Dans le cadre de cette trilogie et de ce projet littéraire, ce livre-ci me semble le plus abouti des trois (bien que mon préféré soit plutôt
Les hirondelles de Kaboul pour le style et le sujet abordé). le malentendu qui oppose Orient et Occident y est abordé plus explicitement que jamais et est même nommé à plusieurs reprises. En effet, les Irakiens dont le territoire est envahi ne sont pas seulement en colère contre les Américains, mais contre l'ensemble de l'Occident qui les rabaisse et a perdu ses valeurs au profit de l'argent. La haine les aveugle, et certains en viennent à détester le monde entier, oubliant que tous ne sont pas responsables de leur malheur et s'y sont opposés. Malgré tout, d'autres proposent d'autres discours, plus pacifistes. Encore une fois, Khadra multiplie les points de vue et les opinions, sans en choisir vraiment une, et laisse le lecteur face à toutes ces voix discordantes.
Celle qui raconte le récit est à la première personne du singulier : il s'agit d'un personnage que je rapprocherais plutôt de ceux des Hirondelles de Kaboul que de celui de
L'attentat. Passif et terré dans son village, jusque-là épargné par la guerre et les combats, il changera d'attitude et se révoltera après l'humiliation « de trop », la perte de son honneur qu'il se doit de venger dans le sang. Il part alors à Bagdad où il espère agir, puis à Beyrouth.
Ce qui m'a marqué dans ce tome-ci, ce sont les personnifications des deux villes citées ci-dessus : les agissements des hommes lui sont attribués et c'est elle qui reçoit les adjectifs qu'ils mériteraient peut-être. Cela commence dès le tout début du roman et revient à plusieurs reprises. Je ne me souvenais pas de ce procédé stylistique dans les autres livres de Khadra, mais il l'utilise magistralement.
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