J'aime l'idée que l'expérience de la mémoire, autrement dit l'action de se remémorer, transforme les lieux en paysage, métamorphose les espaces illisibles en récit.
...ce rire de gorge, excessif et sexuel, d'une durée obscène, ce rire qui pulvérisait la bienséance d'une société pétrifiée, cassait l'ordre social comme un son trop aigu brise un verre de cristal, un rire en forme d'exécution.
J'ai visualisé les parcours innombrables qui s'entrecroisaient à la surface de la terre, ce maillage choral déployé sur tous les continents, instaurant des identités mouvantes comme des flux, et un rapport au monde conçu non plus en termes de possession mais en termes de mouvement, de déplacement, de trajectoire, autrement dit en termes d'expérience.
...un visage d'acteur,autrement dit un visage recouvert d’écritures,les compulsant une à une et les fusionnant toutes en un seul récit dont Burt Lancaster est l'absent.
J'ai entendu de nouveau les aboiements du chien préféré et le rire d'Angelica lors du dîner à la table du prince, ce rire de gorge, excessif et sexuel, d'une durée obscène, ce rire qui pulvérisait la bienséance d'une société pétrifiée, cassait l'ordre social comme un son trop aigu brise un verre de cristal, un rire en forme d'exécution.
Je me dis parfois qu'écrire c'est instaurer un paysage. Les îles, et plus encore les îles désertes, sont pour cela des matériaux de haute volée, leur statut géologique amorçant déjà une écriture, portant un récit. Essaimées sur la mer, les îles surgissent comme des creusets à fictions, ou des aimants dispersés sur l'imaginaire.
J'aime l'idée que l'expérience de la mémoire, autrement dit l'action de se remémorer, transforme les lieux en paysage, métamorphose les espaces illisibles en récit.
tout se passe comme si en Lampedusa, minuscule et ramassée, s'exprimait une résistance à l'indétermination qui la cerne.
Pour écrire, j'ai pensé qu"il fallait capter ce chant qui subsistait d'un temps où le livre n'existait que sous sa forme chantée et je me suis dit qu'il était temps d'aller chercher la femme nomade.
Je me dis parfois qu'écrire, c'est instaurer un paysage. Les îles, et plus encore les îles désertes, sont pour cela des matériaux de haute volée, leur statut géologique amorçant déjà une écriture, portant un récit. Essaimées sur la mer, les îles surgissent comme des creusets à fictions, ou des aimants dispersés sur l'imaginaire. (...)j'ai pensé que les passagers avaient dû attendre, , espérer des secours, certains sachant que le droit de la mer impose de venir en aide aux bateaux en détresse quand d'autres au contraire avaient dû s'affoler, informés des dernières dispositions des Etats en lutte contre l'immigration illégale, avertis qu'en ce qui les concerne le droit n'existait plus, justement, ils étaient hors la loi 555) et sans doute que d'autres se demandaient jusqu'où on les laisserait se noyer ; j'ai pensé enfin que la plupart des passagers ne devaient pas savoir nager, ayant vu la mer deux jours auparavant pour la première fois. (...)
Et ceux de l'île [de Lampedusa], isolés et pauvres eux-mêmes, les avaient recueillis, une couverture sur les épaules, un abri, un repas : ils avaient hébergé ces étrangers, plus pauvres que pauvres, ces êtres qui n'avaient plus rien et ne pouvaient plus prononcer leur nom ; ils les avaient relevés et l'humanité entière avec eux. Hospitalité.