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3,74

sur 473 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tea Time! C'est au pied d'une vertigineuse falaise battue par les vents de Cornouailles à la fin de l'été 1947 que débute l'intrigue « au moment où le révérend Samuel Bott de St Sody …doit renoncer à une partie d'échecs avec son invité, le révérend Gérald Seddon, pour écrire une oraison funèbre. le mois précédent, un gigantesque morceau de falaise s'est effondré dans une crique, détruisant l'hôtel de Pendizack et entraînant la mort de tous ceux qui s'y trouvaient ». Dès l'avant-propos on connaît la fin. Et pourtant cette lecture savoureuse entretient le suspense car on ne connaît l'identité des survivants que dans les toutes dernières pages et on veut savoir qui de cette galerie de personnages truculents a sauvé sa peau ou trépassé. Ce roman à la fois féroce et tendre vaut surtout pour son ambiance « so british », son cadre et ses personnages pittoresques attachants ou détestables portant souvent le sceau du péché et du châtiment certains abritant en leur sein au moins un des sept péchés capitaux. Hormis ses propriétaires désargentés l'hôtel abrite de bien étonnants pensionnaires comme un chanoine acariâtre et sa fille terrifiée, une mère sévère et ses enfants miséreux mais espiègles qui créeront avec d'autres une société secrète, une domestique fouineuse et médisante, une femme de chambre lumineuse et authentique, un couple en crise, une écrivaine et son chauffeur gigolo, un Lord, des Ladies ... Les classes populaires se mélangent à l'aristocratie et au clergé, non sans heurts. Dans ce roman choral le récit s'égrène sur les 7 jours précédant le drame et s'agrémente de lettres, journaux intimes, monologues et dialogues animés. Cette mordante galerie de portraits offre un panel de la société anglaise de l'après guerre marquée par les privations, les désillusions, l'individualisme et l'espoir. Dans ce huis-clos tragi-comique à l'ambiance assez tendue, sous la menace des fissures de la falaise qui s'élargissent des amours naissent ou s'éteignent, des inimitiés apparaissent et ces âmes tourmentées évoluent, regard oblique sur l'autre, au milieu des magnifiques paysages de Cornouailles ou au coin du feu à l'heure du thé pour notre plus grand plaisir.
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En Cornouaille, été 1947, la falaise sur laquelle reposait l'hôtel Pendizack s'effondre.
L'histoire débute 7 jours avant le drame.

Un hôtel où l'auteure a fait coexister les différentes classes sociales afin de pouvoir critiquer la société anglaise de l'époque.

Les personnages sont extrêmement bien travaillés, certains sont sympathiques, d'autres agaçants, mais dans tous les cas ils ont leur propre personnalité.

L'auteur met en avant ses personnages a travers les 7 péchés capitaux. Tout au long du récit on découvre a qui appartient l'avarice, la luxure, etc...

Une histoire assez intéressante, et bien menée puisque l'on connaît dès le départ l'épilogue.

J'ai apprécié l'écriture de l'auteure, très british, donc avec cet humour parfois décapant. C'est aussi des descriptions de personnages, ou des décors qui nous font voyager dans l'espace et dans le temps.

Je découvre Margaret Kennedy avec ce roman, et ce fut un réel plaisir. Je me plongerai très certainement dans d'autres de ses romans. ( de mémoire il me semble qu'il doit y avoir une saga d'ailleurs !!)
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Cornouailles, septembre 1947. le révérend Samuel Bott de St Sody reçoit, comme chaque année, la visite de son confrère Gerald Seddon de St Frideswide. Des vacances ensemble que les deux amis de longue date apprécient énormément. Or, cette année, l'habituelle partie d'échecs coupera court car le révérend Bott doit s'atteler à une tâche qui lui cause de la peine : il doit écrire une oraison funèbre. Plusieurs personnes ont malheureusement trouvé la mort lorsqu'un gigantesque morceau de falaise s'est effondré dans une crique, détruisant l'hôtel de Pendizack, ainsi que les jardins et les écuries...
Le mois précédent, l'hôtel Pendizack affiche complet, au grand plaisir de Barbara Siddal, la propriétaire qui tient d'une main de maître son établissement tandis que son mari, Dick, n'en fout pas une, passant son temps dans l'ancien placard à chaussures reconverti en chambre, où s'accumulent d'ailleurs toute la papeterie et les courriers. A-t-il seulement ouvert la lettre du géomètre Bevin le mettant en garde contre les fissures apparues au sommet de la falaise et qui menacent de s'élargir ? Aujourd'hui, comme tant d'autres, Dick Siddal croule sous les rochers...

Un terrible drame s'est produit dans les Cornouailles, cet été de 1947. L'hôtel de Pendizack croule sous des tonnes de rochers et avec lui nombre de résidents qui avaient décidé d'y passer quelques jours. Si l'on déplore de nombreux morts, l'on sait aussi que certains ont eu la vie sauve. Qui, parmi toutes ces personnes, ont eu cette chance ? L'intraitable veuve Cove et ses trois filles ? L'irascible chanoine et sa fille, d'apparence un peu folle mais surtout apeurée ? le couple Paley, en deuil de leur enfant, qui peine à dialoguer ? L'excentrique écrivaine et son chauffeur gigolo ? le couple Gifford, dont madame se dit malade et ne quitte pas la chambre, et leurs quatre enfants ? L'intendante, acariâtre et médisante ? La femme de ménage, lumineuse et généreuse ? Ou bien Barbara Siddal, la propriétaire qui règne en maître aussi bien sur l'hôtel que sur sa famille ? Avec toute cette galerie de personnages, particulièrement hétéroclite, délicieuse et haute en couleurs, Margaret Kennedy nous promet ainsi d'agréables surprises, des retournements de situations inattendus, des révélations et des transformations, des crêpages de chignon, des coups de coeur et des coups de gueule. Puisque, chacun, au fil des jours, va peu à peu se révéler et se dévoiler sous son vrai jour. Tout en subtilité, avec une pointe d'humour, parfois d'ironie, elle tisse, à l'aide de courriers, pensées et journal, un roman choral exaltant, habile, malicieux et mordant, avec en toile de fond, une Angleterre encore marquée par la guerre.
Une tragi-comédie jubilatoire...
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Voici un roman écrit en 1950, comédie dramatique truculente , espiègle et aboutie .
Cet été 1947 en Cornouailles aurait dû se dérouler sous les meilleurs auspices mais l'hôtel de Pendizack , manoir reconverti en hôtel par ses propriétaires désargentés vient de disparaître, situé sur la falaise , il s'est effondré dans une crique , entraînant la mort de sept résidents .
Mais qui a péri et qui a survécu ?
Qui est enseveli sous les gravats ? .
Des humains au bord du précipice ? .
Des anglais de toutes conditions ….
Lady Gifford, une aristocrate égoïste, Mrs Cove , une veuve et ses trois fillettes miséreuses , un chanoine fort désagréable , acariâtre et sa fille Evangeline apeurée et soumise , une écrivaine - Bohême et son chauffeur secrétaire, un couple endeuillé ?
L'auteure joue avec les nerfs du lecteur en reprenant, pour plus précisément la décrire , la SEMAINE au bord de la mer qui précède l'accident …
Elle nous permet avec finesse, espièglerie et intelligence de sympathiser ou non avec cette galerie dotée de personnages hétéroclites , très pittoresques , attachants , excentriques , pétris d'insupportables défauts au charme irrésistible ..
Sept jours , sept histoires de secrets , de clans , d'orgueil mal placé ,de colère ou de luxure ….de mensonges et de douleurs …

Tout est subtilement dosé dans ces histoires entrelacées où l'on croise des aristocrates contrariés , désagréables, des femmes désespérées, des familles sans un sou, des filles bohèmes …

N'en disons pas plus ….Ce serait dommage.

L'auteure conte une fable désenchantée: société anglaise d'après - guerre très fissurée , plus encore que cette falaise en péril , minée par les souvenirs douloureux des restrictions, du marché noir, des pertes irrémédiables liées bien sûr au conflit mondial , en filigrane …
Cette comédie acerbe ,apparaît bien plus violente qu'il n'y parait malgré un humour exquis.
Il cache à peine une satire sociale ravageuse .
Il y a un soupçon d'anarchie chez cette auteure romantique so british .
Un régal, ce festin. !
Ah , les romans anglais !
Merci à mon libraire ! .
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Ma meilleure amie m'a mis "Le festin" dans les mains en affirmant que je ne m'ennuierais pas une minute. Augure très juste puisqu'en effet, je ne me suis pas ennuyée une minute.

Ce roman qui oscille entre drame et comédie compte une très large palette de personnages de tous âges et de toutes conditions. Les premiers chapitres donnent à penser qu'on pourrait se perdre un peu dans cette foule mais pas du tout, le fait que le récit se joue quasiment en huis-clos dans un coquet hôtel de la côte méridionale britannique y est pour beaucoup car on ressent très vite une agréable atmosphère à la Cluedo ; or pour tout amateur de littérature anglaise, dont je suis, il est impossible de se sentir perdu dans un intérieur anglais.

Margaret Kennedy est une autrice anglaise très appréciée Outre-Manche mais assez peu connue en France. Son style est typiquement british avec un humour pince-sans-rire très efficace, une belle dose de burlesque et des traits d'esprit qui, sous leur apparente légèreté, dissimulent quelques vérités bien senties.

"Le festin" m'a énormément fait penser à "La ferme de cousine Judith" de Stella Gibbons, autre autrice peu connue chez nous mais adulée dans la patrie de Shakespeare - et d'ailleurs ce roman est cité dans le récit.

L'objectif du "Festin" est de mettre en exergue les sept péchés capitaux à travers les agissements de sept personnages. Ce dessein est assez transparent. Tout l'intérêt du roman est de créer une forme de suspense puisque dès l'introduction, il est dit que l'hôtel où loge tout ce petit monde va être enfoui sous une falaise. le lecteur sait aussi qu'il y a des survivants, mais lesquels ?

Ce que j'ai le plus apprécié : le rythme, le style, les chapitres courts, l'atmosphère de bord de mer so british.

Ce qui m'a laissée un peu plus dubitative : certaines relations entre personnages, certains mystères de la vie des personnages, certaines scènes impliquant des mineurs assez dures.

Au global, un moment de lecture très bruyant, très coloré, très rythmé et très divertissant.


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« S'il existait une communauté humaine entièrement mauvaise, sans un seul élément innocent parmi elle, il est probable que la terre s'ouvrirait pour l'engloutir. Une telle communauté ferait voler en éclats l'atome moral » (p. 129).
Ce ne sont pas sur ces lignes que « Le Festin » s'ouvre, mais cela aurait pu tellement le personnage qui tient ces propos est innocemment prophétique. Dans ce roman, Margaret Kennedy dépeint les derniers jours de l'Hôtel de Pendizack, englouti par un terrible glissement de terrain qui avait été pourtant annoncé aux propriétaires, les Siddal. Pas de chance, le roman se déroulant en plein été, l'hôtel était plein… qui fera partie des dix-sept survivants, qui des sept décédés ?

Au lecteur de le découvrir dans ce roman très habile, qui n'est pas un cosy mystery mais un roman de moeurs comme savent si bien le faire les Britanniques (j'ai pensé à Stella Gibbons et à Elizabeth Jane Howard pendant ma lecture car à ma grande surprise, ce roman date, comme les Cazalet, des années 1950 !) : on découvre, à travers les souvenirs et mémoires des pensionnaires de l'hôtel (l'accident a déjà eu lieu au début du roman) un microcosme fait de personnalités plus ou moins sympathiques, plus ou moins mesquines, à l'image de Lady Gifford qui passe son temps au lit en raison d'une maladie mystérieuse et qui pousse son mari à s'installer à Guernesey pour échapper aux impôts (elle avait déjà échappé au Blitz en s'enfuyant en Amérique), tout en négligeant ses quatre enfants, lesquels ont créé une société secrète de Spartiates, les poussant à des défis dangereux et stupides ; du chanoine Wraxton, un homme colérique qui terrorise sa fille Evangeline, laquelle passe son temps libre à limer du verre rien que pour l'idée réconfortante de se débarrasser de lui (ambiance), d'une écrivaine de mauvais romans libertine, du propriétaire de l'hôtel, M. Siddal, un avocat déchu qui poursuit son échec en ne faisant rien et en laissant la gestion de l'établissement à sa femme et ses trois fils… Tout un panel de personnages hauts en couleur, inspirés par les sept péchés capitaux (on s'amusera à chercher quel personnage incarne lequel), compensés par quelques beaux personnages comme Nancibel Thomas, la femme de ménage, qui s'émancipe peu à peu pour apprendre à vivre sa vie, à l'instar d'Evangeline ou de Mrs Paley, une femme qui a perdu sa fille jeune et qui ne s'en remet pas, et qui au contact l'une de l'autre, se révèleront sous leur meilleur aspect, ou encore les soeurs Cove, trois petits moineaux qui sauront pourtant séduire tout l'hôtel, et qui inspireront son nom au roman.

« le festin » est ainsi constitué de petites intrigues enchâssées propres aux personnages, donnant un rythme soutenu à l'ensemble. Ce procédé malin permet à Margaret Kennedy de créer des situations parfois drôles, parfois scandaleuses, qui font ressortir le pire et le meilleur de ses personnages, qui sauront s'améliorer ou au contraire s'enferrer dans leurs défauts. Des secrets, des mensonges (faits aux autres ou à soi-même) seront révélés, dans une atmosphère que j'ai trouvée très théâtrale, et forcément influencée par la fin qui se rapproche inexorablement. On ne s'ennuie pas une seconde tellement c'est brillant, drôle et bien écrit. C'est un petit bijou de la littérature anglaise qui n'a pas pris une ride et que je vous conseille vivement.
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Entre ironie et tendresse, cette comédie des humeurs aux accents tragiques dresse un portrait étonnamment ciselé de la société anglaise d'après-guerre. Un charme désuet et ensoleillé se dégage de ce Festin, drame annoncé qui se lit avec plaisir et gourmandise (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/03/04/le-festin-margaret-kennedy/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Après la deuxième guerre mondiale, une pension de famille dans les Cornouailles. Nous savons dès les premières pages que la falaise qui la surplombe va s'écrouler sur l'immeuble, tuant sept de ses habitants. Sept personnes, sept péchés capitaux. Sept jours de la semaine également, lundi, mardi, mercredi, les jours défilent…. mais qui va mourir à la fin de semaine ?

Entre-temps, nous faisons connaissance avec les propriétaires de l'hôtel, ses salariés et les pensionnaires, adultes ou enfants : Une auteure qui aime les jeunes hommes, une veuve détestable qui rêve de voir ses filles mourir, un chanoine d'une rare méchanceté et sa fille terrorisée, un chauffeur amoureux, une gentille femme de chambre, trois petites filles mal aimées, un mari qui songe à quitter son épouse, une enfant adoptée, etc…

C'est l'occasion pour l'auteure de faire un portrait acide et ironique d'une petite société britannique devant faire face au rationnement d'après-guerre et aux bouleversements des mentalités. Comme beaucoup l'ont souligné, on pense à Agatha Christie et tout est tellement « so british » dans ce roman ! Il y a beaucoup de personnages, des bons et des méchants, des jeunes et des vieux et on fait progressivement leur connaissance, le tout sur un ton tragi-comique.

C'est léger, un peu démodé, ironique, facile à lire, pas inoubliable non plus. Une parfaite lecture d'été pour se détendre.
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Après cette période intensive de festivités, je vous conseille le délicieux festin aux saveurs aigres-douces de Margaret Kennedy.
Avec l'assurance de ne pas souffrir d'indigestion ni d'ennui, de goûter un léger suspense qui ne devrait pas torturer vos méninges et de savourer une gourmandise délicatement espiègle .

Cornouailles en 1947. Une pension de famille vient d'être emportée par l'éboulement de la falaise qui la surplombait et le révérend de la paroisse peine à écrire une oraison funèbre pour les sept victimes. 16 personnes ont survécu mais on ignore l'identité des uns et des autres.
23 personnages donc, parents et enfants, pensionnaires et personnel mais aucune confusion possible : les caractères sont suffisamment déterminés pour qu'il n'y ait pas de confusion et certains fonctionnent par groupes comme les trois soeurs Cove.
La pension est tenue par les Siddal, couple ruiné avec trois grands garçons dont il faut assurer les études , qui ont transformé leur grande demeure en hôtel. Mrs Siddal assure l'intendance alors que Dick son mari, vit à l'écart dans le placard à chaussures. le personnel se compose de Dorothy Ellis, femme acariâtre et paresseuse qui déteste tout le monde, et deux domestiques Fred et la charmante Nancibel Thomas la femme de chambre.

En cette période d'après-guerre, il s'effectue parfois un mélange de classes sociales assez inhabituel. le tourisme n'a pas repris et les tickets de rationnement sont toujours d'actualité. Ainsi ceux qui veulent prendre quelques jours de vacances peuvent se retrouver à former un groupe très hétéroclite, dont les extravagances sont finement soulignées par l'autrice.
Le couple aristocratique formé par Lady Eirene et sir Henry Gifford comprend quatre enfants dont trois sont adoptés et Lady Eirene qui souffre d'une maladie mystérieuse, verra son secret bien peu glamour révélé par sa fille Hebe. On découvre également la veuve Cove maltraite ses trois filles anémiques et leur volent leurs bonbons ; le chanoine Wraxton hurle du matin au soir et terrorise sa fille Evangeline, qui apparaît comme une idiote, le couple Paley pleure un enfant mort et se désagrège et Anna Lechene, écrivaine et libertine d'un certain âge avec le jeune Bruce, chauffeur et amant.
Les femmes sont les personnages forts du roman, et les hommes restent le plus souvent dans l'ombre, à distance comme s'ils n'étaient pas encore rentrés de la guerre et que le quotidien était assumé par les femmes.

Pour autant, qualités et défauts sont équitablement répartis. le projet de Margaret Kennedy, d'abord collectif avec des amis écrivains , était d'illustrer les sept péchés capitaux dans un roman qu'elle écrira finalement seule.
L'avarice, la paresse, la gourmandise, la colère, la luxure, l'envie, l'orgueil seront alors incarnés à des degrés divers, certains de manière fort déplaisante mais tous seront également punis, tant Margaret Kennedy se joue avec malice des convenances. Sans le moindre atermoiement, ni le plus petit regret, elle va enterrer allègrement les sept personnages les plus déplaisants.

Toujours en jonglant avec le chiffre sept, elle découpe le roman en sept chapitres qui correspondent aux sept derniers jours avant le drame. Durant ces sept journées, les personnalités s'affirment et évoluent, les unes positivement, les autres négativement. Ceux qui possèdent des qualités vont pouvoir les développer en trouvant des alliés dans la petite tribu tandis que les "pêcheurs" vont cultiver leurs vices en s'isolant des autres. Tout va alors s'organiser en fonction du " festin", mot magique pour les soeurs Cove qui rêvent d'offrir une petite réception pour leurs amis. Cette pulsion de générosité, soutenue et partagée, servira de balance pour départager ceux qui vont mourir et ceux qui vont survivre.

Si l'autrice ne s'attarde pas sur les victimes, c'est aussi, qu'au nom d'un principe de dignité et de savoir-vivre cher aux britanniques, les personnes qui se lamentent constamment ne méritent pas notre attention. "La dignité considère l'indépendance comme un devoir social et moral. Nous ne devons pas nous décharger de nos fardeaux sur les épaules d'autrui. Nous ne devons pas lui imposer le récit de nos malheurs."
Bref, bon débarras semble-t-elle simplement déclarer.

Dans cette réjouissante comédie, Margaret Kennedy aborde subtilement et plus profondément qu'il n'y paraît de nombreux sujets : avec la guerre, elle semble penser qu'il est temps de reconsidérer certaines réalités comme les différences entre classes sociales, la place des femmes, le rôle du couple et de la famille, et le poids de la religion.
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Cornouailles - Eté 1947 -La pension de famille tenue par la famille Siddal, (une mère épuisée, un père isolé et paresseux et trois fils dont un médecin), se trouve au pied d'une falaise dans la baie de Pendizack, falaise qui surplombe la demeure et qui va s'effondrer sur celle-ci alors que se déroule un "festin" organisé par les enfants des familles en vacances, festin où ils ont convié une grande partie des occupants du lieu. C'est le révérend Bott qui, dès le prologue et alors qu'il rédige l'oraison funèbre des funérailles sans corps car ceux-ci sont à jamais ensevelis sous les tonnes de roche, relate les faits lors de la visite visite de son ami, le révérend Seddon.


Comme souvent dans une pension de famille, et encore plus dans cette période d'après deuxième guerre mondiale, se retrouvent des personnes issues de milieux, de sensibilités différentes qui vont partager un quotidien révélateur de leurs différences et travers. Retrouver les bienfaits physiques et moraux de vacances en bord de mer, la liberté et la paix retrouvées même si l'alimentation manque encore, c'est ce que sont venues chercher les différentes familles, enfin c'est ce qu'elles pensaient car, à travers ces instants de quiétude et les péripéties des enfants, elles vont mettre à jour à la fois leurs humeurs, aveux et les péchés dont chacun est porteur.

Dans la littérature anglaise, il y a l'environnement toujours important et les personnages et ici la galerie est large car elle comporte à la fois les vacanciers mais également les propriétaires et  le personnel de la pension en particulier deux femmes : Mme Ellis et Nancibel, la première  pétrie d'orgueil et de colère et Nancibel qui est finalement le personnage le plus "neutre" et bien pensant du récit mais avec un franc-parler qu'elle a hérité de son engagement dans la RAF pendant la guerre.


Ici tout tourne autour des différents groupes d'enfants, de leurs jeux et en particulier des trois fillettes Cove qui se sont fait un monde à elles, leur quotidien étant bien triste oscillant entre pauvreté et désamour de leur mère, en créant une Association des nobles Spartiates, confrérie qui a pour objet d'un jour gouverner l'Angleterre et pourquoi pas le Monde et qui contient rites de passage et règles d'usage. Bien entendu elles vont susciter nombre d'interrogations, de défis parfois dangereux allant jusqu'à semer la peur et la discorde au sein des adultes, fracturant, libérant ou rapprochant certains d'entre eux.


Mais dans un esprit de réconciliation un Festin est organisé par elles le Vendredi, celui-ci se transformant en une apocalypse meurtrière qui transformera à la fois le lieu et le devenir de ceux qui le partagèrent.


Un roman qui se lit comme une sorte de comédie humaine au ton grinçant sur les travers humains et comment leurs obsessions et sentiments peuvent rejaillir sur eux-mêmes et leurs descendants mais également un regard porté sur les différentes strates de la société de l'époque, de la manière dont elles ont traversé la guerre et les empreintes laissées par celle-ci sans oublier l'interprétation des événements à hauteur d'enfants. La chute peut apparaître comme le jugement suprême de Celui qui édicta ses lois et condamna à la peine capitale ceux qui y dérogèrent.

L'idée de ce roman est venue à Margaret Kennedy (dont je n'avais jamais entendu parler) après une discussion avec des amis romanciers dix ans auparavant sur les sept péchés capitaux (l'orgueil, la gourmandise, la luxure, la paresse, l'avarice, la colère et la jalousie) et qui avaient envisagé (sans la mener à son terme) d'écrire chacun(e) une nouvelle où le personnage central incarnerait un des péchés. Elle décide de reprendre l'idée en réunissant les péchés au sein d'un même lieu à travers ses occupants.

A la fois récit de vacances rythmé par les péripéties des enfants, récit d'une semaine qui sera la dernière pour certains d'entre eux  en maintenant le suspense jusqu'à la fin pour en connaître les noms, ce roman se révèle bien plus profond qu'il n'y paraît sur la psychologie des personnages et sur ce que leurs comportements révèlent de leurs personnalités et ambitions,  l'autrice dressant la table des comportements avec un ton à la fois humoristique et grinçant.  En choisissant de situer son récit dans ce lieu placé tout à la fois sous la protection de la falaise mais également sous sa menace, Margaret Kennedy (1896-1967) qui était également scénariste, en fait un roman très visuel, à la vois léger et pesant par la menace dont nous avons connaissance qui plane du début jusqu'à la fin.


J'ai beaucoup aimé parce qu'il y a un juste dosage entre comédie-société-suspense même s'il m'a fallu un peu de temps pour arriver à situer chacun des personnages, ne pas me perdre dans le dédale des fratries, refaire le point des vivants et des absents en fin de lecture pour savoir qui avaient vraiment disparu mais la fluidité de la plume et l'angle pris pour analyser les comportements humains l'ont largement compensé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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