Il y a quelques années, j'ai eu la chance d'assister à un spectacle d'Anna Teresa de Keersmaeker. J'y suis allée en toute « innocence », entendez par là que je n'y connais absolument rien en danse contemporaine, ni d'ailleurs en danse tout court, ni en art contemporain. Je n'avais donc aucune attente, j'étais juste enthousiaste de découvrir une artiste admirée par de nombreuses amies, et j'étais consciente de la chance que j'avais.
Eh bien je fus très déçue du spectacle. Voir des danseurs répéter le même mouvement élémentaire (même pas quelque chose d'exceptionnel, non un mouvement que vous, moi, tout le monde peut faire) ou la même séquence de mouvement pendant des dizaines de minutes, sur une musique rudimentaire, m'a d'abord laissée perplexe et dubitative, puis m'a déçue (profondément) avant de m'énerver, voire de me mettre en colère !
C'est peut-être triste (ou pas d'ailleurs) mais il faut une certaine culture, une certaine éducation pour apprécier ce genre de spectacle, et c'est peut-être un reproche qu'on peut faire à tout l'art contemporain : si on n'a pas les clés, on n'y comprend rien et on ne peut y être sensible.
Ces clés, j'avais envie de les avoir, au moins partiellement, ce qui m'a fait acheter ce petit bouquin. Alors certes il ne m'a pas complétement réconciliée avec ATDK mais j'ai pu essayer de comprendre sa démarche, aidée en cela par les vidéos qu'on trouve sur internet.
J'en suis arrivée à la conclusion que de Keersmaeker est peut-être une poète d'un genre particulier, une poète de l'espace et du mouvement. D'ailleurs, le titre «
Incarner une abstraction » est déjà un poème en soi, non? Comme toutes les poésies, certaines sont plus accessibles que d'autres …
A vous de voir.