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3,27

sur 225 notes
Deux magiciens des mots
M'ont confié une pépite de littérature.

La vrai,
L'authentique,
Celle qui chavire,
Celle qui réveille,
Celle qui révèle,
Ces vies sacrifiées sur un frêle esquif
Juste avant d'atteindre ces rivages tant espérés !
Lampédusa.

Juste une nuit
A cueillir des pétales délicates
D'une divagation libre
Sur un mot qui la hante:
Lampédusa.

Le rêve et la réalité qui s'entremêle,
Dans ce petit appartement parisien.
Où la radio déverse ces nouvelles qui
Blessent ,
Interrogent,
Scandent
La fin de toutes ces vies qui se noient
Au abord d'un monde rêvé !
Lampédusa.

Maylis s'emporte,
Parle vite,
S'indigne,
Réfléchi,
S'interroge,
Tente de trouver un sens,
Un lien à l'inacceptable du
Naufrage de ces migrants sur les côtes italiennes.
Lampédusa.

A ce stade de la nuit
Je reste sans voix,
Ayant vécu
L' intensité d'une nuit
Sur la falaise d'instants
Qui se noient dans cette
Eternité qui m'a saisie
Aux tripes.
Lampédusa.
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74 pages... Ce livre est une friandise qui se glisse dans un moment de vacuité entre deux pavés de lecture. Une friandise que l'on savoure pour la beauté de l'écriture et pour ce sentiment palpable d'intimité que l'auteure crée avec son lecteur en lui faisant partager des réflexions nocturnes.

Maylis de Kerangal laisse vagabonder ses pensées vers ces noms insolites qui désignent des lieux. Lampedusa est cruellement présent dans notre actualité. C'est aussi le film de Visconti, Le Guépard, dont les images resurgissent instantanément et introduisent avec un subtilité le propos du livre. Et c'est encore le nom de l'auteur de l'ouvrage dont a été tiré le scénario du film.
Lampedusa restera peut être exclusivement pour d'autres le lieu indigne d'entassement de migrants ou de corps rejetés par la mer..

Insolite, ce questionnement sur l'origine des noms créés par les hommes, soit pour se désigner eux même, qu'ils soient conquistadores, indiens, nobles siciliens, soit pour cibler un paysage. Intrigante, la réflexion concernant les lieux que nous continuons à visiter en souvenir au fil de notre vie et vers lesquels on s'échappe quelqu'en soit l'actualité.

Les pensées musardent et voyagent d'iles en paysages, allumant des fugaces lumières dans la nuit du récit sur des ailleurs variés, animés ou immobiles.

Un petit texte concis et élégant de divagations et souvenirs d'escapades, qui interroge sur notre monde en décadence.

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En premier lieu je tiens à remercier Ambages qui m'a fait rencontrer ce livre.

A ce stade de la critique… je ne sais pas comment commencer...
"A ce stade de la nuit" est le genre de texte que j'aimerai écrire. Je dis texte car j'ai eu une impression de spontanéité, que les mots n'étaient pas travaillés, réfléchis, façonnés, maquillés, travestis. Les maux entraînent les mots en écriture automatique.
C'est le genre de texte que seule la nuit permet d'écrire, enfin c'est ce que j'aime croire.
C'est le genre de texte qui s'écrit d'une seule traite, dans l'ambiance et l'état d'esprit du moment et qui se lit de la même manière.

Maylis de Kerangal divague et quand elle dit vague…
Dix vagues, ça fait beaucoup quand on sait qu'une seule suffit à anéantir une frêle embarcation et engloutir des Hommes qui n'auront pas eu le temps d'entrevoir leur rêve de liberté, qui n'auront pas eu le temps d'avoir une petite lumière dans le regard, qui n'auront pas eu le temps de vivre. Ils n'auront croisé que la peur, la faim, l'humiliation et puis la terreur du dernier instant. Ils ne sont personne, juste quelques titres dans les journaux, quinze secondes chez Pujadas trop occupé à demander à Pierre Paul Jacques s'il se présentera en 2017 ou à faire un quart d'heure sur les croisières de luxe…

Vague à l'âme, la nuit, un flash à la radio. Vague à lame de fond qui nous entraine au fin fond des souvenirs de l'auteure. Association d'idées pour un voyage nocturne dont toutes les routes mènent à Lampedusa.

Lampedusa hier, Lesbos aujourd'hui, nous sommes de plus en plus nombreux, les ressources naturelles s'épuisent, les dieux sont tombés sur la tête, leurs disciples les plus tarés font régner la terreur et massacrent à tout-va. L'inquisition c'est très moderne comme concept…
Demain n'existe pas pour des millions (milliard?) de gens et n'existera jamais plus pour certains dont même l'espoir aura été… noyé. Je m'égare…

" A ce stade de la nuit " c'est… une culpabilité, un non lieu, une impuissance... un ressenti à mettre entre toutes les mains.
La vie est si… fragile…
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Cet essai est le fruit d'une commande pour la collection "paysages écrits".
Comment arriver à écrire un paysage, et quel paysage? Maylise de Kerangal se focalise sur celui de Lampedusa et sur cette nuit où, dans sa cuisine, elle écoute à la radio le récit du naufrage de 300 migrants au large des côtes italiennes.
Lampedusa. Ce nom lui évoque un film avec Burt Lancaster, le Guépard de Visconti, qui fait écho à Swimmer, autre film du même acteur.
Ainsi, chaque chapitre revient à cette nuit dans la cuisine et à l'actualité du naufrage, puis insensiblement reviennent par flots d'autres souvenirs, le transsibérien et le paysage nocturne, les îles italiennes, etc..., avant d'aboutir sur la tragédie finale, crue, violente de ces corps naufragés.
Le livre est court mais dense, chaque mot est pesé et Maylis de Kerangal nous entraîne dans les méandres de ses pensées, dont la première entraîne la suivante. Ces souvenirs sont entrecoupés par l'horreur de cette actualité qui fait que le passé est passé et qu'une nouvelles ère s'amorce.
J'aime l'écriture de cette auteure, profonde, mouvante et dont on entend la voix au cours de la lecture.
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DIGRESSIONS
Comment écrire un paysage familier ? C'est ce à quoi l'auteure s'est attelée dans ce petit livret (74 pages) et ce qu'est LAMPEDUSA (île, réfugiés, migrants, guerre, terreur, film américain, nom…) dans de courts chapitres.
Personnellement, je n'ai pas « accroché » à cette poésie délirante.
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Que j'aime la façon de penser de Maylis de Kerangal... A partir d'une information entendue à la radio (le naufrage d'un bateau de migrants à Lampedusa) elle nous dévoile ses sentiments et les associations d'idées qui lui viennent à la nuit tombée.
J'ai appris beaucoup, je me suis remémorée aussi des fragments d'histoires oubliées et je me suis laissée porter par son écriture très poétique.
Elle parle de la détresse, de la Sicile, des yeux bleus de Burt Lancaster « qui sondent l'envers du monde, cette zone intérieure de vacillemet et de trouble. » C'est ce même vacillement qui l'emporte vers cette Sicile et le naufrage de l'aristocratie décrite par Guiseppe Tomasi di Lampedusa, auteur du Guépard et mis en images par Visconti. Lampedusa comme trait d'union entre deux époques. Elle cherche à comprendre ce qui pousse les hommes à traverser les eaux. Ressurgit alors l'image de Burt en maillot de bains traversant les piscines des jardins américains pour rentrer chez lui (The Swimmer). Mais Burt est un migrant, lui aussi vient de loin. le rêve américain, comme île d'un autre temps, aujourd'hui les migrants trouvent malheureusement bien souvent l'Europe rêvée dans des eaux meurtrières. C'est alors que les mots de son père reprennent sens dans sa mémoire « la mer n'est pas un non-lieu, pas plus qu'elle est un espace indéterminé, une continuité fluide (...) en elle coexistent des zones diverses, de l'estran familier au gouffre de l'inconnu. »
à ce stade de la nuit, je me souviendrai longtemps de ce petit livre qui en dit beaucoup. « Ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé de regarder ; ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé d'exercer nos sens au sein d'un espace investi par le corps », je dirai que ce livre fera partie de mon paysage.
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Mon second ouvrage de cette auteure, après Réparer les vivants qui avait été une énorme claque. Ici c'est une très courte oeuvre, pas vraiment facile à décrire... Le 3 octobre 2013, plusieurs centaines de migrants trouvent la mort dans un naufrage, près des côtes de Lampedusa. Mais cette tragédie n'est qu'un prétexte. Les pensées de la narratrice défilent sans but précis, au gré des images et des souvenirs.
Je suis toujours aussi fan de du style de l'écrivaine : ce flot qui nous emporte irrémédiablement, ces longues phrases, les mots qui s'entrechoquent... Pas de souci, j'adore. Cependant je me suis sentie un peu à l'écart des divagations de l'auteure. De nombreuses références cinématographiques, ou autres, que je ne connaissais pas... Un peu de mal à suivre le récit, parfois, un peu de mal à ne pas perdre le fil. Je n'aime pas trop quand les livres me font me sentir bête ;) A mon grand regret, j'ai trouvé l'exercice un peu prétentieux, bien que cela me fasse mal de dire ça !
De très jolis moments cependant, portés par la plume de Maylis de Kerangal, des moments de fulgurance et d'intensité poétique. Mais je reste un peu déçue, même si je compte bien découvrir un autre ouvrage de l'auteure. Des conseils ?
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Le souffle me manque.
Le silence s'impose en refermant ce petit roman d'une poésie douce et belle alors que le drame qui s'y joue est terrible.

La nuit...
Comme ce temps mystérieux qui voit les sensations se décupler, les émotions se révéler, les peurs prendre leurs aises tandis que la chape de calme berce les bienheureux.

Lampedusa...
Comme cette terre du bout du monde, pourtant si proche.
Comme ce sentiment d'impuissance face à cette catastrophe humanitaire.
Comme ce phare qui s'éteint parce que nos yeux préfèrent se fermer devant l'indicible.

Maylis de Kerangal...
Comme cette plume sublime qui trace un lien merveilleux entre le Terrifiant et le Beau.
Comme cette amoureuse du cinéma qui, à travers des images, tricote des brins d'humanité chaleureuse.

De ce roman ressort une espérance intense, rayon de lumière qui nous permet d'aller au bout du roman, au bout du voyage, à bord de ces barques précaires.
Bousculés, chahutés, apaisés ou révoltés, la magie de Maylis de Kerangal nous entraine vers d'infinies introspections, vers une soif d'humanité plus généreuse.

A ce stade de la nuit...
Comme un bijou.
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Un petit essai de 74 pages par lequel l'auteur nous livre son ressenti face au drame de Lampedusa dont le nom est désormais évocateur de tragédie :
"Lampedusa concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant désormais un état du monde ..."

Sa pensée va et vient, établissant des parallèles avec des scènes fictives du livre ou du film "Le Guépard " ou des scènes vécues personnellement lors d'un voyage d'agrément .
Une variation de rythme traduisant bien l'émotion ressentie par l'auteur. Soit.
" ...j'ai réalisé que Visconti avait filmé le bal du Guépard exactement comme un naufrage ."
Quelque chose me gène: la comparaison des problèmes sociaux que la Sicile a connu ,aussi dramatiques soient-ils avec la situation apocalyptique des réfugiés.
J'espère simplement que la seule raison d'être du livre est de souligner l'inertie générale. Idée noble en soi !
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"Je pense à ces noms inscrits dans les paysages et je pense aux paysages véhiculés dans les noms". Qui n'a jamais mesuré le pouvoir évocateur d'un nom croisé au détour d'un livre, d'un film ou d'un simple globe terrestre ? Rêve, fantasme ou souvenir. Il suffit de quelques lettres pour déclencher des vibrations heureuses, tristes, pleines d'espoir ou mélancoliques, nourries par les perceptions amassées par notre inconscient.

En cette nuit du 3 octobre 2013, un nom résonne soudain dans l'esprit de la narratrice. Lampedusa. Un bulletin d'information à la radio égrène les faits, le naufrage d'un bateau de migrants, des centaines de morts au large de cette petite île. Lampedusa. Jusqu'à présent, ce nom était rattaché à des images précises, un film, un chef-d'oeuvre, le Guépard, le personnage de Burt Lancaster. Il évoquait la beauté, l'affrontement entre deux mondes, l'avènement de la modernité par la grâce du sourire d'Angelina.

C'est désormais d'une autre transformation dont Lampedusa sera le symbole, celui d'un monde où il n'est plus question de modernité ou de tradition mais de fuite, de guerres et d'exils. Maylis de Kerangal déroule, avec la précision et la musique qui caractérisent son écriture, le fil de ses pensées. A partir de ce nom, elle s'interroge sur les traces laissées dans les mémoires, sur la construction de nos consciences. Nous pouvons penser à l'île comme étant celle du trésor, celle de Monte Cristo, celle d'Ulysse, ancrées dans nos imaginaires par la magie des écrivains, ou désormais avoir en tête des visions de naufrages qui n'ont plus rien de littéraire.

Le voyage auquel nous convie l'auteur est un bel exercice littéraire qui propose un angle de vue très différent de ceux que peuvent livrer journalistes et intellectuels que l'on a l'habitude d'entendre sur le sujet. Il n'en invite pas moins à la réflexion, et d'une bien jolie manière.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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