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Marc Saporta (Traducteur)
EAN : 9782070365654
384 pages
Gallimard (19/06/1974)
4.03/5   612 notes
Résumé :
Sans bourse délier, je quittai Los Angeles sur le coup de midi, caché dans un train de marchandises, par une belle journée de la fin septembre 1955. Étendu sur une plate-forme roulante, mon sac sous la nuque, les genoux croisés haut, je me laissai absorber par la contemplation des nuages tandis que le convoi roulait vers le nord. L'omnibus qui m'emportait me permettrait d'arriver avant la nuit à Santa Barbara où je me proposais de dormir sur la plage. Le lendemain m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 612 notes
Quel beau titre onirique pour qualifier ces Fous du Zen, sur un fond de « Everybody's Got A Home But Me », de Roy Hamilton ! C'est l'histoire de ces jeunes adultes marginaux de l'Amérique des années 1950, un peu « artistes », qui ne se retrouvent pas dans l'american way of life du « toujours plus de travail pour avoir une maison avec télé et famille ». Ils partent du constat que les travailleurs ne profitent pas de ce qu'ils ont amassés, tant l'abrutissement du travail les occupe sur le moment et les fatigue pour leur temps libre, les enfermant dans une prison d'obligations et de pensées, parfois dorée, ou parfois même pas.


Ces jeunes rêvent de liberté, même si elle est synonyme de moins de confort et de conformisme. Ils la cherchent d'abord dans leur tête, puis dans leur corps, l'un n'allant pas sans l'autre. Ils pratiquent la méditation pour la première, les voyages ou le vagabondage pour la seconde. Sensible à la poésie japonaise, qu'ils étudient, ils s'instruisent aussi de préceptes bouddhistes qu'ils adaptent et appliquent à leur vie, tentant d'atteindre le Nirvana.


Parfois incompris de leurs familles, souvent admirés des étudiants et des artistes pour leur vie hors norme et leur absence de cadre, ces vagabonds bohèmes préfèrent barouder sur les routes, auto-stoppeurs ou clandestins d'un train de marchandises, cherchant des enseignements dans l'aventure, s'installant chez les uns ou les autres rencontrés au gré de leurs périples ; distillant leur philosophies entre eux, ou à toute cantonade qui veut bien les écouter un instant, entre deux petits boulots alimentaires, ou des nuits d'ivresse et d'orgie destinées à se libérer des conventions.
Plus ou moins méditatifs, plus ou moins actifs, ils pensent parfois à tout plaquer pour s'installer, avoir un chez soi stable et confortable ; Mais toujours cette nostalgie de la solitude disparaît face au couperet des chaînes du conformisme, et à leur recherche d'un sens à la Vie.


***

L'idée et les personnages sont intéressants. Mais ils auraient pu l'être beaucoup plus si l'auteur avait fait l'effort d'initier son lecteur à leur philosophie. Au lieu de ça, nous prenons l'histoire de Ray littéralement en cours de route (sur un train de marchandise), entre deux auto-stop : Il a déjà acquis son style de philosophie et de méditation, qui consiste à dire que de toute façon, tout est « vide ». Ce concept sera survolé, mais jamais vraiment expliqué. Aussi je n'ai jamais pu vraiment intégrer la psychologie du personnage. Son discours et sa quête spirituelle me sont demeurés abstraits, étrangers voire artificiels et, pour le coup, vide… de sens. « Tout est vide », oui, certes. Mais ce vide a fait manqué d'épaisseur à ma lecture, il m'a laissé à la surface, dans un flou plus superficiel qu'artistique.


Je voulais me nourrir de sa spiritualité, ou en tout cas de sa recherche. Je me suis sentie flouée, apercevant où l'on allait, sans jamais pouvoir réellement comprendre en profondeur le propos, ni donc le vivre avec le personnage. Je suis restée à l'extérieur. Et pour un lecteur, ce n'est pas une sensation agréable. Au lieu de pénétrer profondément les pensées ou la méditation du personnage, comme dans d'autres lectures, j'ai eu l'impression que l'auteur m'abandonnait en bord de route, moi aussi ; Mais pas comme s'il voulait que j'apprenne par moi-même, plutôt comme si lui-même ne savait pas décrire l'état de son personnage, et donc peut-être racontait quelque chose qu'il n'avait pas lui-même approché d'assez près. Alors qu'en réalité, il semble avoir baigné dans ce milieu.


Par son récit, Kerouac m'aura au moins fait toucher du doigt l'existence de cette « beat generation » : pauvre mais joyeuse, dont il a fait partie intégrante, et qu'il nous livre à travers : ses questionnements de la société de consommation, son inspiration des grands espaces, sa quête de spiritualité presque chamanique. Tous les prémices de mai 68 sont là, la liberté sexuelle est déjà sous-jacente. L'écriture est fluide et les personnages originaux, attachants malgré tout. Je regrette d'être passée un peu à côté de ce qui aurait pu être une belle aventure. Mais je repartirai quand même bientôt « Sur la route » avec Kerouac, par curiosité et pour être sûre de ce à côté de quoi je suis passée. Bien à vous, beat babéliotes !
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Les clochards célestes m'a réconcilié (un peu) avec Jack Kerouac. Il y a quelques années, j'ai lu Sur la route et j'en avais été extrêmemnt déçu. Quoi ? Toute cette histoire avec un type qui passe son temps à traverser l'immensité des Etats-Unis pour de disputer et se remettre de ses cuites ? Quand l'argent vient à manquer, on retourne chez les siens de la côte est ; quand l'ennui devient trop pesant, on donne rendez-vous à ses amis en Californie. Et on recommence ! Encore et encore !

Les clochards célestes, ce n'est pas la grande révélation non plus, mais il offre quelque chose de plus, une dimension spirituelle qui manquait terriblement dans d'autres romans de Kerouac. D'abord, ses voyages périlleux sur les trains, ses rencontres avec d'autres aventuriers, des clochards comme le petit vieux de sainte Thérèse, oui, mais aussi de jeunes paumés qui cherchent une façon économique de découvrir le monde et des maitres spirituels. Par exemple, Japhy Ryder, le maitre à penser du narrateur. Grand orientaliste, érudit, spécialiste en anthropologie et en mythologie indienne, professeur de chinois et de japonais et, surtout, adepte de bouddhisme zen. Ouf ! La sagesse incarnée ? Surtout qu'il délaisse le monde matériel pour vivre dans une petite cahute.

Ensemble, et parfois avec d'autres amis, ils se promènent en Californie, font des randonnées en montagne jusqu'en Oregon et dans l'état de Washington. « […] le cran, l'endurance, la sueur et maintenant ce chant d'un humanité déboussolée c'était comme de la crème fouettée sur une pièce montée. » (p. 131) Voir Kerouac parler de karma au lieu de beuveries et d'errements était effectivement déboussolant mais agréable. Mais il ne faut pas croire qu'on lit un roman initiatique, trop philosophique et ésotérique, à saveur orientale. On croise des gens ordinaire, comme la jolie Rosie, le menuisier Sean Monahan et d'autres jeunes amis.

Mais on est de la Beat Generation ou on ne l'est pas. Et Kerouac l'est. Entre ses escapades avec Japhy, le narrateur retrouve ses amis, la musique, la danse, les divertissements. Cette vie parfois vide de sens (ou en quête de sens) était constamment entrecoupée de questions parfois existencielles, oui, mais parfois plus simple. La recherche du bonheur ne devrait être réservée à une seule bande de mystiques, d'élus illuminés. Donc, cette fois-ci, j'étais capable de supporter Kerouac. Suis-je en train de peut-être commencer à l'apprécier à sa juste valeur ? À suivre…
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Je n'avais encore rien lu de Kerouac.
Voilà un livre qui appelle aux voyages, à la communion avec la nature qui nous entoure, presque un retour aux premiers temps, où l'homme se contentait de ce qu'il trouvait sur place. Ses descriptions de ballades en montagne sont très réalistes. C'est un livre emplit de fraîcheur, où l'homme se retrouve dépouillé de tous ses artifices qu'il s'impose, ou que la société qu'il a crée lui impose.
En tous les cas, c'est pour moi, une heureuse découverte. Et hop! mon sac à dos.
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Avec « les clochards célestes », Kerouac a nous certainement offert son plus beau roman. Selon moi, supérieur même à « La route » qui a pourtant fait son succès planétaire. Quel bonheur en effet de retrouver la fraicheur des premiers instants de la beat génération. Quelle liberté, quelle liberté profonde… ! La vie s'égrainait en poèmes et en déclamations, en odes à la nature, et en beuveries joyeuses. le personnage de Japhy (Garry Snyder) donne toute sa force au roman. C'est lui qui le premier redécouvre les maitres du T'chan, emprunte à leurs folies, poursuit leurs contemplations. Lui, qui prend le large, comme appelé par l'autre rive ; et qui part déjà…
Merci Jack.
Merci Garry.
Merveilleux fous du Zen…
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C'est bien dans ce livre où l'auteur décide d'effectuer une randonnée sur plusieurs jours, de gravir une haute montagne pour se sentir en etroite communion avec la nature, en pleine contemplation ? C'est jusqu'à présent mon Kerouac préféré ! Je m'identifie pleinement, pour autant que je me souvienne du récit. Les déviances, les débauches de toutes sortes ne sont pas à opposer à la quête d'une nature originelle, mais au contraire servent à en potentialiser les effets. le but ultime pour Kerouac est de s'échapper des contingences et du conformisme. Fait-il référence à Thoreau ? Je ne m'en souvient plus. Difficile d'aller jusqu'au bout de choix aussi radicaux. Snyder, Brautigan, Kaufmann mourront de leurs dissidence anti-conformiste, persuadés que la vérité se trouve ailleurs que dans la consommation et la télé. Il est des quêtes dont on ne sort pas indemme et une fois le point-limite franchi, pas de retour en arrière possible. Un jour j'atteindrai peut-être ce point.

Juste un petit apparté : les auteurs de la Beat generation ont parfois pu être comparés au Taoïstes, notamment les 7 sages de la Forêt de bambous qui, pour manifester leur désaccord avec le pouvoir central, d'obédience confucéenne, se sont réfugiés dans cette forêt pour écrire leur ressenti. Un peu à la manière des poètes Beat qui ont choisi le non-conformisme face au matérialisme de la société americaine. Comme quoi tout se rejoint. Et il n'est pas étonnant que le Zen ou le Tao accompagnent les turpitudes des Beat.
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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
Il croit qu'il faut imaginer le monde comme le rendez-vous des errants qui s'avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d'admettre qu'il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d'acheter toute cette ferraille dont ils n'ont que faire; réfrigérateurs, récepteurs de télévision, automobiles ( tout au moins ces nouvelles voitures fantaisistes) et toutes sortes d'ordures inutiles, les huiles pour faire pousser les cheveux, les désodorisants et autres saletés qui, dans tous les cas, atterriront dans la poubelle huit jours plus tard, tout ce qui constitue le cercle infernal: travailler, produire, consommer, travailler, produire, consommer.
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J’ai lu Whitman, et savez-vous ce qu’il dit ? « Debout les esclaves, faites tremblez les despotes étrangers». Il croit que telle doit être l’attitude du Barde, du Barde Fou inspiré par le Zen, sur les vieilles pistes du désert. Il croit qu’il faut imaginer le monde comme le rendez-vous des errants qui s’avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d’admettre qu’il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d’acheter toute cette ferraille dont ils n’ont que faire ; réfrigérateurs, récepteurs de télévision, automobiles (tout au moins ces nouvelles voitures fantaisistes) et toutes sortes d’ordures inutiles, les huiles pour faire pousser les cheveux, les désodorisants et autres saletés qui, dans tous les cas, atterriront dans la poubelle huit jours plus tard, tout ce qui constitue le cercle infernal : travailler, produire, consommer, travailler, produire, consommer. J'entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des millions de jeunes Américains, bouclant leur sac et prenant la route, escaladant les montagnes pour prier, faisant rire les enfants, réjouissant les vieux, rendant heureuses les jeunes filles et plus heureuses encore les vieilles, tous transformés en Fous du Zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés, sans rime ni raison, pratiquant la bonté, donnant l’image de la liberté par leurs actes imprévus, à tous les hommes et même à tous les êtres vivants.
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- Smith, tu ne comprends pas que donner est un plaisir. Il se livrait à ce plaisir de façon charmante, sans rien de touchant ni de voyant - avec tristesse, pour ainsi dire. Il m'offrit parfois des objets usés et sans valeurs, mais ses dons ne manquaient jamais de grâce, ils étaient utiles et il y avait, dans son geste, de la tristesse.
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Donne-moi la bouteille que je boive encore un coup. Hou-oo-ou! (Japhy se releva d'un bond.) J'ai lu Whitman, et savez-vous ce qu'il dit ?
Debout les esclaves, faites trembler les despotes étrangers. Il croit que telle doit être l'attitude du Barde, du Barde Fou inspiré par le Zen, sur les vieilles pistes du désert. Il croit qu'il faut imaginer le monde comme le rendz-vous des errants qui s'avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d'admettre qu'il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d'acheter toute cette féraille dont ils n'ont que faire ; réfrigérateurs, récepteurs de télévision, automobiles (tout au moinsces nouvelles voitures fantaisistes) et toutes sortes d'ordures inutiles, les huiles pour faire pousser les cheveux, les désodorisants et autres saletés qui, dans tous les cas, atterriront dans la poubelles huit jours plus tard, tout ce qui constitue le cercle infernal : travailler, produire, consommer.
J'entrevois la grande révolution des sacs a dos. Des miliers, des millions de jeunes Américains, bouclant leur sac et prenant la route, escaladant les montagnes pour prier, faisant rire les enfants réjouissant les vieux, rendant heureuses les jeunes filles et plus heureuses encore les vieilles, tous transformés en fous du Zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés, sans rime ni raison, pratiquant la bonté, donnant l'image de la liberté par leurs actes imprévus, à tous les hommes et même à tous les êtres vivants ....
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Je me rappelai le fameux axiome zen : « quand tu parviendras au sommet de la montagne, continue à monter » […] Soudain, j’entendis un ioulement magnifique et haletant, une étrange musique, d’une mystique intensité. Je levai les yeux : Japhy était debout, au sommet du Matterhorn, faisant entende le magnifique chant de joie du Bouddha-triomphant-qui-a-écrasé-les-montagnes. C’était comique aussi par certains côtés, encore que le plus haut sommet de Californie ne fût pas comique du tout en ce moment, avec ses rafales de brouillard. Mais il fallait bien le reconnaitre : le cran, l’endurance, la sueur, et maintenant ce chant d’une humanité déboussolée c’était comme de la crème fouettée sur une pièce montée.
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En 1959, Jack Kerouac parle de littérature et de la «Beat Generation»
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