Unity, tome 2 : Trapped

Ce tome fait suite à To kill a king (épisodes 1 à 4) qu'il est préférable d'avoir lu avant pour comprendre de quoi parle Amanda McKee (Livewire) quand elle évoque Shanhara (l'armure de X-O Manowar). Il comprend les épisodes 5 à 7, initialement parus en 2014, écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par CAFU (Carlos Alberto Fernandez Urbano), avec une mise en couleurs de Brian Reber. Les couvertures ont été réalisées par Clayton Crain (épisodes 5 & 6), et Trevor Hairsine (épisode 7). Il comprend également l'épisode 5 de la série X-O Manowar, initialement paru en 2012, écrit par Robert Venditti, dessiné par Lee Garbett, encré par Stefano Gaudiano, et mis en couleurs par Moose Braumann.

Unity 5 à 7 - Livewire (Amanda McKee) est en train d'enquêter sur le territoire de Taiwan. Elle arrive devant un paquebot planté à la verticale dans le sol au milieu de la jungle, déposé là par un typhon. Quelques jours plus tard, Ninjak (Colin King) enquête également à Taiwan sur des transactions louches. Lors de l'affrontement physique, il cause la mort de Bryan Habana, et il voit Jonathan Quigly se suicider devant lui en s'enfonçant les yeux dans leurs orbites. de retour au QG, son commanditaire lui explique qu'il s'agissait d'agents travaillant pour le Docteur Silk (Augustus Silkowski) et que ce dernier souhaite récupérer les débris de la technologie Vine (les extraterrestres qui ont construit l'armure de X-O Manowar) qui chutent depuis leur orbite instable autour de la Terre.

De retour chez lui dans son château, Colin King se rend compte que Gilad Anni-Padda (Eternal Warrior) a réussi à y pénétrer malgré les dispositifs de sécurité. Alors qu'ils commencent à discuter, X-O Manowar fait son entrée. Gilad Anni-Padda explique que leur alliance revêt un caractère exceptionnel et leur révèle qu'une telle union de 4 héros (des humains améliorés par les ancêtres des nanites de Bloodshot) a déjà existé par le passé mais qu'elle a mal tourné. Ils décident de se rendre à Taiwan pour porter assistance à Livewire. Sur place, ils heurtent rapidement aux hommes de main du Docteur Silk, menés par Bryan Habana qui semble toujours être en bonne santé. Dans le même temps, Livewire a droit des explications de la part de Fitzhugh, un autre homme de main du Docteur Silk.

Avec ce deuxième tome (assez court puisqu'il ne comprend que 3 épisodes de la série), Matt Kindt continue d'être responsable de l'équipe de superhéros de l'univers partagé Valiant. Dans le premier tome, il avait montré que cette équipe ne repose pas sur la dynamique des Avengers ou de la Justice League. Pour commencer, il ne s'agit d'une équipe officiellement constituée avec son quartier général et ses moyens matériels propres. Il en reste ainsi pour cette deuxième mission, Colin King plaisantant même sur le fait qu'il est hors de question que son château devienne un quartier général pour Unity. Par l'intermédiaire des déclarations de Gilad Anni-Padda, le scénariste ironise sur le fait que l'existence de cette équipe revêt un caractère inéluctable, répondant quasiment à une obligation relevant du destin (une autre façon d'exprimer le fait que l'éditeur ne peut pas passer à côté d'une série d'une telle forme). Ensuite, comme dans le premier tome, le lecteur constate que l'existence d'Unity n'est due qu'aux circonstances et qu'elle n'est pas vouée à devenir pérenne (sauf bien sûr qu'il y a d'autres tomes après celui-ci).

Pour cette deuxième mission, Matt Kindt pioche dans l'histoire partagée de l'univers Valiant. Cette fois-ci, il va chercher du côté de la série Rai (à commencer par Welcome to New Japan) dont il est également le scénariste. Il oppose à Unity, le mystérieux Docteur Silk. C'est donc l'occasion de montrer les origines de cet ennemi de l'ombre, d'introduire une version précédente de l'équipe Unity à la fin des années 1930, sur la base d'itérations antérieures de Bloodshot, de X-O Manowar, de Shadowman, avec la participation du seul et unique Eternal Warrior (puisqu'il est immortel). le lecteur acclimaté à l'univers partagé Valiant apprécie de pouvoir bénéficier de plus d'informations sur la continuité de l'histoire de cet univers. Il en vient à souhaiter que Matt Kindt puisse disposer de la latitude d'écrire une minisérie sur cette itération des années 1930, qui a l'air bien catastrophique.

L'auteur reprend une partie des personnages du tome précédent : Livewire, Eternal Warrior, Ninjak et X-O Manowar qui a changé de camp. Il prend la peine de montrer les conséquences de l'aventure du tome précédent sur Amanda McKee. Il ne creuse pas plus ses motivations, et sa personnalité ne s'étoffe pas, par contre le lecteur en apprend plus sur ses capacités de psiot et sur celles qu'elle a acquises en revêtant l'armure Shanhara. Gilad Anni-Padda reste égal à lui-même, plus un dispositif narratif ayant pour objet de rappeler qu'il existe, même s'il ne bénéficie pas tout le temps d'une série mensuelle. Kindt est déjà plus disert sur le personnage de Ninjak dont il écrit la série mensuelle à compter de l'année suivante, en 2015, à commencer par Weaponeer. le lecteur constate que Kindt prend un vrai plaisir à imaginer des séquences d'intervention pour ce personnage, en particulier la neutralisation spectaculaire d'une piste d'aviation clandestine, en début de l'épisode 7. Il décrit Aric Dacia comme un individu pour qui la violence est un préalable à tout autre chose et qui n'hésite pas à tuer froidement ses opposants.

En 3 épisodes, Matt Kindt raconte une intrigue consistante qui établit le mode opératoire du Docteur Silk, son origine et son efficacité. Les membres de l'équipe officieuse d'Unity se rendent compte qu'ils font face à un individu capable de se cloner à volonté et capable de reprogrammer l'esprit des êtres humains, pour leur faire accomplir sa volonté. Arrivé à la fin du deuxième épisode, le lecteur a du mal à croire que le scénariste pourra démêler tous les fils dans le troisième (et pourtant il y parvient) et qu'il a su aussi bien intégrer ses différents fils narratifs, en particulier celui concernant les autres membres de l'équipe scientifique ayant développé la technologie pré-nanite, à commencer par la pauvre Deloris. Pourtant à la fin de ces 3 épisodes, tout se tient, et l'histoire peut s'apprécier indépendamment de ce qu'elle apporte à la mythologie de l'univers partagé Valiant.

Carlos Alberto Fernandez Urbano (CAFU) dessine dans le mode traditionnel des comics, de manière réaliste, avec une légère simplification qui éloigne d'un degré les images du photoréalisme. Il reprend les conventions des comics de superhéros avec une silhouette un peu sexualisée pour Amanda McKee qui porte sa combinaison moulante orange tout du long des 3 épisodes. Aric Dacia dispose d'une musculature impressionnante, ainsi que Gilad Anni-Padda. Ninjak est un peu plus svelte, ce qui est cohérent avec sa condition de ninja. Les personnages civils ont des silhouettes moins idéalisées, en particulier Fitzhugh et Deloris, ou encore Augustus Silkowski. Pour ce dernier, l'artiste fait l'effort de représenter ses rides pour attester de son âge avancé. Il se conforme aux caractéristiques des costumes de chacun des personnages, déjà établies dans leur série respective. Il conçoit des costumes délicieusement rétro pour l'itération d'Unity des années 1930, même s'ils n'apparaissent que le temps d'une page.

CAFU déploie les efforts nécessaires pour donner de la consistance aux différents décors : la forêt taiwanaise, le paquebot fiché dans le sol et dressé à la verticale, le magnifique château familial des King, la grande halle d'usine, les rues de Mexico, la carlingue d'un avion de ligne, une pyramide maya, ou encore une base souterraine secrète. Cet artiste effectue un bon travail de conception des prises de vue des séquences, qu'il s'agisse des dialogues (avec des mouvements de caméra et des placements d'acteurs qui les rendent vivants), ou des scènes d'action (la magnifique scène consacrée à Ninjak neutralisant une piste d'aviation).

Ce deuxième récit consacré à cette équipe à la dynamique originale fournit son quota de divertissement, sur la base d'une intrigue comportant son lot de surprises, avec une mise en images compétente et parfois même inspirée. 4 étoiles.

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- Épisode 5 de X-O Manowar - Après un bref arrêt dans le nord de l'Italie, Aric Dacia décide de passer quelques jours dans la jungle au Pérou pour prendre le temps de réfléchir. 36 heures plus tard, il est la cible d'une équipe d'agents diligentée par des opérateurs de la race extraterrestre des Vine. Suite à leur cuisant échec, ils passent un contrat avec Ninjak par l'intermédiaire du MI-6.

Comme 3 épisodes, ç a fait un peu court pour un recueil, les éditeurs l'ont étoffé avec l'épisode dans lequel Ninjak apparaît pour la première fois. Une fois dépassé l'agacement lié à l'obligation de lire un épisode sans rapport avec l'histoire principale, présentant un lien assez éloigné avec Unity, le lecteur peut le relire (s'il suit déjà la série X-O Manowar) ou le découvrir. En étant encore au début de la série, Robert Venditti continue d'établir la personnalité d'Aric Dacia qui s'avère assez éloignée de celle d'un héros traditionnel. En particulier il est beaucoup plus brutal. Il doit en prime introduire la nouvelle itération de Ninjak, comme un expert au combat capable de neutraliser un individu disposant de la puissance d'une armure de science-fiction. Les dessins de Lee Garbett présentent un bon niveau de détail, assez descriptif, et bien complétés par la mise en couleurs de Moose Braumann.

Le résultat est assez convaincant et donne envie d'en savoir plus le personnage de Ninjak, alors que le récit en lui-même en dévoile finalement fort peu. 4 étoiles pour un complément inutile, mais aussi divertissant que l'histoire principale.