce et de la Turquie. Là où prend fin l'Europe et où commence l'Asie. Pour nous guider, une carte de la région est disponible en tout début de livre et j'avoue l'avoir souvent regardée pour comprendre sa progression, son itinéraire en quatre grands lieux. le livre se divise d'ailleurs en quatre parties qui correspondent à ces quatre itinéraires : Mer noire, plaines de Thrace, col des Rhodopes puis retour à la Mer noire. Une boucle frontalière tel est son périple.

Si l'histoire, chargée, de la région est expliquée de façon très détaillée, l'auteure a fait le choix de nous l'enseigner par la voix des personnages rencontrés, tous croqués d'une façon poignante par la jeune femme, empreint d'une belle humanité. L'auteure sonde les visages, écoute leurs récits, partage leurs repas, apprend de nouveaux mot. Des gens simples au destin chamboulé par la grande Histoire de ce lieu, lieu emblématique au croisement de deux continents, de deux blocs, de deux religions. C'est cette alliance qui m'a émerveillée, cette façon de procéder : nous apprendre par le menu l'histoire méconnue de cette région par la voix de gens simples qui pour certains ont été broyés par cette lisière mouvante, ce couloir dans lequel circule de pauvres hères, mais qui vivent malgré tout. Et Kapka Kassabova partage ce quotidien. Cela donne un livre à la fois érudit tant en termes historiques que géographiques, et poignant tant les personnages rencontrés et à qui elle donne la parole sont présenté de façon respectueuse, authentique, empathique. le tout enrobé de contes et légendes de la région, d'ésotérisme, parfois saugrenue mais salvatrice, de rites, de mets culinaires. de poésie magnifique dans la description de certains paysages, dans cet espace naturel le plus préservé d'Europe. Une dimension humaine et poétique de l'histoire via une épopée grandiose. Voilà ce que nous offre l'auteure.

« Évoluant vers l'ouest depuis les plaines de la Thrace, j'avais l'impression de rebrousser chemin pour m'enfoncer à nouveau dans l'hiver. La neige était tombée très dru deux semaines plus tôt et les cols avaient été fermés. La première partie du trajet menant à la région orientale des Rhodopes était bordée d'arbres égayés de bourgeons blancs et roses frémissant sous l'effet de la brise et, pendant une heure enivrante, je roulais parmi les pétales volatils semblables à des confettis, comme emportée par une procession matrimoniale fantôme. Mais lorsque la route se mit à grimper pour atteindre les gorges, tels un ruban qui se déploie, les bourgeons s'évanouirent. Des sapins noirs se dressaient au-dessus de la chaussée, à peine fixés à des parois si hautes qu'on n'apercevait même pas leurs cimes. Des camions aux cargaisons pesantes lambinaient pareils à des escargots loin devant, flanqués d'un à-pic vertigineux. le bitume était érodé par la récente fonte des neiges et jonché de décombres forestiers, mais les accidents étaient étonnamment rares. Les conducteurs savaient que personne ne viendrait les chercher ici en cas de sortie de route. Qu'ils se décomposeraient au fond de la gorge, où les vautours viendraient picorer leurs os pour finir de les nettoyer, alors ils se cramponnaient au bitume et à la vie par la même occasion ».

J'ai été particulièrement marquée par le traitement des musulmans de Bulgarie massacrés, contraints à la conversion au christianisme ou forcés à l'exil en Turquie alors même que ces personnes ignoraient tout de ce pays et de sa langue, cette lointaine terre d'origine. Certains passages m'ont fait frémir. J'ai appris que 340 000 personnes ont ainsi été déplacées par leur propre Etat ce qui représente le plus grand déplacement de population en Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et ce en temps de paix. Je ne savais pas. Et ça c'est pour les musulmans d'origine turque…pour les Pomaques, les musulmans sans terre d'origine, c'est plus compliqué car ils n'ont nulle part où aller.

« La Bulgarie abrite la plus importante population de natifs musulmans de toute l'Union Européenne. Pas des migrants fraichement arrivés comme les Turcs d'Allemagne, mais des Turcs autochtones vivant en territoire bulgare depuis des générations, l'héritage humain de cinq siècles de domination ottomane riches en brassages ethniques ».

La guerre froide est également évoquée, cette partie du monde étant à l'époque le lieu des fuites clandestines des gens du bloc de l'est pour le bloc de l'ouest ; est abordée aussi l'histoire des exilés actuels, réfugiés syriens notamment. Une lisière chargée d'espoirs, de dangers, de menaces et de morts. Une lisière surveillée, quadrillée, renforcée comme les bords d'un tissu.

Si ces aspects du livre peuvent sembler complexes et sombres, quoique toujours amenés à travers des voix vibrantes et profondément humaines, cette lisière est également pleine de vie, multiculturelle, bigarrée, que l'auteure magnifie tout du long comme ici dans ce marché à Edirne, ville turque toute proche de la frontière :

« Ici les pauvres se comptaient par milliers, au sein de ce royaume du kilim et du kitsch. Et quand ils n'étaient pas pauvres, ils n'étaient pas riches non plus, car ici, pour une poignée d'euros, on pouvait se procurer des vêtements de bébé, de l'huile de serpent, des jeans Levi's « véritables » et des sous-vêtements XXL, du maquillage à forte teneur en paillettes et des chaussures en faux cuir. Les vendeurs, abrités dans leurs cavernes d'Ali Baba faites de peaux arrachées à des espèces africaines menacées, braillaient et amadouaient le chaland dans toutes les langues possibles et imaginables, dont l'arabe et le russe ».

Lisière est un magnifique livre de voyage, érudit, exigeant, empli d'humanité. Une dentelle qui lève le voile sur une partie du monde assez méconnue. Qui découd les clichés, nombreux, sur ces terres balkaniques. Qui tricote une mémoire et des racines, nécessaires à tout européen.

Lisière est également un livre métaphysique, une réflexion sur le sens même de ce terme, terme qui fait particulièrement écho à toutes celles et ceux dont les racines sont multiples, complexes, flouées, arrachées, voire coupées…La frontière entre soi et l'autre, entre les chanceux biens nés et les autres nés de l'autre côté, entre le rêve et la veille…connaitre ses frontières devient alors un moyen de retrouver ses racines. Et d'apprécier la vie avant de passer l'ultime frontière. Celle de la mort.

« Qu'est-ce qu'une frontière lorsque les définitions lexico-graphiques ne suffisent plus ? C'est une chose que tu portes en toi, à ton insu, jusqu'au jour où tu te retrouves en pareil endroit. Alors, tu hurles en direction du gouffre dont une paroi est baignée de soleil et l'autre plongée dans les ténèbres, et l'écho décuple son souhait, déforme ta voix, l'emporte jusqu'à une lointaine contrée où un jour, peut-être tu es allé ».
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C'est la critique de anneAFB (qu'elle en soit remerciée) qui m'a donné envie de lire Lisière. Ce livre me semblait receler une énigme, et j'ai été tout à fait enchantée de le trouver à la médiathèque.
Au premier abord, j'ai eu du mal à y entrer, à entrer dans le rythme de l'écriture de Kapka Kassabova. Ensuite, j'ai eu du mal à le lâcher.
C'est un récit de voyage avant tout, une sorte de carnet de bord et de rencontres, le long de la frontière Sud de la Bulgarie. le rythme, donc, alterne des passages contemplatifs, des réflexions rêveuses, et des épisodes effrénés en compagnie de... commerçants… plus ou moins... légaux… (contrebandiers serait le terme exact).
À la manière de Svetlana Alexievitch, c'est au travers de multiples témoignages que Kassabova retrace l'Histoire compliquée de cette frontière, depuis l'Antiquité et ses mythes, jusqu'à l'Union européenne, en passant par la Guerre froide. C'était alors le lieu où franchir le Rideau de fer semblait le plus facile, et l'autrice retrouve des personnes qui ont tenté l'évasion : pas si facile que cela, puisque les cartes disponibles en Europe de l'Est étaient délibérément fausses afin de duper les candidats à l'exil.
Aujourd'hui dans l'autre sens, c'est la tentative désespérée de passage des personnes migrantes espérant trouver en Europe un avenir meilleur – un avenir tout court.
Mais c'est aussi la frontière qu'on franchit, depuis la puritaine Turquie... pour aller jouer au casino.
L'autrice y rencontre de nombreuses nationalités, des personnes de toutes origines parlant de multiples langues, dont elle dresse des portraits sensibles, tragiques ou savoureux (D'un homme maigre : "taillé dans un tibia de cigogne".).
Elle entoure ces témoignages de ses réflexions personnelles, de son propre ressenti plein d'humanité et de compassion.
"À un moment, je me rendis compte que moi aussi je pleurais. Certaines choses sont irréparables, et c'est pour cela que les larmes existent."
Ça a été un bonheur de parcourir cette Lisière au rythme de Kapka Kassabova.
Traduction impeccable de Morgane Saysana.
Challenge Globe-Trotter (Bulgarie)
LC thématique de septembre 2022 : "État des lieux"
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Ce récit de voyage est d'un rare intérêt car Kapka Kassabova réussit à nous raconter la frontière entre la Bulgarie, la Grèce et la Turquie, par petites touches, en nous faisant ressentir l'histoire des déchirements causés par son édification, la chappe de plomb imposée par le régime soviétique, le courage nécessaire pour s'exiler et la complexité du peuplement des balkans que les différents états-nation ont entrepris de “détricoter” depuis un siècle. On ressent aussi tout l'amour qu'elle porte à son pays natal, et en particulier à la Strandja.

J'ai eu cependant un peu de mal à rentrer dans le récit. le style est en effet un peu élusif avec des cassures de rythme. C'est vraiment un vagabondage d'histoires, de pensées, d'anecdotes toutes intéressantes formant une mosaïque pour mieux donner à appréhender cet endroit. Mais j'ai été très heureuse de continuer et d'accompagner cette voyageuse dans ses pérégrinations. Il manque parfois un peu de contexte pour bien comprendre le texte car la culture dans laquelle elle nous plonge nous est complètement inconnue : que ce soit la culture soviétique, bulgare, grecque, des balkans… Ce qui donne envie de creuser toutes les interrogations qu'elle suscite : “De quand datent les frontières dont elle parle ? Que sont les pyrolâtres? Quelle différence entre les grecs et les macédoniens ? Que sait-on sur les Thraces (en particulier sur le rite solaire orphique)?...” Mon rythme de lecture était donc assez lent car il y avait beaucoup de choses à assimiler.

J'ai été très émue aussi par l'empathie de Kapka Kassabova qu'on ressent fortement à travers sa capacité à faire des rencontres car Lisière est avant-tout le récit des rencontres qu'elle a faites pendant deux ans à arpenter ces frontières. Des frontières qui l'ont changée. On pense, pour n'en citer que quelques uns, à Marina, ethnologue qui inaugure et clôt son récit, Nikos et Ziko, deux anciens passeurs du temps de la guerre froide et qui sont restés contrebandiers, Mustapha le berger, Nizar le réfugié kurde syrien ou encore le gitan Tako, gardien musulman bénévole contre vents et marées d'un monastère byzantin…

Il y a beaucoup de choses à retenir de cet ouvrage mais je crois que je garderai en mémoire sa vision des empires qui veulent assembler, tisser les populations alors que les états-nations veulent désassembler, ce qui a mené aux différents fils ethniques d'être retirés. Ce livre est décidément une très belle porte d'entrée sur les Balkans.
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C'est une critique de Kirzy qui m'a donné envie de lire ce récit de voyage. L'autrice-narratrice part à la recherche de ses racines bulgares mais en faisant le choix de rester à la frontière entre la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. Les frontières sont diverses : il y a la frontière entre l'Europe et l'Orient, il y aussi la balafre du mur de fer, quand la Bulgarie était du mauvais côté de la frontière. Son exploration est multiple : géographique, historique, culturelle et humaine, pour nous aider à entrevoir la dynamique de cette lisière. Au gré de ses rencontres avec des Bulgares bien sûr, mais aussi des Grecs et des Turcs, des migrants de passage, des minorités musulmanes chassées de Bulgarie, des minorités chrétiennes chassés de Turquie et aussi des personnages moins sympathiques, au passé trouble, on prend la mesure de toute la complexité d'une frontière, de son caractère éphémère et illusoire.
C'est dense mais passionnant. Je recommande vivement.
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Un gros coup de coeur!

Kapka Kassabova est née en Bulgarie en 1973 à Sofia qu'elle a quitté avec sa famille après la Chute du Mur de Berlin. Elle habite maintenant en Ecosse et écrit en anglais. Elle est retournée en Bulgarie sur la Riviera Rouge plages de la Mer Noire où elle venait en vacances avec ses parents dans les stations balnéaires fréquentées par les cadres d'Europe de l'Est. Fréquentées aussi par les candidats à la fuite à travers le rideau de fer, allemands en "sandales", Tchèques, Bulgares. 


L'écrivaine ne convoque que très peu ses souvenirs d'enfance mais elle s'installe dans un petit village-dans-la vallée déserté de ses habitants. Ceux qui sont restés sont accueillants. Ils livrent à  Kapka Kabassova des secrets comme ceux des Agiasmes, les sources sacrées depuis la nuit des temps, ou les Nestinari qui marchent sur les braises et possèdent les dons du chant ou de la divination. 



La montagne sauvage recèlent encore d'autres mystères : des pyramides  - le Tombeau de Bastet ,



De nombreux trésors furent enterrés dans le Grand Site, mais aussi par les habitants chassés de leurs maisons. La profession de Chasseur de Trésor fut répandue ainsi que celle de passeur de fuyards ou de migrants et parallèlement de gardiens de la frontière qui ont souvent abattu ceux qui voulaient passer en Turquie. Cette forêt possédait  du Barbelé dans le coeur. les souvenirs de l'époque communiste  sont encore très présents. le franchissement du Rideau de Fer n'est pas le seul passage : contrebande, et maintenant Syriens, Afghans tentent de rejoindre l'Europe à travers cette frontière. Impossible de lister tous les mystères. Il faut lire Lisière


les Couloirs Thraces


Les "couloirs" font référence aux couloirs migratoires mais aussi aux couloirs des tombes thraces que j'ai eu le plaisir de visiter en Bulgarie. Kapka Kassabova descend de la montagne pour explorer cette région qui s'étend actuellement sur trois états : Bulgarie, Turquie et Grèce. Elle nous fait découvrir Svilengrad, la ville de la Soie, ville frontalière, Edirne et un fleuve : la Maritsa bulgare appelée Meriç en Turquie, Evros grec qui fait la frontière entre la Turquie et la Grèce, entre l'Union Européenne et la Turquie, presque l'Europe et l'Asie! Courants d'échanges de populations entre Grecs et Turcs, Turcs et Bulgares, Bulgares musulmans mais bulgarophones, populations qui ont dû choisir entre leur langue maternelle et leur religion, sans parler des Gitans et des Pomaques(musulmans parlant bulgare mais répartis sur la Bulgarie, la Turquie et la Grèce). Porosité de cette frontière. Je me souviens d'une photo ancienne vue dans la maison d'hôte d'un village bulgare : des files de réfugiés avec leurs paquets sur un pont....



Ces migrations ne sont pas terminées : Syriens, Kurdes et Afghans tentent de rejoindre l'Union Européenne, Kapka Kassabova les rencontre, noue des sympathies et met des noms, des histoires personnelles sur ces hommes et ces femmes qu'on désigne souvent par "migrants"sans chercher à les connaître.

Les cols des Rhodopes forment la troisième partie du voyage, fief des Pomaques. l'écrivaine s'installe dans le Village-où-l'on-vit-pour- l'Eternité. Elle prend pour guide dans une randonnée sauvage Ziko, personnage original, (passeur de clandestins, contrebandier ou trafiquant de drogues?)  sur la Route de la Liberté qui traverse la forêt jusqu'à Drama et Xanthi en Grèce. Traversée aventureuse! Les Rhodopes, comme la Strandja sont des régions très mystérieuses depuis la plus haute antiquité - terre orphique, ou légende de la tunique de Nessos. Il est question de la culture du tabac, de la soie. Ne pas oublier la déportation des Juifs :des 11343 Juifs de Dràma, Kavala, Xanthi et de Macédoine aucun n'est revenu. J'ai pris des pages de notes et ne peux pas les copier toutes!

J'ai été bluffée, scotchée par ce gros livre (488 p).  Je regrette de l'avoir terminé.  J'ai découvert qu'elle avait écrit To the Lake pas encore traduit que je compte bien lire. 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Nous voilà donc aux croisements de la Bulgarie, de la Grèce et de la Turquie, là où prend fin l'Europe, où commence l'Asie, lieux témoins de civilisations bien disparues, les Thraces, qui continuent de marquer de leur empreinte le monde actuel. Ce n'est pas pour rien que les montagnes et collines bulgares sont gorgées de chercheurs de trésor. le livre est divisé en quatre grandes parties, qui reflètent l'itinéraire de son voyage. Chaque chapitre est précédé d'une page qui se réfère à un élément typique de la région qu'elle visite, on y retrouve par exemple la voie romaine via pontica, le klyon (« Sobriquet donné par les soldats patrouillant la frontière bulgare au mur de barbelés électrifiés qui parcourait la forêt »), la fleur rosa domescana ou encore Conte des deux royaumes. Élément, qu'elle prendra soin d'expliquer dans le chapitre suivant, qui s'épanche véritablement sur le voyage de l'auteure bulgare. le tout est précédé d'une carte de la région et d'une préface dont elle est l'auteure.

Kapka Kassabova n'a pas choisi Sofia, où elle a grandi, pour ancrer son récit mais une région plus méridionale, plus énigmatique et obscure, plus opaque, des zones dont l'accès était impossible alors qu'elle résidait encore en Bulgarie. Mais ce n'est pas une simple histoire de retrouvailles, de son enfance ou de son pays natal. Il est davantage question pour Kapka Kassabova de pouvoir, enfin, découvrir ces régions et ces frontières, inaccessibles auparavant, qui ont été témoins des flux incessants de population et ces individus, fruits d'une mixité culturelle unique, afin d'essayer de capter la nature de ces régions poreuses. Ce ne sont pas seulement des lieux et des villages qu'elle explore, ce sont aussi des personnes, des familles, des villages, des histoires, tous oubliés, qu'elle perçoit et relate. Ces endroits où terre et cieux se rejoignent, berceaux mythiques de civilisations disparues, de cultes anciens, lieux ou les frères ennemis se touchent, séparés par des fils barbelés disgracieux et acrimonieux qui portent encore la trace de la blessure de ceux qui ont voulu les franchir.

C'est un récit fort, en découvertes, en émotions, en culture aussi, qui a mon sens a réussi à capter la richesse de ces populations et de ces humains, de cette culture mixte et complexe, composite et panachée, entre bulgares, turcs et grecs, entre culte païen, orthodoxe, et islam, entre thraces et pomaks, qui ont donné aux lieux leur identité. Et plus son récit avance, plus Kapka Kassabova se perd dans le mystère qui entoure ces frontières et ces montagnes, le premier chapitre traite de la Riviera rouge ou se regroupent touristes de tous poils alors qu'elle achève son périple par des endroits absolument confidentiels. La vérité n'est pas une, elle est disparate et se trouve dans les histoires toutes personnelles de ces chacuns, que l'auteure recueille précieusement, à l'écoute des êtres dont elle croise le chemin et qui se confient volontiers, comme s'ils ne pouvaient se confier totalement et sincèrement qu'à elle, uniquement.

L'auteure réussit à reconstituer les lieux qu'elle traverse dans leur dimension atemporelle, à la fois, dans leur présent qu'elle ne fait que traverser le temps de quelques jours, mais aussi dans leur passé, à travers les anciennes peuplades Thraces, les pomaks, ces slaves musulmans, qui ont été ballotés d'un pays à l'autre ou autres flux de population à la convenance des politiques nationalistes de tout bord. J'ai été surprise, ravie et transportée par la richesse de ces cultures que je ne connaissais absolument pas, de ces individus esseulés, de son écriture qui réussit à donner une dimension romanesque à cette épopée solitaire.

Quand je parle d'épopée, le mot ne me semble pas trop fort. Traversant monts et montagnes, vallées, plaines, routes turques, grecques, bulgares, elle fait la rencontre de lieux qui n'ont plus d'âge, ce qu'elle appelle le Village-dans-la-Vallée (elle précise avoir modifié certains noms propres afin de préserver la sérénité des habitants) apparaît comme un lieu irréel ou les figures mythologiques apparaissent à travers fables et légendes, croyances et superstitions. Après tout, nous ne sommes pas loin de la Grèce, et peut-être de sa mythologie ancrée à la terre, aux éléments. J'ai été frappée par nombre des cultes païens qui sont encore pratiqués dans ces lieux retirés, comme si le temps, et ses afflictions, n'avait eu aucune emprise sur eux.

C'est un récit, dense, qui mêle histoire, le communisme et ses méfaits tiennent une bonne place, ethnologie, témoignage personnels, qui nous amène à comprendre à quel point le régime imposé par les Soviétiques a ébranlé ces populations dans leur vie quotidienne, la Bulgarie profondément agraire a subi une industrialisation massive et agressive, à une collectivisation imposée, d'où malgré tout les populations ont réussi à garder, on le constate avec bonheur, leur identité profonde.

lElle réussit à insuffler à son récit la dose de mystère pour que l'on ne puisse s'en lasser, je pense notamment à l'évocation de ces de touristes mystérieusement portés disparus, et évidemment jamais retrouvés, entre 1961 et 1989. Où le pouvoir spécial qui l'englobe, dans les montagnes, de ces forces obscures et mystiques, qui ont agit sur elle le temps d'une visite, qui s'écourte brutalement. C'est dans un ou plutôt des mondes à part, avec leur propre réalité, que Kapka Kassabova nous fait pénétrer, où les lois physiques prosaïques et cartésiennes sont abolies par la puissance des croyances, qui se transmettent de génération en génération. Et l'auteure s'adapte et s'intègre aux autochtones pour mieux comprendre leurs us, celles qui régissent leur vie, celles de la nature, de la forêt, de la montagne, ces territoires vierges, jamais explorés par l'homme, témoins d'une innocence originelle, dieux intouchables.

Mais ces lieux ne seraient pas ce qu'ils sont s'ils ne refermaient pas l'histoire mouvementé des peuples qui les ont occupés mais aussi parcourus et traversés, sillonnés de part et d'autres. Ces lisières faites de no man's land sont des endroits stratégiques, où se croisent les populations. Et les inimitiés sont tenaces, les mêmes qui sont rejetés ici, le sont également là-bas: gitans, rom, peu importe le nom qu'on lui donne. L'auteure dépeint ce visage inédit de cette Bulgarie, lieu mystérieux, moins touristique et connu que ses voisins turcs et grecs, mais tout aussi riche culturellement et ethnologiquement, place centrale, lieu de transition, de transit est/ouest, terre d'exiles, terre d'échanges. Et la richesse de ce livre c'est aussi les voix de ces personnes qui sont issues de ce mélange des frontières, à la fois bulgares mais aussi turques, grecs et turcs, ce mélange inimitable de langues, de cultes. de leurs ressemblances, leurs dissemblances, des rejets, des purges – la purge ethnique des turcs ou des kurdes. C'est autant de guides qui l'emmènent dans les recoins de ces lisières, en Bulgarie, en Grèce et en Turquie, autant d'histoires différentes, autant de drames personnels, de cultures différentes, de mélanges ethniques différents, de découvertes de l'histoire de ces lisières sous un prisme nouveau, de l'impossibilité de définir l'endroit, et de ses habitants.


Et puis de façon redondante surgissent ici et là les réfugiés syriens tels des spectres, réfugiés malheureux et désespérés qui transitent par la Turquie et la Bulgarie pour rejoindre l'Union Européenne. Les flux de refugiés anciens et actuels, kurdes et syriens, des fuites, des venues, des rencontres des religions, inextinguibles reflètent la malédiction qui touche ces frontières, condamnées à voir, impuissantes, les gens fuir leur nation d'origine.

Je n'aurais pas assez de bons mots, je crois, pour vous parler du récit de voyage de Kapka Kassabova à la lisière du présent et du passé, d'ici et d'ailleurs. Outre les qualités littéraires indéniables de l'auteure, elle a parfaitement su déchiffrer les couleurs de ces mondes, les enjeux politiques, religieux, ethniques qui entourent ses populations. Tant de découvertes, tant de choses à dire sur ce livre, tant de rencontres touchantes d'hommes, de femmes, broyés par le système soviétique, par les engeances nationalistes de part et d'autres, aux lisières d'un monde passé et présent. Un livre, à mon sens, indispensable pour essayer de comprendre la Bulgarie et ses voisines Grecque et Turque.




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A l'image des bijoux de l'ancienne Thrace, dont il est souvent question dans le récit, voilà un vrai trésor d'orfèvrerie littéraire, peut-être le « pavé de l'année », comme avaient pu l'être, il y a très longtemps, Cent ans de solitude, ou, en 2019, Tous sauf moi de Francesca Melandri… Bien sûr, d'autres livres récents retiennent le coeur et l'esprit, mais Lisière, de l'écrivaine, aujourd'hui écossaise, d'origine bulgare Kapka Kassabova, vous séduit d'emblée comme un bel objet, avec une extraordinaire couverture au paysage expressionniste en noir et blanc, révélant une bourgade nichée au creux d'une montagne au ciel tourmenté – une image annonçant le « village-dans-la-vallée » aux habitants pittoresques, principal lieu de séjour de l'auteure, au cours de ses aventures dans la région -, avec aussi (et remercions les jeunes éditions Marchialy d'attacher toujours autant d'importance à l'aspect physique du livre, pratiquant le métier éditorial en artiste plasticien !) un beau souci de la présentation typographique, et une forme matérielle, même un poids du livre, qui vous font penser qu'il est bien là, maintenant lové dans vos mains, et qu'il les quittera difficilement… Et c'est bien ce qui se passera, tant le texte de Kapka Kassabova, avec ses quasi 500 pages aux lignes serrées d'une élégante mais minuscule police, vous donne l'envie qu'il ne s'achève jamais, tant vous avez l'impression d'être, au fil de la lecture, un compagnon muet de son périple, sans cesse ébahi, ou mieux, ébloui par les tours et détours de sa plume, autant que par les détails des endroits qu'elle décrit ou le rythme allègre des conversations qu'elle rapporte. Lisière est un récit de retour au pays natal, un voyage d'exploration à la fois géographique et mémorielle, la traque fascinante du « génie » d'un lieu. Kapka Kassabova, née à Sofia en 1973, a quitté la Bulgarie avec sa famille peu après la chute du Mur de Berlin. Elle a quelquefois fréquenté au cours de périodes estivales de son enfance et de son adolescence cette région des trois frontières, aux confins de la Bulgarie, de la Grèce et de la Turquie, entre Mer Egée et Mer Noire, Thrace et Balkans, massif de la Standja et montagnes des Rhodopes, entre Europe et Asie… Lorsqu'elle décide d'y revenir au milieu des années 2010, c'est pour tenter de comprendre le charme puissant que cette terre exerçait déjà sur elle, autant que pour questionner ces incarnations multiples de la notion de « frontière » - de la sympathique « lisière » du titre aux brutaux barbelés jalonnant l'horizon des autochtones ou des nomades – qu'elle propose. de la Thrace antique, amoureuse de belle orfèvrerie – ce qui donne l'occasion, comme en témoigne fréquemment le récit de Kapak Kassabova, à de multiples chasseurs de trésors de trouer comme un gruyère l'ancien territoire de cette civilisation ! - aux marches orientales de l'Europe contemporaine, la région a été remodelée en permanence par des conflits nationalistes, religieux, économiques ou idéologiques, entraînant guerres sanglantes, exodes massifs de populations, chantiers infinis de construction de murs, de citadelles, de camps, jusqu'à ceux où l'on parque les réfugiés d'aujourd'hui, en provenance du Proche-Orient ou de l'Afrique, en attente d'un Occident qui refuse leur présence. Et l'auteure évoque avec un grand art du conte et beaucoup d'humour tout l'absurde de ces déplacements ethniques et de ces exclusions, ou du climat d'espionnite de la Guerre froide – avec les croquignolesques, mais d'issue souvent tragique, tentatives d' « évasions » d'allemands ou de tchèques du bloc de l'Est par des frontières faussement jugées plus perméables que celles du Mur -, en même temps qu'elle nous enchante quand elle relate ses rencontres avec les autochtones, bulgares, grecs ou turcs, pomaques ou gitans, gens de peu de biens et d'ambition, mais de pensée vive et de grand coeur, au regard souvent désabusé, mais à l'esprit frondeur et à la langue bien pendue. le récit de ce voyage, commencé et achevé dans la « Stranja étoilée » - à l'image de ce temps circulaire de « l'éternel retour », dont, après Mircea Eliade, l'auteure révèle les traces dans la conception du monde des descendants actuels des Thraces -, peut-être la plus attachante des régions de ce bout oriental de l'Europe, est construit à chaque étape à partir de l'évocation d'un mot du cru (noms des sources et fontaines, « couloirs », « komshulak » ou voisinage, « tabac », la principale culture locale…) et de ses connotations des trois côtés des frontières, comme si la réalité naissait décidément du langage, un langage cosmopolite et magique, nourri des sortilèges qui imprègnent cette terre et dont l'auteure célèbre la puissance au fil des pages. Et nous voici, lecteur, aussi informé du triste sort que notre Europe réserve aux nouveaux nomades forcés de l'Orient, qu'ensorcelé par les forces mystérieuses de ces forêts et montagnes qui semblent refuser de laisser repartir le visiteur, définitivement conquis, en tout cas, par le merveilleux talent littéraire de Kapka Kassabova !
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Loin d'être un roman d'aventure, la narratrice arpente la lisière que bordent plusieurs pays, la frontière au coeur de son ouvrage, de son sujet. On passe De Grèce en Turquie, en Bulgarie… Les guerres civiles ou mondiales se croisent, l'Europe, l'Asie et l'Orient… le coeur du monde entier semble être perché dans ces montagnes abandonnées.
On se balade ainsi en recueillant des témoignages, de vieux, moins vieux, de parvenus, de réchappés des guerres. Chacun y va de son histoire, de sa version des légendes qui habitent l'endroit, mais tous se retrouvent dans la pauvreté, dans le mysticisme et surtout dans la montagne.

Le livre, comme le dit l'éditeur, est réellement beau. Un merveilleux travail éditorial à été fait et la couverture prend tout son sens lorsqu'on referme, pour la dernière fois, le livre.
C'est un énorme travail réellement esthétique, mais j'ai bien du mal à parler de ce livre si complexe. Entre chaque chapitre, l'autrice case un interlude : l'étymologie d'un mot grec, turc ou bulgare, une légende, qui fait écho avec le chapitre suivant et précédent. Les mots et la mémoire, l'imaginaire, comme lien tenu entre tout ce qu'elle arpente et voit lors de son voyage.
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Livre lu en bulgare, vu la spécificité de la thématique de ce livre, cela a forcément son importance. La capacité de comprendre les toponymes, la connaissance de l'histoire de la région, les lecteurs bulgares sont naturellement privilégiés pour cette lecture (et les ressortissants des Balkans plus globalement).
Un savant mélange d'histoire, folklore, mysticisme, récit de voyage, romance et bien plus encore, qui m'a touché profondément, qui me rappelle mon propre histoire personnelle, et dont je me sens obligée de faire découvrir en toute urgence à mon entourage afin que l'on puisse enfin comprendre ce "bagage" lourd que nous les gens des Balkans portons en nous.
Une très belle découverte, j'attends avec impatience que "L'écho du lac" me parvienne, impérativement en bulgare pour moi, en français pour mon entourage.


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