Ce tome fait suite à
Batman Rebirth, tome 2 (épisodes 9 à 15) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 16 à 20, 23 & 24, et annuel 1, initialement parus en 2017, tous écrits par
Tom King.
David Finch a dessiné les épisodes 16 à 20, et encré l'épisode 16. Il a également dessiné 10 pages de l'épisode 24, les autres étant dessinées par
Clay Mann et Seth Mann.
Danny Miki a encré les épisodes 17 à 19, avec l'aide de
Trevor Scott &
Sandra Hope pour l'épisode 20. L'épisode 24 a été encré par
Danny Miki,
Clay Mann et Seth Mann. La mise en couleurs de ces épisodes a été réalisée par
Jordie Bellaire. L'épisode 23 a été dessiné, encré et mis en couleurs par
Mitch Gerads. Les épisodes 21 & 22 se trouvent dans Batman/The Flash: The Button qui contient The button, Batman 21 & 22 + Flash 21 & 22. Les couvertures ont été réalisées par
David Finch, sauf celle du 23 par
Mitch Gerads. le tome comprend également les 7 couvertures variantes réalisées par
Tim Sale.
Quelqu'un s'introduit par effraction dans l'asile d'Arkham. Batman se trouve à l'intérieur devant la cellule de Roger Hayden (Psycho Pirate) en camisole de force, à côté de Jeremiah Arkham et d'un garde armé. L'intrus saute sur Batman et lui écrase le visage sur la vitre de la cellule. le garde dégaine et tire sur Bronze Tiger (Benjamin Turner, l'intrus), puis sur Arkham. Bronze Tiger se relève et saute sur le garde. Batman se relève et écrase son poing sur le visage souriant du garde. Bronze Tiger indique à Batman que Bane est en route. Dick
Grayson, Jason Todd, Damian Wayne et Duke Thomas vont manger un burger ensemble dans un établissement franchisé Batburger, en compagnie de Bruce Wayne. Ce dernier leur explique que Bane arrive et leur demande de quitter la ville pour qu'il ne les prenne pas en otage. Dans le même temps, il mange son burger au couteau et à la fourchette. Après son départ, les jeunes superhéros discutent de savoir s'ils vont suivre l'ordre de Bruce Wayne, penchant pour la négative. le même soir, Batman se rend sur le toit de l'immeuble abritant le commissariat pour répondre à l'appel lancé avec le Batsignal. Il y trouve Catwoman en train de l'attendre. Batman lui indique qu'il s'attendait à trouver Jim Gordon. Il l'informe que Bane arrive et que s'il la trouve sa vie ne vaudra pas chère. Elle en a conscience.
Batman et Catwoman sont interrompus dans leur conversation par Jim Gordon et des policiers. Catwoman s'en va et Batman ne fait pas un geste pour essayer de l'arrêter. Au cours de la nuit, Bruce Wayne va dans la chambre de Claire Clover et il l'aide à se lever, sous les yeux d'Alfred Pennyworth. Épisode 24 - Claire Clover a une discussion à coeur ouvert avec Batman : elle l'incite à réfléchir à ce qu'il veut faire, ce qu'il veut vraiment faire. Épisode 23 - Lloyd
Bernard McGinn est retrouvé mort dans son petit appartement au quatre-vingt-quatrième étage d'une tour d'habitation. Jim Gordon et Batman sont en train de regarder le cadavre en essayant de comprendre comment il a pu être assassiné. Leur réflexion est interrompue par l'arrivée d'Alec Holland sous sa forme de Swamp Thing. Il leur indique que le défunt était son père.
Avec le recul, le lecteur a conscience qu'il plonge dans un chapitre d'une longue histoire écrite par
Tom King et consacrée à Batman, environ une centaine d'épisodes. Effectivement, le scénariste a conçu ces 8 épisodes comme un chapitre de livre, avec un interlude (l'épisode 23). Il s'agit de la suite des 2 premiers tomes : à la fois pour ce qui est arrivé à Gotham Girl, à la fois les conséquences de la frappe chirurgicale dans la place forte de Bane, et la suite de la relation entre Batman et Catwoman. Tranquillement,
Tom King utilise des éléments de la mythologie du personnage au gré de ses besoins : l'asile d'Arkham, les différents Robin, James Gordon, Selina Kyle, Alfred Pennyworth, Bane. Ce qui est frappant est qu'il ne donne ni l'impression d'intégrer des éléments juste pour prouver qu'il s'agit d'une histoire de Batman, ni de densifier les dialogues ou les cellules de texte pour une exposition massive. Les différents assistants adolescents discutent normalement, Catwoman flirte de manière détendue, James Gordon est ronchon comme il faut. La ligne directrice de l'intrigue est claire et limpide : Batman utilise les dons de Psycho Pirate pour soigner Claire Clover et Bane vient récupérer Psycho Pirate en mode Foncer dans le tas. Il n'y a pas de doute : il s'agit d'une histoire de superhéros avec les conventions du genre, à savoir costume de superhéros, superpouvoir défiant les lois de la physique, acrobaties physiques spectaculaires, confrontations physiques, artefact aux capacités impossibles (masque du Psycho Pirate).
David Finch est l'homme de la situation pour représenter un Batman musculeux dégageant une forte impression de force physique et d'homme au summum de sa forme, avec une bonne dose de musculation. C'est la version du personnage un ou deux crans en-dessous de celle qualifiée d'Über-Batman, développée par Finch dans la série Batman The Dark Knight débutée en 2011. Il n'a plus de slip par-dessus le pantalon ; il a des bottes crantées, mais pas un costume en plaques de kevlar. Les dessins montrent un individu viril et autoritaire, sombre et focalisé. La silhouette de Catwoman est plus fine et plus gracieuse, avec des gestes moins en force, et des courbes bien visibles sans être gonflées au collagène ou au silicone. Face à Batman, Bane est encore plus massif, avec une musculature surdéveloppée par l'utilisation de la drogue Venom qu'il s'injecte régulièrement. Leur affrontement est brutal et sans pitié jusqu'à ce que l'un des deux reste sur le carreau. Grâce au professionnalisme des différents encreurs, les décors sont présents avec une régularité satisfaisante, et un niveau de détails qui leur donne une bonne consistance. Bien sûr les dessins sont dans un registre sérieux au possible, suintant la testostérone dans tous les traits. Les mises en page sont variées et le découpage est adapté à chaque séquence. Finch montre une tendance à dramatiser les expressions de visage et les postures des civils, là encore pour ajouter une touche de sérieux et d'intensité.
La narration graphique transcrit l'intensité de la concentration de Batman, sa manière d'être totalement impliqué dans ce qu'il fait et d'être focalisé sur l'objectif à atteindre. Comme il l'avait fait dans le tome précédent,
Tom King continue de développer son interprétation du personnage. L'intrigue ne se limite pas à la contre-attaque de Bane : le scénariste brosse le portrait psychologique de Bruce Wayne, en donne sa version. En ce sens, il écrit une histoire de genre pour parler d'héroïsme, du genre de personne qui pourrait s'habiller en chauve-souris. le lecteur peut donc également voir une analyse en creux du personnage de Batman. L'auteur ne se contente pas de montrer un individu qui triomphe de tout et qui s'est préparé à la majeure partie des éventualités. Il montre également une facette du meurtre de ses parents sous un angle différent, à savoir sa relation à sa mère. Il revient sur un aspect de son enfance qu'il met en parallèle avec des moments similaires de l'enfance de Bane. Batman n'est pas qu'un superhéros monolithique : il gagne en complexité et donc en épaisseur, il n'en est que plus fascinant.
Le tome se termine avec deux histoires à part. Dans la première, Alfred Pennyworth a recueilli un chien qui a été maltraité par ses précédents propriétaires. King & Finch s'amusent en 8 pages à rétablir un personnage provenant d'une époque révolue de Batman, et qui pourtant trouve parfaitement sa place dans cette version. Une histoire courte et efficace sans prétention, avec une touche d'humanisme classique et bien exécutée. En préambule de l'épisode 23, les auteurs le dédicacent à
Bernie Wrightson, cocréateur de Swamp Thing avec
Len Wein, décédé en 2017. Gerads & King collaborent régulièrement ensemble, par exemple pour
Sheriff of Babylon et pour
Mister Miracle. le lecteur retrouve leur mise en page favorite (3 bandes de 3 cases par page), alternant avec des pages constituées de cases de la largeur de la page. Il s'agit d'une enquête en 1 épisode, avec la présence d'un superhéros décalé comme Swamp Thing, appartenant plus au registre de l'horreur et des zones sauvages, qu'à un milieu hyper-urbain. Les auteurs jouent sur le décalage entre les 2 héros, ajoutent une apparition de Kite Man (
Chuck Brown) qui semble beaucoup plaire à King. le scénariste joue un tour à sa façon à Batman, montrant qu'il n'est pas un tacticien infaillible, pour une histoire amusante, avec une touche d'horreur.
Ce troisième tome achève d'emporter la conviction du lecteur que
Tom King sait ce qu'il fait, qu'il a une vision claire du personnage et qu'il est parti pour un récit au long cours mémorable. Il savoure donc ce chapitre à la narration visuelle solide et virile, pour une confrontation tout en force entre Batman et Bane, et une intrigue aussi droite que Batman. Plusieurs cerises sur le gâteau : une vraie personnalité pour Batman, une utilisation organique des éléments de sa mythologie, des couvertures alternatives de
Tim Sale, un épisode avec Swamp Thing, où scénariste & artiste font discrètement tourner Batman en bourrique.