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4,19

sur 4017 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque l'on donne un titre aussi absolument parfait que celui-ci à un roman, les attentes du lecteur ne peuvent être qu'astronomiques.
Les miennes l'étaient.
Elles ont été satisfaites.

L'histoire de Ce que le jour doit à la nuit vous est peut-être parvenue aux oreilles si vous avez eu l'heurt de tomber sur sa tout à fait sympathique adaptation cinématographique, réalisée par Alexandre Arcady - qui est cela dit beaucoup plus portée sur l'aspect purement sentimental de l'histoire que sur son contexte politique, et peut parfois verser vers un registre un peu tire-larmes.

Mais nous ne sommes pas ici pour parler cinéma, pas cette fois.
Nous parlerons aujourd'hui de Younis, d'Emilie, de l'Algérie française, de la guerre qui éclate, des séparations inévitables qui s'ensuivent.


Le roman déploie depuis les premières pages une ambition affirmée et surtout réalisée : faire le récit d'une existence dans sa quasi-intégralité, celle de Younis, que l'on découvre alors qu'il est encore enfant, au sein d'une famille rurale de l'Algérie des années 30. Alors que l'on découvre à peine celui qui deviendra le héros de l'histoire, les parents de ce dernier se retrouvent plongés dans la ruine, et bientôt contraints de confier leur fils à son oncle plus aisé, dans l'espoir qu'il parvienne à s'arracher à la misère. Younes, déraciné des siens, plongé dans un milieu qui n'a rien à voir avec celui dont il est issu, est même débaptisé pour se voir renommé Jonas. le jeune garçon bientôt jeune homme se retrouve ainsi à naviguer dans une Algérie de plus en plus en proie à la violence et aux tensions, incapable de mener ses choix à bien, qu'ils soient personnels ou identitaires.

On se plonge ainsi dans une chronologie dense et riche, d'autant plus accroché à l'histoire que Yasmina Khadra a cette faculté merveilleuse de parvenir à retranscrire de façon extrêmement fluide et saisissante le passage du temps. Les années défilent, suffisamment vite pour que l'on ne ressente aucune lassitude, et avec suffisamment d'approfondissement pour se sentir pleinement immergé dans le récit.

On est tout de suite frappé par la sensibilité à fleur de peau de l'écrivain, et par extension de son narrateur, par l'écriture tout en images poétiques et en délicatesse, sans non plus chercher à forcer le trait. Younes s'enfonce dans des hésitations paralysantes, qu'elles soient politiques ou romantiques, et on ne peut s'empêcher de se sentir très vite impliqué dans son impossibilité à s'emparer de sa propre identité et d'assumer ses engagements jusqu'au bout. le roman parvient superbement bien à faire entrevoir la complexité des différentes loyautés auxquelles peut être enchaîné un seul être humain, les troubles qui peuvent naître des chocs entre ses facettes passées et présentes, ou tout simplement les défaillances et les lâchetés propres à tout un chacun tout autant que ses inspirations illuminées. Cela n'a rien d'un manuel d'histoire, le contexte de la guerre en reste à ce rôle de contexte, et l'accent se porte véritablement sur l'histoire de Younes, alors autant vous prévenir : ça va parler sentiments.

C'est une histoire frustrante à plus d'un titre, un flux vertigineux d'erreurs, de quiproquos et de liens qui se distendent sans raisons apparentes, sans jamais pour autant devenir binaire ou exclusivement déprimante. Ce que le jour doit à la nuit est un récit assez indescriptible, doux-amer jusqu'au bout des ongles - ou des pages -, ancré dans des questionnements qui font tout autant sens aujourd'hui qu'il y a quelques décennies. On y apprend le sacrifice, les choses qui sont condamnées à disparaître et celles qui restent, les déchirures de l'oubli, le poids des regrets. On y apprend enfin, et surtout, que s'il reste bien une certitude aux êtres troublés, c'est que même la pire des nuits laisse toujours place à un jour nouveau.

(Oui, ceci était niais.
Mais ceci était absolument lyrique.
J'assume.)
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Yasmina Khadra nous embarque dans la vie de Younes et nous ferra suivre son parcours pendant la période coloniale avec finesse.
Bien que j'ai trouvé l'histoire longue par moment, je l'ai bien appréciée.
Par contre, je n'ai toujours pas compris à quoi fait référence le titre.
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Ce livre a beaucouo de rebondissement entre la romance de jonas et sa nouvelles. Il a du changer d'identité pour fuir
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C'est tout un pan de l'histoire d'Algérie des années 30 aux années 60 que Yasmina Khadra a voulu nous dépeindre à travers le personnage de Younes alias Jonas.
Mais c'est avant tout la trajectoire singulière de l'enfant, de l'adolescent et du jeune homme qui est mise en avant par l'auteur et que celui-ci nous relate avec son éblouissant talent de conteur.

De la petite enfance misérable du garçon Younes dans les quartiers les plus pauvres d'Oran, à l'adolescence insouciante et privilégiée du jeune Jonas dans la campagne paradisiaque de Rio Salado, puis aux tourments de l'âge adulte de l'homme Jonas/Younes tiraillé entre ses deux identités, l'auteur va confronter son lecteur aux événements tragiques qui ont ensanglanté l'Algérie dès les années 30 pour culminer entre 54 et 62 lors de la guerre à laquelle le gouvernement français refusait de donner ce nom !

Yasmina Khadra s'y entend pour nous transmettre son amour de la terre algérienne qui transparaît dans ce récit inspiré où il évoque les venelles sordides, misérables et mal famées d'Oran, les parfums enchanteurs du bourg viticole de Rio Salado, baignant dans un océan de vignes, sa terre grasse et riche, les plages où les jeunes gens du cru venaient s'ébattre.

Le récit fait la part belle également à la sauvagerie et à la violence, la détresse des malheureux subsistant tant bien que mal dans de pitoyables et fétides cabanes, destinés à servir les riches colons qui, eux, goûtent la douceur de vivre dans l'indolence d'une existence privilégiée.

L'auteur fait admirablement ressortir le profond malentendu existant entre ces colons, dont certains suaient la morgue et considéraient cette terre comme la leur, puisqu'ils la faisaient fructifier, souvent depuis plusieurs générations, et les algériens se sentant spoliés et étrangers dans leur propre pays.

Jonas/Younes ballotté entre son origine arabe et sa culture française, ne se résout pas à prendre un parti tranché lorsque la guerre éclate et il vit comme un déchirement les spasmes qui mettent son pays à feu et à sang. "L' Algérie algérienne naissait au forceps dans une crue de larmes et de sang ; l'Algérie française rendait l'âme dans de torrentielles saignées" jusqu'au paroxysme de l'embarquement apocalyptique des colons pour le retour vers la France et la mort définitive des illusions.

Seul bémol, mais de taille : la romance avortée totalement rocambolesque entre Jonas et sa dulcinée pour d'inconcevables raisons, ce qui hélas enlève de sa crédibilité à ce roman poignant et sinon parfaitement construit avec une brochette de personnages attachants et bien typés !
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Quel roman. Yasmina Khadra m'a emporté dans l'Algérie d'avant-guerre et dans l'Algérie déchirée par la guerre.
Un univers, une ambiance, parfois triste, parfois gaie, tantôt légère, tantôt dramatique ; dans les amours, les amitiés, les drames...
Pour moi, le personnage principal de cette histoire, c'est l'Algérie, dans toute sa beauté, sa musique, ses odeurs que l'auteur nous fait découvrir.
Un très beau coup de coeur que ce roman. Merci M. Yasmina Khadra.
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Au niveau de l'histoire, j'ai plutôt bien aimé les 2 premiers tiers du roman, même s'il ne se passe pas grand chose. Au delà, le personnage de Younès/Jonas ainsi que son histoire d'amour ont commencé à m'énerver un peu. Il passe complètement à côté de sa vie et à la longue c'est agaçant, je m'attendais à un revirement de sa part une fois la mère d'Émilie partie pour de bon, mais non, il continue à s'interdire le bonheur (et donc à en priver Émilie par la même occasion). J'ai aussi été déçue par la fin.
Je suis donc un peu mitigée par ce roman, par contre il m'a donné envie de découvrir d'autres ouvrages de l'auteur (des conseils ?) dont j'ai adoré le style d'écriture.
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Nous voici plongés dans l'Algérie coloniale entre 1936 et 1962 avec des personnages dont le destin souvent tragique nous touche profondément. Un roman humain découpé en trois parties. Des personnages et des lieux attachants : Younes, sa famille, son oncle, ses amis d'enfance, un amour impossible, des villes (Oran, Rio Salado…)…toute une saga prend vie entre nos mains.
Il y a cette époque et un monde arabe dont finalement nous ne connaissons pas grand-chose. Décrite avec beaucoup de sensibilité et un talent qui sait conjuguer au présent réalisme, justesse des évènements, dialogues et psychologie avec simplicité et en même temps des images poétiques qui restent gravées dans notre esprit. Tous nos sens sont en éveil.
J'ai apprécié que l'auteur, dont c'est le premier roman que je lis, m'emporte chapitre après chapitre sur le chemin d'un récit passionnant et tumultueux.

L'auteur a su judicieusement ménager le mystère. Au travers de ses personnages on vibre. Ce ne sont pas des héros des temps modernes. Leurs vies qui se croisent alternant bonheurs et les tragédies.
J'ai été touchée par les descriptions de la pauvreté principalement dans la première partie du livre quand on pénètre dans les ghettos d'Oran. Réaliste, c'est le mot qui me vient immédiatement en tête. Sans pathos. A certains passages j'ai pensé à Camus ou Zola dont les écrits peignaient sans concession la réalité sociale de leur époque. Ici c'est l'histoire d'un pays qui plonge dans la terreur et le fanatisme.

J'ai adoré ce roman fleuve de 400 pages. J'ai suivi et me suis imaginée avec passion en compagnie de Younes, Emilie et tous les personnages auxquels l'auteur donne vie. J'ai aimé le style de Yasmina Khadra dont l'écriture va droit au but avec ce mélange particulier de force et de beauté.
Vous l'aurez compris, je vous le recommande avec enthousiasme.
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'Ce que le jour doit à la nuit' fait partie de ces livres que je n'intellectualise pas... je me laisse bercer par les mots et les phrases, je lis les pages et me laisse entraîner ligne après ligne vers la destination du voyage.
Et à la fin, tout s'éclaire ... ce qui ne semblait pas compréhensible devient lumineux et on comprend enfin ce que le jour qui vient doit à la nuit qui s'en va.
Magnifique roman qui emmène le lecteur dans une Algérie de la période de la guerre et qui donne un éclairage de celle-ci vu de l'intérieur.
Je l'ai lu avec plaisir à condition de se laisser aller au fil des pages.
Je vous en souhaite autant de plaisir que moi à sa lecture.
Bien amicalement mes amis
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super
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La colonisation, la guerre d'Algérie vu sous l'angle d'un algérien qui vit auprės des colons. L'amitié, l'amour se doivent d'être les sauveurs. Esprit ouvert à la tolėrence. le bien, le mal qui est vainqueur?
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