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EAN : 978B019FQRFTI
Plon (30/11/-1)
3.17/5   3 notes
Résumé :
246 Pages - Renforts adhésifs sur le 1er contre plat et la coiffe en pied Bon état Couv. convenable Intérieur frais In-12 Carré Broché
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La grande idée... l'étoile rouge... Moscou a crié!
On s'est quasiment engueulés avec mon mari quand je lui ai fait part de mon enthousiasme pour ce roman: "Comment peux-tu faire l'éloge d'un livre qui fait l'éloge du communisme et ses atrocités? Ecrit en 27? c'était déjà les exécutions de masse, Lenine est un bourreau sanglant etc etc".
D'accord. N'empêche que j'ai adoré. Pourquoi?
D'abord parce que c'est Nikos Kazantzakis, un bonhomme de conviction qui me plait et qui a écrit l'un des livres que j'emmènerais sur une île déserte: Alexis Zorba.
Ensuite parce que je trouve absolument passionnant de pouvoir, par la lecture, faire l'effort intellectuel de se plonger non seulement dans la psyché d'un auteur mais en plus dans le contexte idéologique d'une époque et en 1927, la mise en oeuvre à l'échelle de l'URSS de la grande idée que beaucoup attendaient depuis plusieurs générations était encore neuve, brûlante de fièvre et d'espoir. Il y avait une énergie, un enthousiasme, une détermination féroce à changer le monde, qui, si elles sont désagréables à envisager aujourd'hui à la lumière des millions de morts de l'expérience soviétique, n'en constituent pas moins une réalité historique et un courant idéologique puissant qui a bouleversé le 20ème siècle.
Et d'ailleurs l'auteur, qui a rédigé ce roman au retour d'un voyage en URSS pour le dixième anniversaire de la révolution, ne se positionne pas dans la pure hagiographie. Il fait parler les voix discordantes, critiques, amères, autant que celles des zélotes de l'homme nouveau, à l'instar de Svetlana Alexievitch dans La fin de l'homme rouge.
Et enfin parce que j'ai adoré la forme de ce roman, métaphorique, furieusement poétique, plein du souffle vital qui m'avait déjà emportée dans Zorba, révélant l'humanité profonde de l'écrivain derrière ses mots.
Morte, la grande idée? La plume de Kazantzakis, elle, est éternelle.
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TODA-RABA - MOSCOU A CRIE est le titre entier du livre.

Nikos Kazantzaki est un des "Grands Ecrivains" du XXème siècle, depuis la visite de sa maison en Crète je le lis régulièrement  à chacun de nos voyages en Grèce. Je m'étais désolée d'avoir tant de mal à trouver ses livres en français ;  ce billet avait eu de nombreux commentaires. Comme quoi, je n'étais pas seule à chercher ses ouvrages.

Heureusement, récemment Cambourakis répare cette lacune et le réédite. Un grand merci!

J'ai choisi Toda-Raba sur une ambiguïté (pour moi) que je tiens à lever. "Toda  Raba", en hébreu, veut dire merci beaucoup. Je croyais que le choix de ce titre y ferait allusion. Erreur! Toda-Raba est un personnage du roman, un africain, aucun rapport avec l'hébreu ou avec les remerciements!

Rien à voir avec la Grèce, non plus!

Kazantzaki a écrit ce roman à la suite de ses voyages en Union soviétique. Eléni Kazantzaki, dans une longue et passionnante préface relate les circonstances de ces voyages en 1925, 1928-1929 en Russie. En 1925, il a publié un livre Ce que j'ai vu en Russie. Il se rend à Moscou en 1927 pour fêter le dixième anniversaire de la Révolution d'Octobre et y rencontre Panaït Istrati et prépare avec lui, et leurs compagnes, une traversée en train de l'Union soviétique, une descente de la Volga de Nijni-Novgorod jusqu'à Astrakhan. L'histoire se terminera tragiquement pour Panaït Istrati. Kazntzaki en tira ce roman.

"Cette confession en forme de roman n'a qu'un seul héros. Azad, Géranos, Sou-ki, Rahel, Anada et L'Homme aux Grandes Mâchoires ne sont que les diverses facettes d'une seule conscience qui a vécu et reflété la réalité - complexe, fluide à maintes faces - de l'Union Soviétique. ...Seul le Nègre st en dehors et au dessus du héros."

C'est  un roman- kaléidoscope  Des personnalités du monde entier sont conviées à un congrès à Astrakhan pour célébrer la Révolution. Sou-ki Chinois,  a entendu  l'appel de Moscou en Californie, Amita, du Japon, Azad, révolutionnaire tchekiste a travaillé sous les ordres de Djerzinski, Rahel de Lodz, Géranos est crétois...il y a aussi des Arméniens, Géorgiens....

Comme dans un récit de voyage, on suit ces voyageurs en Sibérie, à Kiev, Tiflis, Bakou, Boukhara... Kazantzaki dans ce court roman, sait nous faire goûter les vins géorgiens, les fruits, piments ou chachlik. Par touches, nous découvrons des paysages, des costumes, des traditions...;

Le début du livre, avec "le cri de Moscou" l'appel entendu dans le monde entier, l'enthousiasme de Sou-ki, les portraits de Lénine,"Lénine n'est pas mort ; il vit éternel parmi nous! Les générations futures adoreront Lénine car son grand coeur a souffert pour la Chine"  fait penser à de l'agit-prop.

"Liberté!Liberté! le Moscovite descend! " - "Et voilà maintenant, dans son âge mûr, Géranois sent en lui, tout à coup un vieux Crétois, son grand père, le fez rouge de travers qui chante à pleins poumons ce même refrain"

Enthousiasme révolutionnaire, Kazantzaki le partage-t-il sans nuance? la réunion à Kiev autour de Rahel , de jeunes juifs, d'intellectuels, d'artistes est plus nuancée. Occasion de discuter de l'art prolétarien, d'évoquer l'antisémitisme. Une réflexion critique :"les bons combattants sont ceux qui ont des oeillères. Vous portez, mes amis, des oeillères. Je ne voudrais pas vous les enlever" soulève un doute. 

Plus on avance dans le récit, et plus les doutes s'accumulent. Azad, le tchékiste  retrouve la Présidente du Tribunal révolutionnaire: "tu ne vois pas? Il y a quelque chose qui ne va pas dans notre Russie?"[...]Notre rôle est fini. Nous sommes des revenants..."

Kazantzaki soulève aussi la question paysanne, koulak ou moujik : "le problème du paysan est complexe[...]plus nous donnons de liberté au paysan, plus la production augmente; Plus le paysan devient riche, plus il devient réactionnaire, par conséquence, du point de vue politique, il faut absolument réprimer la liberté du paysan" . L'enthousiasme béat du début du livre est loin. 

"Nous vivons trop intensément notre époque pour la voir et la juger. la réponse que tu demandes, camarade, n'existe pas. Elle mûrit à chaque instant"

Géranos transmet le flambeau révolutionnaire à son fils Panteli"Accomplis ce que je n'ai pu accomplir. laisse-moi et va plus loin"

On est loin de la propagande, la réflexion est poussée, sans conclusion définitive.



Un bémol : je n'ai vraiment pas compris le rôle de Toda-Raba l'africain que j'ai trouvé caricatural et inutile. Il doit pourtant être capital puisqu'il a donné le titre au livre.




Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Tu as beaucoup vécu petit père! Tu as vu beaucoup de choses. Tu as connu le tsarisme, tu vois maintenant l'homme délivré : la terre appartient enfin à ceux qui la cultivent. Es-tu content ?
Le vieux tendit son long cou ridé, avala sa salive. Il ne repondit pas.
J'insiste : "Tu as crié, pour sûr, toi aussi, avec les autres esclaves, ouvriers et paysans : la liberté ou la mort ! Et maintenant ?
- Et maintenant, Dieu soit loué, nous avons toutes les deux : la liberté et la mort.
- Je ne comprends pas ! parle-moi, dis la vérité !
Le vieux sourit :
-Qui dit la vérité doit avoir un cheval scellé. Moi je n'ai pas de cheval. En aurais-je un, où fuir ?
Il regarda autour de lui, effaré. L'U.R.S.S. lui apparut comme une trappe immense.
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Donnons donc à notre entretien la fin traditionnelle que se donnent les contes géorgiens : Du ciel tombèrent trois pommes ; l'une pour celui qui a raconté, l'autre pour celui qui a écouté, la plus belle, tomba dans l'abîme.
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Éternelle félicité ? paix ? justice ? A Dieu ne plaise ! Toujours l'injustice, la faim, le malheur. La justice et le bonheur sont des somnolences contraires à la haute nature de la vie.
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Il ne faut pas aimer les hommes mais la flamme qui n'est pas humaine et les consume. Il ne faut pas combattre pour l'humanité mais pour cette flamme qui transforme en feu la paille humide, grouillante, nauséabonde que l'on appelle l'humanité !
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Videos de Nikos Kazantzakis (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nikos Kazantzakis
Nikos Kazantzakis : Le regard crétois (1974 / France Culture). Nikos Kazantzakis sur l'île d'Égine, en 1927 - Photo : Musée Benaki. Par Richard-Pierre Guiraudou. Les textes, extraits d'“Ascèse”, d'“Alexis Zorba”, de la “Lettre au Greco”, de “Kouros”, de “Toda-Raba” et de “L'Odyssée”, ont été dits par Julien Bertheau, François Chaumette (de la Comédie-Française), Roger Crouzet et Jean-Pierre Leroux. Et c'est Jean Négroni qui a dit le texte de présentation de Richard-Pierre Guiraudou. Avec la participation exceptionnelle de Madame Eléni Kazantzakis, et la voix de Nikos Kazantzakis, recueillie au cours de ses entretiens avec Pierre Sipriot, en 1957. Réalisation de Georges Gaudebert. Diffusion sur France Culture le 1er août 1974. Níkos Kazantzákis (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki ou encore Kazantsakis, né le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), est un écrivain grec principalement connu pour son roman “Alexis Zorba”, adapté au cinéma sous le titre “Zorba le Grec” (titre original : “Alexis Zorba”) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman “La Dernière Tentation” (dont le titre a été longtemps détourné au profit du titre du film et désormais republié sous son nom authentique), adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese sous le titre “La Dernière Tentation du Christ” (titre original : “The Last Temptation of Christ”). Penseur influencé par Nietzsche et Bergson, dont il suivit l'enseignement à Paris, il fut également tenté par le marxisme et s'intéressa au bouddhisme. « Il a poursuivi une quête tâtonnante qui lui a fait abandonner le christianisme au profit du bouddhisme, puis du marxisme-léninisme, avant de le ramener à Jésus sous l'égide de Saint-François. » Bertrand Westphal (in “Roman et évangile : transposition de l'évangile dans le roman européen”, p. 179) Bien que son œuvre soit marquée d’un réel anticléricalisme, il n’en reste pas moins que son rapport à la religion chrétienne laissa des traces fortes dans sa pensée : goût prononcé de l’ascétisme, dualisme puissant entre corps et esprit, idée du caractère rédempteur de la souffrance… Ainsi la lecture de la vie des saints, qu'il faisait enfant à sa mère, le marqua-t-elle durablement. Mais plus que tout, c’est le modèle christique, et plus particulièrement l’image du Christ montant au Golgotha, qui traverse son œuvre comme un axe fondateur. Bien que libéré de la religion, comme en témoigne sans équivoque son fameux « Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre », Kazantzákis restera donc l’héritier de cet « idéal Christ » qui se fond aussi, il faut le souligner, avec celui emprunté à la culture éminemment guerrière d’une Crète farouche encore sous le joug turc dans ses années d’enfance.
Sources : France Culture et Wikipédia
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