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C'est pas l'homme qui prend la mer...mais il prend les maladies honteuses quand même ! Ca pourrait être les mémoires secrètes du lieutenant Allan Thompson, oui, l'officier du Karaboudjan (je viens de découvrir son patronyme !).
Magnifique livre ! Livre rare, une édition poche, celle de Denoël et peu de traductions dans d'autres langues. Heureux sommes-nous les francophones d'accéder à ce Quart...je l'ai recommandé à des amis qui auraient pu y goûter en anglais, sans me douter un instant qu'il n'existe pas de traduction anglaise.
Il y a quelques livres comme ça dont on se dit en le refermant : je le relirai une deuxième fois. le Quart en fait parti.
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_Le quart_ est un roman à ambiance. Son intérêt de vient pas pour moi de l'histoire qui y est racontée mais plutôt de l'atmosphère qui est décrite.

Le récit donne à voir des tranches de vie des marins grecs du milieu du XXième siècle, fruit de l'expérience de l'auteur qui a lui même vécu cette vie.


C'est souvent amoral (voire immoral), un peu lent et indolent mais on est transporté dans ce monde, on peut presque sentir le gasoil et la poisse de la graisse des moteurs.

Si vous aimez _Corto Maltese_, _Les Voyages d'Ulysse_ de Lepage et Michel, _Tesson_ ou _Kapucinsky_ alors _Le Quart_ devrait vous plaire !
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« Guriquina ? C'est un phare ? Un port ? Un nom de fille ? Si seulement je savais ! C'est tout cela à la fois. Préparez le café du pilote. Il est encore tôt. Peu importe. Je veux voir l'horloge de Flinder'Station, Collin Street, la boutique du Chinois. “Ysé, Mesa, de Ciz, Amalric''. Nous irons ensemble à Paris. Dès mon retour. » (Nikos Kavvadias : correspondances)

Autrefois, du temps où on avait le temps, certains marins de la Mar.Mar .taillaient dans des bouts de bois. Nikos Kavvadias, radiotélégraphiste dans cette même marine, lui, écrivait des poèmes.
Il était grec, né en Mandchourie en 1910.
La Mandchourie : la Russie des Tsars, les seigneurs de la guerre……………. ! Rêves !
Beyrouth, Saïgon, Aden, Singapour, Colombo, Valparaiso, Yokohama. Récit de voyage sans descriptions.
D'autres ajouteraient Samarcande : pas un port !mais peu importe.
Et meurt à Athènes en février 1975 trois mois après son dernier débarquement. Comme si la mer lui manquait………………
Ce livre est un phare de souvenirs, réels ou rêvés, accumulés dans les ports.
Une odyssée, non pas lumineuse, de la condition humaine, mais noire.
Ce livre est un phare dans la mer, lieu mythique par excellence.
L'autre face du mythe étant celle des phares (cf. 'Armen' de Jean-Pierre Abraham)
«Les grandes personnes ne pleurent pas», mais il y a «un noeud qui remonte, un lacet qui étrangle», et qui pousse «les terriens à écrire des livres et les marins à sculpter et à gréer des caïques dans des bouteilles, ou à se peindre le corps»

Rien à dire de plus sur ce livre

Un chef d'oeuvre ?
Bien sur
Ce livre est un phare de la littérature.
- La barre est à zéro !
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Le quart est l'unique roman de Nikos Kavviadas, plus connu en Grèce pour sa poésie. Opérateur radio lui-même dans la marine, il évoque dans ce récit le destin des membres de l'équipage le capitaine, le pilotin, les mécaniciens. Entre dialogues crus, souvenirs d'escale, brutalités physiques ou morales, c'est la vie des hommes de mer dans ce qu'il y a de plus dur qui y est depeinte.
J'arrive après beaucoup de peine, à la fin de ce roman, ou plutôt cet ensemble patchwork d'épisodes personnels de chacun des marins, une construction que j'ai trouvé décousue, des dialogues dans lesquels il est difficile d'identifier qui sont les protagonistes, des références temporelles brouillées...Sur le fond, une vision de la femme assez deprimante entre la putain rencontrée à Marseille ou Beyrouth dans un bordel et l'épouse infidèle qui transmet une maladie à son mari lors de son retour....
Malgré quelques fulgurances dans la narration de la noirceur de la vie souvent difficile des marins, je n'ai pas accroché au style trop déstabilisant, sans repères chronologique souvent, sans identification d'interlocuteur quelques fois.
Une déception.
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Le Quart est avant tout une histoire d'hommes face à leur destin ,une histoire de marin pris dans l'immensité des mers et des océans, suspendus qu'ils sont entre ciel et mer.c'est aussi une histoire sentimentale entre des hommes qui malgré la vie difficile et pénible qu'ils mènent ne manquent pas de tendresse envers leurs mères, leurs soeurs, leurs putains,leurs chats ou encore envers les plus malheureux qu'eux.Nous constateront aussi que la femme est omniprésente à travers les pages de ce roman mais aussi à travers les mers et oceans ce qui renforce l'idée que l'homme seul ne peut construire ou détruire sa vie sans la femme.
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Unique roman du poète grec Nikos KAVVADIAS (1910-1975), « le quart » est à la fois une curiosité et un poids à l'estomac. Milieu du XXe siècle : un cargo crasseux et bringuebalant appareille De Grèce direction la Chine afin de livrer des armes aux insurgés d'un pays alors à feu et à sang. de cette guerre, nous n'en apprendrons rien puisque nous allons suivre l'équipage du Pythéas composé d'une trentaine de marins durant son trajet aller, et être comme invités de force par KAVVADIAS au coeur du bateau, le nez dans sa merde.

Dès l'entame, l'odeur nous emplit les navires : aigre, sale, nauséeuse. Nous avons ici affaire à des marins ayant sacrifié leur vie à leur métier, peu instruits, bestiaux et sauvages. Ils se succèdent pour le quart (période de 4 heures consécutives de veille afin de vérifier si tout se déroule bien à bord), échangent des souvenirs, des tranches de vies dans des propos pouvant être orduriers. Notons la présence de Nico, double de l'auteur qui fut lui-même télégraphiste.

Les conversations tournent autour des femmes. Si les marins les évoquent en termes crus, grossiers voire vulgaires, s'ils semblent n'avoir aucune empathie, aucun sentiment, c'est parce qu'elles leur font peur, les intimident. Souvent à bord de cargos ou paquebots divers, ils se sont contenté de les côtoyer lors d'escales dans des ports, des prostituées, des femmes aux meurs légères qui savent bien qu'un marin forcément en manque d'affection ne va pas rester insensible à leurs charmes.

Certains membres de l'équipage ont déjà été atteints de maladies vénériennes, d'autres en souffrent durant la présente traversée. Les langues se délient. Les femmes, toujours, que l'on imagine cradingues elles aussi, remémorés en d'amples anecdotes salaces servant à exciter le copain, à lui rappeler les joies qu'il peut rencontrer sur la terre ferme, lui faire oublier la promiscuité sur un bateau déglingué qui semble flotter miraculeusement.

Le langage est populaire, vert, sans fioritures, toujours sur le fil du rasoir, il sent le poisson pourri, son haleine est saturée d'alcool, de fumée et d'épuisement. Car le repos est bref, les tâches nombreuses, un typhon s'amorce au loin. Et puis, sans que l'on s'y attende, des moments de grâce, nous rappelant que KAVVADIAS était avant tout un poète : « Dévêts-toi. Je te donnerai la brume pour vêtements ».

Dans une ambiance rappelant un bistrot crasseux, les échanges d'histoires familiales se succèdent, appartenant à un passé plus ou moins lointain, suivis ou précédés de faits divers maritimes, tragiques mais devenus tellement banals. Et toujours cette langue imagée, puante elle aussi, qui n'épargne jamais les femmes : « Trous sans fond ! Vous sauteriez tous les feux de la Saint-Jean que ça ne vous sècherait pas, bande de truies ». Ces marins sont des fauves ayant laissé les émotions au port d'attache. Ils débarquent enfin en Chine, où les bombes pleuvent, mais où une autre maladie les attend : la peste.

Roman du quotidien d'un équipage déguenillé, avec ces termes techniques et une précision extrême qui peuvent parfois noyer le lecteur, mais surtout roman du désespoir, de la saleté humaine, du manque de repères, il est un gros pavé sur une surface océanique fichant le mal de mer à chaque page. KAVVADIAS tient le gouvernail de bout en bout, sachant pertinemment qu'il ne laissera aucun répit ou presque. le voyage sera éprouvant en même temps qu'instructif. Si les anti-héros de cette histoire ne sont pas précisément attachants, ils peuvent par moments faire preuve d'un semblant d'humanité qui paraît quasi incongru au milieu des miasmes. Son atmosphère peut être aisément rapprochée des récits maritimes désespérés de Joseph CONRAD. Roman maritime phare, abject autant que saisissant par la force de ses personnages, il est ici traduit par Michel SAUNIER et préfacé par Olivier ROLIN.

Je ne peux pas clore cette chronique sans vous annoncer une merveilleuse nouvelle : d'ici la fin de l'année si tout va bien, les éditions Signes et Balises, après avoir déjà fait paraître 2 livres de Nikos KAVVADIAS (présentés sur le blog), vont publier son oeuvre poétique complète. Inutile de vous dire que Des Livres Rances se réjouit d'un pareil projet, d'autant que le poète grec a rarement été traduit en français.

https://deslivresrances.blogspot.com

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Spécial envie de bateaux, d'épopées sur les mers, de quotidien sur les eaux, d'horizons infinis et de micro-problèmes corporels. Ca sent le goudron, la sueur, la chauffe du charbon, le poisson, les embruns. Et pour ce poète grec dont c'est l'unique roman, ça sent la femme. Celle des ports où on ne fait que passer, où on revient en escale, l'oreille toujours en alerte pour ne pas rater la sirène du réembarquement. Les putes, glorifiées dans leur humanité, puissantes ou paumées, offertes ou méchantes, dures à cuire, malignes ou perdues, et leurs histoires dans toutes les ruelles sombres des ports. Les maquerelles et leur sens pratique, qui ont toujours raison mais qui les écoute ? Les qui ne se vendent pas, les pires, celles qu'on épouse mais qui ne peuvent convenir aux marins dont le pire destin est de rentrer au pays et d'y vieillir dans sa maison, à terre, l'insoutenable terre. Et les mères, protectrices de leurs rejetons drogués aux flots.
C'est crasseux, j'aime bien. On étouffe dans les cabines qui puent, les postes de commandement ou de radio, on crève de chaud dans ces petits espaces, on compare ses blennorragies, on hausse les épaules en craignant le pire. On étouffe, tout en voguant sur l'immensité de la mer, avec qui on ne s'amuse pas. On ne pense qu'au quai suivant, du pays suivant, et quand on y accoste, on ne pense qu'au retour sur le bateau, et malheur à celui qui voit partir son embarcation pour un retard de cinq minutes, il est maudit, sur le plancher des vaches d'un lieu dont il ignore tout - sauf l'adresse d'un bordel, peut-être. Ya de l'homme, et l'homme parle des femmes. Ya de l'ode dans l'iode, de la familiarité sur cette petite planète si vaste. On embarque.
Nikos Kavvadias était pote avec un autre écrivain grec, Stratis Tsirkas, qui a écrit le très vénéré Cités à la Dérive. Ils sont forts ces Grecs, quand ils veulent nous emmener en voyage.
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Plus qu'un voyage en mer à bord d'un vieux cargo en partance pour la Chine, Nikos Kavvadias nous offre une plongée dans la solitude profonde des marins au long cours. Les bras tatoués, les mains rongées par le sel, ces hommes ont l'âme rude. Ils n'ont souvent pas de maison et parfois plus de patrie. Leur métier, leur vie, c'est la mer. Leur pays, le corps des femmes.

Nikos Kavvadias a navigué sans relâche pendant 30 ans, nouant et dénouant des amitiés au hasard des embarquements et des amours au gré de ses escales. de ces années passées en mer, il a gardé le souvenir des conversations entre hommes. Il sait que la femme y est toujours présente. Il y a celles pour lesquelles on s'inquiète et celles qui se sont lassées de vous attendre. Il y a aussi celles à qui l'on a promis le retour et qui ne vous ont jamais revus. Il y a même, les jours de cafard, le souvenir de la tendresse d'une mère ou d'une soeur. Et puis il y a les putains, ces femmes offertes à tous que l'on trouve dans les ports et qui parfois vous attacheraient s'il n'y avait l'appel de la mer. Mais toutes, qu'elles soient mère, épouse ou putain, ont échoué à retenir ces hommes qui préfèrent se brûler les yeux à scruter l'horizon.

Ce sont ces confidences fraternelles qui font la matière du livre de Kavvadias. "Le quart", ce sont quelques marins, le capitaine, le radio, le jeune pilotin qui a attrapé la syphilis. Ils ne se sont pas choisis mais pourtant ils vont devoir vivre ensemble, dans ce vieux rafiot, à la merci des vents contraires. Autour d'un café ou d'une bouteille d'alcool, ces trois-là se racontent leurs souvenirs, leurs amours déçus et les fautes commises.

L'écriture est d'une poésie brute et nous fait entrer dans le coeur de ces hommes qui n'ont aucune attache. C'est un récit noir et profond. le texte drague le fond des âmes et ce qui en remonte a parfois un léger goût de vase.
On a comparé Kavvadias à Céline ou à Malcolm Lowry. Cela ne me choque pas. Il y a chez eux la même lucidité et la même maladie de l'âme que l'on nomme mélancolie. Mais la voix de Kavvadias est singulière et envoûtante comme l'est le chant des sirènes. "Le quart" est un récit sombre et vénéneux qui parle à nos regrets et à nos envies, parfois, de prendre le large. Mais surtout, c'est un formidable chant d'amour offert à la mer, compagne jalouse qui exige des marins un don total de soi.

"Cri de la sirène, brouillard, chaleur, fatigue se mêlent. Dévêts-toi. Je te donnerai la brume pour vêtement. Je boirai encore un verre à la santé de la mer. À la santé de la sirène qui est tatouée sur mon bras. Qui saute à la mer chaque nuit et me trompe avec Poséidon. Elle revient le matin quand je dors encore, couverte d'algues et d'orties de mer. Quand nous restons longtemps à terre elle se flétrit et perd ses couleurs."

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C'est un peu le voyage au bout de la nuit, voyage au bout des mers, sur les mers. Style étonnant, un autre point commun avec Céline. Un seul livre pour le marin écrivain, mais quel livre !




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Ce livre est un huis clos à ciel ouvert. Ne cherchez pas un personnage principal car ils sont tous principaux. Suivez le radio, le machiniste et tous les autres marins sur les mers du monde.

Vivez leurs péripéties, leurs histoires, leurs souvenirs plus ou moins heureux, de quart en quart. Laissez vous bercer par la mélodie des vagues, sentez toutes ces épices venues des quatre coins de la planète.

Pas besoin d'enfiler de ciré, ne craignez pas le mal de mer car elle est calme. Bon quart
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