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Sutton, ville d'un état imaginaire du Sud.
Un exode soudain de la population noire suscite les commentaires et interrogations des blancs. Ils se divisent sur la gravité, l'importance de ce départ massif.
La forme du roman choral permet au lecteur d'approcher progressivement le sens de cet événement, et de découvrir le passé et les préoccupations de la petite communauté bouleversée par C'est fort, intelligent, inventif !! Merci au Picabo River Book Club pour ce partenariat !
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Encore un livre fort sur la ségrégation ! Un livre choral, extrêmement bien construit dans lequel on s'immerge complètement. J'ai particulièrement apprécié la découverte de cet état imaginaire et cette migration qui prédit un bouleversement catastrophique pour les blancs. Les personnages sont charismatiques avec leurs secrets bien enfouis. La fin m'a un peu surpris et désolé !
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Tucker Caliban, est descendant d'esclave et est l'homme à tout faire de la famille Willson, propriétaire d'une plantation dans un état du Sud des Etats-Unis.
Denis Willson, est le petit fils du général de l'armée fédérale, artisan de victoires sudistes et gouverneur de son Etat après la réintégration de celui-ci dans l'Union. 
En juin 1957, alors que Tucker n'est plus au service de la famille Willson, il décide de recouvrir intégralement de sel ses 7 arpents de terre, de tuer sa vache et son cheval et de brûler sa maison. A la suite de quoi, avec sa femme enceinte et leur fils, ils quittent la ville de Sutton sans se retourner. 
Dès le lendemain de cet évènement, va débuter l'exode massif des noirs de la ville jusqu'à ce qu'il n'en reste plus un dans la ville. Ils partent sans un regard pour les blancs qui ne comprennent pas ce qui se passe. 

Ce roman, en plus de nous raconter par le détail la vie de la famille Willson sur plusieurs générations et comme elle a évolué, met en avant le problème de la ségrégation raciale. C'est un roman engagé qui montre comment les organisations politiques noires ont échoué à faire valoir le droit des noirs et que c'est l'initiative personnelle d'une personne, qui à un moment précis, a décidé que cela suffisait et qui, dès lors, va faire bouger les lignes sans pour autant se revendiquer ni être leader.
Ce roman très bien écrit, au ton apaisé, bien que refusant tout compromis, est porteur d'un message d'unification et de paix.

C'est un énorme coup de 💙💙💙
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C'est une sorte de fable à plusieurs voix, qui combine une grande douceur dans l'écriture fluide et sensible et une grande violence en arrière-fond. Une fable qui pose plus de questions qu'elle ne donne de réponses.
Un très beau livre.
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En 1957 dans un état sudiste fictif, sous l'impulsion de Tucker Caliban, les noirs de Sutton et de ses environs quittent la ville pour le Mississipi, l'Alabama ou le Tenessee.
Les blancs assistent médusés à l'exode. Chacun va livrer un témoignage de cet évènement.

Premier roman de William Melvin Kelley, publié en 1962 à l'âge de 24 ans, on le redécouvre en cette rentrée littéraire 2019, deux ans après la mort de l'auteur. Auteur qui m'était jusqu'alors parfaitement inconnu. Quelle découverte! L'écriture est sobre, les mots sont justes. le discours est poignant. Kelley démontre à travers le témoignage de la population blanche de Sutton le racisme ordinaire. A commencer par le vocabulaire, employé par les blancs, et dont ils ne perçoivent pas la portée, ainsi que l'explique un père à son petit garçon:

« Tu vois, poursuivit Harry, je pense qu'aucun mot n'est mauvais au départ. Ca commence par être un mot, puis les gens lui donnent un sens. Et il se peut que toi, tu ne lui donnes pas le même sens que tout le monde. C'est comme si quelqu'un à l ‘école, te traitait de fils à sa mère: ça ne veut pas dire que c'est mal d'être le fils de sa mère; c'est comme si on disait que tu as les yeux gris. Mais quand tu appelle « nègre » un homme de couleur, il croit que tu dis qu'il est mauvais, alors que c'est sûrement pas du tout ce que tu penses. Tu comprends? »

Il raconte les stéréotypes construits de génération en génération:

« J'étais stupéfaite. Elle n'avait pas du tout l'air d'une bonne. Les bonnes sont grosses, très noires de peau, et ont un accent noir très prononcé. »

L'esclavage est définitivement aboli aux Etats-Unis en 1865. En 1957 les noirs sont libres mais la ségrégation raciale s'applique, surtout dans les états du sud: places pour les personnes de couleur dans les bus, quartiers noirs, écoles pour les noirs… On n'oublie pas leur descendance. Tucker Caliban, par exemple, est le descendant d'un esclave noir. C'est la première histoire que raconte les blancs lors du début de l'exode, comme si la génétique caractérisait sa personne et ses actes. le noir reste un citoyen de seconde zone, employé des blancs pour les blanc.La famille de Tucker a toujours travaillé pour les Willson, comme esclave dans un premier temps, puis comme employé de maison ou comme métayer. Aujourd'hui bien que les Willson soit une famille ouverte sur la question raciale, mais elle conserve une domination sur leurs employés noirs. Leur fils, Dewey, raconte comment Tucker, alors âgé d'une douzaine d'années, lui apprend à faire du vélo. La leçon se termine à la nuit. Tucker se fait fouetté pour n'avoir pas ramené le fils de famille assez tôt.

Sans que les protagonistes noirs s'expriment, Kelley décrit leur rage. Mais il décrit aussi l'incrédulité des blancs qui ne comprennent pas l'évènement qui se produit sous leurs yeux. Ils ne comprennent pas le message que Tucker leur adresse lorsqu'avant de partir il prend soin de saler son champ, tuer ses bêtes, abattre son arbre et brûler sa maison. le message est pourtant clair: faire table rase du passé. Punir les blancs en faisant en sorte que ces terres auparavant cultivées par des esclaves ne produisent plus. Marque encore plus forte, il détruit une horloge, offerte par la famille Willson, qui avait voyagé avec son aïeul dans le navire négrier.

Dans les années 60, au moment de la parution de ce roman, les lois ségrégationnistes, sous l'influence du mouvement pour les droits civiques sont en passe d'être abolies. le roman raconte ce combat aussi, mené tant par la communauté afro-américaine, que par des blancs progressistes. Il montre la difficulté de l'engagement, et sa non acceptation par la plus grande frange de la population. Il s'agit d'une remise en question d'un mode d'éducation et d'un mode économique vieux de plusieurs siècles qui ronge les classes blanches les moins instruites, plus enclines à la violence. C'est aussi une forme de mise en garde qu'adresse Kelley à ses lecteurs, rien est acquis, un retour en arrière pourrait être très rapide sans la vigilance de chacun.
Un gros coup de coeur.
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Petit roman écrit en 62 ,alors que toit le monde s'en fichaot de la question raciale,,écrit par un noir américain ,évoque la ségrégation et tente de montrer qie des petites actions individuelles peuvent changer une société et que la fraternité existe.Style épuré et précis,agréable à lire bien que
le monde reste confus.
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Publié en 1962, "Un autre tambour" est le premier roman de William Melvin Kelley, écrivain noir américain lié au Black Arts Movement qui eut une influence majeure sur l'esthétique des artistes afro-américains dans les années 60. Alors qu'on le compare aux plus grands, son oeuvre n'est pas très connue au point d'être surnommé "le géant oublié de la littérature américaine" par The New Yorker ! Et dire que c'est par hasard que ce roman a été découvert dans une brocante par un journaliste...
Après avoir lu ce roman, on se demande effectivement pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour que cette petite pépite soit éditée et ne paraisse en France qu'en 2019!

C'est un roman magnifique sur la question raciale, écrit sous la forme d'une fable et qui raconte l'exode étonnant de toute la population noire d'une petite ville du sud des États-Unis sous le regard ahuri des Blancs, témoins impuissants et conteurs de l'histoire. Dans une Amérique encore marquée par la Guerre de Sécession, on découvre l'évolution d'une famille blanche du sud sur plusieurs générations, d'esclavagistes à libéraux et les raisons qui ont conduit ces Noirs à s'affranchir.

Brillamment écrit, ce livre d'une force incroyable apporte encore un autre regard sur l'Amérique ségrégationniste et ses tourments. On est happé dès le premier chapitre et la tension est grandissante jusqu'au point final. COUP DE COeUR !
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Un autre tambour
William Melvin Kelley - ed Delcourt
Lu en mai 2020 (confinement)

C'est un livre complexe, aux personnages multiples, publié en 1962.
Le livre commence en juin 1957, le jour où les habitants noirs quittent leur petite ville du Sud profond des Etats-Unis, à l'instar de Tucker Caliban.
Ce jeune fermier après avoir recouvert ses champs de sel, mis le feu à sa maison, tué vache et cheval, part de la ville avec quelques bagages, sa femme et ses enfants.
Cette scène est d'abord vue à travers les yeux de 3 hommes et d'un garçon de 10 ans qui, comme chaque jour, regroupés sous la véranda d'un petit commerce, épient et commentent la vie qui passe.
Constatant amèrement cet exode initié par Caliban, le plus vieux se met alors à raconter l'histoire mythique, voire mythologique, de l'ancêtre de Tucker, un colosse arrivé d'Afrique par bateau pour y être vendu. Il voit dans cette histoire l'origine de l'acte insensé de Caliban.
Dans ce roman, vont ensuite s'entremêler les histoires de 2 familles sur plusieurs générations : les Willson, riches propriétaires terriens dans le Sud est des USA, devenus au XXème siècle, humanistes et abolitionnistes, et celle des descendants de Caliban.
La construction est très contemporaine, chaque chapitre donnant la voix à un personnage différent, tout en servant un propos et des histoires passionnantes sur l'histoire récente des Etats-Unis, celle des pays sudistes notamment.
Ca raconte la lutte pour les droits civiques, l'intégration si compliquée des anciens esclaves dans la société américaine : comment on leur fait une place ? ou pas …
Comment les blancs abolitionnistes ont eu du mal à transmettre leurs idées dans des régions traditionnellement esclavagistes et ségrégationnistes.
C'est aussi un point de vue très riche sur les questions raciales, sur le combat pour ouvrir sur des idées progressistes, sur la transmission des valeurs.
Cette lecture a été passionnante, pleine de surprises et d'optimisme malgré tout.
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Roman publié pour la première fois en 1962, salué par la critique, l'auteur de seulement 24 ans fut comparé à #jamesbaldwin ou encore à #williamfaulkner.
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L'histoire se déroule dans le sud-est des USA en 1957. Tucker Caliban, un jeune fermier noir, détruit volontairement l'ensemble de ses biens avant de quitter la ville. le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour, laissant les blancs s'interroger sur cet exode massif.
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Nous entrons dans ce roman choral où chacun réagit selon son vécu, ses opinions politiques et raciales. L'auteur montre à travers le témoignage de la population blanche comment le racisme ordinaire sévit. Encore sous ségrégation, ce livre fit scandale à sa sortie. En effet, comment un auteur africain-américain « ose t-il penser à la place des blancs » ?
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Un roman engagé qui dégage un beau message d'espoir pour l'époque : William Melvin Kelley est convaincu, comme Henry David Thoreau, que les petites initiatives individuelles peuvent réellement faire bouger les choses. Pour paraphraser Thoreau, « Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut-être qu'il entend le son d'un autre tambour ». Il faut donc suivre notre petite musique intérieure, différente des autres tambours.
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L'ouvrage plonge le lecteur dans une petite village du Sud américain étouffant et poussiéreux des années 50 et ce en pleine ségrégation.

Plusieurs personnages sont les clefs d'une énigme que l'auteur tisse au fil du récit : Tucker Caliban, ce petit fermier pauvre et noir, qui abandonne tout avec sa famille, les Willson (père, mère, fils et fille) qui ont été son employeur mais aussi des proches de sa famille, le révérend Bradshaw qui tente de comprendre pourquoi Tucker Caliban a quitté sa ferme et provoqué parallèlement (à moins que ce soit Bradshaw lui-même ?) la migration totale des Noirs de l'État vers le Nord.

La migration des Noirs incarne un des axes de l'ouvrage les plus fascinants à lire : tels des zombis, ils défilent tout au long du récit sans que personne ne puisse les arrêter.

Parallèlement, l'histoire de la dynastie Caliban est aussi fascinante, démarrant dès le début du récit avec le premier ancêtre arrivé par un bateau négrier et qui meurt en luttant contre les esclavagistes après avoir laissé un bébé.

Le roman est nerveux, intense, saisissant des portraits et des vies un peu dans le style de Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk, mais manque le chapitre sur la narration par Tucker Caliban pour comprendre le fond de sa pensée.

W. M. Kelley fait une réussite de ce roman qui semble moquer avec une profonde ironie la bonté de certains Blancs et la cruauté d'autres. le style est simple, clair, variant entre la description et la narration par plusieurs personnages.

L'ensemble donne l'impression étourdissante d'avoir suivi un film détonant sur la ségrégation qu'aurait pu tourner un Tarantino avec de l'humour, de la violence, et du grotesque.

Un ouvrage de très grande qualité et une très belle découverte.
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