1310, le grand béguinage de Paris, créé par Saint Louis ; quatre cent femmes vivent là, ni mariées ni nonnes, donc soumises à aucune autorité (masculine). Très pieuses, souvent instruites, elles menent une vie indépendante qui ne plait pas à tout le monde et en particulier aux dominicains qui ont la responsabilité du béguinage royal...
Quand Maheut, la belle et rousse Maheut arrive en très mauvais état à la porte du béguinage, c'est Ysabel qui la recueille, Ysabel la responsable de l'hôpital, grande connaisseuse des plantes, et des âmes ; c''est l'époque de l'austère roi Philippe le Bel, de la chasse aux hérétiques, du procès des templiers, et une béguine qui a produit un manuscrit considéré comme dissident est alors brûlée vive en place de Grève. Un certain frère Humbert, venu de Valenciennes, poursuit Maheut et la cherche dans tout Paris ; il va falloir la cacher.
C'est le récit très vivant - l'auteure est très douée pour recréer les scènes moyenâgeuses - des dernières années de cette période d'émancipation de femmes souvent blessées dans leur corps ou dans leur âme, qui ont eu le courage et la force de fuir des vies ne leur convenant pas ; quand la fiction s'appuie sur des piliers historiques et des détails précis : personnages, lieux et odeurs sonnent justes.
Ce fut un monde de femmes libres, qui sont sorties du piège tendu grâce à leur solidarité mais qui sont cependant vouées à disparaître...
La nuit des béguines va tomber. (p 304)
Premières phrases : " Dans ce quartier de Paris qui s'appelle le Marais, au coin de la rue Charlemagne et de la rue des Jardins-Saint-Paul, s'élève une tour brisée. Elle marque l'extrémité nord d'une muraille de plus de quatre-vingts mètres de long, ponctuée d'une seconde tour. Ce sont là les vestiges de l'enceinte construite à la fin du XIIème siècle par le roi Philippe Auguste pour protéger la ville... ce quadrilatère, ceint de venelles pavées de gris, où le bruit de la ville s'étouffe, laissant l'air libre aux trilles des oiseaux, aux cris des enfants qui jouent au ballon, aux rires des adolescents, filles et garçons mêlés, à leurs voix fortes et sans entrave, abritait alors - beaucoup l'ignorent - une institution unique en France : le grand béguinage de Paris."
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