Sur la route

Par une nuit d'encre, nous traversâmes le Nouveau-Mexique ; à l'aube grise, Dalhart, dans le Texas ; pendant le morne après-midi du dimanche, ce furent, l'une après l'autre, les villes plates de l'Oklahoma ; à la tombée de la nuit, Kansas. Le car ronflait. Je rentrais chez moi en octobre. Tout le monde rentre chez soi en octobre. (P.1, ch.14)

La Californie de Dean, pays délirant et suant, pays d'importance capitale, c'était celui où les amants solitaires, exilés et bizarres, viennent se rassembler comme des oiseaux, le pays où tout le monde, d'une manière ou d'une autre, ressemble aux acteurs de cinéma détraqués, beaux et décadents.

j'ai rencontré rencontré Neal pas très longtemps apresla mort de mon père ...
Je venais de me remettre d'une grave maladie que je ne raconterai pas en détail, sauf à dire qu'elle était liée a la mort de mon père, justement, et a ce sentiment que tout était mort.
Avec l'arrivée de neal a commencé cette partie de ma vie qu'on pourrait appele ma vie sur la route.
avant j'avais toujours rêvé daller vers l'Ouest... "

Maintenant nous avions braqué notre groin ferraillant cap au sud et gagnions Castle rock, au Colorado, tandis que le soleil rougeoyait et que le roc des montagnes, du coté Ouest, avait l'air d'une brasserie de Brooklyn dans les crépuscules de novembre.

J'ai raconté toute la route à présent, je suis allé vite parce que la route va vite. Entre le 2 et le 22 avril, il a écrit un roman complet 125 000 mots. Cette 'histoire c'est toi et moi sur la route".
Il l'a écrite sur un rouleau de papier de 40 m de long, je l'ai déroulé sur le plancher et il ressemble à la route.
P 9

Al Hinkel s'était fait la sœur de Pauline, et il s'était tiré avec elle.
Il sait y faire, avec les femmes.
Avec son mètre 90, il est doux, affable, avenant, crétin, délicieux.
p 278

Rencontre extraordinaire, Neal Cassidy et Allen Ginsberg, bien sûr.
Ces deux esprits affûtés ont accroché au quart de tour.
Chacun a croisé le regard perçant de l'autre,
le truand mystique
et le grand truand mélancolique de la poésie qu'est Allen Ginsberg.
À partir de ce moment-là, je n'ai plus beaucoup vu Neal, et je l'ai un peu regretté.
C'était le choc frontal de leurs énergies,
moi j'étais un moujik à côté.
je ne pouvais pas suivre.
p131

(...) et de toute façon elle n'aurait jamais pu me comprendre, parce que j'aime trop de choses à la fois, alors tout s'embrouille et ça coince, à force de courir de l'une à l'autre, jusqu'à ce que je tombe. Ca c'est la nuit, c'est ce qu'elle te fait. Je n'avais rien à offrir, sinon ma propre confusion mentale.

Sur la Route, un livre mythique pour de nombreux lecteurs que je tenais absolument à lire. Mais j'avoue avoir été particulièrement déçue au départ de ma lecture. On ne fait que suivre les péripéties de Sal et Dean désespérément attirés par la traversée de l'Amérique en quête de filles, de bars et jazz. Chaque page ne fait que relater leur descente dans les lieux les plus obscurs et les moins fréquentables pour certains, sans oublier les rencontres avec des amis ou connaissances qui vivent d'on ne sait pas quoi. Une vie faite de saouleries, virées nocturnes jusqu'au bout de la nuit et squat.
Autant dire que je n'ai pas aimé le livre jusqu'à sa moitié environ, jusqu'à ce que je me positionne au second degré et là on oublie le récit de leurs voyages incessants pour découvrir leur état d'esprit. Vivre libre, sans contraintes de travail, d'argent, famille .... Dans les années d'après guerre des jeunes qui veulent assouvir leur désir insatiable de liberté absolue.
Finalement je suis contente d'avoir lu ces pages qui sont une philosophie de vie et finalement rend attachants les deux personnages principaux liés par une amitié indestructible.