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Jean Autret (Traducteur)
EAN : 9782070370948
308 pages
Gallimard (27/09/1979)
3.84/5   277 notes
Résumé :
Le héros de ce roman, Jack Duluoz ou Ti Jean, n'est autre que Jack Kerouac, l'auteur de Sur la route. Au bord de la folie, le Roi des Beatniks cherche à fuir l'existence de cinglé qu'il a menée pendant trois ans et part pour San Francisco. Il se réfugie au bord de la mer, à Big Sur, dans une cabane isolée. Après quelques jours de bonheur passés dans la solitude à se retremper dans la nature, Duluoz est à nouveau saisi par le désespoir et l'horreur. Aussi revient-il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Big Sur est le 3ème récit autobiographique de Jean-Louis Kérouac, dit Jack Kerouac, écrit d'un seul jet sur un unique rouleau de machine à écrire (après Sur La Route et Les Clochards Célestes).
Il me faut tout de suite avouer que je n'y ai pas du tout retrouvé la magie, l'état d'esprit, l'évasion ou encore le pouvoir d'édification que m'avait fait vivre Sur La Route.
Ici, Jack Kerouac nous conte ses mésaventures survenues durant l'été 1960 alors qu'il était en villégiature en Californie, sur la plage de Big Sur, côte assez sauvage (à l'époque) et escarpée proche de San Francisco.
Kerouac nous y fait l'éloge de cette nature rédemptrice, mais aussi et surtout la description de son naufrage dans la démence, la paranoïa, l'hallucination et le cauchemar, en grande partie dû aux effets combinés de l'alcool et de la dépression (il vit mal sa notoriété nouvelle acquise suite au succès de Sur La Route et cherche donc à fuir les mille sollicitations de New York).
L'auteur nous y parle également des premiers beatniks du " mouvement beatnik " et vis-à-vis duquel il n'éprouve ni sympathie ni communauté de vision. Il regarde avec beaucoup de réserve et peu d'espoir cette mode (naissante en 1960) qui trouvera sa quintessence un peu partout dans le monde autour de 1968.
Selon lui, le manque de respect de certaines valeurs classiques indispensables, l'absence de poésie et l'égocentrisme de ces jeunes gens n'a pas grand chose à voir avec ce qu'il avait tenté d'exprimer dans Sur La Route. Kerouac a ailleurs défini lui-même ce qu'il entendait par " beat ", terme qui désignait à la base les noirs inféodés au métro de la côte Est, vivant dans un dénuement absolu mais continuellement animés d'une joie de vivre et d'un positivisme, " beat " se référait aussi à la notion de rythme, propre aux musiques (notamment noires) comme le jazz, et enfin, " beat " fait référence à la béatitude (n'oublions pas que Kerouac est francophone de naissance), c'est-à-dire au volet mystique, à l'émerveillement devant la beauté naturelle, des âmes ou de la nature. Rien à voir donc avec les jeunes intellos fils de famille (on dirait aujourd'hui " bobo " qui se sont appropriés le terme par la suite) qui n'ont rien de " beat " au sens " battu " par opposition au " success ", la réussite sociale à laquelle ils sont appelés.
Jack Kerouac et Neal Cassady ne recherchaient pas le succès financier comme tous les américains de leur génération mais expérimentaient au contraire une autre voie, une sorte de succès spirituel.
En ce qui concerne l'intérêt propre de l'oeuvre, comme je l'ai déjà dit plus haut, je suis beaucoup plus mesurée. On est loin du magnétisme que pouvait susciter Sur La Route et on ne peut que trouver pathétique cet ivrogne triste aux prises avec ses démons, crépusculaire à la manière d'un Malcolm Lowry dans Sous le Volcan.
Vous y retrouverez donc Neal Cassady alias Cody Pomeray (l'ex Dean Moriarty de Sur La Route) devenu un père de famille, bien changé par rapport à ce qu'on l'a connu dans Sur La Route, presque rangé, qui n'a plus grand chose à nous dire, un peu comme Kerouac d'ailleurs.
Un livre, à mon avis, pas indispensable, sauf pour les inconditionnels qui souhaitent tout connaître de Jack Kerouac, mais ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Troisième roman (autobiographique) de Jack Kerouac, le représentant de la Beat Generation. Autant annoncer tout de suite que ce fut une amère déception. Sur la route m'avait déplu, Les clochards célestes m'avait réconcilié avec l'auteur, Big Sur m'a à nouveau brouillé avec lui. Pourtant, le début était prometteur. Jack Duluoz (le double de l'auteur) vit difficilement sa célébrité nouvelle. Un ami lui propose de se retirer un certain temps à l'écart, dans la nature, et il accepte, question de retrouver la communion avec lui-même et son environnement. Cet aspect mystique de l'auteur me plait. Il se rend donc à l'endroit en question : Big Sur, sur la côte californienne. L'évocation de la nature m'a impressionnée. J'y suis moi-même allé il y a quelques années, le lire était comme y retourner en pensée. C'était tellement ça : l'océan, le brouillard, les paysages impressionnants et majestueux.

La suite, même si elle est un peu sombre (insomnie, folie, cauchemars, alcool et dépression), m'a tout de même intrigué. Ce n'est pas quelque chose qui me rebute (Huysmans, sors de ce corps !) sauf si de tels passages s'étirent, s'étirent et s'étirent et deviennent un cercle infernal lourd et difficile à supporter. Et malheureusement c'est un peu ce qui se passe ici. du moins, mon désenchantement m'a empêcher de voir ce qu'il y avait d'intéressant et dont je suis certainement passé à côté.

Où est passé l'émerveillement devant la nature ? Devant la beauté humaine, sa poésie, sa jeunesse, sa vigueur ? Je comprends un peu les désillusions de Jack Duluoz (et, à travers lui, Jack Kerouac lui-même) mais il passe son temps à dénigrer ses contemporains comme Monsanto ou bien Cody devenu un père de famille respectable, il fait des folies avec ses « amis » même s'il sait qu'il les regrettera quelques jours plus tard. Les grandes beuveries, je suis passé à autre chose il y a longtemps.

Kerouac aurait dû être aussi critique de lui-même. Après des aventures désastreuses sur la côte ouest, il répète son exploit de « Sur la route » et commet un énième bouquin où il ne se passe rien de spécial. Pourquoi l'écrire dans un livre alors ? Pour vendre ? Se faire de l'argent ? Ça me semble assez hypocriteinusité et difficile à croire puisqu'il reprochait à plusieurs leur matérialisme. C'est surtout incroyablement triste. Ceci dit, au final, je ne retire de Big Sur que ce qui m'a plu, interpelé : les évocations des lieux visités lors de mon voyage en Californie, Monterrey, San Francisco, l'océan Pacifique toujours présent, qui nous envoie ses vagues et son air marin…
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« Je me considère comme le plus grand misérable, le plus sale individu de la terre ; mes cheveux emmêlés par le vent se sont rabattus sur ma face stupide d'idiot profond, la gueule de bois a fait pénétrer la paranoïa en moi, jusque dans les moindres fibres de mon être. »

Il faut avouer qu'en matière de gueule de bois Jack Kerouac était spécialiste. Au-delà même de ce qu'il est possible à un organisme humain d'endurer… Ce roman me paraît être un récit, à peine transposé, d'une période difficile de sa vie, pendant l'été 1960. Un ami lui prête une maisonnette perdue dans la nature désolée de la côte sauvage de Big Sur.

La côte est très découpée, mais la plage est accessible et Jack Duluoz, le narrateur, y passera ses nuits à écrire de la poésie en écoutant le ressac. Il avait prévu d'y passer plusieurs semaines absolument seul, pour se ressourcer.
Il tiendra trois semaines avant de retourner à San Francisco, où ses nombreux amis l'attendent et où des beuveries sans fin et des liaisons amoureuses compliquées le pousseront à bout.

Les premiers jours de retraite semblaient pourtant idylliques mais rapidement Jack sent monter en lui de la dépression et de l'angoisse. Il n'y a pas vraiment de suspense car Jack révèle qu'il a connu là-bas, à son retour dans cet ermitage finalement très peuplé, un épisode effrayant de paranoïa et de delirium tremens.

Je me suis plongé dans ce roman de Jack Kerouac car ce site de Big Sur était aussi le cadre du premier roman de Richard Brautigan, « le général sudiste de Big Sur ». Mais là où la poésie douce-amère de Brautigan fait merveille, je dois avouer que ce roman trop sombre et répétitif est une déception. Il n'est vraiment pas « aimable ».

Il me reste encore un roman à découvrir dans mon périple « Big Sur » : celui d'Henry Miller, « Jérôme Bosch et les oranges de Big Sur », que je lirai prochainement.
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Kerouac, l'anticonformiste, le poète, le "roi des beatniks", fait le point sur sa vie cinq ans après "La route". Cinq ans de vie sous perfusion éthylique. Un jour, il décide de trouver un peu de quiétude et de fuir la ville de San Francisco et ses nombreuses sollicitations - tout le monde veut voir la grande célébrité et boire un coup - pour se réfugier dans la cabane d'un ami à Big Sur. le repos du guerrier se résume à un retour à la nature mais la solitude l'étreint au bout de deux semaines. Alors il va faire venir ses amis à Big Sur pour recommencer ce qu'il faisait à San Francisco... Ce roman autobiographique m'a paru au premier abord gentillet. Pourtant, après réflexion, il représente ce courant contraire, à la marge, choquant pour l'époque mais si important, qui a traversé les années 60 aux Etats-Unis puis ailleurs.
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Deuxième lecture 20 ans plus tard et aucune déception. Je retrouve intact mes impressions du récit pathétique (au sens littéraire) d'un homme hypersensible, dépassé par sa notoriété, ne se reconnaissant plus dans le personnage qui l'a rendu célèbre.
La retraite de Jack Duluoz à Big Sur, sur les côtés escarpées californiennes qui dominent le fracas de l'océan Pacifique, commence pourtant bien. Il est seul dans sa cabane, une rivière court gentiment à quelques mètres, la nature l'entoure. Jack Duluoz a vieilli, s'est mis au zen et respecte la moindre vie rencontrée. Mais, au creux de ces vagues violentes qui s'écrasent sur la côte se blottit un pressentiment de folie, celle qui va gagner Jack petit-à-petit.
Alcoolique, instable, angoissé, Jack recommence après quelques semaines cette vie frénétique de rencontres et beuveries, les allers-retours parfois stériles d'un ami à un autre, les soirées pleines d'adrénaline avec Cody alias Dean Moriarty dans Sur la Route alias Neil Cassady dans la vraie vie qui, lui, est casé, apaisé depuis sa sortie de prison et que j'ai retrouvé avec plaisir dans ce roman.
On est loin de la liberté éprouvée dans Sur la Route, ce que reproche certains lecteurs de ce livre, mais pour l'auteur, même si le succès de ce roman est récent, cette partie de sa vie fait partie d'une jeunesse maintenant passée. Ici on aborde la déchéance de l'auteur qu'il décrit avec une réelle sincérité, et on lit le roman comme si on était tout près de lui à vivre ses tourments en direct.
Sans doute une lecture qui ne touchera pas tout le monde, mais pour les fans de Kerouac, une retrouvaille bouleversante.



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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
...un nouvel amour donne toujours de l’espoir, la solitude mortelle et irrationnelle est toujours couronnée; cette chose que j’ai vue (cette horreur du vide reptilien) quand j’ai inspiré à fond l’iode mortelle de la mer, à Big Sur, est maintenant justifiée et sanctifiée, levée comme une urne sacrée vers le ciel, par le simple fait de se déshabiller, de faire aller les corps et les esprits dans les délices mélancoliques, inexprimables et frénétiques de l’amour. Ne laissez aucun vieux chnoque vous dire le contraire; quand on pense que personne, dans ce vaste monde, n’ose jamais écrire l’histoire véritable de l’amour, on nous colle de la littérature, des drames à peine complets à cinquante pour cent. Quand on est allongé, bouche contre bouche, baiser contre baiser dans la nuit, la tête sur l’oreiller, rein contre rein, l’âme baignée d’une tendresse qui vous submerge et vous entraîne si loin des terribles abstractions mentales, on finit par se demander pourquoi les hommes ont fait de Dieu un être hostile à l’amour charnel. La vérité secrète et souterraine du désir farouche qui se cache dans les galeries, enfouie sous les ordures qui envahissent le monde entier, cette réalité dont on ne vous parle jamais dans les journaux, ce désir dont les écrivains ne parlent qu’en hésitant, avec force lieux communs, et que les artistes représentent avec combien de réticences, ah, vous n’avez qu’à écouter Tristant et Isolde de Wagner et vous imaginer le héros dans une champ bavarois avec sa belle maîtresse nue sous les feuilles de l’automne!
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Le vent emporte les notes tristes du Kathleen, égrenées par les cloches de l'église, jusque dans les bouges des bas quartiers de la ville. le m'éveille tout morose et abattu, geignant au souvenir de la dernière beuverie et gémissant surtout parce que j'ai complètement gâché mon « retour secret » à San Francisco : je me suis enivré comme un idiot, caché dans les impasses avec des vagabonds, et je suis remonté dans North Beach pour voir tout le monde ; et pourtant, Lorenzo et moi, nous avions échangé d'énormes lettres pour mettre au point les modalités de mon arrivée clandestine : je lui téléphonais en utilisant un nom de code comme Adam Yulch ou Lalagy Pulvertaft (écrivains eux aussi) ; et puis il me conduisait en grand secret à sa cabane dans les bois de Big Sur où j'allais être seul et tranquille pendant six semaines, à casser du bois, tirer de l'eau, écrire, dormir, me promener, etc. Mais au lieu de cela, je me pointe, complètement saoul, dans sa librairie de City Light, un samedi soir, au moment où l'affluence est à son comble ; tout le monde me reconnaît (malgré mon chapeau de pêcheur – un vrai galurin de travesti –, mon suroît et mon pantalon imperméable) et tout se termine par une cuite carabinée dans les cafés du coin. Le sacré « Roi des Beatniks » est de retour en ville, il paye à boire à tout le monde.
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Je suis toujours un peu fier de mon amour pour le monde. C'est si facile de haïr, en comparaison. Et je suis là en train de me flatter, fonçant tête baissée vers la haine la plus stupide que j'aie jamais éprouvée.
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Quant au pont, je n'en distingue plus qu'une série de cataphotes lumineux, de plus en plus pâles, qui vont se perdre la-bas dans les rugissements de la mer. Le vacarme est insoutenable, la mer ne cesse de cogner et d'aboyer contre moi, comme un chien, là-bas dans le brouillard ; parfois la terre gronde, mais mon Dieu, où est la terre, comment la terre peut-elle être souterraine ?
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J’installe mon duvet sur la terrasse du bungalow mais, à deux heures du matin, le brouillard commence à tout détremper, alors il faut que je rentre, avec mon duvet mouillé, et que je m’organise autrement, mais qui pourrait ne pas dormir comme une souche dans une cabane solitaire au fond des bois ? Vous vous réveillez en fin de matinée, frais et dispo, et confusément, vous comprenez l’univers : l’univers est un ange.
BIG SUR – JACK KEROUAC
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En 1959, Jack Kerouac parle de littérature et de la «Beat Generation»
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