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Jean Autret (Autre)
EAN : 9782070371877
288 pages
Gallimard (04/06/1980)
3.83/5   140 notes
Résumé :
Le vagabond solitaire, c'est "un recueil de morceaux... qui ont été rassemblés ici parce qu'ils ont un thème commun : le voyage". Ces pérégrinations recouvrent les Etats-Unis du nord au sud et d'est en ouest, le Mexique et une partie de l'Europe dont la France, que Jack Kerouac considère comme sa seconde patrie. Tour à tour cheminot en Californie, aide-cuisinier sur un cargo, flâneur avec les beatniks de New York, Jack Kerouac part à l'aventure et déclare qu'"il n'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Recueil de huit nouvelles de longueur inégale mais formant toutes plus ou moins un seul et même récit (la décision de Folio d'en sortir deux de façon indépendante dans "Le vagabond américain en voie de disparition ne me paraît d'ailleurs pas forcément très pertinente, mais si ça peut permettre aux gens de découvrir Kerouac à petit prix, pourquoi pas), Lonesome Traveler nous fait découvrir une nouvelle facette de l'auteur.

Contrairement à Sur la route et Les clochards célestes, l'autobiographie est ici totalement assumée. On a l'occasion d'y apprendre que Jack se faisait souvent appeler Ti Jean, et on retrouve avec plaisir certains passages bien connus de sa vie, dont le fameux exil sur le pic de la désolation. L'aspect religieux du séjour est loin d'être aussi exacerbé que dans Les clochards, ce qui ravira ceux que ça gonfle en leur offrant une bonne alternative, même si Kerouac ne peut s'empêcher de s'extasier face à l'omniprésence divine à plusieurs moments. On lui pardonne facilement.

Le plus intéressant est le style de son écriture, qui évolue de façon flagrante. Sa célèbre technique de la "prose spontanée" explose complètement, en s'attardant cette fois sur des instants, et non en l'étalant pour allonger les mouvements du personnage. Il ne sera pas rare de trouver des phrases longues d'une page se concentrant sur la description d'un bateau qui tangue ou de belles filles qui passent dans la rue, et toujours dans une énergie à peine croyable ; c'est un vrai plaisir de le voir commencer à s'emballer et de savoir qu'on est parti pour plusieurs minutes d'exaltation qui nous empêcheront de reposer le bouquin avant d'être arrivé au bout.

Et puis bien sûr, il y a le voyage, on commence à être habitué : les déserts mexicains, les ruelles crasseuses des zones portuaires, les gares, l'Océan, les bars new-yorkais, les forêts, le Maghreb, la France et Paris, l'Angleterre, les musées, les hôtels miteux.. Les personnes rencontrées, qu'ils soient poètes beats, marins, prostituées.. le dernier chapitre, dans lequel Kerouac évoque ses références et la vie de clochard, vaut à lui seul le coup.

Pour peu que vous adhériez au style (car oui, j'ai de l'expérience et je conçois que ça puisse rebuter comme première fois), vous ne regretterez probablement pas cette lecture.
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Dans le vagabond solitaire, Kerouac vit en marge de la société et suit son petit bonhomme de chemin à l'abri du brouhaha médiatique qui suit la sortie de Sur la route. le livre est divisé en huit récits qui ont pour thème l'errance sous une forme ou sous une autre et qui sont agencés de façon à simuler un roman.

Le fellah du Mexique est le récit halluciné d'une escapade au Mexique, pays qui vit loin de l'ordre établi et de la façon américaine de faire les choses. La description de la corrida est particulièrement prenante et pleine de compassion pour le taureau —et symboliquement contre le système établi. le sang, la religion et la mort s'y côtoient dans un remarquable tourbillon verbal.

Dans le monde des trains, Kerouac nous raconte son boulot de serre-frein à 600$ par mois alors qu'il conserve un mode de vie austère et se contente de manger dans les cafétérias publiques, continue de fréquenter des clochards et dort au fond de wagons sales lorsqu'il est loin de chez lui. Kerouac est entré dans le système mais pas son âme.

Dans Les limons des cuisines marines, il quitte les chemins de fer et raconte les aléas de sa vie de cuisinier sur un navire. Kerouac tolère mal de repartir au bas de l'échelle et la discipline qui règne. Il croyait assumer son destin de vagabond en s'embarquant sur un navire mais réalise qu'il est plutôt à la merci d'êtres caractériels et finit par les quitter lors d'une escale.

Avec ses Scènes new yorkaises, on plonge dans l'univers beat. À l'image d'un guide, Kerouac nous fait visiter le New York underground des années 1950. Les cafétérias remplies de paumés, le kiosque à journaux, la librairie fréquentée par les obsédés sexuels et Chez Bickford —le restaurant qui sert de point de chute à Herbert Hunkey, à une bande de gangsters et à toute la faune pittoresque de Times Square.

Un des récits les plus intéressants est Grand voyage en Europe qui commence sur un cargo effectuant la traversée de l'Atlantique et qui le mène à Tanger où il côtoie William S. Burroughs. le passage où il traverse la France et découvre Paris, «la plus belle ville du monde», est particulièrement touchant et son arrivée en Angleterre est épique.

Dans Seul au sommet d'une montagne, il relate en détail les 63 jours qu'il a passés à Desolation Peak comme garde-forestier. Cette nouvelle à teneur initiatique avait déjà fait l'objet d'un récit à la toute fin des Clochards célestes mais le récit est suffisamment bonifié pour le rendre à nouveau intéressant.

Dans le dernier récit, le vagabond américain en voie de disparition, Kerouac défend la vie de vagabond et il en donne une définition très personnelle, assimilant la quête solitaire à plusieurs personnages illustres dont Benjamin Franklin, Walt Whitman, Bouddha, Beethoven, Einstein et Jésus ! Kerouac explique que le vagabond n'est plus toléré dans la société et qu'il est désormais traqué par la police. Alors qu'il raconte comment la vie du vagabond est de plus en plus difficile, on a l'impression que Kerouac parle de sa propre existence.

Au-delà de la prose extraordinaire de Kerouac, l'intérêt de ces récits est leur point de vue. À travers ses tribulations, il exprime une vision critique de l'Amérique. Et même lorsque le récit adopte une structure plus conventionnelle, il intègre toujours une phrase au milieu de nulle part qui nous rappelle son regard ironique. Kerouac pose sur les gens et les choses un regard qui nous oblige à nous interroger, ce qui est le propre d'une grande oeuvre. Et il le fait avec suffisamment de brio dans ce livre pour qu'il vaille la peine d'être lu.
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Les quatre nouvelles qui composent le vagabond solitaire sont une bonne entrée en matière pour explorer l'oeuvre de Kerouac car l'on y trouve nombre de ses thèmes de prédilection et plusieurs exemples de « prose spontanée », procédé récurrent qu'il a expérimenté dans Sur la route notamment. Si la prose est alambiquée parfois, voire un peu hermétique, ces récits de voyages publiés en 1960, d'inspiration autobiographique, évoquent Kerouac dans ses tribulations sur la route, ses petits boulots, son désir d'être marin. A Los Angeles, il rêve d'embarquer mais reste sur les quais. Il retrouve un ami qui lui parle de règlements de compte et d'un revolver camouflé dans un livre, et c'est une discussion sans fin qui commence alors. Kerouac nous invite à le suivre dans les rues et les bars de New York où il nous fait la visite en habitué de lieux vivants et chaleureux de Times Square, nous présentant les gens qu'il aime fréquenter, les joueurs de Jazz qu'il admire, les restaurants qu'il aime. Une véritable poésie urbaine se dégage de ces esquisses et dénote un vrai sens de l'observation pour décrire le monde qui l'entoure. Il déplore le fait que les clubs de jazz soient devenus plus select, plus chers alors qu'il les a connus ouverts à tous. de même, lors d'un voyage au Mexique, les contrôles à la frontière le font deviser sur le manque de liberté et la suspicion à l'encontre des beatniks. Ses rencontres donnent lieu à des discussions animées et accompagnées de drogues sur les Indiens. Dans un passage saisissant Kerouac sort écoeuré d'une corrida décrite avec réalisme dans toute sa violence, éprouvant de l'empathie pour le taureau agonisant, qualifiant les spectateurs de lâches. Un long moment dans une église montre aussi Kerouac fasciné par une statue du Christ aux blessures particulièrement macabres. En se recueillant il a une vision et, comme dans certains de ses romans, des digressions mystiques voire ésotériques rendent quelques passages obscurs. Enfin, Seul au sommet d'une montagne rappelle que Kerouac a exercé le métier de guetteur de feu, il a donc vécu isolé, en ermite, ce qui donne lieu à de belles descriptions des merveilles naturelles, des paysages sauvages, qu'il dépeint à la manière d'estampes japonaises. Les gestes du quotidien sont décrits avec précision. Mais très vite, à l'émerveillement succèdent la peur et les dangers (la foudre, les pluies torrentielles, les ours) et une solitude extrême difficile à supporter.
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A choisir entre un guide de voyage et ce livre, n'hésitez pas!!! Les pérégrinations de Kerouac sont à la fois instructives et célestes. Travailler sur un cargo entre deux ports, sur les voies de chemin de fer entre deux cuites et repartir de plus belle sac sur le dos...traverser l'Atlantique...redécouvrir le Musée du Louvre avec les yeux de Kerouac, la Provence et les parisien(ne)s entre autre...Jubilatoire. Voilà ce que vous réserve ce recueil!!! La liberté absolue version Kerouac...Un régal!!!
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Un recueil des souvenirs et impressions de voyage de Kerouac des Etats-Unis à la France en passant Tanger, il est tour à tour chemineau, garde feu et vagabond. Une jolie surprise. Je n'avais pas du tout aimé « Sur la route », je l'ai vécu comme l'aventure de gamins gâtés égoïstes, sans considération pour les personnes croisées sur cette route. Avec ce recueil je suis enthousiaste, surtout pour le chapitre « seul au sommet d'une montagne ». Ces 2 mois passées en montagne solitaire sont exprimés de façon assez honnête lorsqu'il reconnait sa crainte de la solitude et exprime de nombreuses craintes. de la même manière qu'il sera aussi honnête avec de nombreux désagréments de voyage. Et il est aussi très drôle de se plonger dans le Paris de Kerouac.
L'autre aspect intéressant est aussi sa réflexion sur la liberté d'errer comme on le souhaite sur terre et qui est de plus en plus réduite. Une déclaration d'amour à la liberté, sans doute comme sur le route mais tellement plus évocateur et généreux.


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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
L'intérieur, c'est une cuvette parfaitement ronde, avec un cercle bien tracé de poussière brune, passé à la herse et ratissé par des ratisseurs experts et enthousiastes, comme l'homme qui ratisse la seconde base au Yankee Stadium; seulement ici, c'est le Stade de Mord-la-Poussière. - Quand je prends place sur les gradins, le taureau vient d'entrer, et l'orchestre se rassoit. - Des garçons en costume fin et brodé, étroitement ajusté, attendent derrière la palissade. - Solennels qu'ils sont, au moment où un beau taureau noir au poil luisant fonce en caracolant, sortant d'un coin que je n'avais pas remarqué, et où il avait dû meugler pour appeler à l'aide; il a les narines noires et de grands yeux blancs, il va, les cornes en avant, tout poitrail, pas de ventre, des pattes fines, polies comme un dessus de poêle, qui tentent de creuser le sol, avec le poids de locomotive qui appuie sur elles - des spectateurs ricanent - le taureau galope, rapide comme l'éclair, vous voyez ses muscles bandés saillir sous sa peau parfaite de bête primée. - Le matador s'avance, attire le taureau qui charge violemment; le matador, d'un air narquois, écarte sa cape, et les cornes passent à cinquante centimètres de ses reins; avec sa cape, il fait virevolter le taureau, et s'éloigne, dédaigneux, d'un pas de grand seigneur - et puis il reste planté là, le dos tourné au taureau médusé; la bête ne charge pas, jouant son rôle à la perfection, comme dans "Blood & Sand", elle n'envoie pas valser dans les airs le Grand Señor. Puis, les hostilités reprennent. Voici le vieux cheval pirate, avec son oeillère, le CHEVALIER picador est en selle avec une pique, il fiche des pointes d'acier acérées dans l'omoplate du taureau qui réplique en essayant d'expédier le cheval dans les airs, mais le cheval est protégé par une cotte de maille (Dieu merci) - c'est la scène historique, la scène stupide; mais soudain, vous vous apercevez que le picador inflige au taureau des blessures qui vont le faire saigner interminablement. L'opération se poursuit qui a pour but d'aveugler le pauvre taureau, de le plonger dans un vertige d'inconscience; le vaillant petit homme aux dards, portant deux banderilles ornées de rubans, fonce droit sur le taureau, le taureau fonce sur lui, vlan, pas de collision, car l'homme aux dards a fiché ses dards et il a décampé, avant que vous ayez pu dire ouf (et j'ai pourtant dit ouf), parce qu'un taureau n'est pas facile à esquiver. Parfait, mais avec ces dards, maintenant, le taureau ruisselle de sang, comme le Christ de Marlowe au Ciel. - Un vieux matador surgit, il étudie les réactions du taureau en exécutant quelques passes avec sa cape; puis c'est une autre série de dards; un drapeau guerrier brille au flanc de l'animal vivant qui souffre et respire, et tout le monde est content, oui, content. - Et maintenant, le taureau charge, mais ses pattes flageolent, et le héros du jour, le matador solennel, sort pour la mise à mort, pendant que les caisses de l'orchestre grondent, sourdement; tout se tait, comme si un nuage passait sur le soleil; vous entendez la bouteille d'un ivrogne se fracasser à quinze cents mètres de là, dans la verte campagne espagnole, aromatique et cruelle - les enfants s'arrêtent, la torta à la main - le taureau reste immobile au soleil, tête baissée, haletant; il cherche à retenir sa vie, ses flancs lui battent les côtes, oui, il a les épaules hérissées de barbillons, comme saint Sébastien - le jeune matador avance à pas prudents, assez courageux, lui, il approche et invective le taureau, qui se retourne et vient en chancelant, les pattes branlantes, vers la cape rouge, le sang ruisselant de toutes parts, et l'autre l'attend dans ce cercle imaginaire, il pivote et reste suspendu, sur la pointe des pieds, sur ses jambes cagneuses. Seigneur, je ne voulais pas voir son ventre plat et lisse déchiré par une corne ! - Il fait encore onduler sa cape devant le taureau qui reste là, simplement, en songeant : "Mais enfin, pourquoi ne me laissent-ils pas tranquille ?" Et le matador approche encore. Maintenant, l'animal raidit ses pattes fatiguées pour courir, mais l'une d'elles glisse, soulevant un nuage de poussière. - Il réussit pourtant à partir, dans un dernier effort, avec un air de dignité offensée, vers son lieu de repos. - Le matador tend son épée, il appelle l'humble taureau aux yeux vitreux. - Le taureau dresse l'oreille, mais ne bouge pas. - Tout le corps du matador est raidi comme une planche qui tremble, sous le piétinement de la foule - un muscle saille sous la soie qui lui gaine la jambe - le taureau avance d'un mètre, puis se retourne, sur le sol poussiéreux; le matador se penche en avant, comme un homme qui se courbe au-dessus d'un fourneau brûlant pour prendre quelque chose de l'autre côté, et il enfonce son épée d'un mètre, à l'articulation de l'omoplate. - Le matador s'en va d'un côté, le taureau de l'autre, l'épée dans le corps jusqu'à la garde, il chancelle, il commence à courir, regarde avec une surprise humaine le ciel et le soleil, puis il émet une sorte de gargouillement. - O allez voir ça, foules ! - Il envoie quarante litres de sang dans l'air, le sang éclabousse tout à l'entour - il tombe sur les genoux, suffoquant dans son propre sang, et il vomit, il tord son cou et soudain, il s'affaisse, sa tête heurte le sol. - Il n'est pas mort, un autre imbécile se précipite pour le poignarder avec une dague effilée, dans le nerf du cou, et le taureau enfonce les flancs de son misérable mufle dans le sable, et mâche le sang qu'il a versé - Ses yeux ! Oh ses yeux ! - Les imbéciles s'extasient en ricanant devant les effets du poignard, comme s'il avait pu en être autrement. - Un attelage de chevaux hystériques est expédié, on enchaîne le taureau, et ils l'entraînent au galop; mais la chaîne se brise et le taureau glisse dans la poussière comme une mouche morte frappée par un pied inconscient. - Enlevez, enlevez-le ! - Il est parti; des yeux blancs, des yeux fixes, voilà ce que vous avez vu de lui en dernier. - Au taureau suivant ! - D'abord, les mêmes employés que tout à l'heure ramassent le sable sanglant, le jettent à pleines pelletées dans une brouette, et s'en vont en courant. Le ratisseur tranquille revient avec son outil - "Olé !" Les filles lancent des fleurs au tueur sanglé dans sa belle culotte. - Et j'ai vu comment tout le monde meurt, dans l'indifférence générale, j'ai senti quelle horreur il y a à vivre uniquement pour pouvoir mourir comme un taureau pris au piège au milieu d'un cercle d'humains hurlants.
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Quand vous traversez la frontière à Nogales Arizona, des douaniers américains très sévères - certains ont un visage terreux, et de sinistres lunettes cerclées d'acier - viennent fouiller vos bagages de Beat, en quête du scorpion qui se gausse des lois. - Vous attendez patiemment - il faut toujours être patient en Amérique au milieu de ces policiers qui n'en finissent pas, avec leurs interminables lois "contre" (jamais de lois "pour"). Mais à partir du moment où vous passez la petite porte grillagée pour entrer au Mexique, vous avez l'impression de fuir l'école, comme quand vous disiez à l'institutrice que vous étiez malade et qu'elle vous répondait que vous pouviez rentrer chez vous, à deux heures de l'après-midi!!!
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quelles pensées douce et étranges vous assaillent dans la solitude des montagnes! - une nuit, je me suis rendu compte que quand on donne aux gens une parole de compréhension et d'encouragement, un drôle de petit air embrassé, péril et humble passe dans leurs yeux; quoi qu'ils aient fait, ils n'étaient pas sûrs que c'était bien- de petits agneaux partout sur cette terre.

Mais quand vous comprenez que Dieu est tout, vous savez qu'il faut tout aimer, même le mal; enfin de compte, il n'y a ni bien ni mal (voyez la poussière), c'est simplement ce qui est , c'est-à-dire ce qui a été fait pour avoir une apparence - une sorte de drame destiné à apprendre quelque chose à quelque chose, quelque " substance méprisée d'un spectacle hautement divin".

Et je m’aperçus que je n'avais pas à me cacher et à me désespérer, mais que je pouvais accepter la société pour le meilleur et pour le pire, comme une épouse - je vis que s'il n'y avait pas les six sens, la vue, l’ouïe, l'odorat, le toucher, le gout et la pensée, l'essence de toute chose étant inexistante, il n' y aurait aucun phénomène à percevoir, en fait,ni les six sens ni l'essence - la peur de l’anéantissement est beaucoup plus terrible que anéantissement ( la mort) lui-même - Pourchasser l’anéantissement dans le sens ancien et nirvanesque du bouddhisme aboutit à une absurdité, comme le montrent les morts dans le silence de leur sommeil bienheureux au sein de la terre Nourricière qui , de toute manière, est un Ange qui reste suspendu sur une orbite dans le ciel.

Seul au sommet d'une montagne - Le vagabond solitaire
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...Une fois dans la rue, elle fut très polie quand elle monta dans le taxi.
C'est de là que je suis allé à Paris, plus tard; il ne se passa rien d'extraordinaire, sauf que j'y rencontrais la plus belle fille du monde : elle n'aimait d'ailleurs pas le sac que je portais sur mon dos. Mais, de toute manière, elle avait rendez-vous avec un type à petite moustache - un gars qui se tenait là, l'air narquois, une main dans la poche - dans une boîte de nuit ou un cinéma de Paris.
Waaouw - et à Londres que vois-je? Une belle blonde, une blonde paradisiaque, debout contre un mur dans le Soho, qui interpelle les passants bien vêtus. Beaucoup de fards, les yeux ombrés de bleu; les plus belles femmes du monde, ce sont vraiment les Anglaises...à moins que comme moi, vous les aimiez foncées.
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D'abord, il faut me voir, le col remonté jusqu'au menton et entouré d'un mouchoir bien serré, pour me tenir chaud ; je m'en vais d'un pas lourd le long des entrepôts froids et noirs, sur les quais de ce San Pedro que j'ai toujours aimés ; les raffineries de pétrole, dans ce brouillard humide de la nuit de noël 1951, déversent leurs odeurs de caoutchouc brûlé ; les mystères de la Sorcière Marine du Pacifique m'enveloppent et, tout de suite à ma gauche, tandis que je chemine, vous pouvez voir les remous huileux des eaux de cette sacrée vieille baie qui montent embrasser les poteaux écumeux ; et là-bas, sur les eaux plates comme un fer à repasser, des lumières hululent dans les flots mouvants ; lumières des bateaux, lumières des chaloupes qui s'en vont côte à côte, et quittent cette dernière lèvre de la terre américaine.
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