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EAN : 9782843045899
416 pages
Zulma (23/08/2012)
  Existe en édition audio
3.57/5   1217 notes
Résumé :
En ce ténébreux mois de novembre, la narratrice voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie lui confier son fils de quatre ans. Qu'à cela ne tienne, elle partira pour un tour de son île noire, seule avec Tumi, étrange petit bonhomme, presque sourd, avec de grosses loupes en guise de lunettes. Avec un humour fantasque et une drôlerie décapante, l'Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation cocasse, de plus en plus attentive, émouvante entre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (254) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 1217 notes
Étrange moment de lecture que je viens de vivre avec « L'embellie » de l'islandaise Audur Ava Olafsdottir dont j'avais beaucoup aimé « Rosa candida ». Ma note n'est pas synonyme de coup de coeur et pourtant je crois que ce livre m'a donné une belle leçon : celle de ne pas abandonner et de persévérer dans toute lecture pour donner la chance au livre de distiller son essence et d'infuser en nous, lecteurs parfois trop exigeants. Souvent impatients. L'embellie m'a résisté, jusqu'à se dévoiler. Pour finir par beaucoup me plaire. Avec cette envie de ne plus vouloir le lâcher.

Mon début de lecture a été en effet laborieux, je ne retrouvais pas la délicatesse et la douceur de Rosa Candida, trouvais même qu'elle en faisait un peu trop avec ce personnage de femme décalée, maladroite, un brin égoïste, déphasée et pas régie par l'instinct maternelle. Une femme quelque peu différente si tant est que la normalité se résume essentiellement à savoir tenir sa maison, cultiver le désir de son mari, rêver d'enfants à chérir et à élever. Pour elle la vie à deux c'est « le bon corps et la bonne odeur ; le foyer n'étant que l'habitacle des corps de chair et non un lieu d'expression des expressions de la vie et autres palabres ».
Certes quelques réflexions bien amenées permettant de mettre en valeur des sentiments intimes indicibles, qui touchent à notre part sauvage, que le surmoi contrôle, sont à souligner ainsi qu'un indéniable humour.
Mais jusqu'au tiers du livre je n'arrivais pas à m'attacher à la narratrice imaginée par la conteuse islandaise. Je ne comprenais pas…Place centrale est faite à une femme libre, forte, unique et indépendante. Qui subit et assume sa double rupture, celle que lui impose son mari, celle que lui sous-entend son amant. Mais qui a des idées farfelues et des comportements surprenants, sans parler de son indifférence aux évènements…voire de la sauvagerie, de la bestialité, que l'on devine en filigrane…idées, comportement, réactions, je le sentais confusément, qu'il arrive à tout un chacun d'avoir aussi. Je me suis même demandé si cette femme ne faisait pas trop écho à une part en moi, là enfouie, que je n'aime pas envisager, encore moins dévisager.
Gênée aux entournures j'étais, il fallait sans doute abandonner cette lecture si particulière dans laquelle je ne trouvais que peu de poésie et pas assez de sens. Si ce n'est celle de me perturber. Toujours sur le fil, entre le drame possible et un quotidien dans lequel la narratrice ne trouve pas sa place.

« J'ôte mon alliance et la pose sur la paillasse de l'évier derrière les entrailles de l'animal. Je brandis le couteau et mes yeux s'emplissent aussitôt de larmes, je ne vois plus rien, je poursuis mon travail à l'aveuglette, tâtonnant pour saisir le deuxième oignon, puis le troisième. Il y a belle lurette que je ne distingue plus une ligne du livre de recettes ; je louvoie au pifomètre dans la salle à manger cherchant la porte du balcon où la ciboulette pousse encore dru dans son pot en plein mois d'octobre. -Tu es bien trop sensible pour l'existence –m'a dit un jour ma voisine du dessous, en constatant une fois de plus les mauvais traitements infligés à mes yeux par l'oignon, alors que j'errais dehors entre les plates-bandes en m'efforçant de rassembler mes idées sur la vie. C'est le genre de choses que les femmes se disent. Même les femmes qui couchent avec votre mari ».

Et puis, la magie a opéré. Réellement. Joliment. Poétiquement. Notre jeune femme, pour se retrouver, décide de partir. C'est un thème cher à Audur Ava Olafsdottir, la fuite, le départ pour se retrouver, pour partir en reconnaissance et pourquoi pas en reconquête de ses territoires les plus intimes en avançant sur des territoires inconnus.
Elle décide de faire le tour de l'Islande, de parcourir cette Nationale 1, route circulaire sertissant l'Islande, bordée de lave et de sable noir, d'aller s'installer un temps indéterminé dans un chalet à l'autre bout de l'île. Elle aurait préféré être seule, coupée du monde, il se trouve que sa meilleure amie, tout aussi déjantée qu'elle, tout du moins non conventionnelle, en fin de grossesse gémellaire, lui confie son petit garçon de quatre ans, Tumi. Un petit garçon presque sourd (doté d'énormes prothèses auditives), presque aveugle (doté de grosses lunettes à double foyer) car grand prématuré. Un enfant aussi différent qu'elle est une femme hors norme. Et voici notre duo improbable dans un voyage touchant, un road trip drôle, émouvant.

« Je ne lui avoue pas le mal fou que j'ai à communiquer avec certaines personnes bien-entendantes et bavardes. Ca ne serait pas forcément pire avec un enfant partiellement sourd et muet – le moment n'est-il pas venu pour la linguiste distinguée de se pencher sur l'aspect et la forme des mots, de voir à quoi ressemble les concepts en trois dimensions, d'apprendre à fabriquer des mots avec le corps, sans la voix ? ».

Comme dans Rosa candida le thème de la rencontre entre un adulte et un enfant est superbement mis en valeur et la façon dont le duo s'apprivoise, s'enrichit, tisse des liens de plus en plus forts au fur et à mesure de leur progression est fascinante et très touchante. Au fil des kilomètres s'enchaînent les petits incidents, les rencontres avec des hommes ou avec des moutons, rencontres parfois très marquantes c'est peu de le dire, les arrêts dans les stations-services, les étapes en hôtel ou en gîte chez l'habitant. Voyage sous une pluie incessante et un climat très doux en ce mois de Novembre, dans un paysage lunaire propice à la méditation et à une période de l'année où le soleil de midi est tout juste crépusculaire.

« le soleil ne se lèvera pas avant le printemps, on pourra alors de nouveau distinguer des contours dans l'espace informe, entendre des bruits, rencontrer des humains. Je sais pourtant par expérience qu'il y a là un pays, dans le noir, sous de multiples couches de nuages, un pays que les guides de voyage recommandent pour sa beauté et son étrangeté, par les claires nuits d'été. Pour me remémorer la disposition du champ de lave et de la vallée, je dois faire appel à mon imagination, aux poètes patriotiques et à l'évocation d'un affluent bouillonnant qui se déverse sur les sables ».

Roman sur le lâcher prise et l'acceptation, sur l'art de savourer chaque petit bonheur, sur l'art de laisser glisser tout incident comme cette pluie qui ne cesse de couler, L'embellie est un livre qui fait du bien, qui nous donne l'impression de planer, de prendre du recul. L'embellie c'est parvenir à faire la lumière sur soi, sur qui nous sommes en s'acceptant et en acceptant les événements tels qu'ils surgissent. Pour trouver l'accalmie.

« C'est à ce moment précis que m'effleure pour la première fois l'idée que je suis une femme au milieu d'un motif finement tissé d'émotions et de temps, que bien des choses qui se produisent simultanément ont de l'importance pour ma vie, que les événements n'interviennent pas les uns après les autres, mais sur plusieurs plans simultanément de pensées, de rêves et de sentiments, qu'il y a un instant au coeur de l'instant. Bien plus tard seulement, la mémoire fera son tri et discernera un fil dans le chaos de ce qui a eu lieu ».
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Merveilleux roman plein de charme et d'humour !

Trentenaire insouciante, immature, égoïste par négligence, la narratrice est écrivain public. Elle corrige et/ou traduit tous types de manuscrits et sillonne l'Islande pour livrer ses clients... et plus si affinités. Son mari souffre de cette vie conjugale en pointillés, d'autant qu'il veut un bébé, tandis qu'elle se défend farouchement d'aimer les enfants, prétendant 'ne pas avoir la fibre maternelle'... Vraiment ?

Un excellent moment de lecture ! Comme dans 'Rosa Candida', on assiste à une superbe "rencontre" entre un adulte et un jeune enfant qui s'apprivoisent mutuellement et en viennent à tisser des liens très forts, sur fond de road trip. Mais alors que l'autre ouvrage m'avait longtemps ennuyée (botanique, cuisine, voyage), j'ai immédiatement savouré cette histoire vive, fraîche, drôle, tendre et émouvante - qui ne tombe jamais dans la mièvrerie, malgré les sujets traités. L'auteur excelle à décrire les personnages et les animaux, leurs relations - dialogues et gestes - et les 'plaisirs minuscules', nous rendant ainsi son petit monde vivant, proche et très attachant... et ceci avec beaucoup de finesse et d'humour.

N'étant ni "maîtresse-queux" (cf. Brassens in 'La non-demande en mariage'), ni fana de tricot, j'avoue avoir survolé les cinquante dernières pages, tout en admirant cette pirouette, ce dernier trait d'humour - je l'ai en tout cas perçu comme tel.
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La narratrice est une jeune femme islandaise à qui son mari vient d'annoncer qu'il voulait divorcer. le couple n'a pas eu d'enfant, car elle ne le désirait pas, se trouvant inapte à assumer une telle responsabilité lors que lui a envie d'être père et il a rencontré une jeune femme qui attend un enfant de lui.
Elle est traductrice, écrivain public, parle onze langues et livre ses traductions à domicile.
Son amie Audur a un enfant de quatre ans, Tumi, né prématurément avec une surdité quasi-totale et des problèmes visuels pour lesquels il porte de grosses lunettes ainsi qu'un appareil auditif vieillot. Audur est enceinte de jumeaux alors qu'elle boit énormément ; elle se sent dépassée et demande à la narratrice de s'occuper du petit garçon tandis qu'elle poursuit sa grossesse à risque dans le calme.
La vie glisse sur notre héroïne, qui semble très passive et accepte le divorce sans broncher en même temps qu'elle rompt avec son amant. Elle a participé à une loterie qui lui attribue un chalet d'été démontable et elle en même temps elle gagne une somme importante au loto (ou quelque jeu approchant).
Elle en profite pour changer de vie et entreprendre avec Tumi un voyage qui l'emmène sur les terres de son enfance car elle se rend compte qu'elle passe à côté de sa vie et son passé revient pas bribes. Elle part ainsi au volant de sa voiture sur la route nationale 1 qui fait le tour de l'île.

Ce que j'en pense :

Ce livre nous décrit le parcours initiatique de l'héroïne qui est lente, passive et subit sa vie, les évènements semblant glisser sur elle : elle accepte le divorce, laisse son mari emmener pratiquement tous les meubles, y compris le lit conjugal et les bibelots.
Elle doit laisser son appartement et se retrouve dans un local qui lui sert de bureau, où elle va organiser son voyage, prévoyant tout dans le moindre détail.
Au début, elle a du mal à communiquer avec l'enfant qui parle le langage des signes et sait lire sur les lèvres, (on s'aperçoit d'ailleurs qu'il sait lire tout court et écrire quelques mots). Peu à peu, ils parviennent à communiquer tous les deux, et une complicité s'installe en douceur, mais, comme elle n'a jamais eu d'enfant, elle ne sait pas trop comment le nourrir, s'occuper de lui…
Sur cette nationale, elle fait des rencontres improbables mais qui ont toutes un sens profond, qui la font avancer dans son cheminement intérieur. L'auteure alterne le présent et les bribes de souvenirs du passé qui remontent de temps en temps, laissant peu à peu émerger un secret longtemps enfoui.
Il y a des scènes cocasses : l'oie qu'elle renverse en conduisant et qu'elle va servir à table avant son départ, puis une brebis qu'elle écrase presque aussi. Elle va faire l'amour au hasard avec deux hommes différents, dans des conditions plutôt rocambolesques, avant d'en rencontrer un troisième…
C'est le premier roman d'Audur Ava Olafsdottir, que je lis et j'apprécie. C'est un road trip, sous la pluie avec des conséquences sur la vie en Islande, car on est en novembre et il fait un temps d'été (tiens donc…) car toute cette pluie provoque inondations, glissements de terrain et l'auteure compare la météo de la terre et la météo de la vie humaine.
Ce livre aurait pu s'appeler, « l'éloge de la lenteur », car on a parfois envie que l'héroïne soit plus tonique mais il y a beaucoup de sensibilité dans le récit et surtout beaucoup d'humour. Mais « L'embellie » est un beau titre : une période de l'année où il fait jour très peu de temps, avec la pluie qui tombe sans arrêt, une embellie au sens météorologique mais aussi embellie dans la vie dans la narratrice, grâce à ce petit garçon qui vient chambouler la vie et la liberté de la narratrice.
Dans les dernières pages, l'auteure nous donne la recette des plats plus ou moins fantaisistes que la narratrice improvise tout au long du périple et le modèle des chaussons pour bébé qu'elle fait tricoter à l'enfant : on imagine la scène, un enfant de quatre ans qui en paraît à peine trois physiquement mais huit ou plus intellectuellement, affublé de grosses lunettes, en train de tricoter !!!
Une remarque, entre parenthèse, jamais la narratrice ne se laisse abattre par la situation, les coups du sort, même si ses solutions sont inattendues… il y a de la joie, dans ce livre, une envie de savourer les petits plaisirs, ce qu'on a un peu trop tendance à oublier. Et malgré la pluie, Audur Ava Olafsdottir donne envie d'aller visiter l'Islande.
Bref, j'ai passé un bon moment, avec un livre facile à lire, un peu trop lent pour moi, mais reposant et distrayant car je venais tout juste de sortir de « L'amour et les forêts » d'Eric Reinhardt quand je l'ai attaqué. Donc « merci pour ce bon moment » comme dirait…
Et j'ai bien envie de lire son best seller « Rosa candida »
Note : 7,2/10 et plus sur blog

challenge ABC
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Avez-vous déjà volé en montgolfière ? avez-vous déjà expérimenté cette sensation de flotter, de glisser dans l'air, sans effort, sans heurt ni turbulences, avec juste une légère secousse au décollage, puis de voir les choses sous un angle inconnu, dans un espace silencieux à peine troublé par le brûleur ? le spectacle est si captivant qu'on en oublie peur et vertige. Là-haut le monde est calme et apaisant, il n'y a qu'à se laisser porter en apesanteur sans réfléchir.
C'est un peu l'impression que m'a laissée la lecture de L'embellie. Et je crois modestement que cette comparaison illustre assez bien l'attitude de la narratrice.
Ainsi donc, au début du roman, il est question de quelques secousses : le mari de la narratrice lui annonce son intention de divorcer parce qu'il part vivre avec une autre femme, enceinte de lui. La narratrice, trentenaire un peu déconnectée des réalités, ne veut pas d'enfants, s'estimant incapable d'assumer une telle responsabilité et une telle privation de liberté (sur ce point j'avoue m'être totalement identifiée à elle). Elle est donc drôlement coincée lorsque – deuxième secousse – sa meilleure amie, hospitalisée pour une longue durée, lui confie sans autre forme de procès la garde de Tumi, son fils de 4 ans presque sourd et aveugle.
Heureusement pour elle, les événements ne semblent pas l'affecter, elle prend les choses comme elles viennent, sans drame, sans larmes.
Elle ne s'en trouve pas moins à un tournant de sa vie, avec l'inconnu pour perspective et un enfant inattendu. Qu'à cela ne tienne, dans ces circonstances il lui semble tout à fait indiqué de partir avec Tumi en road-trip sur la Nationale 1, la route circulaire qui fait le tour de l'Islande.
Au fil des kilomètres s'enchaînent alors les arrêts dans les stations-services, les étapes en hôtel ou en gîte, les rencontres improbables avec hommes et moutons. le tout sous des trombes d'eau alors qu'il devrait pourtant neiger en ce mois de novembre (ça doit être ça, le sens d'une Embellie en Islande…), à cette période de l'année où le soleil de midi n'est qu'un crépuscule hésitant entre chien et loup.
Malgré les situations cocasses, fantaisistes ou inquiétantes, rien ne semble ébranler la narratrice, qui fait preuve d'un détachement qui la ferait passer pour un monstre d'insensibilité et d'égoïsme s'il n'y avait Tumi, petit bonhomme drôlement perspicace et attachant. Parce qu'on sent bien que ces deux-là s'apprivoisent au-delà de toute attente, et on comprend peu à peu, même s'il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire improbable, que la narratrice est avant tout un être libre, qui se fiche bien des contingences quotidiennes, qui prend les plaisirs là où elle les trouve tant que cela ne blesse personne, mais assume néanmoins sa responsabilité de mère temporaire de substitution.
Dans ce récit, l'eau et les événements coulent, glissent, ne font qu'effleurer les personnages qui se laissent porter. On a l'impression d'être dans un rêve, on doute parfois que certaines choses se soient réellement produites, tant les descriptions sont peu appuyées. Seuls les faits sont décrits, pas les sentiments. On les devine, de même que le passé de la narratrice, au détour de quelques ellipses.
A lire les critiques, ce roman souffre beaucoup de la comparaison avec Rosa Candida. L'Embellie est ma première entrée dans l'univers de Audur Ava Olafsdottir.. Pour moi, ce fut un joli voyage…
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Elle est islandaise, elle parle onze langues, elle est écrivain public et traductrice, elle livre ses traductions à domicile et, parfois, elle couche avec un client. Sa vie coule tranquillement jusqu'au jour où son mari la quitte. Il a rencontré une autre femme et l'a mise enceinte. Il est heureux. Elle n'a jamais voulu d'enfant, n'a pas la fibre maternelle. Ce qui n'est pas le cas de sa meilleure amie Audur, enceinte de jumeaux alors qu'elle est déjà la mère célibataire du petit Tumi, un garçonnet de 4 ans né prématurément, chétif, à la vue défaillante et presque sourd. Audur ayant besoin de repos, Tumi sera son compagnon de voyage pour un tour de l'île sous la pluie de novembre. Malgré ses inquiétudes, sa peur de mal faire, elle va s'attacher à ce petit bonhomme silencieux mais très observateur.

Un road trip en terre islandaise. Novembre sur l'île, c'est le début de l'hiver, du froid, de la nuit qui s'installe, mais nos deux héros profitent d'une embellie pour leur virée vers l'est. Et une embellie en Islande, c'est beaucoup de pluie, des glissements de terrain, le jour qui persiste plus que de coutume. Et tout semble glisser aussi sur la narratrice dont on a du mal à appréhender les sentiments. Elle regarde, sans réagir, son mari partir, emporter avec lui presque tous les meubles et revenir de temps à autre pour coucher avec elle. Est-elle d'une féroce insensibilité, simplement détachée de tout ou blindée contre la douleur ? Au fil de son périple ponctué de rencontres improbables et de l'apprivoisement de son compagnon de route, on apprend à connaitre cette femme qui sous un égoïsme de façade cache une blessure ancienne et profonde. Le but de son voyage est le village où vivait sa grand-mère, un retour aux sources pour enfin affronter le passé. Tumi sera d'une grande aide dans ce cheminement vers l'acceptation des sentiments.
Il ne se passe pas grand chose dans ce road book tendre et gentiment déjanté mais on se sent bien aux côtés de ces deux êtres en marge qui cheminent vers leur destin, et peut-être le bonheur. C'est un peu la marque de fabrique d'Audur Ava OLAFSDOTTIR que de nous raconter des personnages éthérés, leur quête et leur ''rédemption'' grâce à un enfant. Comme avec Rosa Candida, elle nous charme de son embellie, sans en faire trop, en soulignant des instants de vie banals a priori, mais riches de tendresse, de partage et de sérénité. Encore une fois un joli roman tout en douceur.
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critiques presse (3)
Elle
05 août 2021
La notion de « feel good book » pourrait avoir été inventée pour « L’Embellie ».
Lire la critique sur le site : Elle
Actualitte
27 septembre 2012
Comme un conte merveilleux ancré pourtant dans une réalité quotidienne parfois un peu rude, mais jamais triste. Un parti pris manifeste que l'on retrouve d'ailleurs dans Rosa Candida.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LesEchos
30 août 2012
Audur Ava Olafsdottir réinvente la carte du tendre, dans les laves luisantes et les torrents de boue.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (196) Voir plus Ajouter une citation
C'est à ce moment précis que m'effleure pour la première fois l'idée que je suis une femme au milieu d'un motif finement tissé d'émotions et de temps, que bien des choses qui se produisent simultanément ont de l'importance pour ma vie, que les événements n'interviennent pas les uns après les autres, mais sur plusieurs plans simultanés de pensées, de rêves et de sentiments, qu'il y a un instant au cœur de l'instant. Bien plus tard seulement, la mémoire fera son tri et discernera un fil dans le chaos de ce qui a eu lieu. C'est exactement les destins d'une femme et d'une bête ainsi que s'entrecroisent. La conductrice écoute une chanson espagnole d'amour et de regret, elle jette un bref coup d'oeil dans le rétroviseur pour voir comment son petit compagnon de voyage sourd se débrouille avec son Chocolait et sa banane, au même moment un mouton décide de traverser la route juste au nez de la voiture, ou bien prend peur. Que sais-je du fonctionnement psychique d'un représentant de la souche antique et pure des moutons d'Islande? Le temps est un film qui passe au ralenti.
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Je n'éprouve pas de doux sentiments au spectacle de petits bébés ; je flaire une odeur aigre, je me représente leur agitation constante, les gencives enflées, le bavoir mouillé, les joues poisseuses, le menton rouge, la bave refroidie sur le menton. Ce n'est d'ailleurs pas la chaleur maternelle que les hommes recherchent en moi, ni spécialement mes seins qui les attirent (...)
Certains de nos amis n'ont pas dormi une nuit entière depuis des années, ne font plus l'amour sinon à la va-vite une fois de temps en temps. Et quand l'un vient chercher en voiture au travail, ils ne s'embrassent plus, et se détournent pour regarder par la vitre. Ça je le sais, je l'ai vu. Il n'y a que très peu de couples qui résistent au fait d'avoir des enfants.
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- Je n'ai pas la fibre maternelle, d'ailleurs je ne pense pas avoir d'enfant un jour. Je n'ai même pas l'allure d'une mère.
- Les mères n'ont qu'une chose en commun : ce sont des femmes qui ont couché avec un homme au moment de l'ovulation sans prendre les précautions adéquates. Pas même besoin de le faire deux fois, en tout cas avec le même homme. (...) Etre mère, c'est se réveiller le matin, faire de son mieux puis se coucher le soir en espérant que tout ira pour le mieux.
(p. 136)
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En causant avec sa mère, on peut échapper au poids du présent pour rejoindre un temps plus originel. Je me sens à l'étroit dans les eaux amniotiques et j'ai les yeux gonflés.
- J'ai souffert énormément quand je t'ai eue, j'ai mis trente-six heures pour accoucher de toi, cinq seulement pour ton frère. Après ta naissance il m'a fallu quatre mois pour me remettre, rien que physiquement. A certains égards, j'avoue me sentir plus proche de ton frère, il me téléphone plus souvent aussi.
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Rien ne se présente comme à l’accoutumée, en cet ultime jour de novembre – un jour ténébreux sur l’île ; nous portons tous les deux un pull-over, le mien est blanc à col roulé, le sien est neuf, vert menthe, tricoté main, avec un motif à torsades et une capuche. La température est comparable à celle de Lisbonne le jour précédent, à ce que dit la radio, et l’on prévoit encore de la pluie et un réchauffement. C’est pourquoi une femme seule avec enfant ne devrait pas se trouver sans raison valable sur les routes, dans des zones sombres et inhabitées, et encore moins au voisinage de ponts à voie unique, les routes étant souvent inondées.
Je ne suis pas présomptueuse au point de m’attendre à voir surgir un nouvel amant à chaque pont à voie unique, sans vouloir toutefois exclure totalement une telle éventualité. À mieux considérer la photo, on distingue au second plan, à quelques pas du petit et de moi, un jeune homme d’environ dix-sept ans au visage un peu flou. Il a les traits plutôt délicats sous son bonnet et on dirait que son acné commence tout juste à s’arranger. L’air ensommeillé, yeux mi-clos, il s’appuie contre la pompe à essence.
Si l’on examine la photo de vraiment près, je ne serais pas étonnée que l’on distingue des plumes sur les pneus et même des taches de sang sur les enjoliveurs, bien que trois semaines se soient écoulées depuis que mon mari est parti avec le matelas ergonomique du lit conjugal, le matériel de camping et dix cartons de livres – tel fut l’enchaînement. Mais gardons à l’esprit que les apparences sont parfois trompeuses et que contrairement à une photo, la réalité, elle, grouille de sens.
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